La Lituanie veut accélérer la relance de son tourisme

Avec près de 3 millions d’habitants, la Lituanie est le plus peuplé des trois petits États baltes (les deux autres sont la Lettonie et l’Estonie). Elle était aussi le plus visité des trois avant l’épidémie de coronavirus.

En 2019, la Lituanie avait même accueilli 2 millions de touristes étrangers. Ce chiffre, en progression constante au cours des années précédentes, était un record pour ce pays qui, sorti dès le 11 mars 1990 du giron soviétique, a rejoint l’Union européenne en 2005 et l’euro en 2015.

« Après une fréquentation en baisse des trois-quarts pendant la pandémie, 2022 montre des signes de reprise : au cours des sept premiers mois de cette année, la Lituanie a enregistré plus de touristes que pendant toute l’année 2020 ou 2021», souligne Dovile Seliuke, responsable du département de marketing et communication de Lithania Travel, l’organisme chargé de la promotion touristique à l’étranger (c’est l’équivalent de Atouts France).

En Juillet 2022, précise-t-elle encore, « nous avons enregistré 511 000 touristes, dont plus de 144 000 étrangers ».

Après deux ans de pandémie et la levée progressive des restrictions sanitaires au cours du printemps (1) , les Lituaniens ont manifestement eu envie de profiter des vacances chez eux : en effet, les statistiques font apparaître une hausse de 38 % du nombre de touristes nationaux.

La reprise est plus tempérée en ce qui concerne les visiteurs étrangers. Certes, les arrivées de touristes français ont repris dès 2021 (voir graphique). Mais, si l’on en croit les dernières données disponibles (ce sont celles de juin 2022), les ressortissants des pays baltes et ceux du Royaume uni ont représenté une part croissante de l’ensemble des visiteurs étrangers, tandis que la part des visiteurs en provenance de la Pologne, de l’Allemagne et de la Biélorussie a légèrement diminué.

Quant aux arrivées en provenance de la Russie, elles ont « considérablement diminué ».

Ces évolutions contrastées s’expliquent par le contexte géopolitique. Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, Vilnius a vu affluer 60 000 réfugiés ukrainiens et également plusieurs milliers de Russes, hostiles à la politique du président russe Vladimir Poutine. Surtout, cette guerre fait figure de cauchemar pour la Lituanie.

Certes, les combats se déroulent à des centaines de kilomètres mais, par précaution, dès le début de l’offensive russe, la Lituanie a proclamé l’Etat d’urgence sur son territoire. Dans ce cadre, un contrôle des personnes et des véhicules est appliqué aux points de passage frontaliers.

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En effet, ce pays balte est frontalier d’une Biélorussie inféodée à Moscou. Il l'est également de l’enclave russe de Kaliningrad, enserrée entre son territoire et celui de la Pologne. Non seulement cette enclave est reliée à la Russie par une ligne de train (elle part de Saint-Pétersbourg puis traverse notamment la Lituanie), mais le couloir de Suwalski, une bande de terre large de 35 km partagée par la Lituanie et la Pologne et située entre la Biélorussie et l’enclave russe de Kaliningrad, passe plus que jamais pour la région d’Europe la plus vulnérable à une attaque russe.

Si cette guerre suscite tant de craintes en Lituanie, c’est en raison du passé : nul n’a oublié que c’est par force qu’à la fin de la Seconde guerre mondiale, les pays d’Europe de l’est et les pays baltes, notamment la Lituanie, ont été annexés par l’Union soviétique.

Que se passerait-il si, demain, la Russie l’emportait en Ukraine ? La Lituanie pourrait-elle voir un jour son indépendance de nouveau menacée bien qu’elle ait intégré l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique nord) en 2004 justement pour se prémunir contre toute velléité d’expansion de la Russie ?

A Vilnius, toutes ces questions sont dans les têtes et la peur y est palpable. Le soutien aux Ukrainiens y est donc vif. D’ailleurs, en signe de solidarité, il n’est pas rare d’entendre devant l’hôtel de ville de la capitale, un orchestre jouer et un chœur chanter l’hymne ukrainien à la suite de l’hymne lituanien.

« A cause des craintes suscitées par la guerre, beaucoup de visiteurs étrangers ont annulé leurs réservations », regrette la collaboratrice d’un réceptif qui dénonce la « peur irrationnelle » de bombardements qui n’ont, jusqu’ici, jamais concerné la Lituanie. A Lithuania travel, Dovile Seliuke tempère cette appréciation. « C’est vrai, il y a eu des annulations. Mais, il n’y en a pas eu beaucoup », assure-t-elle.

Dans l’espoir d’appuyer les signes de reprise déjà observés, Lithuania travel renforce donc ses efforts de promotion. L’Allemagne, la Pologne, Israël et le Royaume-Uni sont ses cibles principales. Viennent juste derrière l’Italie, la France, l’Espagne, la Belgique, les Pays-Bas, la Finlande.

Si la belle architecture baroque de Vilnius, la capitale, est souvent mise en avant par les tour-operateurs étrangers, ceux-ci se contentent encore souvent de proposer à leurs clients des city breaks de trois jours à Vilnius ou d’intégrer cette ville dans un circuit de découverte avec Riga et Tallinn, les capitales de la Lettonie et de l’Estonie, également classées au patrimoine mondial par l’UNESCO. Ou dans un circuit incluant la Pologne ou la Finlande.

Lithuania travel espère désormais les convaincre que son territoire « mérite de s’attarder plus de deux ou trois jours ». « Notre pays se prête à de multiples expériences », insiste Dovile Seliuke. Ces expériences sont culturelles (expositions, événements) pour commencer, en cette année 2022, qui a vu la ville de Kaunas, désignée capitale européenne de la culture. Elles sont aussi « gastronomiques » avec l’ouverture depuis quelques années de restaurants raffinés et de bars sympas à Vilnius.

Les expériences sont également- « artistiques, architecturales » et « historiques ». S’y ajoutent les agréments d’une belle nature.

Si Vilnius compte beaucoup de musées et de galeries, si l’architecture baroque de sa vieille ville est très réputée, c’est aussi une ville agréable car très étendue et très « verte » . Et si le reste du pays compte aussi de nombreux sites Unesco, il se distingue également par une profusion de lacs et de forêts. Cette belle nature, peu accidentée (la Lituanie est un pays plat) est propice à la marche et au vélo, à la pêche, aux sorties en bateau.

Sans oublier, sur la côte de la Baltique, de belles plages et des stations balnéaires prisées en été, notamment Palanga, la plus réputée d’entre elles.

Pour les Français, les formalités sont réduites au minimum, la Lituanie étant membre de l’Union européenne : pas besoin de visa, il suffit d’une pièce d’identité en cours de validité pour visiter la Lituanie.

Lithuania travel.devra tout de même convaincre les touristes, Français notamment, que le pays est « sûr ». Dans ses « conseils aux voyageurs, le ministère français des affaires étrangères ne déconseille pas les voyages en Lituanie mais il évoque des risques d’attentats et invite ses ressortissants à faire preuve de « vigilance maximale».

(2) En revanche, le site de l’ambassade de France en Lituanie classe ce pays en « vert », c’est-à-dire en zone de « vigilance normale ».

Lors de notre récent séjour, rien ne semblait en tous cas troubler le calme de Vilnius et des campagnes lituaniennes. Et les Français rencontrés sur place assuraient y avoir passé des vacances reposantes, paisibles et dépaysantes, notamment en faisant de la marche et du vélo en toute quiétude.

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(1) Si test négatif et certificat de vaccination ne sont plus exigés, le masque chirurgical reste obligatoire dans les transports publics et dans les établissements hospitaliers et de soins infirmiers.

Avant de s’engager dans un voyage, consulter les sites du Centre national de santé publique, du gouvernement lituanien et de l’ambassade de France en Lituanie.

(2) Les Français de passage sont invités à s’enregistrer sur le fil d’Ariane, afin de recevoir les alertes concernant la Lituanie.