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Le Japon, une destination phare mais complexe 🔑

Une forte concurrence des marchés mondiaux


Après trois années blanches, le Japon est un succès chez les tour-opérateurs. Sa culture singulière et le faible cours du yen encouragent le tourisme. Destination en vogue, elle n’en reste pas moins complexe.


Rédigé par le Vendredi 21 Juin 2024

Le Japon a le vent en poupe depuis la fin de la pandémie de Covid et la réouverture de ses frontières en octobre 2022. @Depositiphotos/bennymarty
Le Japon a le vent en poupe depuis la fin de la pandémie de Covid et la réouverture de ses frontières en octobre 2022. @Depositiphotos/bennymarty
Elle a été l’une des dernières destinations asiatiques à rouvrir après la crise sanitaire, en octobre 2022, depuis le Japon croule sous les demandes.

« Il y a une énorme appétence des Français pour le Japon. C'est une destination qui fait envie à tous les âges », constate Didier Blanchard, co-fondateur du tour-opérateur Visiteurs, qui a envoyé plus de 1700 pax au Japon en 2024, un chiffre en progression par rapport à 2023 et 2019.

Même constat chez Climats du Monde. « Nous sommes des spécialistes de l’Asie, mais pendant longtemps, le Japon n’était pas une destination avec laquelle nous avions l’habitude de travailler. Aujourd'hui, elle a intégré notre Top 4, affirme Olivia Calvin, directrice commerciale du tour-opérateur.

C'est la rareté des choses qui fait leur valeur. A partir du moment où il a été possible de voyager à nouveau au Japon, il y a eu un phénomène d'attrait. Ce n'est pas nouveau. Le Japon a toujours eu une dimension à part du reste de l'Asie, c'est un pays qui a une culture très singulière. »

Le coût du séjour n’est pas un frein. Chez le TO Marseillais, le panier moyen est de 4200 euros, « plus du double de l'Asie du Sud-Est. C'est une destination qui coûte assez cher », en convient la directrice commerciale de Climats du Monde, qui a enregistré 500 pax sur la destination en 2024.

« Le Japon était déjà numéro 1 en volume de pax en 2019, sa position de leader s'est renforcée en 2024, l'appétence était très forte suite à trois années blanches. Le marché était hyper impatient de se repositionner », explique Guillaume Linton, PDG du tour-opérateur Asia.

« On a beau être trois ans quasiment post-pandémie, l'année 2024 est la première année où le Japon bénéficie de deux vraies saisons, une saison printemps avec les cerisiers et une saison automne avec les érables », observe Guillaume Linton.


La difficile gestion de l’aérien

Alors que la demande est forte, le Japon donne du fil Ă  retordre aux professionnels du tourisme.

« La complexité à programmer la destination est proportionnée à l'attente du marché et à la demande. Nous faisons face à plusieurs sujets logistiques complexes. D’abord, sur l’aérien. Le Japon est certainement une des destinations sur lesquelles l'inflation a été la plus fortement ressentie, du fait de trois facteurs : le prix du baril, la durée du vol qui a été rallongée avec le contournement de l' Ukraine et la pénurie de capacité », observe Guillaume Linton.

Pour autant ces trois facteurs n’ont pas refroidi le marché. Cela s'explique pour une autre raison assez simple : un Yen historiquement bas.

« Au global, l'offre tarifaire sur un circuit japon classique d'une douzaine de nuits, tout inclus avec les transports, l'hébergement, le guide et les repas, est l’une de celles qui a subi le moins inflation par rapport à la période de pré-pandémie et à d'autres destinations asiatiques », poursuit Guillaume Linton.

Face à cette vague de touristes, les autorités veulent encadrer les visites. Un quota de 4000 randonneurs par jour a été instauré pour accéder au Mont Fuji par la voie la plus empruntée. Depuis mai, il est également nécessaire de réserver en ligne et de payer 12 euros pour y accéder.

Concurrence, manque de guides francophones…

Autre difficulté la concurrence des marchés sur l’archipel. « Le marché français au Japon n'est pas le premier marché de tourisme, nous sommes en concurrence avec d’autres marchés, notamment asiatiques », souligne Olivia Calvin.

« La demande mondiale étant très forte, à l'exception peut-être de la demande chinoise. Cela a un impact assez lourd sur le stock hôtelier, mais aussi sur les tarifications, les accès aux sites et sur la fréquentation des principaux sites touristiques. Une des contraintes logistiques est liée aussi à ces forts pics saisonniers », abonde Guillaume Linton.

A cela s’ajoute un manque de guides francophones. « Pendant le covid, les guides se sont retrouvés sans activité. Certains ont arrêté ou sont partis en retraite. Sur certaines périodes, ça devient relativement compliqué d'avoir un guide francophone », explique Didier Blanchard, de Visiteurs.

Autre sujet : la qualité de la restauration. « Il a fallu accepter d’assez fortes augmentations tarifaires sur les prix dans les restaurants japonais pour continuer à offrir la même qualité et la même quantité à nos voyageurs », remarque le PDG d’Asia.

Japon : l'intérêt de passer par une agence et un TO

Si on change de point de vue, les difficultés rencontrées par les producteurs et distributeurs sont aussi un moyen de prouver leur expertise.

« C'est clairement une destination où il faut une réelle collaboration et un partenariat très fort avec son réceptif à destination pour trouver des solutions à toutes les problématiques que l'on vient d'évoquer », note Guillaume Linton.

« C'est une des destinations sur lesquelles le marché anticipe le mieux, ce qui est plutôt un bon point. Le marché a compris que si tu voulais avoir droit à la saison du sakura, c'est-à-dire des cerisiers en fleurs, fin mars, début avril, il fallait te positionner au minimum 8-10 mois avant les dates de départ. Passer par une agence, c'est bien plus intéressant tout en ayant à l'esprit qu'il faut aussi écouter les conseils de l'agence, surtout quand celle-ci te recommande de ne pas organiser ton voyage au Japon uniquement pour les cerisiers !

Aujourd’hui, au Japon, il y a un énorme enjeu d'anticipation, mais aussi de désaisonalisation et de dispersion des flux »
, affirme le PDG d’Asia.

« C'est une destination aussi qui est pertinente au travers des tours opérateurs parce que justement, on s'engage plus d'un an à l'avance. On est capable de vendre la destination 18 mois à l'avance.

Et en termes de disponibilité et de prix, c'est plus intéressant que de partir en individuel. Si vous voyagez en individuel, vous devrez prendre vos billets d'avion de votre côté, votre terrestre sur place et le tout sans guide et sans aide, parce que ce n'est pas une destination où les gens parlent l'anglais. »
, commente la directrice commerciale de Climats du Monde.

Le TO a pris des engagements pour l’année prochaine : « Nous ne voulons pas connaitre la frustration de cette année où nous avons été obligés de fermer nos ventes très vite parce que c'était complet. Nous nous sommes engagés, au niveau terrestre ainsi que sur des allotements, avec plusieurs compagnies aériennes pour avoir un maximum de stocks », précise Olivia Calvin. En 2025, Climats du monde vise les 1 000 pax.

L’année prochaine, le Japon accueillera l’Exposition Universelle. Un événement qui ne devrait pas booster l’attractivité des clientèles européennes… voire tendre davantage les stocks.

Un challenge supplémentaire.


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