Le Grand Hôtel du Palais-Royal est l'un des hôtels partenaires des Hôtels Solidaires qui récupèrent viennoiseries, mobilier, linge ou produits d'hygiène - DR : Les Hôtels Solidaires
Tout commence par un croissant. Enfin, des croissants. Des croissants de grands hôtels, de ceux qu’on n’a pas envie de voir dans une poubelle et qu’on déguste avec un bon café.
Pourtant, nombreux sont les hôteliers qui proposent des paniers remplis de nourriture qui ne sera jamais consommée, pour contenter la clientèle.
En 2018, Antoine Janot est un éphémère veilleur de nuit dans l’un de ces hôtels à Paris, et se désespère de voir le gâchis quotidien.
Il collecte les restes de buffets du petit déjeuner pour les redistribuer dans la rue. De fil en aiguille, raconte Karine Sadaka, directrice de l’association, la démarche personnelle devient Les Hôtels Solidaires, « une association qui collecte des viennoiseries, mais aussi des produits d’hygiène, du linge, du mobilier… Bref, tout ce qui n’a plus d’utilité pour un hôtelier et qui peut servir à d'autres ».
Pourtant, nombreux sont les hôteliers qui proposent des paniers remplis de nourriture qui ne sera jamais consommée, pour contenter la clientèle.
En 2018, Antoine Janot est un éphémère veilleur de nuit dans l’un de ces hôtels à Paris, et se désespère de voir le gâchis quotidien.
Il collecte les restes de buffets du petit déjeuner pour les redistribuer dans la rue. De fil en aiguille, raconte Karine Sadaka, directrice de l’association, la démarche personnelle devient Les Hôtels Solidaires, « une association qui collecte des viennoiseries, mais aussi des produits d’hygiène, du linge, du mobilier… Bref, tout ce qui n’a plus d’utilité pour un hôtelier et qui peut servir à d'autres ».
un lien logistique entre les hôteliers et les associations
La mission de l’association, c’est la logistique : collecter auprès des hôtels, stocker et redistribuer au réseau d’associations partenaires.
« Pour les associations, c’est compliqué, ils ne peuvent pas venir une fois par mois récupérer 40 matelas d’un coup, ils n’ont pas l’espace de stockage suffisant ni de besoins à ce moment précis, explique Karine Sadaka.
De leur côté, les hôteliers ne peuvent pas appeler toutes les associations, ni répondre à un besoin ponctuel. On est là pour faire le lien, assurer la collecte, le stockage et la distribution ».
Si la structure reste petite, elle compte tout de même 6 salariés, dont un temps plein et 5 personnes en insertion.
À côté de cette équipe resserrée, Les Hôtels Solidaires ont un pôle de 60 à 80 bénévoles par an, pour assurer la collecte, mais aussi une partie de l’administratif. Ce ne sont pas toujours les mêmes, ils ne sont pas toujours mobilisables, mais cet engagement citoyen est essentiel.
« Pour les associations, c’est compliqué, ils ne peuvent pas venir une fois par mois récupérer 40 matelas d’un coup, ils n’ont pas l’espace de stockage suffisant ni de besoins à ce moment précis, explique Karine Sadaka.
De leur côté, les hôteliers ne peuvent pas appeler toutes les associations, ni répondre à un besoin ponctuel. On est là pour faire le lien, assurer la collecte, le stockage et la distribution ».
Si la structure reste petite, elle compte tout de même 6 salariés, dont un temps plein et 5 personnes en insertion.
À côté de cette équipe resserrée, Les Hôtels Solidaires ont un pôle de 60 à 80 bénévoles par an, pour assurer la collecte, mais aussi une partie de l’administratif. Ce ne sont pas toujours les mêmes, ils ne sont pas toujours mobilisables, mais cet engagement citoyen est essentiel.
Réutiliser, recycler, valoriser
Depuis 2020, l’activité de l’association s’est élargie.
Le covid a ralenti l’activité de l’association, mais l’a aussi diversifié, grâce au soutien financier du Crédit Coopératif : « avec les fermetures d’hôtels, nous avons reçu beaucoup de dons de linge hôtelier. Par un concours de circonstances, nous avons eu accès à des machines à coudre, ce qui nous a permis de revaloriser ce linge ».
S’il n’est plus exploitable par un hôtel (une tache ici, un trou là) la plus grande partie du tissu reste utilisable.
Pour Karine Sadaka, c’est une évidence : « il faut arrêter de consommer toujours plus de matière première : elle existe et on doit la revaloriser et la réemployer ».
L’atelier de confection compte 2 couturières salariées et des bénévoles. Elles fabriquent des pochons, des sacs, des trousses de toilette qui sont revendues à des partenaires privés, et notamment aux hôteliers, qui peuvent les ajouter dans les salles de bains et fonctionner en économie circulaire.
Les produits sont aussi distribués aux associations, en même temps que les produits d’hygiène.
Les Hôtels Solidaires organisent aussi des ateliers d’initiation avec les associations partenaires. Deux sessions par semaine en moyenne « pour créer du lien social avec les bénéficiaires, les faire sortir du lieu d’accueil, et faire des choses qui ont du sens » raconte Karine Sadaka.
Le covid a ralenti l’activité de l’association, mais l’a aussi diversifié, grâce au soutien financier du Crédit Coopératif : « avec les fermetures d’hôtels, nous avons reçu beaucoup de dons de linge hôtelier. Par un concours de circonstances, nous avons eu accès à des machines à coudre, ce qui nous a permis de revaloriser ce linge ».
S’il n’est plus exploitable par un hôtel (une tache ici, un trou là) la plus grande partie du tissu reste utilisable.
Pour Karine Sadaka, c’est une évidence : « il faut arrêter de consommer toujours plus de matière première : elle existe et on doit la revaloriser et la réemployer ».
L’atelier de confection compte 2 couturières salariées et des bénévoles. Elles fabriquent des pochons, des sacs, des trousses de toilette qui sont revendues à des partenaires privés, et notamment aux hôteliers, qui peuvent les ajouter dans les salles de bains et fonctionner en économie circulaire.
Les produits sont aussi distribués aux associations, en même temps que les produits d’hygiène.
Les Hôtels Solidaires organisent aussi des ateliers d’initiation avec les associations partenaires. Deux sessions par semaine en moyenne « pour créer du lien social avec les bénéficiaires, les faire sortir du lieu d’accueil, et faire des choses qui ont du sens » raconte Karine Sadaka.
Des hôtels à Paris et à Rennes
Les Hôtels Solidaires sont partenaires d’une quarantaine d’associations, grandes ou petites, de structures d’accueil et de centres d’hébergement. Beaucoup accueillent des femmes isolées, les étudiants ou les jeunes en foyer. Toutes les demandes sont traitées, l’association ne refuse aucune demande et ne fait aucune sélection.
Côté hébergement, Les Hôtels Solidaires travaillent surtout auprès de 4 et 5 étoiles, dont le standing oblige à changer de literie régulièrement, et qui proposent des petits déjeuners en abondance.
Peu de groupes, en revanche. « Ils nous reprochent de ne pas être sur tout le territoire, mais on fait ce qu’on peut à notre échelle ! ».
Une cinquantaine d’hôtels à Paris, sur les quelque 2000 que compte la capitale, c’est déjà « un potentiel d’exploitation important ». L’association a aussi ouvert une antenne à Rennes, avec une vingtaine d’hôteliers partenaires en Bretagne.
L’association récupère des matelas en parfait état. Pour des associations qui n’ont pas les moyens d’accéder à ces produits et se contentent souvent de matelas en mousse, c’est inespéré.
De même pour la viennoiserie, qui améliore la qualité de l’accueil. Pas un besoin, pour le coup, mais un plus qui fait toute la différence et normalise un peu, le temps d’un moment, la situation de personnes précarisées.
Côté hébergement, Les Hôtels Solidaires travaillent surtout auprès de 4 et 5 étoiles, dont le standing oblige à changer de literie régulièrement, et qui proposent des petits déjeuners en abondance.
Peu de groupes, en revanche. « Ils nous reprochent de ne pas être sur tout le territoire, mais on fait ce qu’on peut à notre échelle ! ».
Une cinquantaine d’hôtels à Paris, sur les quelque 2000 que compte la capitale, c’est déjà « un potentiel d’exploitation important ». L’association a aussi ouvert une antenne à Rennes, avec une vingtaine d’hôteliers partenaires en Bretagne.
L’association récupère des matelas en parfait état. Pour des associations qui n’ont pas les moyens d’accéder à ces produits et se contentent souvent de matelas en mousse, c’est inespéré.
De même pour la viennoiserie, qui améliore la qualité de l’accueil. Pas un besoin, pour le coup, mais un plus qui fait toute la différence et normalise un peu, le temps d’un moment, la situation de personnes précarisées.
Du dons en nature au mécénat
Salaires, stockage, transport… Tout cela a un coût.
Comme la majorité des associations, Les Hôtels Solidaires dépendent beaucoup de subventions publiques, mais cherchent un modèle, hybride.
Un peu de revente des produits des ateliers, et le soutien de fondations ou d’entreprise via du mécénat de compétences (un soutien en nature : la force de travail des salariés est mise à disposition) et des dons.
Depuis peu, les hôtels doivent adhérer à l’association. Une participation de 10 € par chambre par semaine, défiscalisée à 60 %, qui permet de financer la logistique.
« Presque tous les hôtels ont adhéré, se félicite Karine Sadaka.
Au-delà du service, ils savent que l’action est utile. Il y a une volonté de leur part de participer à lutter contre le gaspillage. Souvent, le personnel est heureux de faire quelque chose de concret ».
Comme la majorité des associations, Les Hôtels Solidaires dépendent beaucoup de subventions publiques, mais cherchent un modèle, hybride.
Un peu de revente des produits des ateliers, et le soutien de fondations ou d’entreprise via du mécénat de compétences (un soutien en nature : la force de travail des salariés est mise à disposition) et des dons.
Depuis peu, les hôtels doivent adhérer à l’association. Une participation de 10 € par chambre par semaine, défiscalisée à 60 %, qui permet de financer la logistique.
« Presque tous les hôtels ont adhéré, se félicite Karine Sadaka.
Au-delà du service, ils savent que l’action est utile. Il y a une volonté de leur part de participer à lutter contre le gaspillage. Souvent, le personnel est heureux de faire quelque chose de concret ».
Lauréats des Grands Prix de la finance solidaire
Ce sentiment qu’ont les salariés d’être utiles, c’est une manière de sensibiliser. C’est aussi l’une des missions que s’est données l’association.
Récemment, Les Hôtels Solidaires sont allés porter la bonne parole dans les lycées hôteliers, pour s’adresser directement aux professionnels de demain.
Karine Sadaka en est persuadée : « Les mentalités changent doucement, mais surement. Il y a 20 ans, on trouvait évident de changer les serviettes tous les jours. Aujourd’hui, même les palaces proposent de ne pas le faire. Mais pour ça, il faut que les hôteliers sensibilisent leur clientèle au réemploi ».
Car la clientèle de palace est habituée à des standards spécifiques, et que le changement passe par la communication, « pour qu’eux aussi se sentent engagés dans la démarche ».
En novembre 2022, l’action des Hôtels Solidaire a été récompensée : les Grands Prix de la finance solidaire organisés par Le Monde et FAIR ont donné à l’association le prix France, et reçu une dotation de 4000 €.
Aujourd’hui, l’association travaille sur un projet d’hébergement solidaire, toujours une démarche antigaspi, estimant qu’une chambre inoccupée et un espace qui pourrait être réutilisé.
« Nous sommes très sollicitées par les associations, la Ville… Mais c’est un projet complexe à mettre en place et les hôteliers ont besoin d’être rassurés ».
Un projet à moyen terme, qui peut prendre « plusieurs mois, voire des années », mais sur lequel l’association communique déjà, décidément jamais à court d’énergie.
Récemment, Les Hôtels Solidaires sont allés porter la bonne parole dans les lycées hôteliers, pour s’adresser directement aux professionnels de demain.
Karine Sadaka en est persuadée : « Les mentalités changent doucement, mais surement. Il y a 20 ans, on trouvait évident de changer les serviettes tous les jours. Aujourd’hui, même les palaces proposent de ne pas le faire. Mais pour ça, il faut que les hôteliers sensibilisent leur clientèle au réemploi ».
Car la clientèle de palace est habituée à des standards spécifiques, et que le changement passe par la communication, « pour qu’eux aussi se sentent engagés dans la démarche ».
En novembre 2022, l’action des Hôtels Solidaire a été récompensée : les Grands Prix de la finance solidaire organisés par Le Monde et FAIR ont donné à l’association le prix France, et reçu une dotation de 4000 €.
Aujourd’hui, l’association travaille sur un projet d’hébergement solidaire, toujours une démarche antigaspi, estimant qu’une chambre inoccupée et un espace qui pourrait être réutilisé.
« Nous sommes très sollicitées par les associations, la Ville… Mais c’est un projet complexe à mettre en place et les hôteliers ont besoin d’être rassurés ».
Un projet à moyen terme, qui peut prendre « plusieurs mois, voire des années », mais sur lequel l’association communique déjà, décidément jamais à court d’énergie.
Publié par Juliette Pic
Responsable rubrique Voyages Responsables - TourMaG.com
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