Gilles PORTIER
Nous avons rencontré Gilles Portier lors du dernier Congrès du Snav au Mexique. Il était intéressant de comparer la vision de ce patron d'agence avec celle du gestionnaire qui possède également des intérêts dans d'autres secteurs d'activité.
Créée en 1989, l'agence dispose d'un plateau d'affaires qui représente 65% de son volume d'affaires, le reste étant constitué par la clientèle loisirs.
TourMaG.com - Pourquoi avoir repris une agence de voyages ?
Gilles Portier : "Quand on a repris Les Milles Voyages, le 1er janvier 2001 après l'avoir restructuré pour la rendre à nouveau bénéficiaire, le marché était plutôt prometteur, stable et en croissance. Je l'ai reprise pour 3 raisons : j'avais participé à son redressement, j'avais accompagné des groupes pendant 12 ans et je connaissais une partie du métier du tourisme et ensuite parce que c'était un challenge et une opportunité intéressants."
T.M.com - Était-ce intéressant d'investir dans un secteur comme le voyage ?
G.P. :"Financièrement, la réponse est non. La rentabilité que je pouvais escompter n'avais rien à voir avec d'autres métiers que j'ai pu faire ou côtoyer. C'était plutôt sentimental et émotionnel. C'est un métier magnifique que de vendre des vacances à des gens qui travaillent. C'est un idéal, j'adore voyager et, ce faisant, je voulais faire partager ce que j'aimais..."
T.M.com - Qu'est qui change dans le voyage par rapport à d'autres secteurs d'activité ?
G.P. :"La principale différence avec les autres secteurs où j’interviens (conseil en gestion, photogravure et formation), c’est la très faible marge des agence, base de la rentabilité de l’entreprise. Et, par conséquent, sur les très gros volumes nécessaires pour faire vivre une structure de 4 salariés. Bien évidemment, en plateau d’affaires, cela nécessite de prendre des encours importants sur des sociétés et donc être très vigilants sur la santé financière de nos clients.
Comme je l’ai déjà dit, l’importance des risques pris (encours, caution bancaire et/ou patrimoniale notamment) devrait rendre ce métier peu recommandé pour des financiers, sauf à ce que les raisons sentimentales permettent de passer le pas. Dans ce cas, la bonne connaissance de la gestion financière d’une entreprise permettra d’en minimiser les risques.
Par ailleurs, étant plateau d’affaires, nous ressentons la reprise économique au volume des voyages achetés par nos clients. A ce titre, tout comme dans le métier du conseil, on peut avoir déjà une première idée de la période à venir. A ce jour, c’est plutôt prometteur..."
T.M.com - Pourquoi avoir adhéré à un réseau ?
G.P. :"Je pense que les agences individuelles n'auront pas le temps de vivre assez longtemps. Sauf à avoir des volumes ou des structures adéquates, leur avenir est incertain. Pour moi un réseau est essentiel car il a un poids et une voix. Il était cependant hors de question d' adhérer à un réseau où je n'étais plus chez moi. Un réseau d'agences indépendantes c'était parfait."
T.M.com - Peut-on être à la fois dans un réseau et indépendant ?
G.P. :"Bien entendu. Encore faut-il que les adhérents suivent la politique du réseau pour être performants et bénéficier de l'effet de groupe et de taille. Pour moi, Afat correspondait en tous points..."
T.M.com - Quel est votre avis sur la Commission zéro ?
G.P. :"Je crains, qu'on le veuille ou non, qu'on nous l'applique même si cela ne se justifie pas économiquement. Depuis 2001 les agences ont déjà dû passer à un système de frais de dossier qui améliore nos commissions en baisse. Aujourd'hui ce qui semble être sorti de la table ronde du Snav consacrée à cette question, c'est qu'on ne perdrait pas d'argent sur une base de commissions qui se reporterait sur une rémunération de type honoraire.
Mais la vraie question c'est la notion de TVA : si les honoraires sont TTC on aura perdu 20%... En revanche si on arrive a faire valider, tant par Bruxelles que par le Ministère des finances le fait que les honoraires ayant rapport à des vols étrangers ne soient pas soumis à TVA, on n'y perdra rien."
T.M.com - Comment trouvez-vous que le sujet a été traité lors du Congrès ?
G.P. :"Justement, je profite de cet échange pour m'étonner sur la façon dont les choses ont été présentées au cours du congrès. J'ai eu l'impression qu'on nous montrait une solution déjà validée (celle d'Ibéria), plutôt qu'un véritable débat sur des opportunités ou des choix à faire.
J'ai été admiratif sur organisation technique et logistique vu le nombre de participants et j'en félicite les organisateurs. En revanche je suis beaucoup plus circonspect sur la nature des débats sur les 2 points clés que sont L'avenir GDS et celui de la réduction des commissions, qui m'ont paru particulièrement édulcorés..."
T.M.com - Comment voyez-vous l'avenir des AGV ?
G.P. - Je reste très confiant en notre avenir si tant est que les Cies ne finissent pas à terme par vendre moins cher des produits en direct ou par des réseaux plus puissants que d'autres et si elles acceptent de laisser des prix plancher auxquels tout le monde a accès. Depuis 3 ans on vit une période difficile.
Il y a eu bien entendu le 11 septembre 2001, même si ce n'est pas la raison déterminante. Mais on vit aussi des évolutions technologiques avec arrivée du net, le besoin d'info rapide, la mobilité, la disponibilité (35H), la réglementation...
A noter que la période est difficile aussi par rapport aux restructurations aux cours, aux sources d'informations dont certaines sont sinon mensongères du moins susceptibles de nous induire en erreur... Un exemple : la phrase " A partir de...". Je n'ai jamais vu quelque chose d'aussi mensonger ! Pourquoi les prix sont ils hors taxes alors que partout dans le commerce ils sont libellés en TTC ?"
T.M.com - Croyez-vous au rôle de l'agence de voyage conseil ?
G.P. :"Absolument. A charge pour les chefs d'agences et les employeurs de veiller à la formation tant technique que commerciale de leurs effectifs de vente. Je pense même qu'on sera sans doute les seuls, grâce aux réseaux, en mesure de trouver les connaissances et les compétences sur la quasi totalité du globe.
Une agence ne peut pas tout connaître mais, dans un réseau, on peut toujours trouver quelqu'un qui connaît. On appelle cela un centre de compétences et ça marche très bien dans d'autres secteurs. Il n'y a pas de raison qu'on ne puisse pas le reproduire chez nous."
Créée en 1989, l'agence dispose d'un plateau d'affaires qui représente 65% de son volume d'affaires, le reste étant constitué par la clientèle loisirs.
TourMaG.com - Pourquoi avoir repris une agence de voyages ?
Gilles Portier : "Quand on a repris Les Milles Voyages, le 1er janvier 2001 après l'avoir restructuré pour la rendre à nouveau bénéficiaire, le marché était plutôt prometteur, stable et en croissance. Je l'ai reprise pour 3 raisons : j'avais participé à son redressement, j'avais accompagné des groupes pendant 12 ans et je connaissais une partie du métier du tourisme et ensuite parce que c'était un challenge et une opportunité intéressants."
T.M.com - Était-ce intéressant d'investir dans un secteur comme le voyage ?
G.P. :"Financièrement, la réponse est non. La rentabilité que je pouvais escompter n'avais rien à voir avec d'autres métiers que j'ai pu faire ou côtoyer. C'était plutôt sentimental et émotionnel. C'est un métier magnifique que de vendre des vacances à des gens qui travaillent. C'est un idéal, j'adore voyager et, ce faisant, je voulais faire partager ce que j'aimais..."
T.M.com - Qu'est qui change dans le voyage par rapport à d'autres secteurs d'activité ?
G.P. :"La principale différence avec les autres secteurs où j’interviens (conseil en gestion, photogravure et formation), c’est la très faible marge des agence, base de la rentabilité de l’entreprise. Et, par conséquent, sur les très gros volumes nécessaires pour faire vivre une structure de 4 salariés. Bien évidemment, en plateau d’affaires, cela nécessite de prendre des encours importants sur des sociétés et donc être très vigilants sur la santé financière de nos clients.
Comme je l’ai déjà dit, l’importance des risques pris (encours, caution bancaire et/ou patrimoniale notamment) devrait rendre ce métier peu recommandé pour des financiers, sauf à ce que les raisons sentimentales permettent de passer le pas. Dans ce cas, la bonne connaissance de la gestion financière d’une entreprise permettra d’en minimiser les risques.
Par ailleurs, étant plateau d’affaires, nous ressentons la reprise économique au volume des voyages achetés par nos clients. A ce titre, tout comme dans le métier du conseil, on peut avoir déjà une première idée de la période à venir. A ce jour, c’est plutôt prometteur..."
T.M.com - Pourquoi avoir adhéré à un réseau ?
G.P. :"Je pense que les agences individuelles n'auront pas le temps de vivre assez longtemps. Sauf à avoir des volumes ou des structures adéquates, leur avenir est incertain. Pour moi un réseau est essentiel car il a un poids et une voix. Il était cependant hors de question d' adhérer à un réseau où je n'étais plus chez moi. Un réseau d'agences indépendantes c'était parfait."
T.M.com - Peut-on être à la fois dans un réseau et indépendant ?
G.P. :"Bien entendu. Encore faut-il que les adhérents suivent la politique du réseau pour être performants et bénéficier de l'effet de groupe et de taille. Pour moi, Afat correspondait en tous points..."
T.M.com - Quel est votre avis sur la Commission zéro ?
G.P. :"Je crains, qu'on le veuille ou non, qu'on nous l'applique même si cela ne se justifie pas économiquement. Depuis 2001 les agences ont déjà dû passer à un système de frais de dossier qui améliore nos commissions en baisse. Aujourd'hui ce qui semble être sorti de la table ronde du Snav consacrée à cette question, c'est qu'on ne perdrait pas d'argent sur une base de commissions qui se reporterait sur une rémunération de type honoraire.
Mais la vraie question c'est la notion de TVA : si les honoraires sont TTC on aura perdu 20%... En revanche si on arrive a faire valider, tant par Bruxelles que par le Ministère des finances le fait que les honoraires ayant rapport à des vols étrangers ne soient pas soumis à TVA, on n'y perdra rien."
T.M.com - Comment trouvez-vous que le sujet a été traité lors du Congrès ?
G.P. :"Justement, je profite de cet échange pour m'étonner sur la façon dont les choses ont été présentées au cours du congrès. J'ai eu l'impression qu'on nous montrait une solution déjà validée (celle d'Ibéria), plutôt qu'un véritable débat sur des opportunités ou des choix à faire.
J'ai été admiratif sur organisation technique et logistique vu le nombre de participants et j'en félicite les organisateurs. En revanche je suis beaucoup plus circonspect sur la nature des débats sur les 2 points clés que sont L'avenir GDS et celui de la réduction des commissions, qui m'ont paru particulièrement édulcorés..."
T.M.com - Comment voyez-vous l'avenir des AGV ?
G.P. - Je reste très confiant en notre avenir si tant est que les Cies ne finissent pas à terme par vendre moins cher des produits en direct ou par des réseaux plus puissants que d'autres et si elles acceptent de laisser des prix plancher auxquels tout le monde a accès. Depuis 3 ans on vit une période difficile.
Il y a eu bien entendu le 11 septembre 2001, même si ce n'est pas la raison déterminante. Mais on vit aussi des évolutions technologiques avec arrivée du net, le besoin d'info rapide, la mobilité, la disponibilité (35H), la réglementation...
A noter que la période est difficile aussi par rapport aux restructurations aux cours, aux sources d'informations dont certaines sont sinon mensongères du moins susceptibles de nous induire en erreur... Un exemple : la phrase " A partir de...". Je n'ai jamais vu quelque chose d'aussi mensonger ! Pourquoi les prix sont ils hors taxes alors que partout dans le commerce ils sont libellés en TTC ?"
T.M.com - Croyez-vous au rôle de l'agence de voyage conseil ?
G.P. :"Absolument. A charge pour les chefs d'agences et les employeurs de veiller à la formation tant technique que commerciale de leurs effectifs de vente. Je pense même qu'on sera sans doute les seuls, grâce aux réseaux, en mesure de trouver les connaissances et les compétences sur la quasi totalité du globe.
Une agence ne peut pas tout connaître mais, dans un réseau, on peut toujours trouver quelqu'un qui connaît. On appelle cela un centre de compétences et ça marche très bien dans d'autres secteurs. Il n'y a pas de raison qu'on ne puisse pas le reproduire chez nous."