Dans l’hypothèse ou le comportement de l’équipage serait effectivement mis en cause, il conviendrait alors de s’interroger sur le mode de recrutement, la formation et les conditions de travail des pilotes. En effet, acquérir une flotte de plusieurs centaines d’appareils nécessite de disposer rapidement de quelques milliers de pilotes. - DR
TourMaG.com - Le Boeing 737 de Lion Air qui s’est abîmé en mer, le 13 avril, près de la piste d'atterrissage de Bali, confirme-t-il le non sérieux de cette compagnie qui, d’ailleurs, a été mise sur la liste noire des compagnies interdites en Europe ?
Jean Belotti : Il convient tout d’abord de préciser les conditions de survenance de cet accident.
Par de bonnes conditions météorologiques, il s’est abîmé en mer et, heureusement, n’a fait aucune victime, parmi les 108 personnes à bord.
Le fuselage s’étant brisé en deux à l’impact, l’appareil s’est immobilisé, partiellement submergé, à proximité de la piste d'atterrissage, ce qui a facilité le sauvetage des occupants.
TourMaG.com - Les causes probables de cet accident de Bali sont-elles déjà connues ?
J.B. : Non, car contrairement à leur habitude, les médias ne se sont pas précipités pour recueillir les divers premiers témoignages connus pour en faire un “scoop”, probablement parce qu’il n’y a pas eu de morts.
Quoi qu’il en soit, ayant été très discrets, il convient de s’en féliciter.
TourMaG.com - Avez-vous une idée des causes possibles ?
J.B. : Non, car l’absence totale d’informations indispensables à la reconstitution de la fin du vol, interdit de formuler toute hypothèse.
Cela étant dit, s’il est possible qu’un avion sorte de la piste et termine sa course dans la mer, le fait qu’il amerrisse à proximité de l’extrémité de la piste sans s’y être posé, est pour le moins surprenant.
Or, il faudra s’armer de patience, avant d’en avoir l’explication, qui ne pourra être connue que lorsque les enquêtes seront terminées.
Jean Belotti : Il convient tout d’abord de préciser les conditions de survenance de cet accident.
Par de bonnes conditions météorologiques, il s’est abîmé en mer et, heureusement, n’a fait aucune victime, parmi les 108 personnes à bord.
Le fuselage s’étant brisé en deux à l’impact, l’appareil s’est immobilisé, partiellement submergé, à proximité de la piste d'atterrissage, ce qui a facilité le sauvetage des occupants.
TourMaG.com - Les causes probables de cet accident de Bali sont-elles déjà connues ?
J.B. : Non, car contrairement à leur habitude, les médias ne se sont pas précipités pour recueillir les divers premiers témoignages connus pour en faire un “scoop”, probablement parce qu’il n’y a pas eu de morts.
Quoi qu’il en soit, ayant été très discrets, il convient de s’en féliciter.
TourMaG.com - Avez-vous une idée des causes possibles ?
J.B. : Non, car l’absence totale d’informations indispensables à la reconstitution de la fin du vol, interdit de formuler toute hypothèse.
Cela étant dit, s’il est possible qu’un avion sorte de la piste et termine sa course dans la mer, le fait qu’il amerrisse à proximité de l’extrémité de la piste sans s’y être posé, est pour le moins surprenant.
Or, il faudra s’armer de patience, avant d’en avoir l’explication, qui ne pourra être connue que lorsque les enquêtes seront terminées.
Autres articles
-
Crash Lion Air, Ethiopian Airlines : Boeing va verser "prochainement" 50 millions de dollars aux familles
-
Crash Lion Air : Boeing reconnaît une défaillance sur des capteurs
-
Indonésie : crash d'un avion de Lion Air avec 188 personnes à bord
-
Aérien : Jean Belotti publie son autobiographie
-
Vol MS804 d’Egyptair : "La probabilité d'une explosion en vol n'est pas fondée !"
TourMaG.com - Mais, n’y a-t-il pas des prémices mettant en cause le sérieux de cette compagnie, comme, par exemple, le fait qu’entre 2004 et 2006, elle a enregistré six accidents, de surcroît dans des conditions sensiblement identiques, l’avion ayant quitté ou raté la piste d’atterrissage ?
J.B. : Très bonne question qui s’inscrit dans la démarche habituelle, au cours de laquelle, après avoir déterminé la cause principale, on s’intéresse aux facteurs contributifs se situant en amont du vol accidenté.
Pour répondre, il conviendrait de :
- connaître les causes de ces accidents et également et surtout de savoir si les circonstances de l’époque (dysfonctionnements, anomalies, insuffisances, etc...), ont été ou non corrigées ?
- consulter les conclusions des enquêtes qui ont été diligentées, afin de savoir qui a été mis en cause (le type d’avion, la maintenance, l’équipage,...) et rechercher s’il y a une cause commune expliquant que ces accidents se sont tous produits pendant l’approche finale de la procédure d’atterrissage ?
TourMaG.com - Ne peut-on pas disculper l’appareil qui est entré en service cette année et également le pilote qui volait pour la compagnie depuis six ans, selon une déclaration du directeur de Lion Air ?
J.B. : Étant donné qu’il est bien connu que les avions neufs font leur “maladie de jeunesse” (les exemples sont nombreux), on ne peut écarter totalement l’hypothèse d’une défaillance liée à l’avion.
Quant au pilote cité - comprenons qu’il s’agit du commandant de bord - quelle que soit son ancienneté dans l’entreprise, il conviendrait de connaître sa formation, ses conditions de travail, son expérience sur ce type d’avion, etc... , idem pour son copilote.
J.B. : Très bonne question qui s’inscrit dans la démarche habituelle, au cours de laquelle, après avoir déterminé la cause principale, on s’intéresse aux facteurs contributifs se situant en amont du vol accidenté.
Pour répondre, il conviendrait de :
- connaître les causes de ces accidents et également et surtout de savoir si les circonstances de l’époque (dysfonctionnements, anomalies, insuffisances, etc...), ont été ou non corrigées ?
- consulter les conclusions des enquêtes qui ont été diligentées, afin de savoir qui a été mis en cause (le type d’avion, la maintenance, l’équipage,...) et rechercher s’il y a une cause commune expliquant que ces accidents se sont tous produits pendant l’approche finale de la procédure d’atterrissage ?
TourMaG.com - Ne peut-on pas disculper l’appareil qui est entré en service cette année et également le pilote qui volait pour la compagnie depuis six ans, selon une déclaration du directeur de Lion Air ?
J.B. : Étant donné qu’il est bien connu que les avions neufs font leur “maladie de jeunesse” (les exemples sont nombreux), on ne peut écarter totalement l’hypothèse d’une défaillance liée à l’avion.
Quant au pilote cité - comprenons qu’il s’agit du commandant de bord - quelle que soit son ancienneté dans l’entreprise, il conviendrait de connaître sa formation, ses conditions de travail, son expérience sur ce type d’avion, etc... , idem pour son copilote.
TourMaG.com - Le fait d’être sur la liste noire des compagnies interdites en Europe n’est-il pas une raison suffisante du non sérieux de cette compagnie ?
J.B. : Souvenez-vous de ce que j’ai déjà résumé : les contrôles SAFA (programme européen d'évaluation de la sécurité des avions étrangers) effectués sur les aéroports, à l’issue desquels une compagnie peut être mise sur la liste noire peuvent, certes, révéler certaines insuffisances et anomalies, mais uniquement dans la partie visible de l’iceberg (état des pneumatiques, validité des licences des équipages, etc...).
En fait, la question à poser est donc de savoir si cet accident a pour origine une cause se situant dans la partie invisible de l’iceberg, domaine dans lequel il n’est malheureusement pas possible d’investiguer (la maintenance, les conditions d’exploitation, etc...).
TourMaG.com - Confirmez-vous qu’il s’agit bien, ici, de s’intéresser au comportement de l’équipage ?
J.B. : C’est ce qui ressort des premiers flashs cités par les médias.
Les enquêteurs, après avoir pris connaissance des dossiers professionnels des pilotes et de toutes les informations concernant leur carrière, donneront leur avis quant aux écarts éventuels constatés par référence aux règles de l’art.
TourMaG.com - Alors, dépassons le cadre de cet accident pour savoir si cette compagnie est ou non dangereuse ?
J.B. : Pour ce faire, dans l’hypothèse ou le comportement de l’équipage serait effectivement mis en cause, il conviendrait alors de s’interroger sur le mode de recrutement, la formation et les conditions de travail des pilotes.
En effet, acquérir une flotte de plusieurs centaines d’appareils nécessite de disposer rapidement de quelques milliers de pilotes.
Ne pouvant être débauchés d’autres compagnies, ce seront donc forcément de jeunes recrues inexpérimentées et c’est essentiellement là que le bât blesse.
Dans différents écrits, j’ai démontré que depuis 1944, date de la reprise du transport aérien civil, il y avait toujours eu trop ou pas assez de pilotes.
Pour pallier cette anomalie j’ai également suggéré plusieurs solutions susceptibles de remédier à cette permanente inadéquation entre l’offre et la demande de pilotes, lors des renversements de tendances de la croissance du trafic aérien.
Or, lorsque le trafic a explosé avec une augmentation de plus de 20% par an - comme c’est le cas en Indonésie - et a conduit à la nécessité d’achats massifs d’appareils, le problème est malheureusement insoluble à court terme.
Force est donc d’admettre - et de déplorer - qu’il en résulte une atteinte certaine à la sécurité des vols, du fait :
- de l’inexpérience des pilotes ;
- de la rapidité avec laquelle leur formation leur aura été dispensée (insuffisante qualification et manque de formation ont déjà été cités) ;
- et de leurs conditions de travail ("pilotes épuisés jusqu'à la corde et surexploités” déclare un expert de l’université d'Indonésie) conduisant à des états de fatigue reconnus par les spécialistes en facteurs humains comme étant accidentogènes.
J.B. : Souvenez-vous de ce que j’ai déjà résumé : les contrôles SAFA (programme européen d'évaluation de la sécurité des avions étrangers) effectués sur les aéroports, à l’issue desquels une compagnie peut être mise sur la liste noire peuvent, certes, révéler certaines insuffisances et anomalies, mais uniquement dans la partie visible de l’iceberg (état des pneumatiques, validité des licences des équipages, etc...).
En fait, la question à poser est donc de savoir si cet accident a pour origine une cause se situant dans la partie invisible de l’iceberg, domaine dans lequel il n’est malheureusement pas possible d’investiguer (la maintenance, les conditions d’exploitation, etc...).
TourMaG.com - Confirmez-vous qu’il s’agit bien, ici, de s’intéresser au comportement de l’équipage ?
J.B. : C’est ce qui ressort des premiers flashs cités par les médias.
Les enquêteurs, après avoir pris connaissance des dossiers professionnels des pilotes et de toutes les informations concernant leur carrière, donneront leur avis quant aux écarts éventuels constatés par référence aux règles de l’art.
TourMaG.com - Alors, dépassons le cadre de cet accident pour savoir si cette compagnie est ou non dangereuse ?
J.B. : Pour ce faire, dans l’hypothèse ou le comportement de l’équipage serait effectivement mis en cause, il conviendrait alors de s’interroger sur le mode de recrutement, la formation et les conditions de travail des pilotes.
En effet, acquérir une flotte de plusieurs centaines d’appareils nécessite de disposer rapidement de quelques milliers de pilotes.
Ne pouvant être débauchés d’autres compagnies, ce seront donc forcément de jeunes recrues inexpérimentées et c’est essentiellement là que le bât blesse.
Dans différents écrits, j’ai démontré que depuis 1944, date de la reprise du transport aérien civil, il y avait toujours eu trop ou pas assez de pilotes.
Pour pallier cette anomalie j’ai également suggéré plusieurs solutions susceptibles de remédier à cette permanente inadéquation entre l’offre et la demande de pilotes, lors des renversements de tendances de la croissance du trafic aérien.
Or, lorsque le trafic a explosé avec une augmentation de plus de 20% par an - comme c’est le cas en Indonésie - et a conduit à la nécessité d’achats massifs d’appareils, le problème est malheureusement insoluble à court terme.
Force est donc d’admettre - et de déplorer - qu’il en résulte une atteinte certaine à la sécurité des vols, du fait :
- de l’inexpérience des pilotes ;
- de la rapidité avec laquelle leur formation leur aura été dispensée (insuffisante qualification et manque de formation ont déjà été cités) ;
- et de leurs conditions de travail ("pilotes épuisés jusqu'à la corde et surexploités” déclare un expert de l’université d'Indonésie) conduisant à des états de fatigue reconnus par les spécialistes en facteurs humains comme étant accidentogènes.
TourMaG.com - Pour terminer que dites-vous de l’information selon laquelle, l’an passé, Lion Air a été sanctionnée par les autorités, après l'arrestation de plusieurs de ses pilotes en possession de méthamphétamine ?
J.B. : "Certes, l’attrait de cette drogue est qu’elle stimule la partie du cerveau procurant un sentiment de plaisir. Mais les pilotes incriminés n’ont-ils pas eu recours à ce tranquillisant, pour les aider à pallier leur état de fatigue, grâce à ses effets bénéfiques ?
En effet, les spécialistes nous apprennent que cette drogue est un puissant stimulant qui permet de se sentir plein d’énergie, sûr de soi, éveillé et fort, avec diminution de l'anxiété et augmentation de la puissance de concentration, et ce, pendant des heures !
De toute façon, gardons-nous de généraliser cette pratique à la population des pilotes. "
TourMaG.com - Une conclusion ?
J.B. : "J’admets bien volontiers qu’il serait normal d’encourager une compagnie qui a passé une telle commande à notre industrie aéronautique.
En effet, comment imaginer qu’une compagnie qui a engagé de tels méga-investissements, puisse volontairement accepter de faire de graves impasses sur la sécurité ?
Pour autant, bien qu’elle ne soit pas présente sur le marché européen, il reste qu’en attendant d’en savoir plus,la prudence recommande d’éviter de voyager avec cette compagnie."
J.B. : "Certes, l’attrait de cette drogue est qu’elle stimule la partie du cerveau procurant un sentiment de plaisir. Mais les pilotes incriminés n’ont-ils pas eu recours à ce tranquillisant, pour les aider à pallier leur état de fatigue, grâce à ses effets bénéfiques ?
En effet, les spécialistes nous apprennent que cette drogue est un puissant stimulant qui permet de se sentir plein d’énergie, sûr de soi, éveillé et fort, avec diminution de l'anxiété et augmentation de la puissance de concentration, et ce, pendant des heures !
De toute façon, gardons-nous de généraliser cette pratique à la population des pilotes. "
TourMaG.com - Une conclusion ?
J.B. : "J’admets bien volontiers qu’il serait normal d’encourager une compagnie qui a passé une telle commande à notre industrie aéronautique.
En effet, comment imaginer qu’une compagnie qui a engagé de tels méga-investissements, puisse volontairement accepter de faire de graves impasses sur la sécurité ?
Pour autant, bien qu’elle ne soit pas présente sur le marché européen, il reste qu’en attendant d’en savoir plus,la prudence recommande d’éviter de voyager avec cette compagnie."