Madère : Les voyageurs en appellent au Consul de France !

Le changement climatique touche tous les territoires terrestres, avec plus ou moins de véhémence.

Bien que plantée au beau milieu de l'Atlantique, l'île de Madère n'est pas épargnée par notre environnement déréglé. Depuis maintenant une semaine, des feux de forêt ravagent une partie d'un territoire très escarpé, où les interventions des pompiers sont plus que difficiles.

"Nous avons des incendies tous les étés, sauf que les conditions sont particulières, puisque nous avons connu une importante chaleur et un vent comme nous n'avons jamais eu par le passé.

Malheureusement les moyens sont relativement limités, nous avons un hélicoptère bombardier d'eau, mais qui ne peut décoller quand il y a trop de vents, ce qui est le cas. L'armée a été envoyée en renfort.

A cela, vous rajoutez la topographie du territoire et vous vous rendez compte que combattre le feu dans de telles conditions n'est pas chose aisée," témoigne Alexandre Richard, présent à Funchal.

Les feux ne seraient pas encore maitrisés.

Ils réduisent en fumée près de 5% de la superficie de Madère, soit 4 000 hectares, pendant que les soldats du feu s'évertuent à surtout protéger les habitations de la côte sud.

"Beaucoup de bêtises ont été dites dans les médias, c'est épuisant.

Ici, tout serait ravagé.

D'ailleurs nous avons les premiers appels de clients qui veulent annuler des voyages, car il n'y aurait plus rien à voir. C'est totalement faux. Puis si les voyageurs sont bloqués, ce serait à cause des incendies, ce qui n'est absolument pas le cas !" recadre le directeur des ventes de Travel One Madère.

En effet depuis quelques heures, les journaux relayent des images de vacanciers français coincés à l'aéroport de Funchal. Les avions ne pourraient plus y décoller ou atterrir en raison de la fumée.

Pour le responsable de Travel One Madère l'explication réside surtout dans les bourrasques de vent frappant, un aéroport déjà réputé pour sa piste spectaculaire et technique.

"Il y a énormément de vent, les avions n'arrivent pas à se poser et ils ne peuvent donc pas prendre de passagers sur leur vol retour.

Ce n'est pas tout.

Par le passé, les compagnies qui ne pouvaient pas faire atterrir un avion, retentaient le lendemain ou le surlendemain, maintenant, elles annulent tout simplement leur rotation et plantent les voyageurs sur place," constate le réceptif.

France Diplomatie recommande aux ressortissants français de se tenir informés de l'évolution de la situation et de consulter régulièrement le statut de leur vol auprès de leur compagnie aérienne.

Des forts vents qui durent depuis maintenant 5 jours. De mémoire, Alexandre Richard n'a jamais connu de telles rafales et pendant aussi longtemps.

Un phénomène météorologique qui tombe pratiquement au plus mauvais moment, puisque nous sommes à la fin du pic estival.

"Les évènements ont lieu en pleine semaine du 15 août, donc tout est complet aussi bien les hôtels et que les avions.

Quelques personnes ont pu trouver les rares places vacantes dans les avions qui ont réussi à se poser. Vous avez des laissés pour compte.

Nous aidons nos clients. Nous avons réussi à reprotéger nos clients sur des vols, mais ils ne pourront partir que la semaine prochaine, en attendant, nous devons trouver des solutions pour les loger, poursuit le professionnel du tourisme.

Et ce sont les voyageurs individuels qui ne sont pas passés par une agence de voyages qui alimentent les médias télévisés.

Ils seraient plusieurs milliers coincés sur l'île, d'après TF1.

Certains se retrouvent même en difficulté financière, devant débourser 5 000 euros de leur poche, pour se loger. Reste à savoir si les compagnies aériennes rembourseront l'intégralité des sommes avancées, puisqu'elles versent l'argent sur facture et ne font pas d'avance (voir encadré plus bas avec l'intervention d'une avocate spécialisée dans le voyage).

"Nous sommes un réceptif important sur la destination, nous trouvons des chambres.

Puis ça dépend aussi des accords avec les agences de voyages et les assurances, certains ont seulement 3 nuits pris en charge par leur intermédiaire. Des hôteliers profitent aussi de la situation pour gonfler leurs prix, j'ai vu passer des nuits à plus de 800 euros," déplore Alexandre Richard.

Un de ses groupes de clients français quittera Madère par la mer, pour rejoindre l'île voisine de Porto Santo, pour pouvoir prendre l'avion direction le continent.

Faute de place ou d'argent, des personnes dorment dans l'aéroport, quand d'autres louent des voitures pour y passer leurs nuits.

Sur Transavia, il n'y aurait plus aucune place avant le 28 août 2024.

La low cost que nous avons contactée, nous a confirmé avoir annulé ses vols du 18 et du 20 août, tout en proposant de nouvelles dates pour rentrer ou un remboursement. Les frais d'hébergement et de repas sont pris en charge par la dérive verte.

Si la compagnie suit l'évolution d'une météo complexe, elle peine à modifier son programme en pleine haute saison pour augmenter ses fréquences et rapatrier les voyageurs bloqués.

"Les compagnies aériennes ont expliqué aux personnes qu'elles doivent s'adresser aux représentants consulaires pour qu'ils fassent remonter le problème, afin que le gouvernement français achemine un vol de rapatriement.

Dans le même temps, nous voyons les tarifs aériens flambés, des billets sont affichés à plus de 400 euros sans bagage pour Paris et jusqu'à 600 euros juste pour se rendre à Lisbonne," témoigne le directeur des ventes de Travel One Madère.

Pour l'heure, TAP a bien mis un avion plus grand (A 230), pour exfiltrer plus de monde. Une initiative vaine pour le moment.

"C'est vraiment un concours de circonstance.

La même semaine, nous avons une chaleur extrême et des vents comme nous n'en avons jamais connu. Je pense que ce chaos va se résorber d'ici une semaine.

Je suis un éternel optimiste. Je me dis que suite à quelques averses, la végétation va reprendre ses droits pour masquer une partie des séquelles des incendies," conclut Alexandre Richard.

Pour le directeur des ventes, l'année 2024 est un cru exceptionnel.

Madère a su tirer profit de la crise sanitaire pour attirer une nouvelle clientèle, plus jeune, digitale et sportive, tout en voyant revenir ses habituels voyageurs attirés par sa faune et sa flore.

Espérons pour les professionnels, que l'attrait de la nature sera plus forte que les images.

"A partir du moment, où il y a des annulations de vols, les nuitées sont prises en charge par les compagnies aériennes concernées.

Il n'y a pas de montant ni de durée limite. Après généralement, les compagnies se chargent généralement de reloger et restaurer les voyageurs, dans l'attente de la mise en place d'une solution aérienne.

Si ce n'est pas le cas, alors ils doivent rembourser les sommes avancées par les clients pour s'héberger et se restaurer.

En cas de vol retour et dans le cadre d'un séjour packagé, le code du tourisme (Article L211-16, alinéa VII) prévoit que l'agence de voyages ou le tour-opérateur prenne en charge 3 nuitées maximum.

Cette prise en charge par l'organisateur du voyage ne dédouane pas les compagnies aériennes qui restent responsables. Elles doivent prendre en charge les frais pour les nuitées et les repas," nous explique Chloé Rezlan, avocate associée du cabinet d'Adeona Avocats.