Au Maroc, les stop and go du gouvernement ont entrainé une situation cauchemardesque pour une industrie touristique au bord de la rupture - Crédit photo : Depositphotos @SergeyNivens
Au Maroc, où la crise sanitaire est quasiment inexistante, dixit les professionnels, ce n'est pas le covid-19 qui cause le plus de problèmes.
"Ici l'épidémie n'existe quasiment pas. Il y a une incompréhension totale par rapport aux décisions du Gouvernement(de fermer les frontières, ndlr),", lâche, médusé, un réceptif de Marrakech.
Depuis la deuxième et très forte vague de l'été 2021, le Royaume plafonne à une centaine de cas quotidiens et parfois même, n'affiche aucun décès journalier.
Une embellie sur le front de l'épidémie, doublée par une arrière-saison touristique quasi historique.
"En septembre et octobre, la charge de travail était sur les mêmes niveaux que celle de 2019.
Dans le même temps, pour Noël et le jour de l'an, nous avions déjà pas mal de dossiers " s'enthousiasmait Emmanuelle Barat, la chef de projets d'Authentik Traveller.
Puis patatras, le 28 novembre dernier, le gouvernement n'a pas hésité à refermer le ciel et jusqu'à la fin de l'année, avec l'apparition du variant Omicron. Les vacances sont fichues.
Voyage au Royaume des espoirs perdus.
"Ici l'épidémie n'existe quasiment pas. Il y a une incompréhension totale par rapport aux décisions du Gouvernement(de fermer les frontières, ndlr),", lâche, médusé, un réceptif de Marrakech.
Depuis la deuxième et très forte vague de l'été 2021, le Royaume plafonne à une centaine de cas quotidiens et parfois même, n'affiche aucun décès journalier.
Une embellie sur le front de l'épidémie, doublée par une arrière-saison touristique quasi historique.
"En septembre et octobre, la charge de travail était sur les mêmes niveaux que celle de 2019.
Dans le même temps, pour Noël et le jour de l'an, nous avions déjà pas mal de dossiers " s'enthousiasmait Emmanuelle Barat, la chef de projets d'Authentik Traveller.
Puis patatras, le 28 novembre dernier, le gouvernement n'a pas hésité à refermer le ciel et jusqu'à la fin de l'année, avec l'apparition du variant Omicron. Les vacances sont fichues.
Voyage au Royaume des espoirs perdus.
Maroc : "depuis deux ans, ils ont annulé toutes les vacances"
"Nous sommes très déçus par la prolongation de la fermeture, après encore de faux espoirs et malgré les appels de toute la profession à sauver notre économie.
Combien d'acteurs vont fermer leurs portes par lassitude ou par difficultés financières ?" se décourage un réceptif Marocain du Nord du pays.
Si de l'avis de tous, il n'était plus possible de sauver les fêtes de fin d'année, une réouverture aurait permis de maintenir un peu d'activité. Après 20 mois de crise, la souffrance est totale pour l'industrie marocaine.
Des décisions qui ont même poussé les professionnels à bloquer à plusieurs reprises des villes du Royaume.
"Depuis le début de la crise, les transporteurs touristiques ont beaucoup manifesté. Et dernièrement ils ont été rejoints par les hôteliers et les agences de voyages," témoigne, la chef de projets du réceptif Authentik Traveller.
La semaine passée, les bus et cars de tourisme ont congestionné Rabat. Des centaines d'acteurs de la filière ont manifesté devant le ministère du Tourisme.
L'agacement est plus que palpable pour une filière à bout de souffle.
"Depuis deux ans, ils (les dirigeants du pays ndlr) ont annulé toutes les vacances (fermeture du ciel en mars 2020, puis mars 2021, l'été et décembre).
A ce rythme, les prestataires vont tous mettre la clé sous la porte," peste Yasmine, patronne de RIF Planète.
Cette dernière a d'ailleurs dû prendre un autre emploi, faute de clients et d'argent.
Si chacun salue la bonne gestion de l'épidémie par le pouvoir, aucun ne comprend que le tourisme soit totalement négligé.
Combien d'acteurs vont fermer leurs portes par lassitude ou par difficultés financières ?" se décourage un réceptif Marocain du Nord du pays.
Si de l'avis de tous, il n'était plus possible de sauver les fêtes de fin d'année, une réouverture aurait permis de maintenir un peu d'activité. Après 20 mois de crise, la souffrance est totale pour l'industrie marocaine.
Des décisions qui ont même poussé les professionnels à bloquer à plusieurs reprises des villes du Royaume.
"Depuis le début de la crise, les transporteurs touristiques ont beaucoup manifesté. Et dernièrement ils ont été rejoints par les hôteliers et les agences de voyages," témoigne, la chef de projets du réceptif Authentik Traveller.
La semaine passée, les bus et cars de tourisme ont congestionné Rabat. Des centaines d'acteurs de la filière ont manifesté devant le ministère du Tourisme.
L'agacement est plus que palpable pour une filière à bout de souffle.
"Depuis deux ans, ils (les dirigeants du pays ndlr) ont annulé toutes les vacances (fermeture du ciel en mars 2020, puis mars 2021, l'été et décembre).
A ce rythme, les prestataires vont tous mettre la clé sous la porte," peste Yasmine, patronne de RIF Planète.
Cette dernière a d'ailleurs dû prendre un autre emploi, faute de clients et d'argent.
Si chacun salue la bonne gestion de l'épidémie par le pouvoir, aucun ne comprend que le tourisme soit totalement négligé.
Maroc : près de 50% des agences ont ou vont mettre la clé sous la porte
"Les décisions du Gouvernement ne s'attardent pas trop sur notre cas.
Depuis 30 ans que je travaille ici, le tourisme n'a jamais été une priorité au Maroc. C'est la cerise sur le gâteau de l'économie locale," analyse Jean-Pierre Champert, le directeur général de Sport Travel.
Sauf que depuis 20 mois, la cerise ne trône plus vraiment sur le Chebbakia et les autorités ne paraissent pas si pressées de la remettre en place.
Avec des stop and go à répétition, les acteurs du tourisme ont dû au mieux piocher dans la trésorerie ou sinon vendre tout ce qui avait de la valeur, faute d'aides.
"Les transporteurs touristiques ont vendu et bradé leurs flottes, certaines banques ont même saisi des véhicules. Pendant ce temps l'industrie hôtelière est au plus mal," confie Emmanuelle Barat.
Si le ministère a promis un plan de relance, ce dernier serait pour le moment fantomatique, même si les acteurs peuvent compter sur une aide d'Etat de 200 euros par personne.
"Le Maroc est un pays, où le pouvoir d'achat reste assez élevé. Notre chauffeur a dû vendre des biens et des guides ont trouvé d'autres métiers pour survivre.
La situation est gravissime," rapporte le réceptif de Marrakech.
Le soutien de 200 euros par mois n'a pas toujours été versé en temps et en heure, comme il en manque parfois une partie. Malgré tout, le Gouvernement a décidé de renouveler la mesure pour décembre 2021.
En attendant le retour des touristes, pour les entreprises, c'est la déroute.
"Au sein de l'Association Régionale des Agences de Voyages de Marrakech – Safi (ARAVMS), nous faisons le constat que 50% des agences de voyages (80% sont des réceptifs, ndlr) vont ou ont déjà déposé le bilan," déplore Jean-Pierre Champert.
Toujours selon le patron, les mesures de soutien sont disproportionnées par rapport aux conséquences des fermetures. Ce n'est pas tout, seulement 10% des acteurs ont pu accéder au crédit relance garanti par l'Etat.
Le secteur est à l'agonie.
Depuis 30 ans que je travaille ici, le tourisme n'a jamais été une priorité au Maroc. C'est la cerise sur le gâteau de l'économie locale," analyse Jean-Pierre Champert, le directeur général de Sport Travel.
Sauf que depuis 20 mois, la cerise ne trône plus vraiment sur le Chebbakia et les autorités ne paraissent pas si pressées de la remettre en place.
Avec des stop and go à répétition, les acteurs du tourisme ont dû au mieux piocher dans la trésorerie ou sinon vendre tout ce qui avait de la valeur, faute d'aides.
"Les transporteurs touristiques ont vendu et bradé leurs flottes, certaines banques ont même saisi des véhicules. Pendant ce temps l'industrie hôtelière est au plus mal," confie Emmanuelle Barat.
Si le ministère a promis un plan de relance, ce dernier serait pour le moment fantomatique, même si les acteurs peuvent compter sur une aide d'Etat de 200 euros par personne.
"Le Maroc est un pays, où le pouvoir d'achat reste assez élevé. Notre chauffeur a dû vendre des biens et des guides ont trouvé d'autres métiers pour survivre.
La situation est gravissime," rapporte le réceptif de Marrakech.
Le soutien de 200 euros par mois n'a pas toujours été versé en temps et en heure, comme il en manque parfois une partie. Malgré tout, le Gouvernement a décidé de renouveler la mesure pour décembre 2021.
En attendant le retour des touristes, pour les entreprises, c'est la déroute.
"Au sein de l'Association Régionale des Agences de Voyages de Marrakech – Safi (ARAVMS), nous faisons le constat que 50% des agences de voyages (80% sont des réceptifs, ndlr) vont ou ont déjà déposé le bilan," déplore Jean-Pierre Champert.
Toujours selon le patron, les mesures de soutien sont disproportionnées par rapport aux conséquences des fermetures. Ce n'est pas tout, seulement 10% des acteurs ont pu accéder au crédit relance garanti par l'Etat.
Le secteur est à l'agonie.
Maroc: "si le tourisme repart plein pot, il y aura un gros manque de moyens"
Malheureusement, entre la situation du secteur et des décisions erratiques du pouvoir en place, les professionnels craignent surtout que le Maroc soit à l'avenir totalement squeezé par les touristes.
"Nous perdons la confiance de nos clients et des agences de voyages françaises.
A force, ils ont créé un frein psychologique qui risque de pénaliser la destination. Nous allons en subir les conséquences à l'avenir," pense savoir Emmanuelle Barat, la chef de projets d'Authentik Traveller.
Un constat partagé même par certains tour-opérateurs français, malgré tout le patron de Sport Travel veut encore y croire.
"A chaque fois, qu'il y avait une ouverture, les clients revenaient tout de suite. Je suis plutôt optimiste, car les Français aiment le Maroc. L'enjeu actuel est de sauver les entreprises," estime savoir Jean-Pierre Champert, le directeur général de Sport Travel.
Toutefois avant d'entrevoir l'éclaircie, l'industrie va devoir panser ses plaies et reconquérir... ses anciens salariés.
A l'image des guides et des chauffeurs, l'hôtellerie est asséchée.
"Demain, si le tourisme repart plein pot, il y aura un gros manque de moyens pour accueillir les touristes. Des hôtels ont fermé, d'autres ne trouvent plus de personnel.
Le tissu touristique est très affaibli," prévient un réceptif marocain du nord du pays.
Alors que la France a pu s'en tirer avec son marché intérieur, celui du Royaume n'a pas suffi, pour éponger ou tenir à flot les infrastructures.
Les professionnels ne demandent que deux choses : pouvoir travailler convenablement et avoir de la visibilité.
"La situation est telle que les gens préfèrent mourir du coronavirus que de mourir de faim. Les positions du gouvernement ne pourront pas tenir encore très longtemps," menace même un des réceptifs.
Entre la stabilité sanitaire et celle sociale, le gouvernement du Maroc va devoir choisir, car la cocotte-minute semble sur le point de céder...
"Nous perdons la confiance de nos clients et des agences de voyages françaises.
A force, ils ont créé un frein psychologique qui risque de pénaliser la destination. Nous allons en subir les conséquences à l'avenir," pense savoir Emmanuelle Barat, la chef de projets d'Authentik Traveller.
Un constat partagé même par certains tour-opérateurs français, malgré tout le patron de Sport Travel veut encore y croire.
"A chaque fois, qu'il y avait une ouverture, les clients revenaient tout de suite. Je suis plutôt optimiste, car les Français aiment le Maroc. L'enjeu actuel est de sauver les entreprises," estime savoir Jean-Pierre Champert, le directeur général de Sport Travel.
Toutefois avant d'entrevoir l'éclaircie, l'industrie va devoir panser ses plaies et reconquérir... ses anciens salariés.
A l'image des guides et des chauffeurs, l'hôtellerie est asséchée.
"Demain, si le tourisme repart plein pot, il y aura un gros manque de moyens pour accueillir les touristes. Des hôtels ont fermé, d'autres ne trouvent plus de personnel.
Le tissu touristique est très affaibli," prévient un réceptif marocain du nord du pays.
Alors que la France a pu s'en tirer avec son marché intérieur, celui du Royaume n'a pas suffi, pour éponger ou tenir à flot les infrastructures.
Les professionnels ne demandent que deux choses : pouvoir travailler convenablement et avoir de la visibilité.
"La situation est telle que les gens préfèrent mourir du coronavirus que de mourir de faim. Les positions du gouvernement ne pourront pas tenir encore très longtemps," menace même un des réceptifs.
Entre la stabilité sanitaire et celle sociale, le gouvernement du Maroc va devoir choisir, car la cocotte-minute semble sur le point de céder...