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Michel-Yves Labbé surfe hors des sentiers battus

Michel-Yves Labbé P.-D.G. de Directours


De sa haute stature, Michel-Yves Labbé a le geste prompt, la réplique qui fait mouche et toujours l’argument absolu. Après avoir sillonné les routes du monde, il décidait, voici une douzaine d’années, de déposer son sac sur les Champs Elysées – et pas ailleurs car c’est la plus belle adresse du monde - en y créant Directours, le premier et seul tour-opérateur qui vend en ligne et sans intermédiaire sa propre production.


Rédigé par Michèle Sani - redaction@tourmag.com le Dimanche 28 Mai 2006

Michel-Yves Labbé surfe hors des sentiers battus
Fils de militaire, Michel-Yves Labbé a voyagé dès le berceau. Ses racines sont le monde entier. Ses souvenirs d’enfance lui renvoient le Cambodge. A quinze il partait en solex à la conquête du Cap Nord. A vingt ans il pilotait une voiture de course dans la neige de la Russie Soviétique. A trente ans, du côté de Saint Domingue, il déménageait tout un club de vacances à la cloche de bois, clients et staff compris, pour échapper à un propriétaire mafieux.

Il fait beatnik sur les routes d’Europe

Le très respectable patron de Directours aura tout fait. Bac en poche, le bon, celui de 67, il « fait » beatnik à ne pas confondre avec hippie. « Beatnik c’est partir, prendre la route en toute responsabilité, faire du stop, trouver des petits boulots pour gagner de l’argent, se débrouiller, repartir ». Alors il a pris la route, sillonné toute l’Europe, jusqu’à la frontière iranienne où les blonds costauds n’étaient pas toujours les bienvenus.

Il a fait les moissons, il a été manœuvre, pompiste, disc jockey et même brasseur chez Tuborg. Il s’est initié aux secrets de la porcelaine dans la Fabrique Royale de Copenhague. A Prague il s’est retrouvé dans un poste de police avec un groupe de dissidents. C’était avant la chute du mur. Il se laisse séduire par la Grèce qui restera l’une de ses destinations fétiches. Sa période « beatnik » durera dix huit mois. « J’ai appris que sur les routes on est toujours l’émigré de quelque part, de quelqu’un ».

Aubergiste écolo à 1 600 mètres d’altitude

Au début des années 70 Michel-Yves s’installe à Nice. « J’ai pris conscience assez rapidement que j’avais un côté leader. Dans tous les boulots que je faisais je devenais très vite chef ». Chef manœuvre, chef distributeur, chef barman. A Nice, chef barman il décide de prendre une auberge dans l’arrière pays avec un copain cuisinier sorti de l’Ecole de Lausanne.

Le site, magnifique, est un haut lieu de compétition bien connu des pilotes automobiles. Le col de Turini est situé sur le tracé mythique du rallye de Monte Carlo. A l’Auberge du Yeti nos deux compères proposent, avec un temps d’avance, une formule « écolo » avec des produits du terroir qui n’intéressent personne.

L’expérience se termine par un flop financier. En revanche, sa rencontre avec les pilotes scandinaves, spécialistes de la conduite sur glace et sa découverte de la compétition automobile l’enthousiasment. C’est dit, il fera pilote. En toute logique on le retrouve l’hiver suivant au volant d’une Panhard 24 en compétition sur les routes verglacées de Finlande. La première année il l’a même faite sans pneus cloutés…

La Marseillaise rien que pour lui

Il se prend au jeu, trouve des sponsors du sud intéressés de faire valoir leurs produits dans les pays du nord et de l’est. Et le voici avec sa Panhard 24 bariolée de publicités dans une Union Soviétique sombre et glacée.

Il raconte avec une certaine émotion l’accueil reçu pas deux jeunes pilotes français un peu perdus, un certain soir, à Kiev. « Je me souviendrai toujours de ce banquet. Pour les soviétiques de l’époque nous devions représenter la liberté et un certain art de vivre. A notre entrée dans le restaurant on a joué la Marseillaise. Les gens debout. Les applaudissements. Je n’oublierai jamais ».

De Mayerling aux indulgences du Vatican

De retour à Nice Michel-Yves a 24 ans. Il se décide à trouver une situation stable et rémunératrice. Il passe son CAPASE un examen qui lui permet de devenir directeur d’une Maison des Jeunes et de la Culture. En poste à Nice il dirige une « Maison » où les vieux sont légion et les jeunes, bien absents. Pour occuper son public il organise des excursions de la journée en autocar. C’est un succès. Il développe la formule avec des escapades de deux ou trois jours en Italie et en Autriche. Ces produits phares sont Mayerling pour l’Autriche et les indulgences plénières du mercredi au Vatican pour l’Italien. C’est carrément un triomphe !

Michel-Yves apprend à gérer ce qui est devenu un véritable parc d’autocars de tourisme. Il organise ces voyages après les avoir testé, n’entraînant jamais ses clients vers des lieux qu’il ne connaissait pas. Ce principe lui est resté. Ciao les MJC, c’est le métier du tourisme qui prendra à jamais le dessus.

La formule « tout compris », une réponse à l’analphabétisme

En s’associant au voyagiste régional Plein Vent, il participera au lancement des premiers charters long-courriers au départ de Nice vers New York et de Marseille vers Montréal, liaisons qui passeront à la trappe avec les débuts des vols vacances. Jamais à court d’idée, il veut lancer des navettes en hydroglisseurs pour relier rapidement Monaco, Nice et Saint-Tropez. Là ce sont les marins de la « Riviera » qui bloqueront les ports et feront avorter le projet.

Un jour il rencontre un Grec, Jean Héliopoulos, patron de Cruisair, TO leader sur la Grèce et propriétaire des Kappa Clubs, formidable référence, à l’époque, en matière de villages de vacances. Michel-Yves Labbé a la charge de développer le concept des Kappa Club ailleurs qu’en Grèce. Il ouvre la Turquie, Marrakech et Saint Domingue où il lance la formule « all inclusive ». « Cette formule n’était pas le fruit d’un concept marketing sophistiqué mais la seule solution possible pour gérer un hôtel où le personnel ne savait ni lire ni écrire ». Comme quoi…

Chef chez lui

Arrive le temps des cessions et des fusions. Cruisair est repris par Chorus qui est repris par Jet Tours… Michel-Yves Labbé décide d’être chef chez lui après l’avoir été chez les autres. Il n’a pas un sou mais possède quelques idées dont celle de fabriquer des voyages haut de gamme et de les vendre en direct au public par le biais du téléphone et du Minitel.

Passionné par les nouvelles technologies il prend quatre jours en 1995 pour se rendre à Kansas City où se déroule la première Conférence Mondiale consacrée à Internet et au Tourisme. Evidence du futur. « J’ai tout de suite compris l’importance et les possibilités offertes par ce système ». Dès son retour il se lance dans la réalisation de son site web, l’un des tous premiers en France, il dépose la marque « Directours » et quand Internet se déploie en France, en 1998, lui, il est déjà prêt et opérationnel.

Permis de Cornac, un inédit signé Directours

Sur son site, avec sa « news letter », au téléphone, l’entreprise à un ton et développe un style qui lui est propre, qui responsabilise et fidélise à la fois le client. Michel-Yves Labbé est sur tous les fronts. C’est lui qui écrit les textes, qui parle dans le répondeur du téléphone, qui vend, qui voyage et fait voyager ses collaborateurs avec l’obligation constante de ne vendre que des produits de qualité.

La semaine dernière il rentrait d’un voyage en Thaïlande ravi d’avoir trouvé un hôtel qui délivrait, après un stage de trois jours, le permis «cornac» en clair, le droit de conduire en toute légalité… un éléphant ! Il était sur le point de partir du côté de Perpignan pour voir un grand catamaran qu’il envisage de commercialiser du côté des Grenadines. A 56 ans Michel-Yves Labbé a l’enthousiasme intact.

Echecs et réussites lui ont forgé le caractère. Toujours curieux, jamais blasé il possède toujours quelques idées d’avance. Il fut le premier à développer la formule du package dynamique et il n’est pas exclu qu’il nous délivre bientôt, à travers la toile, de nouveaux rendez-vous. Savoir : le premier podcasting du tourisme, enregistré par ses soins, est déjà dans les starting-blocks.

Directours en bref

Depuis 2002, Michel-Yves Labbé a conforté son tour de table en associant ses collaborateurs. Dans ses 360 m2 de bureaux situés sur les Champs Elysées, il emploie une quarantaine de salariés qui réalisent un volume d’affaires d’environ 23 M€. Il enregistre une croissance maîtrisée de l’ordre de 20 % par an. Le panier moyen de sa production « forfaits » flirte avec les 1 500 € par personne. Le taux de fidélité des clients est estimé à 35 %. De l’Allemagne au Vietnam, il programme une cinquantaine de destinations à travers le monde.

www.directours.com

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Commentaires

1.Posté par François Calvino AGIS Voyages Versailles AFAT le 29/05/2006 09:36 | Alerter
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Félicitation pour votre parcours.

2.Posté par Fabre Serge le 29/05/2006 09:55 | Alerter
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J'ai eu l'occasion de rencontrer plusieurs fois Miche Yves, c'est reellement une personne enthousiaste et passionnee qu'on ne peut qu'envier et admirer. Michel Yves : encore bravo.

3.Posté par Hawawini Pierre le 29/05/2006 10:29 | Alerter
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Le parcours et le panache de Monsieur Michel Yves Labbé, sont une référence dans notre métier.
J'ai eu l'occasion de "servir sous ses ordres" en tant que Chef de Produit Moyen Orient Chez Airtours puis Chorus, dont il était le Patron de la Production, il nous a insuflé son sens particulier du voyage, ses idées, l'apprentissage des sensations, une intuition toujours "payante", et puis la liberté d'oser parfois l'impensable.... Encore merci à vous Michel-Yves et bonne continuation...
Pierre L'Egyptien Enragé....

4.Posté par René-Pierre DESRUES le 29/05/2006 11:46 | Alerter
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J'ai connu Michel-Yves chez CHORUS, où j'étais Directeur d'Exploitation des Clubs (KAPPA CLUBS). Je me souviendrai toujours de son habilité à manier les concepts, pas facile pour nous quelquefois de les réaliser sur le terrain (ah! "l'Observatoire" du Kappa Marrakech et son escalier...), mais nous le faisions toujours avec plaisir. Bravo pour son parcours et bon courage pour la suite !
René-Pierre DESRUES

5.Posté par Bernard Personnaz Destination Québec le 29/05/2006 14:43 | Alerter
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J'ai rentré dans ma fameuse bdd (Michel Yves me comprendra) ce qui me manquait dans son cursus et rajouté que c'était avec sa PANHARD PL 24 (sortie en 1963) qu'il avait été jusqu'en Russie ! Mais c'est surtout son parcours qui est merveilleux ! L'avenir appartient au gens passionnés ! Et en plus, Michel Yves a un sacré flair ! Bravo ! Bernard Personnaz

6.Posté par patrick audrain le 29/05/2006 15:58 | Alerter
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J'ai eu l'insigne opportunité d'aprécier les qualités humaines et manageuriales de Michel Yves.
Les années passent et il me parait semblable et toujours aussi satisfait de lui-même.

Encore fort d'un "argument absolu", il en a oublié d'indiquer, après 12 années de croissance de l'ordre de 20% par an, à quel résultat "maîtrisé" il a abouti, à la tête d'un volume d'affaires "d'environ" 23 M€.

"Encore merci à vous, Michel Yves, et bonne continuation.


Patrick Audrain

7.Posté par Patrick Gaudin | Voyages Provence le 29/05/2006 16:46 | Alerter
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Ca nous rajeunit pas toutes ces histoires ;-)
De mon côté aussi j'ai rencontré MYL, très sympa, il est un peu comme moi, mais en plus vieux ;-)
Patrick.

8.Posté par Un collaborateur de Michel Yves Labbé pendant plus de 10 ans le 29/05/2006 23:40 | Alerter
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Patrick Audrain qui s'exprmie sur Michel-Yves LABBE, c'est un peu comme si vous confiez un édito sur Ronaldinho à Francis Llacer : ils ont joué ensemble, mais on n'a jamais eu l'impression qu'ils pratiquaient le même sport...
Difficile de suivre MYL lorque l'on est si étranger aux nouvelles technologies (voire à la technologie tout court).
Au fait, vous avez vu la dernière pub avec Francis Llacer ?... ah bon, vous non plus ?...

9.Posté par jean-Marie Barre le 11/10/2006 21:41 | Alerter
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En survolant ce parcours étonnant, je comprends mieux aujourd'hui les qualités de Michel Yves Labbé (avec lequel j'ai collaboré dans les années 80 90). Particulièrement:
sa spontaneité, sa capacité de décision, sa décontraction et son altruisme.


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