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NDC : "C'est une galère, j'ai 5 personnes à plein temps chez Voyamar"

Pour Aurélien Aufort, NDC ressemble plus à un casse-tête qu'une facilité


NDC est le débat de la décennie entre les compagnies aériennes et la distribution. Après 10 ans, la nouvelle norme a toujours du mal à convaincre les professionnels du tourisme en raison de problèmes toujours non résolus. Pour Laurent Abitbol, Président du groupe Marietton c'est "une escroquerie", quand Aurélien Aufort, directeur général parle d'un "casse-tête".


Rédigé par le Vendredi 1 Avril 2022

Pour Aurélien Aufort, NDC ressemble plus à un casse-tête qu'une facilité -Depositphotos @fotographic1980
Pour Aurélien Aufort, NDC ressemble plus à un casse-tête qu'une facilité -Depositphotos @fotographic1980
Dix ans après le lancement de NDC, où en sommes-nous ?

Imaginée au début de la décennie précédente, pour révolutionner la distribution aérienne et surtout permettre aux transporteurs de desserrer la mainmise des GDS sur la vente des billets d'avion, la norme continue de faire parler.

Aujourd'hui, si les agences de voyages se sont attaquées au sujet de façon disparate, les transporteurs n'avancent pas non plus à l'unisson.

"C'est un standard qui évolue, avec des réalités variables. Un certain nombre de compagnies sont sur une version 17.2, d'autres sont sur des plus récentes, 18.1.

En tout une soixantaine d'entreprises du secteur ont basculé sur le sujet, soit les 2/3 de l'industrie aérienne en termes de volume dans le monde,
" résume Bertrand Poey, le nouveau DG d'Amadeus France.

Pour rappel, la prochaine version de la technologie sera 21.2.

Une fois la mise au point effectuée rentrons dans le cœur du sujet, pour savoir si NDC est une technologie mature et prête à l'usage.

NDC : "ça ne fonctionne pas"

Et comme vous avez les mains dans la tuyauterie tous les jours, ce n'est pas à vous que nous allons l'apprendre, mais la norme est encore perfectible... terriblement perfectible.

De l'aveu même, d'un des observateurs privilégiés de la distribution du voyage, NDC se trouve encore une technologie adolescente.

"Le monde de l'aérien qui était simple est devenu complexe. Il est relativement simple de réserver, mais cela est une autre paire de manches au niveau de l'après-vente.

Actuellement, la technologie se trouve dans une phase intermédiaire,
" analyse Christian Sabbagh, président fondateur d’Orchestra.

Une chose est sûre, il n'y aura pas de retour en arrière, malgré les couacs à répétition. Dorénavant, la distribution et la production doivent gérer les choses, malgré les manquements.

Si pour certains acteurs de la vente, la norme ne représente pas plus de 10% de l'activité, pour la compagnie nationale, le volume serait plus élevé.

"Sur l'ensemble des ventes, essentiellement du loisir, NDC représente 1/3 des ventes chez les agences de voyages.

Certes, nous sommes dans une période de transition, mais c'est aussi le moyen de mettre à disposition des nouveaux produits, qui ne passent plus par les GDS,
" explique Henri Hourcade, SVP France d’Air France-KLM.

La différence d'information entre le Nouveau Monde et l'ancien (GDS), est telle, que le prix d'un Paris-Punta Cana sera jusqu'à 70 euros moins chers sur NDC.

La différence sera encore plus importante, car dès le 1er mai 2022, une surcharge sera imposée à hauteur de 26 euros, pour chaque voyage vendu.

"Ca ne fonctionne pas, c'est le retour des agences au sujet de l'après-vente. C'est l'évidence, les agences de voyages disent perdre jusqu'à 67% de productivité," interpelle, François-Xavier Izenic, l'animateur des débats lors du forum du SETO.

NDC - Air France : "la surcharge sera une catastrophe"

Pour Amadeus, le système est opérationnel mais au niveau fonctionnel, le niveau n'est pas le même que celui des GDS.

"Il est difficile de remplacer 30 ans de construction, par deux ans d'existence. Il va falloir une courbe d'apprentissage, avec des agents qui ont des décennies d'expertises.

Nous devons laisser le temps pour permettre aux acteurs de passer au graphique,
" recadre Bertrand Poey.

Le cryptique vendu aussi comme une spécialité par des professionnels devra laisser place à la révolution, plus dans l'air du temps, à savoir graphique.

Alors qu'il est compliqué de recruter, NDC pourrait être une solution, puisqu'il permet d'avoir un personnel immédiatement opérationnel. Pour les GDS et les compagnies, l'industrie doit laisser le temps au temps.

Sauf que le temps, c'est de l'argent.

Et un outil mal programmé ou maitrisé, cela fait perdre en productivité, mais aussi en crédibilité face à des voyageurs qui peuvent réserver un billet en seulement quelques secondes sur internet.

"Avec NDC, nous sommes les victimes d'un bras de faire entre les GDS et les compagnies. Nous sommes au milieu.

C'est la 1ère escroquerie, nous sommes les victimes. Ca ne marche pas, du moins la techno d'Amadeus,
du coup nous avons développé
WonderMiles," explique Laurent Abitbol.

Cet outil créé conjointement avec Air France et Lufthansa serait opérationnel à 100%, il permet d'accéder au contenu des GDS, au direct connect, NDC mais aussi au contenu d'agrégateurs.

Les transporteurs y pousseraient aussi des tarifs promotionnels selon le principal intéressé.

"NDC marche manuellement, pour le loisir, pour l'affaire, la norme est très loin d'être opérationnelle. J'ai demandé à Air France que la surcharge soit remise à plus tard, sinon ce sera une catastrophe.

J'ai bien senti qu'il n'y aurait pas d'espoir,
" peste le patron de Marietton.

Voyamar : "NDC est une galère, c'est un casse-tête"

D'ailleurs, le 5 avril 2022, une réunion devait se tenir avec les acteurs du tourisme et Air France, afin de faire reculer la mise en place de la surcharge à septembre prochain.

Air France a été globalement bougée par les patrons de TO qui semblent peu apprécier la lenteur de la transition technologique.

"Les choses avancent et très vite dans tout l'écosystème, depuis qu'il y a des échéances avec des surcharges, sinon il ne se passe pas grand-chose.

Nous prenons des risques aussi, il n'est pas question de passer en direct, la clientèle reste chez vous,
" recentre Henri Hourcade.

Vous l'aurez compris, les négociations sur la surcharge seront tendues et la compagnie nationale n'entend pas faire de grande concession.

"Vous prenez un risque, c'est votre problème. Vous avez l'intention de gagner 220 millions d'euros par an, sur le compte d'Amadeus.

Ce que nous voulons, c'est que vous accompagnez le changement,
sauf que vous n'avez pas mis les moyens, ni les effectifs,
" interpelle René-Marc Chikli remonté.

Il faut dire qu'au plus dur de la crise, la personne en charge de NDC chez Air France était au chômage partiel et difficilement joignable. Une révolution sans moyen ni staff, c'est une tempête dans un verre d'eau.

Voyamar : "C'est une galère, j'ai 5 personnes à plein temps"

Finalement le transporteur souhaite alléger sa facture envers les GDS, sans même vraiment investir.

Pendant qu'Air France mettait ses troupes en hibernation, les opérateurs se chargeaient de rapatrier des milliers de Français. L'opération a pu être réalisée avec succès, en l'espace de seulement quelques jours et dans un temps-record.

Est-ce que cette mission secours aurait été possible avec NDC ? "Non, il y a deux ans, il n'aurait pas a été possible, maintenant c'est différent," avoue Christian Sabbagh.

Si la technologie évolue couche par couche, il est aussi une autre question qui se posera rapidement à savoir la distribution des petites compagnies régionales.

Celles-ci n'ont pas les moyens financiers et RH pour prendre le virage. A l'heure actuelle, 95% des compagnies ne sont toujours pas sur NDC.

"Tout le monde viendra, car la compétition concurrentielle prévaudra," pense savoir le patron d'Orchestra.

La distribution devra donc jongler entre GDS et NDC, pendant encore de longues années. Du côté des TO, seuls 15% d'entre eux utilisent cette tuyauterie pour la billetterie.

La conclusion de ce grand débat reviendra à Aurélien Aufort, le directeur général du Groupe Marietton Developpement.

"C'est une galère. J'ai 5 personnes à plein temps chez Voyamar, dont trois à la technologie, je n'imagine pas, chez les autres. C'est un casse-tête pour nous producteur, un casse-tête pour nos développeurs.

Nous parlions de simplicité, ce n'est pas le cas. La 1er chose quand j'arrive au bureau, c'est est-ce que je vais avoir un problème ?
" La question reste en suspens...

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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