Pourquoi les touristes sont-ils la cible des attentats terroristes ?

Depuis une trentaine d’années, le tourisme est la victime collatérale du dysfonctionnement géopolitique de certains pays.

C’est au prix de dizaines de victimes innocentes que le terrorisme s’offre une vitrine médiatique mondiale.
La liste est longue :

• 1973 : Attaque de l’avion de la Pan Am à l’aéroport de Rome, 32 morts
• 1978 : Attaque dans deux gares et à l’aéroport de Madrid faisant 3 morts et une centaine de blessés
• 1980 : Attentat à la fête de la Bière à Munich, 13 morts
• 1985 : 60 morts sur un vol d’Egypte Air
• 1987 : A Lokerbie, en Ecosse, 270 morts dans l’attaque d’un vol de la Pan Am
• 1990 : Attentat d’un car de touristes Israélien en Egypte, 9 morts
• 1994 : Prise d’otages dans un avion d’Air France à Alger, 3 morts
• 1997 : Massacre de touristes à Louxor, 62 morts
• 2002 : Explosion d’une voiture piégée devant un hôtel a Mombassa, 16 touristes morts
• 2003 : Explosion d’une voiture piégée à Djakarta devant l’hôtel Mariott, 14 morts
• 2005 : Attentat suicide au Caire dans les souks de Khan el Khalili causant la mort de 3 touristes
• 2005 : Attentats à Bali dans une zone touristique , 20 morts
• 2005 : Plusieurs touriste tués à la suite d’explosion dans le marché de New Delhi
• 2008 : Attentas à l’hôtel Marriot à Islamabad au Pakistan, 55 morts
• 2013 : 9 touristes alpinistes tués par balle sur les sommets de l’Himalaya

Cette liste funèbre n’est pas exhaustive malheureusement .Il y manque d’autre attentats, notamment celui de Marrakech, du musée de Bruxelles ,et bien sûr du musée du Bardo à Tunis la semaine dernière .

Cette cible du tourisme prise par les terroristes de tous bords n’est pas un hasard.

Elle symbolise la volonté des auteurs de ces actes de faire entendre leurs causes et surtout leur détermination à défier toutes forces de sécurité en frappant où ils veulent et quand ils veulent.

Le tourisme, souvent occidental, représente pour ces terroristes l’exemple même d’une civilisation de luxure sans morale, sans valeur, du moins pas celle défendue par leur propre logique.

C’est aussi ces touristes, représentant malgré eux l’Occident, qui incarnent l’humiliation historique de la colonisation et du traitement actuel de l’immigration.

Ces différents attentats sont aussi des avertissements aux pouvoirs publics des pays dans lesquels se perpétuent ces actes meurtriers, si ceux ci défendent des lignes politiques condamnées par ces mouvements fondamentalistes.

Ces tueries ciblées sur les touristes ont aussi pour but d’affaiblir l’économie et de rendre plus vulnérables les pouvoirs en place en privant les pays des recettes générées par le tourisme.

Pour toutes ces mauvaises raisons, les touristes sont exposés en permanence aux violences de ces mouvements de la peur.

Comment alors continuer à commercialiser des pays dont les touristes sont des cibles potentielles ?

Pour des raisons commerciales, mais aussi pour ne pas baisser les bras, nous devons continuer à soutenir sur le plan touristique les populations avec lesquelles nous avons pu collaborer pendant des décennies en ayant respecté au mieux l’intérêt de tous.

Mais la volonté des professionnels à continuer leur activité dans ces pays ne trouve souvent pas d’écho auprès des clients qui attendent, eux, que les garanties de sécurité soient revenues avant de réserver à nouveau leurs séjours.

La responsabilité des décideurs est grande face à ces situations qui posent un vrai dilemme :

• Soit la profession fait le dos rond pour ne pas risquer la vie des clients, et toutes les productions sont suspendues et les offres retirées.
Dans ce cas c’est tout un pays et sa population que nous rayons de la carte touristique et que nous abandonnons à leur triste sort.

• Soit l’offre est maintenue comme l’a décidé le SETO par la voie de René Marc Chikli sur la Tunisie

Ce comportement responsable prouve à nos amis Tunisiens que la profession ne se laisse pas intimider et lui apporte son soutien, même si les clients, au final, ne suivront pas cette détermination professionnelle.

Mais en maintenant les productions, nous envoyons un message à tous les pays fragilisés par le terrorisme : notre profession est présente quand tout va bien, mais continue à être toujours présente quand ils sont en danger.

Cependant, dans ces moments dramatiques et à l’instar des politiques qui utilisent l’unité nationale pour un rassemblement le plus large possible, la profession doit, elle aussi, rassembler le plus largement possible par des actes concrets pour démontrer, au delà des mots, sa détermination .

Christian OROFINO
Président de TOURCONSEIL
Co-président d'OBGET
Ex PDG et DG du TO VISIT FRANCE
Ex-Président de la commission Tourisme responsable du SNAV