En Europe, l’Italie est le deuxième marché d’Air France et la France, le premier marché pour ITA Airways - Crédit : Clément Alloing
Depuis sa naissance ou sa renaissance en novembre 2020, la compagnie nationale italienne, détenue à 100% par l’Etat, avait, par l’intermédiaire de son PDG, Alfredo Altavilla, affiché sa volonté de ne pas rester isolée.
« Ce serait une erreur de rester indépendant car nous sommes trop petits par rapport aux trois grands groupes aériens qui opèrent en Europe » avait-il précisé, donnant ainsi le top départ pour que les grands d’Europe se manifestent (IAG, Lufthansa Group et AF- KLM).
Depuis, et au fil des mois une offre semblait avoir les faveurs des Italiens : celle de Lufthansa associée au groupe MSC.
« Ce serait une erreur de rester indépendant car nous sommes trop petits par rapport aux trois grands groupes aériens qui opèrent en Europe » avait-il précisé, donnant ainsi le top départ pour que les grands d’Europe se manifestent (IAG, Lufthansa Group et AF- KLM).
Depuis, et au fil des mois une offre semblait avoir les faveurs des Italiens : celle de Lufthansa associée au groupe MSC.
La contre-attaque d’Air France-KLM
Nous n'étions alors qu'au début de l’année 2022 et Air France préparait sa contre-attaque en toute discrétion…
Seul petit indice du match à venir : le sourire de Pierfrancesco Carino, Vice-Président des ventes ITA Airways à l’international interrogé en mai dernier par TourMaG.com et qui nous avait glissé avec un sourire : « On manifeste beaucoup d’intérêt pour ITA Airways, c’est un fait et pour l’instant, notre alliance c’est Skyteam ! .
Tout s’est accéléré quand le Groupe Air France-KLM, lors de son assemblée générale, fort d’un redressement en cours et de nouveaux alliés puissants, tels l’armateur CMA-CGM, a clairement affiché ses ambitions.
b[Ben Smith et Rodolphe Saadé avaient déclaré de concert vouloir « participer à consolider le marché de l’aérien ».]b
On était alors dans la dernière ligne droite qui allait aboutir à cette déclaration du Ministère Italien le 31 août dernier annonçant qu’il avait décidé de rentrer en négociations exclusives avec Air France-KLM dont le projet lui semblait « plus conforme aux objectifs fixés ».
Seul petit indice du match à venir : le sourire de Pierfrancesco Carino, Vice-Président des ventes ITA Airways à l’international interrogé en mai dernier par TourMaG.com et qui nous avait glissé avec un sourire : « On manifeste beaucoup d’intérêt pour ITA Airways, c’est un fait et pour l’instant, notre alliance c’est Skyteam ! .
Tout s’est accéléré quand le Groupe Air France-KLM, lors de son assemblée générale, fort d’un redressement en cours et de nouveaux alliés puissants, tels l’armateur CMA-CGM, a clairement affiché ses ambitions.
b[Ben Smith et Rodolphe Saadé avaient déclaré de concert vouloir « participer à consolider le marché de l’aérien ».]b
On était alors dans la dernière ligne droite qui allait aboutir à cette déclaration du Ministère Italien le 31 août dernier annonçant qu’il avait décidé de rentrer en négociations exclusives avec Air France-KLM dont le projet lui semblait « plus conforme aux objectifs fixés ».
Des offres entre 600 et 850 millions d'euros
Quels étaient les contenus des enveloppes et combien d’argent les prétendants étaient-ils prêts à mettre sur la table ? On ne peut, à ce stade, se fier qu’aux déclarations de la presse Italienne.
Selon les médias, Lufthansa et MSC proposaient 850 millions d’euros pour acquérir 80% de la compagnie alors qu’Air France- KLM aurait fait une offre portant sur près de 56% d'ITA, pour environ 600 millions d'euros.
Coté Air France-KLM, il n'était pas possible d'aller au-delà de 10% de participation en raison des conditions fixées par Bruxelles. Ceci dans le cadre des aides accordées par l'Europe au Groupe français pour l’aider à survivre au choc du Covid.
En effet, la Commission avait fixé à 75% le montant du remboursement des aides publiques, préalablement à l'entrée au capital d'Air France dans une entreprise au-delà d’un montant supérieur à 10%.
Selon les médias, Lufthansa et MSC proposaient 850 millions d’euros pour acquérir 80% de la compagnie alors qu’Air France- KLM aurait fait une offre portant sur près de 56% d'ITA, pour environ 600 millions d'euros.
Coté Air France-KLM, il n'était pas possible d'aller au-delà de 10% de participation en raison des conditions fixées par Bruxelles. Ceci dans le cadre des aides accordées par l'Europe au Groupe français pour l’aider à survivre au choc du Covid.
En effet, la Commission avait fixé à 75% le montant du remboursement des aides publiques, préalablement à l'entrée au capital d'Air France dans une entreprise au-delà d’un montant supérieur à 10%.
Certares paye la dot
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ITA Airways : un mariage qui fait les affaires... d'Air France et easyjet !
N'ayant pour l’instant remboursé que 60% de ses dettes, il a fallu faire appel à un « ami américain » le Groupe Certares, qui gère des milliards d’actifs dans des secteurs comme les voyages, le tourisme et l’hôtellerie.
C’est lui qui déboursera, dans un premier temps, les 600 millions nécessaires à l’acquisition d’une partie du capital d’ITA Airways.
Une belle dot pour la mariée italienne, largement à la portée de ce puissant fonds américain.
Un investissement en droite ligne avec leurs projets d’investir dans l’Hexagone, première ou deuxième destination touristique mondiale chaque année.
A ce sujet, on se rappelle les propos d’Henry Briance, Managing director du fonds, qui, lors de sa participation à Hammamet en 2021 au dernier congrès Selectour avait confirmé son intérêt pour le territoire français en affirmant « qu’il y avait de beaux investissements à y faire et que Certares restait attentif aux opportunités. »… et attentifs ils l’ont été.
C’est lui qui déboursera, dans un premier temps, les 600 millions nécessaires à l’acquisition d’une partie du capital d’ITA Airways.
Une belle dot pour la mariée italienne, largement à la portée de ce puissant fonds américain.
Un investissement en droite ligne avec leurs projets d’investir dans l’Hexagone, première ou deuxième destination touristique mondiale chaque année.
A ce sujet, on se rappelle les propos d’Henry Briance, Managing director du fonds, qui, lors de sa participation à Hammamet en 2021 au dernier congrès Selectour avait confirmé son intérêt pour le territoire français en affirmant « qu’il y avait de beaux investissements à y faire et que Certares restait attentif aux opportunités. »… et attentifs ils l’ont été.
Des choix économiques et politiques
Quelles sont donc les raisons qui ont incité finalement l’Etat italien à se tourner vers Air France-KLM et ses alliés ?
Des raisons de synergie économique d’abord. En Europe, l’Italie est le deuxième marché d’Air France et la France, le premier marché d'ITA Airways.
Pour la compagnie italienne qui n’offre pour l’instant qu’assez peu de destinations long-courrier, l’alliance avec Air France-KLM et Delta lui permet de rester dans Skyteam et de profiter ainsi d’un véritable pont sur l’Atlantique nord en ayant accès aux programmes de fidélité de la joint-venture entre Air France-KLM, Delta et Virgin Atlantic.
ITA est également bien implantée à Milan, la ville la plus riche d’Italie permettant ainsi de capter un très intéressant trafic « affaires ».
Des raisons politiques l'expliquent également. Le groupe français a pris en compte le contexte politique italien qui doit se prononcer sur son avenir le 25 septembre prochain.
Une coalition de droite nationaliste est pour l’instant la grande favorite du scrutin et plusieurs de ses représentants plaident pour le maintien d’une compagnie totalement nationalisée.
Comme toujours, et si ce résultat se confirme, le gouvernement italien optera pour une compagnie avec des capitaux privés en majorité.
Mais selon le journal Corriere della Sera, l’offre Air France-KLM fait davantage la part plus belle à l’Etat italien que les Allemands. Elle permet une participation à 44%, deux sièges contre un au conseil d’administration et un droit de véto sur les choix stratégiques. Un compromis qui a très probablement pesé dans la décision.
L’impatience de Lufthansa et de son PDG Carsten Spohr, qui avait envoyé début août une lettre un peu hautaine aux Italiens en affirmant que « sa patience n'était pas illimitée » n’a pas dû, non plus, jouer en faveur des Allemands.
Une négociation exclusive ne vaut pas accord définitif. Rien n’est donc encore totalement acté dans ce dossier qui devrait se finaliser après les élections italiennes.
Des raisons de synergie économique d’abord. En Europe, l’Italie est le deuxième marché d’Air France et la France, le premier marché d'ITA Airways.
Pour la compagnie italienne qui n’offre pour l’instant qu’assez peu de destinations long-courrier, l’alliance avec Air France-KLM et Delta lui permet de rester dans Skyteam et de profiter ainsi d’un véritable pont sur l’Atlantique nord en ayant accès aux programmes de fidélité de la joint-venture entre Air France-KLM, Delta et Virgin Atlantic.
ITA est également bien implantée à Milan, la ville la plus riche d’Italie permettant ainsi de capter un très intéressant trafic « affaires ».
Des raisons politiques l'expliquent également. Le groupe français a pris en compte le contexte politique italien qui doit se prononcer sur son avenir le 25 septembre prochain.
Une coalition de droite nationaliste est pour l’instant la grande favorite du scrutin et plusieurs de ses représentants plaident pour le maintien d’une compagnie totalement nationalisée.
Comme toujours, et si ce résultat se confirme, le gouvernement italien optera pour une compagnie avec des capitaux privés en majorité.
Mais selon le journal Corriere della Sera, l’offre Air France-KLM fait davantage la part plus belle à l’Etat italien que les Allemands. Elle permet une participation à 44%, deux sièges contre un au conseil d’administration et un droit de véto sur les choix stratégiques. Un compromis qui a très probablement pesé dans la décision.
L’impatience de Lufthansa et de son PDG Carsten Spohr, qui avait envoyé début août une lettre un peu hautaine aux Italiens en affirmant que « sa patience n'était pas illimitée » n’a pas dû, non plus, jouer en faveur des Allemands.
Une négociation exclusive ne vaut pas accord définitif. Rien n’est donc encore totalement acté dans ce dossier qui devrait se finaliser après les élections italiennes.