Résidences tourisme : Vacancéole cultive son originalité

Au début de l’aventure étaient deux spécialistes de la gestion de crise, issu du tourisme social, appelés en pompier ou en sauveur par des entreprises du tourisme en mal de restructuration. Eric Journiat et Nicolas Braymand ont choisi un beau jour de 2009 de travailler pour leur compte.

Face à un nombre grandissant de gestionnaires de résidences de tourisme incapable d’assurer les loyers après la crise financière de 2008, ils ont approché des groupements de propriétaires pour reprendre cette gestion en serrant les boulons.

Il faut croire que la méthode était la bonne puisqu’en l’espace de quelques années, le parc est passé de 6 résidences en 2009 à 45 en 2013, quand la marque Vacancéole a été lancée, à 65 en 2017, avant la crise, et 103 sites en 2022, soit 6 500 logements, essentiellement en résidences de tourisme, classées 3 et 4 étoiles, avec un hôtel et deux villages de vacances.

L’exercice 2022 devrait s’achever sur 65 M€ de volume d’affaires pour plus de 400 000 clients accueillis et 5 M€ de marge brute. Et pourtant, comme pour beaucoup d’entreprises du secteur, la pandémie aurait pu signer l’arrêt de mort d’une entreprise sans clients pendant de longs mois et avec des loyers à payer.

C’est là où Eric Journiat insiste sur la méthode de gestion qui a permis de surmonter ces mois difficiles.

« Dès le début de l’aventure, nous avions peu de moyens et nous avons grandi très vite sans avoir le temps de mettre en place des procédures très écrites », raconte le président fondateur.

« De cette faiblesse, nous avons cherché à faire un atout en jouant la carte du management de confiance, ouvrant une large autonomie d’actions à des collaborateurs qui s’engageaient à nos côtés et auxquels nous donnions les moyens d’être formés ».

Ce qui semble encore une fois avoir fonctionné avec un staff très dédié à l’entreprise et à ses valeurs sociales, a également été mis en place avec les propriétaires, individuels ou institutionnels, comme des communautés de communes, pour qu’ils jouent la solidarité en confiance pendant toutes les périodes de confinement.

« Ils ont tous accepté des baisses de loyer et nous sortons de la crise sans aucun procès », insiste Eric Journiat.

Si Vacancéole ne s’inscrit pas dans le mouvement du tourisme social – l’entreprise n’est pas adhérente à l’UNAT -, elle plaide pourtant pour des propositions totalement dans l’air du temps : ancrage dans le territoire, ressourcement, développement durable, implication avec les défenseurs de la nature comme la Ligue de Protection des Oiseaux. Ainsi 26 de ses résidences ont le label Clef Verte, qui se déploie progressivement dans le parc, et 6 ont un partenariat avec la LPO.

Il reste pas mal de chantier pour continuer avec succès cette démarche originale qui s’appuie essentiellement sur un développement par opportunités : « Nous n’avons jamais traité avec un promoteur immobilier. Nos interlocuteurs sont toujours des groupements de propriétaires qui ont subi la défaillance de leur gestionnaire ou des institutionnels territoriaux ».

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Dès lors, le président reconnait un parc très hétérogène qui doit trouver son identité par une approche homogène sur la qualité de services et le respect de valeurs partagées.

Pour poursuivre la structuration de l’entreprise et sa stratégie marketing et de communication, Vacancéole a eu le soutien financier en 2020 – en sortie de 1er confinement - du fonds Garibaldi Participations et du Crédit Agricole de Savoie qui ont pris une participation en apportant 5 M€ au capital.

La transformation digitale de l’entreprise doit être renforcée ainsi que les investissements en développement. Fort du modèle qui fonctionne, les ambitions affichées sont très larges.

La saison hivernale 2022 s’annonce déjà brillante avec 60% de croissance des réservations par rapport à l’an passé – sans doute un effet de précaution des clients par crainte d’augmentations rapides des tarifs.

« Nous sommes certains de faire le plein de nos 30 sites à la montagne et nous avions déjà engagé une politique de maîtrise étroite des coûts d’énergie et de gestion », se veut rassurant le président.

Sa distribution repose en grande partie sur les ventes directes (45%), les contrats avec des tour-opérateurs français et étrangers pour quelque 20% du volume, l’intervention des agences en ligne pour 23%, le solde avec des groupes et seulement 5% via la grande distribution, au 1er rang de laquelle Lidl Voyages.

Pour l’année 2023, Vacancéole veut se développer davantage dans la gestion d’appartements privatifs dispersés dans des résidences dont il n’a pas la maîtrise – une réponse au déploiement d’AirBnB à la montagne.

L’entreprise envisage, avec prudence, d’exporter son modèle au Portugal, en Espagne et en Italie ; elle devrait également créer une agence de voyages dédiée à la gestion de ses sites en Corse, Corséole, pour proposer des prestations plus complètes avec transport et activités de loisirs.

Fier du succès du Village aux Oiseaux, à Motz en Savoie, conçu par ses équipes et financé par la collectivité territoriale, Vacancéole compte proposer ce concept à d’autres collectivités qui voudraient animer leur territoire en accord avec la nature et la LPO.

Fort du soutien des ses financiers, Vacancéole déclare à qui veut bien l'entendre qu'elle a les moyens de reprendre un ou plusieurs opérateurs, voire une marque qui décideraient de se laisser absorber.

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