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Révolution, ambition, compétition... le plan de vol d'Air France se met en place

La chronique de Christophe Hardin


Un an après avoir accepté de prendre les commandes d’Air France-KLM, Benjamin Smith a présenté la semaine dernière la stratégie du groupe pour les années à venir. Et notamment les mesures pour redonner à Air France son rang de marque premium, sa compétitivité et sa rentabilité et développer Transavia France sur un marché moyen-courrier loisirs / business encore plein d’opportunités.


Rédigé par Christophe Hardin le Mardi 12 Novembre 2019

Simplifier, optimiser et développer sont les maîtres mots du groupe. Sur le long-courrier, cela se traduit par la sortie des gourmands A340 et A380 pour une flotte de bi-moteurs sobres et performants, avec des cabines optimisées à l’image du future A350, superbe machine de guerre - Crédit photo Airbus SAS
Simplifier, optimiser et développer sont les maîtres mots du groupe. Sur le long-courrier, cela se traduit par la sortie des gourmands A340 et A380 pour une flotte de bi-moteurs sobres et performants, avec des cabines optimisées à l’image du future A350, superbe machine de guerre - Crédit photo Airbus SAS
Sur le papier, le plan de vol tient "la route".

La différence avec ceux du passé, c’est qu’il pourrait se déployer dans un climat social apaisé.

Le tout premier challenge - et non des moindres - de Ben Smith, arrivé en septembre 2018, était de reconstruire la confiance pour faire adhérer les personnels au plan qui se met en place.

Pari réussi avec la signature de plus de 20 accords avec les différentes catégories de personnel. Il a certes fallu lâcher sur les augmentations de salaires mais les contreparties en termes de flexibilité et de productivité sont bien là pour permettre à Air France de mettre en place une organisation plus rentable, un développement moins bridé.

Si on parle chiffres, le transporteur peut viser une marge opérationnelle de 7% à 8% (contre 4% actuellement) pour AF-KLM et augmenter le résultat opérationnel d’Air France de 900 millions d'euros d’ici 2024.

Un climat social dégagé

Parmi les concessions obtenues, on notera l’accord des navigants commerciaux pour une densification des cabines sans augmenter le nombre d’hôtesses et de stewards à bord ou le feu vert des pilotes au développement de Transavia au-delà de 40 appareils.

Mais ces bonnes nouvelles sur le climat social au sein d’Air France n’ont pas réussi à dissiper la méfiance des marchés financiers. Au soir de ces annonces, l’action d’Air France dégringolait de presque 6% à la bourse de Paris.

Que voulez-vous, on ne regagne pas si facilement la confiance des investisseurs qui hésitent encore à considérer que les grèves ne reviendront plus. Elles auront coûté à Air France plus d'un milliard d’euros ces cinq dernières années !

Cependant et incontestablement, une petite révolution s’est opérée sur le plan des relations entre la direction d’Air France et les personnels.

Lors de cette journée des investisseurs, et avant même de parler stratégie, les premiers mots de Ben Smith et d’Anne Rigail, directrice générale d’Air France ont été pour saluer les employés et d’ouvrir la présentation avec un message affiché en grand : « Thank you to all Air France- KLM group employees ! ».

Indéniable manifestation d’une confiance qui revient peu à peu dans l’entreprise, cette phrase dans un tract du SNPNC (Syndicat National du Personnel Navigant Commercial) d’Air France paru il y a quelques jours : « Ben SMITH a depuis son arrivée instauré une nouvelle dynamique dans les échanges, faite de franchise et de respect de ses interlocuteurs, et même si les désaccords sont nombreux, l’écoute et la volonté d’avancer sont là. »

Je n’ai pas le souvenir, dans le passé, d’un tel état d’esprit chez les partenaires sociaux de la compagnie. Le climat social a priori dégagé, Air France va pouvoir mettre en œuvre les actions indispensables à sa croissance.

Optimisation de la flotte

Simplifier, optimiser et développer sont les maîtres mots.

Simplifier les marques tout d’abord. Exit Hop et Joon. Le client voyagera soit sur Air France, une marque forte qui offrira le meilleur de la France sur le réseau international et national avec le retour de la business sur les vols intérieurs, soit sur Transavia pour des destinations "loisirs" moyen-courrier à tarif attractifs.

Optimiser la flotte. Sur le long-courrier : la sortie des gourmands quadri-moteurs que sont l’A340 et l’A380 pour une flotte de bi-moteurs sobres et performants, avec des cabines optimisées à l’image du futur A350, superbe machine de guerre qui pourra couvrir dans une même cabine (et sous une même marque) tous les segments du marché du long-courrier : la haute contribution, l’éco et le vol loisirs.

Sur le réseau moyen-courrier, le nombre de types d’appareils sera réduit et le tout nouvel airbus A220 fera une entrée en force avec une commande de 60 appareils.

Moins gourmande en carburant, mieux configurée et permettant aux pilotes de pouvoir voler sur des appareils différents mais avec un cockpit pratiquement similaire (A330 et A350 par exemple) diminuant ainsi les coûts des formations, cette optimisation de la flotte devrait générer, d’ici à 2024, une économie de 425 millions d’euros pour Air France.

Développer Transavia France au-delà de 40 appareils est donc désormais possible. Une nouvelle base, Montpellier, verra le jour en 2020 avec déjà 20 destinations au panneau "Départs".

La flotte composée uniquement de Boeing 737 va s’agrandir. Pas de changement d’appareil sur les slides du Powerpoint de Ben Smith mais les graves ennuis du bi-réacteur américain, le737 Max, mais aussi le 737 NG incitent certains à se poser des questions.

Au moment où Air France confirme un secteur moyen-courrier (Medium Haul) « tout Airbus » dont les nouveaux A220-200 et A220-300, n’est-ce pas le moment de faire jouer les synergies du groupe ?

Pour l’instant, un A220 avec la même capacité de sièges que le 737 n’existe pas… sauf sur les documents d’Air France. Les observateurs avisés ont vite remarqué au chapitre "future fleet" un A220-500.

L’A220 ou même l’A320/321 NEO n’est pas une hypothèse farfelue. Voyez la compagnie easyJet. En 2002 alors qu’elle exploitait une flotte unique de 737 et avait une taille comparable à Transavia, la compagnie a décidé de changer intégralement sa flotte pour des A319 puis A320.

Une meilleure rentabilité d’Air France permettra de relever également d’autres défis comme celui de permettre au groupe AF-KLM des rachats stratégiques dans le cadre d’une consolidation du ciel européen.

C’est raté pour Air Europa mais il y aura d’autres opportunités.

Priorité également à continuer les efforts sur le plan environnemental, et last but not least, tenter coûte que coûte d’enrayer la machine infernale des taxes spécifiques au transport aérien français.

Le compteur est déjà à 180 millions d’euros par an. L’éco-taxe qui se mettra en place en 2020, et qu’Air France ne répercutera pas sur ses clients, alourdira l'addition de 60 millions sans oublier le projet CDG Express en 2024 où Air France sera mis à contribution pour 20 millions d’euros.

Christophe Hardin - DR
Christophe Hardin - DR
Christophe Hardin a, à son actif, de nombreuses heures de vol en tant que personnel navigant commercial.

Il est Président de l'Association des Cadres Navigant Commerciaux (A.C.N.C) et s'investit dans la formation à la Relation Client.

Il est adhérent à l'Association des journalistes professionnels de l'aéronautique et de l'espace (AJPAE) ainsi qu'à l'Association des journalistes du Tourisme (AJT).

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Tags : a350, air france
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Commentaires

1.Posté par JEAN PIERRE le 13/11/2019 11:46 | Alerter
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moi,je suis content si celà change car je nomme air France : air grève et de ce fait lorsque je passe une commande pour voyager,j'évite au maximum Air France car je ne suis pas sur d'arriver à destination ou de repartir d'une destination ce qui m'est déjà arrivé prévenu quelques heures avant le vol par sms!!!!celà a valu à air France un contentieux que j'ai gagné!!!

2.Posté par rick sailor le 13/11/2019 12:32 | Alerter
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Bonjour Cher Monsieur

Si je devais résumer, voilà un beau concentré de portes ouvertes qui synthétise assez bien ce que toute la presse économique a dit au lendemain de cette réunion des actionnaires. Je vois que vous avez lu La Tribune, tant mieux, c'est un excellent journal.

Au delà, je m'attendais à ce que la presse pro aille plus loin. Que dit BJ (Benjamin Smith) : "nous allons développer le lien direct avec nos clients"...Comprenez, la vente directe. Pour ma part j'entends "sans les agences qui facturent des frais de service". Quand on sait le chantier non abouti de NDC chez AF, on se tourne vers Amadeus, entreprise devenue discrète sur le sujet. Georges Rudas aurait-il payé sa franchise sur NDC ?

C'est évidemment dans la lignée du marché actuel : 56 % des ventes de l'aérien se feraient en direct. Des chiffres que ne confirment pas IATA (et pour cause). Bref, notre bon BJ n'a jamais exprimé sa vision pour la distribution. Jamais, il n'a pris le temps de dialoguer avec les réseaux. En un mot : les AGV sont absentes de sa vision.

Air France est donc absente de la mienne et de mes ventes que je pilote (au sol) en me passant d'AF.

A priori, en vous relisant je ne vois rien sur le sujet.
Sans doute un oubli. Il est vrai que la Tribune n'a pas abordé le sujet

Bien à vous
Votre dévoué Rick

3.Posté par Lecalot le 13/11/2019 21:06 | Alerter
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Manque à cette vision les points suivants :
1/ Le long courrier AF à Orly. Air France ou/et un outil Long Courriers Low Cost.
2/ Dans le cas d'une croissance Long Courrier à Orly en dehors d'un produit Long Courriers Air France pur avec plus de B777 équipés haute densité comme ceux exploités sur les Antilles, la Réunion, la Guyanne et New York pour de nouvelles dessertes Cote Est USA, Canada, Los Angeles, Mexico, Maurice, une solution complémentaire par croissance externe en rachetant une Compagnie type Norwegian basée à Orly serait une bonne chose pour faire face à la concurrence des Level, Air Caraibes/Frenchbee, Corsair, ASL.
3/ Les dessertes Long Courriers de/vers les métropoles provinciales françaises et européennes avec quel outil Long Courriers Low Cost ( la encore Norwegian ou Virgin ou une autre par croissance externe) et avec quel type d'avion (A321 neo LR et XLR) ces avions pouvant aussi être utilisés sur le Moyen Courriers de Transavia permettant complémentarité, flexibilité et productivité améliorée au départ des bases provinciales et européennes du Groupe AF/KL.
Michel

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