Entrant en fonction le 1er juillet, la réforme de l'assurance chômage va grandement pénaliser les saisonniers dénonce la CFDT - Crédit photo : Depositphotos @Wavebreakmedia
Depuis le début de la crise sanitaire, les saisonniers sont sur le devant de la scène médiatique, même lors du déplacement d'Emmanuel Macron dans le Lot.
Le président de la République rappelant que plusieurs dizaines de milliers de postes dans le dernièrement déconfiné secteur de l'hôtellerie, cafés, restauration (HCR).
Cette difficulté à recruter s'explique par les 16 mois d'une crise qui aura laissé au bord de la route une partie de la société
"Nous lançons pour la 23e année consécutive notre campagne à destination b[des saisonniers et des jeunes, dans un contexte particulier. Ce sont deux publics très impactés par la crise qui a renforcé leur précarité," a introduit Ines Minin, le secrétaire nationale de la CFDT, dans une visioconférence pour présenter l'événement.
Pour comprendre l'enjeu primordial qui se dresse devant un secteur en manque de main-d'œuvre, il faut remettre en perspective.
Lors de sa dernière enquête (décembre 2019) la CFDT faisait état de presque 1,05 million de saisonniers, avec une moyenne d'âge de 31 ans, en dehors de l'agriculture. Vous comprenez donc qu'une grande partie des bataillons des petites mains du tourisme sont composés d'étudiants.
"Les étudiants ont mal vécu cette période de crise, impactant leur revenu, fragilisant par la même occasion la poursuite de leurs études.," explique Ines Minin.
Le président de la République rappelant que plusieurs dizaines de milliers de postes dans le dernièrement déconfiné secteur de l'hôtellerie, cafés, restauration (HCR).
Cette difficulté à recruter s'explique par les 16 mois d'une crise qui aura laissé au bord de la route une partie de la société
"Nous lançons pour la 23e année consécutive notre campagne à destination b[des saisonniers et des jeunes, dans un contexte particulier. Ce sont deux publics très impactés par la crise qui a renforcé leur précarité," a introduit Ines Minin, le secrétaire nationale de la CFDT, dans une visioconférence pour présenter l'événement.
Pour comprendre l'enjeu primordial qui se dresse devant un secteur en manque de main-d'œuvre, il faut remettre en perspective.
Lors de sa dernière enquête (décembre 2019) la CFDT faisait état de presque 1,05 million de saisonniers, avec une moyenne d'âge de 31 ans, en dehors de l'agriculture. Vous comprenez donc qu'une grande partie des bataillons des petites mains du tourisme sont composés d'étudiants.
"Les étudiants ont mal vécu cette période de crise, impactant leur revenu, fragilisant par la même occasion la poursuite de leurs études.," explique Ines Minin.
Saisonniers vs Crise : "nous sommes passés de la précarité à la misère sociale"
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C'est toute une frange de la population française qui se retrouve en grande difficulté et les témoignages ne manquent pas auprès du syndicat. L'un est retourné vivre chez ses parents ou l'autre a dû abandonner ses études, faute de revenus.
"Nous interpellons sur l'accès aux minima sociaux pour les jeunes. Une bonne partie de nos structures vont se mobiliser pour aller à la rencontre de ces personnes en souffrance," confie la responsable de la CFDT.
Ainsi, les représentants du syndicat vont écumer les différents lieux touristiques (voir action plus bas), comme les parcs d'attractions, mais aussi les exploitations agricoles, friandes de cette main-d'œuvre.
Des webinaires d'information au droit seront organisés et des permanences se tiendront.
De plus, une maison des saisonniers virtuelle (mise en ligne le 30 juin 2021) sera créée, pour trouver toutes les informations sur les recrutements, sur le droit et les bons plans, etc. Dans le même temps, l'application Ma Saison sera mise à jour.
Après 16 mois de crise, les besoins en information sont immenses d'autant que le risque de pénurie de main-d'œuvre est réel, puisque près de 10% des professionnels de la restauration se sont réorientés.
"Cette situation doit interpeller sur l'enjeu d'avoir un meilleur dialogue social pour ces travailleurs, mais aussi un meilleur accompagnement et attractivité des métiers les plus concernés par le travail saisonnier," exprime la secrétaire nationale de la CFDT.
Pour que le tourisme ne se retrouve pas en manque de bras, le syndicat le répète : il est urgent de travailler sur la sécurisation des travailleurs qui subissent des contrats courts. Cela doit passer par un socle minimum comprenant la prime de précarité pour l'ensemble des contrats de courte durée.
"Nous revendiquons un encadrement plus précis de la saisonnalité, pour que les employeurs embauchent en fonction des dates et non des taux de remplissage des établissements," revendique Ines Minin.
L'organisme de défense des droits des salariés aimerait aussi que les dates de recrutement démarrent sur les mêmes périodes que les précédentes saisons, quitte à les placer en chômage partiel, afin qu'ils ne perdent pas leurs droits.
"Un quart des saisonniers ont bénéficié du chômage partiel, seulement durant la crise.
L'autre partie de ces personnes s'est retrouvée parfois sans aucun revenu, si ce n'est le RSA. Nous sommes passés de la précarité à la misère sociale," déplore Christian Juyaux membre de la CFDT.
D'autant plus que la pandémie n'est pas la seule crainte pour ces travailleurs de l'ombre, la réforme de l'assurance chômage (site du gouvernement) pourrait encore plus précariser les jeunes et complexifier l'attractivité des entreprises touristiques.
"Nous interpellons sur l'accès aux minima sociaux pour les jeunes. Une bonne partie de nos structures vont se mobiliser pour aller à la rencontre de ces personnes en souffrance," confie la responsable de la CFDT.
Ainsi, les représentants du syndicat vont écumer les différents lieux touristiques (voir action plus bas), comme les parcs d'attractions, mais aussi les exploitations agricoles, friandes de cette main-d'œuvre.
Des webinaires d'information au droit seront organisés et des permanences se tiendront.
De plus, une maison des saisonniers virtuelle (mise en ligne le 30 juin 2021) sera créée, pour trouver toutes les informations sur les recrutements, sur le droit et les bons plans, etc. Dans le même temps, l'application Ma Saison sera mise à jour.
Après 16 mois de crise, les besoins en information sont immenses d'autant que le risque de pénurie de main-d'œuvre est réel, puisque près de 10% des professionnels de la restauration se sont réorientés.
"Cette situation doit interpeller sur l'enjeu d'avoir un meilleur dialogue social pour ces travailleurs, mais aussi un meilleur accompagnement et attractivité des métiers les plus concernés par le travail saisonnier," exprime la secrétaire nationale de la CFDT.
Pour que le tourisme ne se retrouve pas en manque de bras, le syndicat le répète : il est urgent de travailler sur la sécurisation des travailleurs qui subissent des contrats courts. Cela doit passer par un socle minimum comprenant la prime de précarité pour l'ensemble des contrats de courte durée.
"Nous revendiquons un encadrement plus précis de la saisonnalité, pour que les employeurs embauchent en fonction des dates et non des taux de remplissage des établissements," revendique Ines Minin.
L'organisme de défense des droits des salariés aimerait aussi que les dates de recrutement démarrent sur les mêmes périodes que les précédentes saisons, quitte à les placer en chômage partiel, afin qu'ils ne perdent pas leurs droits.
"Un quart des saisonniers ont bénéficié du chômage partiel, seulement durant la crise.
L'autre partie de ces personnes s'est retrouvée parfois sans aucun revenu, si ce n'est le RSA. Nous sommes passés de la précarité à la misère sociale," déplore Christian Juyaux membre de la CFDT.
D'autant plus que la pandémie n'est pas la seule crainte pour ces travailleurs de l'ombre, la réforme de l'assurance chômage (site du gouvernement) pourrait encore plus précariser les jeunes et complexifier l'attractivité des entreprises touristiques.
Quel est le problème avec l'assurance chômage ?
"La réforme de l'assurance chômage risque d'ajouter quelques difficultés, en prévoyant de prendre en compte les jours travaillés, ce sera la double peine pour ces travailleurs-là," annonce la responsable de la CFDT.
Cette dernière qui doit être appliquée au 1er juillet 2021 inquiète fortement les instances de représentation des salariés.
"Nous interpellons depuis un moment sur cette réforme. Pour bénéficier des droits, à une époque il fallait travailler 6 mois sur l'année, nous avons demandé que ce soit à 4 mois pour bénéficier de l'assurance chômage," rappelle la responsable.
Si la demande a été entendue par le gouvernement, elle ne sera que temporaire. Le rétropédalage prendra fin, "lorsqu'il y aura retour à meilleure fortune," donc au moment de sortir de la crise.
Sauf que bien évidemment une grande partie des contrats saisonniers ne dépassent guère les 4 mois.
"Nous avons un autre problème, concernant le calcul du salaire journalier de référence. Il intègre aussi bien les jours travaillés que ceux non travaillés. Ils vont perdre de l'argent, jusqu'à 200 euros par mois.
Alors que certains (45% des saisonniers, ndlr) n'ont que ce contrat dans l'année pour vivre," déplore Ines Minin, le secrétaire nationale de la CFDT.
Un problème qui a poussé le syndicat à saisir le Conseil d'Etat pour que la nouvelle loi prenne en compte la situation des saisonniers. Si la réforme vise à faire des économies, les conséquences de celle-ci n'auraient pas été évaluées.
"Nous sommes très remontés contre cette réforme, car nous n'avons pas les mesures et les incidences qu'elle aura sur les chômeurs."
Il n'y aura sans doute pas de grands gagnants dans cette pandémie, si ce n'est quelques laboratoires et acteurs du e-commerce, une chose est sûre les grands perdants sont d'ores et déjà connus.
Les plus précaires auront vu leur fragilité s'accroitre, avec un risque de basculement vers la pauvreté d'une partie d'entre eux. Bien évidemment les saisonniers figurent en tête de liste des marginalisés de la société française.
" Si nous sommes en sortie de crise, il y a 300 000 chômeurs en plus, est-ce pertinent de mettre en place cette réforme ? Alors que celle-ci se base sur l'idée que le chômage est un choix, donc que pour être bien sécurisé, il suffit de travailler," questionne Patricia Ferrand de la CFDT.
Cette dernière qui doit être appliquée au 1er juillet 2021 inquiète fortement les instances de représentation des salariés.
"Nous interpellons depuis un moment sur cette réforme. Pour bénéficier des droits, à une époque il fallait travailler 6 mois sur l'année, nous avons demandé que ce soit à 4 mois pour bénéficier de l'assurance chômage," rappelle la responsable.
Si la demande a été entendue par le gouvernement, elle ne sera que temporaire. Le rétropédalage prendra fin, "lorsqu'il y aura retour à meilleure fortune," donc au moment de sortir de la crise.
Sauf que bien évidemment une grande partie des contrats saisonniers ne dépassent guère les 4 mois.
"Nous avons un autre problème, concernant le calcul du salaire journalier de référence. Il intègre aussi bien les jours travaillés que ceux non travaillés. Ils vont perdre de l'argent, jusqu'à 200 euros par mois.
Alors que certains (45% des saisonniers, ndlr) n'ont que ce contrat dans l'année pour vivre," déplore Ines Minin, le secrétaire nationale de la CFDT.
Un problème qui a poussé le syndicat à saisir le Conseil d'Etat pour que la nouvelle loi prenne en compte la situation des saisonniers. Si la réforme vise à faire des économies, les conséquences de celle-ci n'auraient pas été évaluées.
"Nous sommes très remontés contre cette réforme, car nous n'avons pas les mesures et les incidences qu'elle aura sur les chômeurs."
Il n'y aura sans doute pas de grands gagnants dans cette pandémie, si ce n'est quelques laboratoires et acteurs du e-commerce, une chose est sûre les grands perdants sont d'ores et déjà connus.
Les plus précaires auront vu leur fragilité s'accroitre, avec un risque de basculement vers la pauvreté d'une partie d'entre eux. Bien évidemment les saisonniers figurent en tête de liste des marginalisés de la société française.
" Si nous sommes en sortie de crise, il y a 300 000 chômeurs en plus, est-ce pertinent de mettre en place cette réforme ? Alors que celle-ci se base sur l'idée que le chômage est un choix, donc que pour être bien sécurisé, il suffit de travailler," questionne Patricia Ferrand de la CFDT.
Patronat vs Saisonniers : "ça fait 20 ans que ça n'avance pas"
Un constat que dénonce bien évidemment le syndicat.
En attendant, la réponse du Conseil d'Etat pour la fin de semaine, que ce soient les saisonniers ou le secteur du tourisme doivent aussi faire face à des patrons pas toujours très regardants sur la loi.
"Nous sommes face à un patronat que nous avons beaucoup vu durant la crise et obtenu beaucoup d'aides, mais qui n'a pas pris d'engagement pour leurs salariés.
Il faut arrêter de toujours lisser les choses par le bas et contourner le droit," explique Stéphanie Dayan, la secrétaire nationale de la CFDT Services.
Et malheureusement après 16 mois de crise, il y a peu de chances que les minima sociaux soient revus à la hausse, surtout que dans le même temps les problématiques s'accumulent.
"Les salariés de l'hôtellerie et restauration (HCR) bénéficient de 1,2 million de jours de congés payés stockés. Des employeurs ne savent pas encore comment ils vont les déstocker, il va donc y avoir bataille pour étaler les CP sur 24 mois," déplore la responsable du syndicat.
Ce n'est malheureusement pas le seul point de crispation entre les deux rives de l'industrie touristique notamment. Les employeurs font face à des grandes difficultés pour recruter une main-d'œuvre qualifiée plus particulièrement celle issue des écoles hôtelières.
Ce n'est pas tout, le problème d'informations des salariés est réel.
"Ils ne sont absolument pas au courant de leurs droits, des aides, puis il y a des problèmes d'hébergements et autres. Nous avons vu arriver des personnes arrivées en train de nuit, car leurs patrons les avaient mis dehors," se souvient Stéphanie Dayan.
Dans ces conditions et au moment de reprendre, l'offre de bras se fait plus légère. Si chaque année 100 000 emplois ne trouvent pas preneur, cette année s'annonce encore plus délicate.
"Ca fait 20 ans que ça n'avance pas que nous demandons de se mettre autour d'une table, pour essayer d'éviter cette fuite de salariés vers des secteurs plus sécurisants, surtout vers ceux qui déclarent les salaires," précise la secrétaire nationale.
Alors que le travail au noir est en baisse depuis quelques années, il ne faut pas croire que les employeurs sont subitement devenus plus vertueux. Le changement est dans la nuance... de ton.
Les travailleurs non déclarés seraient donc moins nombreux, le travail au noir ayant été remplacé par le travail au... gris.
"Il y a un basculement du travail au noir vers le travail au gris, une partie seulement déclarée, qui est généralisée parfois dans des villes entières. Le salarié n'a pas le choix, certes il y a un progrès dans le non-respect, mais il se développe et parfois trop," témoigne Stéphanie Dayan.
Sans compter les employeurs qui obligent les salariés à ne pas se déclarer à Pole Emploi pour éviter de verser les prestations sociales.
A l'image des agences de voyages, le tourisme doit en grande partie ses problèmes à... lui même !
En attendant, la réponse du Conseil d'Etat pour la fin de semaine, que ce soient les saisonniers ou le secteur du tourisme doivent aussi faire face à des patrons pas toujours très regardants sur la loi.
"Nous sommes face à un patronat que nous avons beaucoup vu durant la crise et obtenu beaucoup d'aides, mais qui n'a pas pris d'engagement pour leurs salariés.
Il faut arrêter de toujours lisser les choses par le bas et contourner le droit," explique Stéphanie Dayan, la secrétaire nationale de la CFDT Services.
Et malheureusement après 16 mois de crise, il y a peu de chances que les minima sociaux soient revus à la hausse, surtout que dans le même temps les problématiques s'accumulent.
"Les salariés de l'hôtellerie et restauration (HCR) bénéficient de 1,2 million de jours de congés payés stockés. Des employeurs ne savent pas encore comment ils vont les déstocker, il va donc y avoir bataille pour étaler les CP sur 24 mois," déplore la responsable du syndicat.
Ce n'est malheureusement pas le seul point de crispation entre les deux rives de l'industrie touristique notamment. Les employeurs font face à des grandes difficultés pour recruter une main-d'œuvre qualifiée plus particulièrement celle issue des écoles hôtelières.
Ce n'est pas tout, le problème d'informations des salariés est réel.
"Ils ne sont absolument pas au courant de leurs droits, des aides, puis il y a des problèmes d'hébergements et autres. Nous avons vu arriver des personnes arrivées en train de nuit, car leurs patrons les avaient mis dehors," se souvient Stéphanie Dayan.
Dans ces conditions et au moment de reprendre, l'offre de bras se fait plus légère. Si chaque année 100 000 emplois ne trouvent pas preneur, cette année s'annonce encore plus délicate.
"Ca fait 20 ans que ça n'avance pas que nous demandons de se mettre autour d'une table, pour essayer d'éviter cette fuite de salariés vers des secteurs plus sécurisants, surtout vers ceux qui déclarent les salaires," précise la secrétaire nationale.
Alors que le travail au noir est en baisse depuis quelques années, il ne faut pas croire que les employeurs sont subitement devenus plus vertueux. Le changement est dans la nuance... de ton.
Les travailleurs non déclarés seraient donc moins nombreux, le travail au noir ayant été remplacé par le travail au... gris.
"Il y a un basculement du travail au noir vers le travail au gris, une partie seulement déclarée, qui est généralisée parfois dans des villes entières. Le salarié n'a pas le choix, certes il y a un progrès dans le non-respect, mais il se développe et parfois trop," témoigne Stéphanie Dayan.
Sans compter les employeurs qui obligent les salariés à ne pas se déclarer à Pole Emploi pour éviter de verser les prestations sociales.
A l'image des agences de voyages, le tourisme doit en grande partie ses problèmes à... lui même !