"Dans les agences de voyages, les niveaux de rémunération sont très variables" - Photo : Pixabay.com - CC0 Public Domain
Les temps sont durs pour les entreprises du tourisme en France. La concurrence s'intensifie et les marges baissent. Il faut faire des économies, réduire les charges fixes. Et, souvent, ce sont les salariés qui trinquent !
C'est ainsi que, dans les agences de voyages françaises, un nouveau modèle de rémunération prend de plus en plus d'importance ces derniers temps : la part variable.
"En 2011, quand nous avons lancé notre division tourisme, le recours à la part variable dans la rémunération des agents de voyages était très marginal. Actuellement, cette pratique a tendance à se généraliser", confirme Lydie Brunisholz, directrice de la division tourisme chez Page Personnel, un cabinet de recrutement par intérim.
Dans le contexte actuel de concentration du secteur, les groupes cherchent des agents de voyages qui ont plutôt des profils de commerciaux.
En leur promettant des commissions s'ils remplissent leurs objectifs de ventes, les patrons d'agences de voyages entendent motiver leurs équipes pour renforcer leur compétitivité.
"Dans les agences de voyages, les niveaux de rémunération sont très variables. Certains débutent au SMIC et la moyenne des salaires se situe entre 1 800 et 1 900 € par mois. Mais, la part variable permet parfois à certains de doubler leur salaires. Ce qui explique que les parts fixes baissent de plus en plus", analyse Lydie Brunisholz.
Si bien que certains n'hésitent désormais plus à proposer des salaires fixes dont le niveau est inférieur à celui du SMIC (1 149,07 € nets par mois au 1er janvier 2017).
C'est ainsi que, dans les agences de voyages françaises, un nouveau modèle de rémunération prend de plus en plus d'importance ces derniers temps : la part variable.
"En 2011, quand nous avons lancé notre division tourisme, le recours à la part variable dans la rémunération des agents de voyages était très marginal. Actuellement, cette pratique a tendance à se généraliser", confirme Lydie Brunisholz, directrice de la division tourisme chez Page Personnel, un cabinet de recrutement par intérim.
Dans le contexte actuel de concentration du secteur, les groupes cherchent des agents de voyages qui ont plutôt des profils de commerciaux.
En leur promettant des commissions s'ils remplissent leurs objectifs de ventes, les patrons d'agences de voyages entendent motiver leurs équipes pour renforcer leur compétitivité.
"Dans les agences de voyages, les niveaux de rémunération sont très variables. Certains débutent au SMIC et la moyenne des salaires se situe entre 1 800 et 1 900 € par mois. Mais, la part variable permet parfois à certains de doubler leur salaires. Ce qui explique que les parts fixes baissent de plus en plus", analyse Lydie Brunisholz.
Si bien que certains n'hésitent désormais plus à proposer des salaires fixes dont le niveau est inférieur à celui du SMIC (1 149,07 € nets par mois au 1er janvier 2017).
990 € nets par mois
En 2016, Sarah* postule pour un poste d'agent de voyages en contrat à durée déterminée (CDD) au sein d'une agence intégrée de FRAM.
Elle dispose d'une solide expérience d'environ 15 ans dans le secteur. Pourtant, le recruteur lui propose un contrat (niveau A) de 39 heures de travail hebdomadaires avec une rémunération de 990 € nets par mois.
"On me dit alors de ne pas m'inquiéter car, grâce aux primes sur les ventes, si je remplis mes objectifs, j'atteindrais facilement le SMIC", raconte-t-elle.
Justine*, 20 ans d'expérience dans le tourisme, a connu une expérience similaire en janvier 2017. Toujours chez FRAM.
"Le directeur de l'agence intégrée m'a proposé un salaire net de 1 027 € par mois. Pour le justifier, il m'a expliqué qu'une prime de 0,55% sur chaque vente était prévue. Mais pour l'obtenir, un objectif pas évident de 80 000 € de chiffre d'affaires mensuels était à remplir", se souvient-elle.
Sachant que le SMIC, salaire minimum de croissance, représente la rémunération légale minimum que doit recevoir le travailleur (articles L. 3231-1 et suivants du Code du travail), que se passe-t-il si jamais les objectifs de ventes ne sont pas atteints ?
"A la fin du mois, le salarié doit toucher au moins le SMIC, martèle Me Eric Rocheblave, avocat spécialisé dans le droit du travail.
Un salaire avec une part fixe inférieure au SMIC est tout à fait possible. Mais si jamais l'employé ne remplit pas les objectifs qui lui permettent de toucher sa part variable, l'employeur doit compléter la rémunération pour qu'elle atteigne au moins le niveau du SMIC, sinon il sera hors-la-loi."
Si l'entreprise ne respecte pas cette obligation, elle s'expose à une amende de 1 500 € par mois et par salarié concerné.
"Cette particularité du Code du travail conduit parfois à la signature de contrats avec des salaires fixes à 0 € et une rémunération qui se fait uniquement sur du variable", explique Me Eric Rocheblave.
"Avec cette pratique, les agences de voyages se rapprochent de plus en plus du fonctionnement des agences immobilières où les collaborateurs ont très souvent un salaire fixe inférieur au niveau du SMIC", remarque la directrice de la division tourisme de Page Personnel.
Elle dispose d'une solide expérience d'environ 15 ans dans le secteur. Pourtant, le recruteur lui propose un contrat (niveau A) de 39 heures de travail hebdomadaires avec une rémunération de 990 € nets par mois.
"On me dit alors de ne pas m'inquiéter car, grâce aux primes sur les ventes, si je remplis mes objectifs, j'atteindrais facilement le SMIC", raconte-t-elle.
Justine*, 20 ans d'expérience dans le tourisme, a connu une expérience similaire en janvier 2017. Toujours chez FRAM.
"Le directeur de l'agence intégrée m'a proposé un salaire net de 1 027 € par mois. Pour le justifier, il m'a expliqué qu'une prime de 0,55% sur chaque vente était prévue. Mais pour l'obtenir, un objectif pas évident de 80 000 € de chiffre d'affaires mensuels était à remplir", se souvient-elle.
Sachant que le SMIC, salaire minimum de croissance, représente la rémunération légale minimum que doit recevoir le travailleur (articles L. 3231-1 et suivants du Code du travail), que se passe-t-il si jamais les objectifs de ventes ne sont pas atteints ?
"A la fin du mois, le salarié doit toucher au moins le SMIC, martèle Me Eric Rocheblave, avocat spécialisé dans le droit du travail.
Un salaire avec une part fixe inférieure au SMIC est tout à fait possible. Mais si jamais l'employé ne remplit pas les objectifs qui lui permettent de toucher sa part variable, l'employeur doit compléter la rémunération pour qu'elle atteigne au moins le niveau du SMIC, sinon il sera hors-la-loi."
Si l'entreprise ne respecte pas cette obligation, elle s'expose à une amende de 1 500 € par mois et par salarié concerné.
"Cette particularité du Code du travail conduit parfois à la signature de contrats avec des salaires fixes à 0 € et une rémunération qui se fait uniquement sur du variable", explique Me Eric Rocheblave.
"Avec cette pratique, les agences de voyages se rapprochent de plus en plus du fonctionnement des agences immobilières où les collaborateurs ont très souvent un salaire fixe inférieur au niveau du SMIC", remarque la directrice de la division tourisme de Page Personnel.
"Manque de reconnaissance de nos compétences"
Dans les manifestations contre la loi Travail, au printemps 2016, des lycéens ont brandi des banderoles sur lesquelles on pouvait lire, entre autres, "Se lever pour 1 200 c'est insultant", reprenant les paroles du titre A7 du rappeur SCH.
Ceux qui, parmi eux, choisiront de se tourner vers la profession d'agent de voyages doivent désormais se préparer à travailler pour encore moins que cela.
Il n'est pas certain que cela contribue à motiver les salariés du secteur sur le long terme.
"Quand je serai en fin de droits pour mes indemnités chômage, je serai obligée d'accepter des contrats à 900 € nets par mois. En revanche, avec ce niveau de rémunération, c'est certain que je ne me tuerai pas à la tâche", confirme Sarah.
Elle estime que ce niveau de rémunération constitue "un manque de reconnaissance de nos acquis, de nos compétences et de la qualité de notre travail, ce qui va forcément entraîner un recul de la qualité de service dans les agences de voyages."
Nous avons contacté la direction de FRAM pour comprendre ses objectifs en proposant des salaires fixes en dessous du SMIC, mais elle a refusé de nous répondre, confirmant seulement cette pratique et assurant que "la rémunération finale n'est jamais inférieure au salaire minimum garanti".
"Les parts fixes inférieures au SMIC sont encore rares dans les grands groupes intégrés en France", assure Valérie Boned, secrétaire générale déléguée des Entreprises du Voyage (EdV).
Cette dernière reconnaît néanmoins que, si les adhérents ne s'intéressaient que très peu à la question il y a quelques années, "on nous consulte un peu plus sur le sujet désormais, mais de temps en temps seulement".
Ceux qui, parmi eux, choisiront de se tourner vers la profession d'agent de voyages doivent désormais se préparer à travailler pour encore moins que cela.
Il n'est pas certain que cela contribue à motiver les salariés du secteur sur le long terme.
"Quand je serai en fin de droits pour mes indemnités chômage, je serai obligée d'accepter des contrats à 900 € nets par mois. En revanche, avec ce niveau de rémunération, c'est certain que je ne me tuerai pas à la tâche", confirme Sarah.
Elle estime que ce niveau de rémunération constitue "un manque de reconnaissance de nos acquis, de nos compétences et de la qualité de notre travail, ce qui va forcément entraîner un recul de la qualité de service dans les agences de voyages."
Nous avons contacté la direction de FRAM pour comprendre ses objectifs en proposant des salaires fixes en dessous du SMIC, mais elle a refusé de nous répondre, confirmant seulement cette pratique et assurant que "la rémunération finale n'est jamais inférieure au salaire minimum garanti".
"Les parts fixes inférieures au SMIC sont encore rares dans les grands groupes intégrés en France", assure Valérie Boned, secrétaire générale déléguée des Entreprises du Voyage (EdV).
Cette dernière reconnaît néanmoins que, si les adhérents ne s'intéressaient que très peu à la question il y a quelques années, "on nous consulte un peu plus sur le sujet désormais, mais de temps en temps seulement".
SMIC mensuel ou annuel ?
Le syndicat patronal ne donne pas de consignes particulières à ses membres sur le niveau minimum de rémunération de leurs employés.
"Notre rôle n'est pas de dire aux entreprises quelle politique salariale elles doivent adopter, mais de leur donner des outils pour qu'elles respectent la loi", précise Valérie Boned.
C'est dans ce sens qu'EdV a révisé en 2010 avec les représentants du personnel, la convention collective de la branche des agences de voyages.
Une option y a été intégrée pour permettre aux employeurs d'opter pour une approche annuelle du SMIC (13 788,86 € nets pour 1 607 heures de travail au 1er janvier 2017).
"Le salaire minimum n'est ainsi pas mensuel, mais plutôt annuel, avec un dépassement obligatoire de 15% sur le SMIC pour éviter que le niveau soit atteint grâce à un 13e mois", poursuit la secrétaire générale déléguée des EdV.
La moindre des choses quand on sait que, selon le dernier accord signé par EdV, FO et la CFTC, le salaire minimum conventionnel garanti (SMCG) pour les salariés de niveau A de la branche des agences de voyages reste encore inférieur au niveau du SMIC de près de 8 € bruts par mois, malgré une hausse de 1% en avril 2017.
LIRE : Agences de voyages : les bas salaires toujours en dessous du SMIC en 2017
* Les prénoms ont été modifiés.
"Notre rôle n'est pas de dire aux entreprises quelle politique salariale elles doivent adopter, mais de leur donner des outils pour qu'elles respectent la loi", précise Valérie Boned.
C'est dans ce sens qu'EdV a révisé en 2010 avec les représentants du personnel, la convention collective de la branche des agences de voyages.
Une option y a été intégrée pour permettre aux employeurs d'opter pour une approche annuelle du SMIC (13 788,86 € nets pour 1 607 heures de travail au 1er janvier 2017).
"Le salaire minimum n'est ainsi pas mensuel, mais plutôt annuel, avec un dépassement obligatoire de 15% sur le SMIC pour éviter que le niveau soit atteint grâce à un 13e mois", poursuit la secrétaire générale déléguée des EdV.
La moindre des choses quand on sait que, selon le dernier accord signé par EdV, FO et la CFTC, le salaire minimum conventionnel garanti (SMCG) pour les salariés de niveau A de la branche des agences de voyages reste encore inférieur au niveau du SMIC de près de 8 € bruts par mois, malgré une hausse de 1% en avril 2017.
LIRE : Agences de voyages : les bas salaires toujours en dessous du SMIC en 2017
* Les prénoms ont été modifiés.
Selon une étude de Page Personnel, le salaire annuel brut moyen pour un chargé de clientèle en agence de voyages (région parisienne) avec moins de deux ans d'expérience se situe entre 18 et 20 000 € par an.
Pour un agent de voyage, la moyenne est un peu plus haute à l'embauche : 20 à 23 000 € bruts par an. Elle monte encore un peu dans le cas des spécialistes du voyage d'affaires : 21 à 24 000 € bruts par an.
Avec une expérience de 2 à 5 ans, le niveau moyen de rémunération atteint 19 à 22 000 € annuels pour les chargés de clientèle, 22 à 28 000 € annuels pour les agents de voyages et 23 à 30 000 € pour les agents de voyage d'affaires.
En France, la moyenne nationale des salaires est de 20 670 € bruts par an (chiffres de 2014).
Le salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) est, lui, de 17 700 € bruts pour 1 607 heures de travail par an.
Pour un agent de voyage, la moyenne est un peu plus haute à l'embauche : 20 à 23 000 € bruts par an. Elle monte encore un peu dans le cas des spécialistes du voyage d'affaires : 21 à 24 000 € bruts par an.
Avec une expérience de 2 à 5 ans, le niveau moyen de rémunération atteint 19 à 22 000 € annuels pour les chargés de clientèle, 22 à 28 000 € annuels pour les agents de voyages et 23 à 30 000 € pour les agents de voyage d'affaires.
En France, la moyenne nationale des salaires est de 20 670 € bruts par an (chiffres de 2014).
Le salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) est, lui, de 17 700 € bruts pour 1 607 heures de travail par an.