TourMaG.com, le média spécialiste du tourisme francophone

logo TourMaG  




Samia Benslimane : elle impose son tempo et relève les challenges !

Kaléidoscope : portraits de femmes par Sophie Baillot


Le troisième volet de la rubrique Kaléidoscope par Sophie Baillot, met à l'honneur Samia Benslimane co-fondatrice de Thalasso n°1 et ÔVoyages. Tombée dans la potion magique dès le départ, Samia est du sérail. Une main de fer dans un gant de velours. On n’est pas dans la forfanterie ou le babillage méditerranéen : ses silences plantent le décor. Respect.


Rédigé par le Lundi 14 Novembre 2022

Au départ le tourisme ne fait pas du tout rêver Samia Benslimane et pourtant ! - photo DR
Au départ le tourisme ne fait pas du tout rêver Samia Benslimane et pourtant ! - photo DR
Il faut dire quand même qu’elle peut se targuer de ne pas être la femme derrière l’homme (surtout le sien) mais celle carrément à côté, et qui tient bon la barre.

Au départ pourtant, le tourisme ne la fait pas rêver du tout !

Issue d’une famille d’intellectuels et de bourgeois tunisiens, elle se rêvait psychologue. Très loin de l’ambiance club de vacances. D’ailleurs, son père la voyait médecin ou professeure. Oui, mais c’était sans compter sur le côté rebelle (mais caché) de Samia.

Direction la faculté puis des études de commerce. Ne pas faire n’importe quoi non plus. Samia sait ce qu’elle veut. Il faut souligner ici que la famille, aussi bien celle qui la précède, qui l’entoure, que ses deux enfants, sont au cœur de sa vie et de ses propos. Samia, la cinquantaine resplendissante questionne dans un immense sourire que, peut- être, ce serait bien de penser un peu à elle à présent ? On acquiesce, par évidence.


Covid-19 : "nous étions des robots..."

D’ailleurs, du cœur, elle en a tant pour les autres, que le sien a été obligé de se remettre au diapason, cet été. Plus de peur que de mal, rien de grave. Une épreuve parmi les autres. Les impacts du COVID ont laissé des traces.

Le stress incroyable qui régnait alors était tellement sidérant mi-mars 2020… « On était des robots et il fallait malgré tout travailler durement pour tout défaire ! Le soir on regardait les informations avec horreur et stupéfaction en se demandant jusqu’où ce tsunami allait emporter le secteur du tourisme. »

Heureusement, il y a eu les aides mais, en soi, c’est insuffisant bien sûr. C’est avant tout une histoire collective, faite de volonté et de solidarité que de surmonter ce choc. Il faut avoir la foi en ses équipes et ses partenaires … « J’ai dit à nos équipes on arrivera seulement à passer ce cap si on est tous ensemble à œuvrer dans la même direction »

Elle ajoute : « On a mis en place une vraie logistique de guerre ; il a fallu recommencer à faire voyager nos clients sans baisser les bras malgré la fatigue, l’inquiétude face à l’inconnu : une épreuve d’endurance comme personne n’aurait pu l’imaginer. » Survivre et poursuivre : les deux faces d’une solide résilience.

Ce métier dont elle ne voulait pas, elle l’aime passionnément

Et surtout, ce métier dont elle ne voulait pas, elle l’aime passionnément. Il existe un lien de parentalité entre elle et ThalassoN°1 « C’est comme « un enfant », presque » souffle-t-elle. Fine, elle s’avoue anxieuse et se dit qu’à devoir prendre des risques en les mesurant tout au long de l’année est pour elle, comme une thérapie.

Elle voit aussi dans le mélimélo des plans de vols, des charters, de la production, un immense tableau qu’elle met du temps à façonner. Cela sert sa créativité. Enfin, découvrir de nouveaux hôtels, des destinations puis choisir avec précision les futurs clubs confère une dimension artisanale à son travail.

Petit à petit, au fil de l’échange elle laisse tomber l’armure. Entre son éducation et sa pudeur, Samia met du temps à accepter de parler d’elle. Petite, on lui a sans cesse répété de ne pas se faire remarquer. Elle a bien retenu la leçon.

La discrétion est de mise dans la famille de Samia. Mais l’audace, le courage et la pugnacité aussi ! On ne lâche rien, on va au bout, on assume. Se plaindre : ce n’est pas une option. L’orgueil tient sa place. Elle a la trempe des femmes berbères qui savent aussi bien défendre leur territoire que les hommes. Et prendre les armes s’il le faut.

Les critiques et les quolibets : peu lui importent. Samia avance.

Samia est belle mais lui faire remarquer ne sert à rien. C’est un paramètre comme être forte en calcul mental. No comment. Pire cela pourrait être aussi un handicap.

Certains imaginent qu’elle cumule l’exercice difficile d’être mariée à son associé. Pour elle c’est une force. Voire un détail. Après tout, sa mère a bien décidé toute seule, de se lancer avec rien au départ comme voyagiste ici en France, en étant, jeune maman, immigrée tunisoise, loin de sa famille et après un mariage en catimini contre l’avis de ses parents.

Elle raconte d’ailleurs avec beaucoup d’humour comment sa maman coiffée d’une invraisemblable pièce montée a traversé Tunis à pied pour aller se marier ! Bref, quand on sait ce qu’on veut : toute ressemblance n’est pas fortuite ici.

Cependant, sous les sourires ou derrière les colères tues, se dessine en pointillé son hypersensibilité. Source de créativité, d’intuition cela lui permet de voir la vie sous un angle différent. De deviner les choses à l’avance et d’anticiper tandis que les esprits cartésiens pensent qu’elle raisonne de travers.

Or c’est un vrai talent. Les critiques et les quolibets : peu lui importent. Samia avance. Elle se laisse guider par ce qu’elle ressent, inspirer par ce qui l’entoure. Très sensible au magnétisme des forces telluriques, Samia se ressource à Lanzarote.

Une terre volcanique qui au fond lui ressemble un peu. Elle confie avoir songé à devenir naturopathe durant le confinement. Et admet, après quelques heures à suivre des cours payants en ligne, avoir abandonné l’idée : ça manquait de rythme : « J’ai constaté que j’avais passé l’âge de prendre des notes s’esclaffe t- elle, et je m’ennuyais » Tu m’étonnes !

Avec son mental de gagneuse, Samia impose son tempo, relève les challenges et fourmille de projets. Elle aime être dans l’ombre mais finalement, elle n’en brille que davantage.

Retrouvez tous les portraits de Sophie Baillot.

Sophie Baillot - photo Maya Angelsen
Sophie Baillot - photo Maya Angelsen
Entrepreneuse, directrice générale du tour-opérateur UOC - Un Océan de Croisières, de CUNARD France et de l’agence de communication SO BETWEEN, Sophie Baillot est la créatrice du « Mag-Effets de style/Créateur de Tentations ».

Engagée au sein de différentes instances du tourisme (SETO, EDV, Visit USA, CLIA…), Sophie participe à l’association Femmes du Tourisme. Elle rédige régulièrement des chroniques dans MANAGEMENT et CAPITAL et rejoint TOURMAG pour une galerie de portraits de femmes de l’industrie du tourisme et des loisirs.

Lu 2134 fois

Notez

Nouveau commentaire :

Tous les commentaires discourtois, injurieux ou diffamatoires seront aussitôt supprimés par le modérateur.
Signaler un abus

Dans la même rubrique :
< >




































TourMaG.com
  • Instagram
  • Twitter
  • Facebook
  • YouTube
  • LinkedIn
  • GooglePlay
  • appstore
  • Google News
  • Bing Actus
  • Actus sur WhatsApp
 
Site certifié ACPM, le tiers de confiance - la valeur des médias