Le feuilleton Corsair se poursuit.
Nous en sommes actuellement à la 4e saison et nous ne comptons plus les épisodes.
Alors que la compagnie se faisait discrète depuis quelques semaines, attendant sereinement la décision de la Commission européenne en charge de valider ou non, son nouveau plan de restructuration, nous venons de prendre connaissance d'un document de l'instance.
Il date du 5 février 2024, le jour même, où l'instance bruxelloise annonçait l'ouverture d'une enquête approfondie au sujet de Corsair.
Et celui-ci émet de nombreux doutes sur la proposition de sortie de crise de l'exécutif français.
Si les observations peuvent paraitre très inquiétantes, la direction de Corsair et les fonctionnaires de Bercy se veulent rassurant.
"Cette étape logique permettra à Corsair et aux autorités françaises, avec qui nous sommes parfaitement alignés, de convaincre la Commission européenne du bien-fondé et du sens de notre projet, au niveau opérationnel, économique et financier," a commenté Pascal de Izaguirre, le PDG de Corsair.
Nous en sommes actuellement à la 4e saison et nous ne comptons plus les épisodes.
Alors que la compagnie se faisait discrète depuis quelques semaines, attendant sereinement la décision de la Commission européenne en charge de valider ou non, son nouveau plan de restructuration, nous venons de prendre connaissance d'un document de l'instance.
Il date du 5 février 2024, le jour même, où l'instance bruxelloise annonçait l'ouverture d'une enquête approfondie au sujet de Corsair.
Et celui-ci émet de nombreux doutes sur la proposition de sortie de crise de l'exécutif français.
Si les observations peuvent paraitre très inquiétantes, la direction de Corsair et les fonctionnaires de Bercy se veulent rassurant.
"Cette étape logique permettra à Corsair et aux autorités françaises, avec qui nous sommes parfaitement alignés, de convaincre la Commission européenne du bien-fondé et du sens de notre projet, au niveau opérationnel, économique et financier," a commenté Pascal de Izaguirre, le PDG de Corsair.
Corsair : que reproche la Commission européenne au plan de sauvetage ?
Pour ceux qui n'ont pas suivi, les derniers épisodes, voici un rapide résumé. En décembre 2020, Corsair est sauvé de justesse par des entrepreneurs antillais.
Un premier plan de restructuration est soumis par le gouvernement français à la Commission européenne, pour homologuer une série d'aides d'Etat, principalement des reports d'impôts ou de taxation, mais aussi différents crédits.
A cette même période, le monde pense être sorti de la crise sanitaire, sauf qu'une nouvelle vague frappe la France et les Outre-mer subissent une nouvelle fois des restrictions de déplacement relativement fortes.
A lire : EXCLUSIF - Corsair en passe de finaliser un tour de table... surprise !
La situation financière de Corsair se creuse, l'Etat doit revoir sa copie et en septembre 2023, le gouvernement envoie un plan revisité. Et le 5 février 2024, la Commission européenne qui doit donc juger la légalité de la proposition, décide d'ouvrir une enquête approfondie.
Une étape qui doit permettre de juger la compatibilité du plan avec les règles de l'UE, mais aussi de donner la parole à la France et aux tiers intéressés, comme les concurrents qui pourront alors présenter leurs commentaires.
Ce même jour, la Commission envoyait une lettre au gouvernement français pour justifier sa décision. Un document que nous avons pu consulter et dont voici quelques passages choisis.
"La Commission considère qu’il est douteux que l’aide nouvelle soutenant le Plan de Restructuration révisé remplisse les critères de compatibilité énoncés dans les lignes directrices S&R (pour les plans de sauvetage et de restructuration, ndlr).
[...]
la Commission considère qu’il est douteux que l’aide accordée à Corsair dans le cadre de la prolongation remplisse le critère du point 44 des lignes directrices S&R et note que le Plan de Restructuration révisé semble plutôt indiquer que les mesures commerciales prises par Corsair afin de renouer avec la rentabilité vont précisément dans le sens contraire," affirme la lettre.
Un premier plan de restructuration est soumis par le gouvernement français à la Commission européenne, pour homologuer une série d'aides d'Etat, principalement des reports d'impôts ou de taxation, mais aussi différents crédits.
A cette même période, le monde pense être sorti de la crise sanitaire, sauf qu'une nouvelle vague frappe la France et les Outre-mer subissent une nouvelle fois des restrictions de déplacement relativement fortes.
A lire : EXCLUSIF - Corsair en passe de finaliser un tour de table... surprise !
La situation financière de Corsair se creuse, l'Etat doit revoir sa copie et en septembre 2023, le gouvernement envoie un plan revisité. Et le 5 février 2024, la Commission européenne qui doit donc juger la légalité de la proposition, décide d'ouvrir une enquête approfondie.
Une étape qui doit permettre de juger la compatibilité du plan avec les règles de l'UE, mais aussi de donner la parole à la France et aux tiers intéressés, comme les concurrents qui pourront alors présenter leurs commentaires.
Ce même jour, la Commission envoyait une lettre au gouvernement français pour justifier sa décision. Un document que nous avons pu consulter et dont voici quelques passages choisis.
"La Commission considère qu’il est douteux que l’aide nouvelle soutenant le Plan de Restructuration révisé remplisse les critères de compatibilité énoncés dans les lignes directrices S&R (pour les plans de sauvetage et de restructuration, ndlr).
[...]
la Commission considère qu’il est douteux que l’aide accordée à Corsair dans le cadre de la prolongation remplisse le critère du point 44 des lignes directrices S&R et note que le Plan de Restructuration révisé semble plutôt indiquer que les mesures commerciales prises par Corsair afin de renouer avec la rentabilité vont précisément dans le sens contraire," affirme la lettre.
Corsair : La Commission doute du plan de viabilité à long terme
Sur ces deux points, l'instance bruxelloise indique que le projet de sauvetage n'a pas seulement été modifié, mais a été très grandement revu. De plus, la demande a été adressée "deux mois et demi après la fin de la période de restructuration antérieure."
Ce n'est pas tout, car l'argument de la dépendance économique, une envolée des prix, et sociale des Antilles vis-à-vis de Corsair n'a pas été apprécié comme tel par la Commission.
Elle note d'ailleurs que pendant les trois dernières années, la compagnie a redéployé certaines de ses capacités pour desservir des destinations sur le continent africain francophone.
De quoi s'interroger, sur la continuité territoriale brandie par l'exécutif français, pour justifier l'aide, à hauteur de 137 millions d’euros. Ce n'est pas la seule question des commissaires.
"Le Plan de Restructuration révisé tel que soumis par les autorités françaises présente un nombre de lacunes qui contribuent conjointement à ce qu’il soit raisonnable de considérer lerétablissement de la viabilité à long terme de Corsair comme douteux à ce stade," poursuit la lettre.
Une observation en forme de coup de grâce qui ne fait pourtant pas sourciller la direction de la compagnie.
De même, la missive émet des doutes sur la suffisance de l'appart en new money. En décembre 2023, les dirigeants de Corsair se félicitaient de valider enfin un tour de table tant attendu, pour satisfaire, les exigences de l'exécutif français.
Alors qu'il en exigeait 50 millions, 30 millions ont été trouvés, dont 15 apportés par la République du Congo et quelques millions par Laurent Abitbol, via Marietton Développement.
"Ces contributions demeurent relativement limitées par rapport aux besoins de trésorerie à court et moyen termes de la compagnie, en particulier tenant compte des difficultés financières actuelles qu’elle rencontre.
Ensuite, s’agissant des autres apports avancés par les autorités françaises comme permettant de contribuer au retour à la viabilité de la compagnie, la Commission constate que un certain nombre d’entre eux, qu’ils soient d’origine privée ou publique, correspondent, en réalité, à des initiatives anciennes (..) et apparaissent donc comme « recyclées » pour les besoins de la justification des nouvelles aides considérées lors de la présente procédure," affirme le texte.
Ce n'est pas tout, car l'argument de la dépendance économique, une envolée des prix, et sociale des Antilles vis-à-vis de Corsair n'a pas été apprécié comme tel par la Commission.
Elle note d'ailleurs que pendant les trois dernières années, la compagnie a redéployé certaines de ses capacités pour desservir des destinations sur le continent africain francophone.
De quoi s'interroger, sur la continuité territoriale brandie par l'exécutif français, pour justifier l'aide, à hauteur de 137 millions d’euros. Ce n'est pas la seule question des commissaires.
"Le Plan de Restructuration révisé tel que soumis par les autorités françaises présente un nombre de lacunes qui contribuent conjointement à ce qu’il soit raisonnable de considérer lerétablissement de la viabilité à long terme de Corsair comme douteux à ce stade," poursuit la lettre.
Une observation en forme de coup de grâce qui ne fait pourtant pas sourciller la direction de la compagnie.
De même, la missive émet des doutes sur la suffisance de l'appart en new money. En décembre 2023, les dirigeants de Corsair se félicitaient de valider enfin un tour de table tant attendu, pour satisfaire, les exigences de l'exécutif français.
Alors qu'il en exigeait 50 millions, 30 millions ont été trouvés, dont 15 apportés par la République du Congo et quelques millions par Laurent Abitbol, via Marietton Développement.
"Ces contributions demeurent relativement limitées par rapport aux besoins de trésorerie à court et moyen termes de la compagnie, en particulier tenant compte des difficultés financières actuelles qu’elle rencontre.
Ensuite, s’agissant des autres apports avancés par les autorités françaises comme permettant de contribuer au retour à la viabilité de la compagnie, la Commission constate que un certain nombre d’entre eux, qu’ils soient d’origine privée ou publique, correspondent, en réalité, à des initiatives anciennes (..) et apparaissent donc comme « recyclées » pour les besoins de la justification des nouvelles aides considérées lors de la présente procédure," affirme le texte.
Corsair : "La Commission ne va pas retoquer le plan !"
Si le doute n'est pas permis, à la lecture du document, les dirigeants de Corsair se veulent rassurants et dédramatisent.
"Une personne qui n'a pas l'habitude pourrait croire que la Commission va dire non, sauf que ce n'est pas le cas du tout. Nous sommes dans une procédure habituelle.
Il ne faut pas créer une incertitude inutile.
Rappelez-vous que le Tribunal de l’UE avait jugé les aides des Pays-Bas accordées à Air France-KLM illégales. Nous ne voulions pas une ouverture de procédure formelle, ce qui nous a donc été refusé par la Commission dans cette lettre.
La décision donc d'ouvrir une enquête est plutôt une bonne nouvelle, car les autorités européennes veulent border juridiquement la procédure," nous explique une personne au siège de la compagnie.
Ainsi, Bruxelles éviterait des attaques des concurrents de Corsair au moins sur la forme.
D'ailleurs ce calme affiché, malgré la tempête médiatique que pourraient connaitre les avions antillais, au regard des fuites, est aussi perceptible à Bercy.
Pour un haut fonctionnaire et proche du dossier, il n'y a pas lieu de s'inquiéter.
"Ce sont des formulations habituelles. Cela ne préjuge de rien quant à la décision finale, ni même conclue sur des doutes concernant le plan de sauvetage," nous explique-t-on.
Face à la peur de voir se propager des informations sorties de leur contexte, Corsair a souhaité réagir et vite, par un communiqué de presse.
Dans lequel, il est rappelé que la viabilité de Corsair, dont l’activité est en croissance et dont la rentabilité se redresse rapidement, est établie, y compris dans des scénarios de nouvelle dégradation de son environnement.
"Nous sommes très confiants, il n'y a pas de sujet.
La crainte est plutôt sur les restrictions qu'elle imposera pour valider ce plan, car nos concurrents ne nous feront pas de cadeaux dans leurs observations," craint un dirigeant antillais.
Comme pour le premier plan ou celui d'Air Austral, Bruxelles a imposé des contraintes, afin de limiter la distorsion de concurrence que pourraient provoquer les aides d'Etat.
Et à ce sujet, la principale crainte repose sur le fait que depuis 2020, Corsair est passé de 9 à 10 avions, alors que l'Europe exigeait de rester sous la barre de la dizaine.
La direction de la compagnie justifie que cette augmentation de la flotte n'a pas entrainé une hausse des capacités. Le nombre de sièges serait lui resté inchangé.
"Une personne qui n'a pas l'habitude pourrait croire que la Commission va dire non, sauf que ce n'est pas le cas du tout. Nous sommes dans une procédure habituelle.
Il ne faut pas créer une incertitude inutile.
Rappelez-vous que le Tribunal de l’UE avait jugé les aides des Pays-Bas accordées à Air France-KLM illégales. Nous ne voulions pas une ouverture de procédure formelle, ce qui nous a donc été refusé par la Commission dans cette lettre.
La décision donc d'ouvrir une enquête est plutôt une bonne nouvelle, car les autorités européennes veulent border juridiquement la procédure," nous explique une personne au siège de la compagnie.
Ainsi, Bruxelles éviterait des attaques des concurrents de Corsair au moins sur la forme.
D'ailleurs ce calme affiché, malgré la tempête médiatique que pourraient connaitre les avions antillais, au regard des fuites, est aussi perceptible à Bercy.
Pour un haut fonctionnaire et proche du dossier, il n'y a pas lieu de s'inquiéter.
"Ce sont des formulations habituelles. Cela ne préjuge de rien quant à la décision finale, ni même conclue sur des doutes concernant le plan de sauvetage," nous explique-t-on.
Face à la peur de voir se propager des informations sorties de leur contexte, Corsair a souhaité réagir et vite, par un communiqué de presse.
Dans lequel, il est rappelé que la viabilité de Corsair, dont l’activité est en croissance et dont la rentabilité se redresse rapidement, est établie, y compris dans des scénarios de nouvelle dégradation de son environnement.
"Nous sommes très confiants, il n'y a pas de sujet.
La crainte est plutôt sur les restrictions qu'elle imposera pour valider ce plan, car nos concurrents ne nous feront pas de cadeaux dans leurs observations," craint un dirigeant antillais.
Comme pour le premier plan ou celui d'Air Austral, Bruxelles a imposé des contraintes, afin de limiter la distorsion de concurrence que pourraient provoquer les aides d'Etat.
Et à ce sujet, la principale crainte repose sur le fait que depuis 2020, Corsair est passé de 9 à 10 avions, alors que l'Europe exigeait de rester sous la barre de la dizaine.
La direction de la compagnie justifie que cette augmentation de la flotte n'a pas entrainé une hausse des capacités. Le nombre de sièges serait lui resté inchangé.
Corsair : "Nous sommes rentables en 2024 ! "
Pour revenir sur le calendrier de la compagnie, nous savons maintenant que la procédure entre donc dans une nouvelle étape.
Les transporteurs concurrents auront donc la parole, tout comme le gouvernement français. Ils pourront apporter des précisions et arguments, afin de justifier le projet de sauvetage, quand Air Caraïbes ou Air France auront la possibilité de parler des distorsions de concurrence.
La décision finale en provenance de Bruxelles est attendue au mieux dans le courant de l'été 2024, pas avant.
A lire : Corsair : un chiffre d'affaires record et de grandes ambitions !
En attendant la fumée blanche, la direction de Corsair se veut rassurante.
Le transporteur afficherait une belle vitalité financière. Après un nouvel exercice dans le rouge en 2023, le suivant qui sera clôturé en septembre devrait atterrir dans le vert, même au-delà des espérances.
"En ce moment, au regard des comptes de la compagnie, même certains actionnaires étudient la possibilité de remettre au pot.
Nous allons gagner de l'argent à la fin des exercices. Nous avions prévu de gagner 5 millions, ce sera plus.
Nos résultats sont significativement en avance.
Je peux vous le dire, la commission ne va pas retoquer le plan, par contre, elle peut imposer des choses qui ne seront pas confortables, pour nous," minimise un proche de la direction de Corsair.
Les dés ne sont pas encore totalement lancés...
Les transporteurs concurrents auront donc la parole, tout comme le gouvernement français. Ils pourront apporter des précisions et arguments, afin de justifier le projet de sauvetage, quand Air Caraïbes ou Air France auront la possibilité de parler des distorsions de concurrence.
La décision finale en provenance de Bruxelles est attendue au mieux dans le courant de l'été 2024, pas avant.
A lire : Corsair : un chiffre d'affaires record et de grandes ambitions !
En attendant la fumée blanche, la direction de Corsair se veut rassurante.
Le transporteur afficherait une belle vitalité financière. Après un nouvel exercice dans le rouge en 2023, le suivant qui sera clôturé en septembre devrait atterrir dans le vert, même au-delà des espérances.
"En ce moment, au regard des comptes de la compagnie, même certains actionnaires étudient la possibilité de remettre au pot.
Nous allons gagner de l'argent à la fin des exercices. Nous avions prévu de gagner 5 millions, ce sera plus.
Nos résultats sont significativement en avance.
Je peux vous le dire, la commission ne va pas retoquer le plan, par contre, elle peut imposer des choses qui ne seront pas confortables, pour nous," minimise un proche de la direction de Corsair.
Les dés ne sont pas encore totalement lancés...