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Transavia : rentabilité en vue en 2024 ?🔑

Interview de Nicolas Henin, directeur général adjoint de Transavia France


Comme l'ensemble du secteur Transavia a connu une année 2024 particulière, notamment avec un fléchissement notable de l'activité en juin et juillet. Malgré ce ralentissement et des prix orientés à la baisse, la low cost continue d'augmenter son offre. Elle va ouvrir non seulement une base à Bordeaux, mais aussi déployer son offre vers l'Arabie Saoudite depuis Lyon. Si l'opérationnel et la croissance sont des enjeux importants, le retour à la rentabilité,après 5 exercices déficitaires, est l'objectif prioritaire.


Rédigé par le Lundi 23 Septembre 2024

Ryanair vs Transavia : "Nous aimerions nous battre Ă  armes Ă©gales" - Depositphotos @PhotographerFromAmsterdam
Ryanair vs Transavia : "Nous aimerions nous battre Ă  armes Ă©gales" - Depositphotos @PhotographerFromAmsterdam
TourMaG - Vous étiez à Marseille, il y a peu, pour le Caire et là vous annoncez le lancement d'une nouvelle ligne vers Tbilissi, pour l'été prochain. Vous n'arrêtez pas chez Transavia...

Nicolas Henin : Exact. Et cette semaine nous serons encore Ă  Bordeaux, pour annoncer de nouvelles choses.

C'est la prochaine Ă©tape de notre roadshow.

Nous avons pas mal d'actualités et c'est plutôt positif. En 2025, nous allons continuer sur la tendance actuelle (capacité en hausse de 13%, ndlr), avec une augmentation des capacités de 15%, par rapport à cette année.

Nous allons donc accueillir 12 avions de plus dans notre flotte, des Airbus A320neo.


TourMaG - En 2025, vous continuez donc à faire coexister 2 types d'avion, d'un côté les Airbus et de l'autre les Boeing. Est-ce bien ça ?

Nicolas Henin :
L'été dernier nous avions seulement 5 Airbus, nous en aurons 19 pour la saison estivale 2025. Le déploiement va assez vite.

A côté de cela, nous aurons encore 68 Boeing 737.

Ce changement de flotte va s'opérer graduellement, pour que les Airbus remplacent intégralement les Boeing d'ici 2030.


Transavia ouvre une base Ă  Bordeaux et positionne un appareil !

TourMaG - Ces nouveaux appareils représentent-ils un bouleversement d'un point de vue opérationnel ?

Nicolas Henin :
Oui, ça change beaucoup de choses.

D'un point de vue opérationnel, nous parlons d'avions neufs, donc ils tournent bien. Ils volent à plein et sont hyper fiables. Ça nous permet encore d'améliorer la performance opérationnelle.

D'un point de vue économique, ce changement est très positif, car ils consomment 15% de carburant en moins. Et sur les plus longs vols que nous opérons, ça fait une grande différence économique.

Pour nos clients, le confort est aussi amélioré puisque les cabines et les sièges sont neufs. Au niveau de l'expérience client, nous observons que les retours sont plus positifs sur les Airbus que sur les Boeing.

Nous voulons aller plus vite sur le renouvèlement.


TourMaG - Ce renouvèlement a aussi un coût. Est-ce que Transvia parvient à le rentabiliser ou faut-il s'attendre à des billets plus chers ?

Nicolas Henin :
C'est un très gros investissement.

Après l'effort a été consenti par le Groupe qui renouvèle la flotte pour l'ensemble des compagnies. Nous devons prouver que l'investissement est justifié et le traduire en performance économique.

Sur le sujet de la grille tarifaire, nous sommes dans un marché qui nous oblige à être dans cette gamme de prix. De plus, nos concurrents renouvèlent aussi leur flotte et ça ne se traduit pas par une hausse des prix.

Nous constatons que sur l'été, les prix ont plutôt été stables voire même orientés à la baisse par rapport à l'année dernière.

Dans un marché qui est aussi ouvert, aussi concurrentiel, il n'est pas possible d'augmenter les prix de 10 %, du jour au lendemain. Donc, nous faisons avec la loi du marché.

Transavia : "En 2026, nous aurons la moitié des créneaux d'Orly"

TourMaG - Quel bilan dressez-vous des 8 premiers mois de l'année ?

Nicolas Henin :
C'est plutôt une bonne année, même si elle est particulière.

Mon discours ne va pas trop différer de ceux entendus lors de l'IFTM Top Resa. Le printemps a été bon, puis les mois de juin et juillet ont été moyens. Août a été bien meilleur et devrait nous permettre de rattraper le mois précédent.

L'arrière-saison s'annonce bien.

Globalement l'année est bonne. Quand on parle de performance tarifaire, vous savez que nous avons changé notre politique commerciale en 2024. Le bagage cabine est devenu payant, nous avons bouleversé notre grille tarifaire.

Nous avons eu des prix attractifs qui ont été contrebalancés par des ventes d'option, sur les bagages cabines.


TourMaG - Comment les tour-opérateurs ont-ils intégré la nouvelle ?

Nicolas Henin :
Nous avons travaillé bien en amont avec eux.

La plupart de nos distributeurs l'ont bien intégré, puis nous avons discuté avec les tour-opérateurs pour voir ce qu'il était possible d'intégrer dans le package, comme les bagages en soute ou en cabine.

Nous avons rendu cette transition indolore. Nous étions la dernière low-cost à prendre cette décision. Pour nos concurrentes, le bagage cabine est payant depuis un moment.


TourMaG - Votre base est à Orly, mais la province représente-t-elle un axe de croissance ?

Nicolas Henin :
Notre priorité reste Orly, nous sommes dans la trajectoire de reprise des slots du groupe.

En 2026, nous aurons alors la moitié du portefeuille des créneaux de l'aéroport. Donc réussir cette transition est notre priorité.

Puis, la province est un marché que voulons développer, sur la même base que la croissance constatée à Orly. Nous aurons entre 15 et 17 avions positionnés en région, c'est le double par rapport à nos positions pré-covid.

Notre objectif est d'avoir une couverture globale du marché français pour notre marque et offre commerciale. Nous ne voulons pas laisser ces positions à nos concurrents.

Transavia : "Nous allons rajouter l'Égypte et l'Arabie Saoudite à Lyon"

TourMaG - Dans le même temps, les concurrents reculent en province à l'image d'easyJet à Toulouse et Ryanair à Bordeaux. Voyez-vous cela comme une opportunité ?

Nicolas Henin :
La lecture est complexe.

Vous avez derrière ces décisions des dynamiques différentes et une recomposition du paysage, car l'offre au départ des régions françaises ne baisse pas, voire même augmente.

Par contre, autant le dynamisme est fort sur le moyen-courrier, le trafic loisir et affinitaire, mais c'est moins le cas du trafic business. Les compagnies ou bases qui étaient plus exposées au trafic business ont recentré leur activité vers le loisir.

Et nous, dans tout ça, comme à Bordeaux, saisissons les opportunités quand on en voit que nous allons arriver et positionner un avion en Gironde.


TourMaG - Selon vous, il n'y a pas de suroffre en province ?

Nicolas Henin :
Je ne pense pas que ce soit totalement verrouillé, des opportunités sont encore possibles, dans le sens, où vous n'avez pas de contrainte de slots.

Après, il convient de trouver la bonne solution à l'équation entre la demande et l'offre.

Par exemple, nous développons pas mal le Cap Vert depuis la Province. Cette destination est en forte croissance. Nous allons lancer des lignes depuis Lyon et Marseille.

Nous avons des droits de trafic sur l'Algérie, que nous avons récupérés.


TourMaG - Vous avez une croissance exponentielle. Arrivez-vous Ă  trouver continuellement de nouvelles destinations ?

Nicolas Henin :
On arrive Ă  un plafond.

A Orly, nous avons 120 destinations, donc nous sommes plutôt sur une consolidation de l'offre qu'une ouverture de nouvelles lignes. En province, pas mal de destinations ne sont pas desservies, puis l'offre est moins saturée.

Je parlais du Cap Vert : nous allons rajouter l'Égypte et l'Arabie Saoudite à Lyon, puis 6 destinations à Bordeaux.

Transavia et le retour à la rentabilité : "l'objectif est d'y arriver très rapidement !

TourMaG - Vous desservez l'Arabie Saoudite depuis Lyon et Paris, quid de Marseille ?

Nicolas Henin :
Ce n'est pas encore le cas.

Sur les destinations lointaines, nous regardons un peu tout au départ de la France. Il faut une bonne combinaison entre la demande et un contexte géopolitique stable et propice.

Nous menons une veille permanente sur toutes les destinations un peu plus lointaines en Europe de l'Est, Moyen-Orient, Afrique.


TourMaG - Vous allez avoir 87 avions en 2025. Jusqu'oĂą pouvez-vous aller en termes d'appareils ?

Nicolas Henin :
L'objectif est d'atteindre assez rapidement la centaine d'avions. Il faut aussi que les performances Ă©conomiques suivent.

TourMaG - Justement depuis 2019, Transavia a perdu énormément d'argent (environ 720 millions d'euros après 2 exercices bénéficiaires, ndlr). A quand la rentabilité ?

Nicolas Henin :
Le plus rapidement possible.

Je ne peux pas communiquer là-dessus tant que les résultats ne sont pas encore publiés, mais l'objectif est d'y arriver très rapidement ! Nous avons mis plein d'actions en marche, pour réussir cet objectif.

Nous avons amélioré notre activité opérationnelle, cela nous permet d'être plus fiables et de fidéliser nos clients, mais aussi de réduire les coûts. Puis sur les revenus, nous avons mis en place des options payantes, à l'image des bagages cabines.

Notre trajectoire suit le cap fixé par la direction (celui de la rentabilité exigé pour 2024, ndlr).


TourMaG - Donc ça pourrait être cette année ?

Nicolas Henin :
Je ne peux pas vous le dire. Il nous reste 4 mois pour terminer notre exercice comptable, je vous donne rendez-vous en mars 2025.

Ryanair vs Transavia : "Nous aimerions nous battre Ă  armes Ă©gales"

TourMaG - Cette bataille pour la rentabilité est un peu faussée par des acteurs comme Ryanair. Comment jugez-vous cette concurrence ?

Nicolas Henin :
Nous avons toujours évolué dans ce milieu hyper concurrentiel.

Une fois que c'est dit, il serait plus juste que les règles soient les mêmes pour tout le monde, pour se battre à armes égales. Après cette concurrence est aussi stimulante, elle nous pousse à faire toujours mieux.


TourMaG - Ryanair a annoncé la fermeture de la base de Bordeaux à cause de la hausse des coûts et aussi vouloir réduire son offre en Allemagne toujours en raison des taxes aéroports. Les charges des aéroports français sont-elles un frein ?

Nicolas Henin :
ça dépend des aéroports, nous avons des discussions avec chacun d'entre eux.

Nous sommes peut-être moins drivés par les coûts, nous regardons les potentielles demandes et recettes. Même si nous scrutons les charges, nous sommes une low-cost, nous sommes un peu moins à l'extrémité du spectre, comme peut l'être Ryanair.



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Commentaires

1.Posté par SERGE13 le 24/09/2024 14:22 | Alerter
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Vu le fonctionnement de la compagnie, elle est très loin d'engranger des bénéfices. Rendez vous compte sur Marseille, la compagnie y a basé 2 738. Sauf que le personnel, pnc et pilotes, sont eux de Orly et viennent passer 3 nuits, sur les frais de la princesse à Marseille (découchers) et repartent après.
L'hiver dernier, pour desservir Beyrouth, un B738 venait à vide le matin de Lyon, laissait les pilotes sur l'aéroport. Une équipe parisienne faisait l'aller retour sur BEY, puis l'avion repartait sur Lyon avec les pilotes du matin.
Cette compagnie marche sur la tĂŞte.

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