TourMaG.com, le média spécialiste du tourisme francophone

logo TourMaG  




Voyage d'affaires : quelle place pour la RSE dans la stratégie de l’entreprise ? 🔑

La démarche RSE accélérée par la pandémie de covid-19


RSE, le sigle pour Responsabilité sociétale des entreprises est devenu incontournable au lendemain de la crise sanitaire. Selon une étude Deloitte, 70 % des entreprises sont conscientes qu’elles doivent enclencher une démarche RSE mais seulement 30 % des organisations ont mis en place de réelles actions. Mais qu’en pensent les acteurs du voyage d’affaires ? Dans quelle mesure l’intègrent-ils à leur stratégie ?


Rédigé par le Lundi 27 Juin 2022

Définie comme l'intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales, la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable.

Une démarche boostée par la crise sanitaire à en croire les retours des acteurs du voyage d’affaires.

« Le covid-19 a accéléré cette tendance. Il y a une modification des comportements, on commence à se rendre compte de l’urgence. La jeune génération est très impliquée dans ces questions », observe Maxime Pialat, CEO de Supertripper.

« Sur les volets social et sociétal, la crise a accéléré les choses. Il y a eu une prise de conscience de la part des employeurs des dangers, et du besoin de mettre en place une politique de voyages, avec un vrai workflow de validation pour gérer les différentes demandes de déplacement », confirme Maxime Pautonnier, responsable marketing Notilus, auteur de l’étude « Le voyageur d'affaires sur la route de l'efficience ».

Même constat pour Lucas Gebhardt, fondateur et PDG de Mobee Travel : « La RSE prend une place centrale. Nous discutons avec de gros prospects de quelques dizaines, voire centaines, de millions d’euros de chiffre d’affaires et leur priorité est vraiment la RSE. »


Greenwashing, argument marketing ou véritable démarche ?

Si œuvrer en faveur du développement durable est louable, comment avoir un véritable impact sans tomber dans le greenwashing ?

« On constate un ras le bol chez nos clients des approches « greenwashing », qui ont marqué, il y a quelques années, la partie RSE », abonde Saad Berrada, Co-founder & CEO de Fairjungle.

« Le tourisme est une industrie structurellement polluante. Faire du reporting carbone, c’est bien car cela objective ce que l’on est en train de consommer. Proposer de planter des arbres pour compenser les deux tonnes pour aller de Paris à New-York, ce n’est peut-être pas là où on va avoir le plus d’impact », poursuit-il.

Preuve que la RSE devient de plus en plus concrète, « Plusieurs aspects vont être de plus en plus pris en compte : l'analyse du cycle de vie des produits, la réglementation issue des pouvoirs publics, le fait que les consommateurs intègrent désormais le critère écologique dans leurs actes d'achat », remarque Julien Berthelot, fondateur de Futur Simple, agence de voyages d'affaires éthiques.

Une observation portée aussi par Brice Huet, co-fondateur d’Okarito : « Il y a un vrai besoin de comprendre quelles sont les émissions liées à ses déplacements et comment mettre en place un plan d’actions pour les réduire et non les compenser.

Cela veut dire remplacer l’avion par le train et éviter des déplacements »,
détaille celui, qui propose en plus de l’analyse, la mise en place d’un plan d’actions et la contribution à des projets environnementaux, afin de décarboner les émissions.

« Les employés poussent les entreprises dans cette démarche, notamment la jeune génération. La RSE est devenue un enjeu RH d’attraction et de rétention », poursuit Brice Huet.

Réduire l’impact plutôt que le compenser

Concrètement, comment le monde professionnel agit en faveur de l’environnement ?

Favoriser le train à l’avion, ou encore la voiture électrique sur des circuits d’une journée, avec le même point de départ et d’arrivée et déployer le covoiturage sur toute la France sont des mesures adoptées par de plus en plus d’entreprises. A l’image de l’enseigne de grande distribution Lidl.

« Notre Car policy a été retravaillée pour encourager la transition écologique. Certaines catégories de salariés peuvent uniquement choisir des véhicules hybrides ou électriques. Pour accompagner ce changement, nous installons des bornes électriques dans les plateformes logistiques, en supermarchés et aux domiciles des salariés, détaille Marie Boulliat, responsable de projet mobilité. Nous avons intégré la notion RSE à nos appels d’offres, nous scrutons ce que proposent les fournisseurs, pour avoir des partenaires qui correspondent à nos chartes. »

L’enjeu pour les entreprises est aussi de « réduire leur impact carbone et pas seulement compenser ou faire du reporting , insiste Saad Berrada, Co-founder & CEO de Fairjungle. Il faut complétement revoir la machine de gestion des voyages et penser à l’écoresponsabilité dès la recherche. »

Chez OVH Cloud, la notion de RSE entre en jeu en amont du déplacement. « L’empreinte carbone est prise en compte dans le choix des déplacements, autant que le confort du voyageur. Le train est privilégié à l’avion pour des trajets en France, notre parc automobile est hybride. D’autres actions sont en cours de discussion », note Anne-Sophie François, global Travel Manager au sein OVH Cloud.

Autre action : la mise en place d’un reporting sur les coûts des déplacements par service et prochainement sur toutes les émissions de CO2, afin d’impliquer davantage les chefs de service et salariés.

Sur la partie sociale, des horaires de déplacement sont en place, pour préserver le confort des collaborateurs et ne pas impacter leur vie privée.

De son côté, Supertripper a commencé à travailler sur le sujet, dès 2018, avec la fondation GoodPlanet. « Aujourd’hui, nous avons un outil complet qui permet de contribuer à la neutralité carbone directement dans l’outil, à 100%, avec bien entendu des reporting carbone », explique Maxime Pialat.

« En amont du déplacement, cela permet de faire des choix qui ont moins d’impact. C’est aussi un moyen de calculer ses émissions et de financer des actions pour répondre à leur politique de contribution à la neutralité carbone. »

« Le développement des mobilités douces est une autre tendance forte. Le train a pris une proportion énorme dans notre volume d’activité.

L’ouverture de la SNCF à la concurrence est une bonne chose. Pour autant, je ne pense pas que le volume des déplacements se réduise à l’avenir. Les déplacements professionnels restent indispensables »
, selon Lucas Gebhardt, fondateur et PDG de Mobee Travel.

« La SNCF fait énormément d’efforts pour proposer des trains et concurrencer l’avion, avec cet argument environnemental », selon Sabine Guilleminot, co-fondatrice de Succès Voyages.

Si la prise de conscience est là, reste à trouver le point de bascule

Julien Berthelot, fondateur de Futur Simple, se montre moins optimiste : « Il y a effectivement une vraie conscience écologique qui s'installe mais nous n'avons pas encore fait la bascule et restons dans des schémas anciens.

Malheureusement, j'ai peur qu'il faille attendre une importante catastrophe écologique pour réduire nos émissions drastiquement. »


Il y a encore du pain sur la planche. « Sur le côté environnemental, la volonté de réduction des émissions carbones de l’entreprise n’est pas forcément suivie par les collaborateurs. Ce n’est pas parce qu’ils n’ont que faire de l’écologique, mais privilégient leur sécurité », observe Maxime Pautonnier, responsable marketing Notilus selon les résultats d’une étude menée tout au long de l’automne 2021 auprès de travel manager ou personnes en charge de la mobilité au sein de diverses entreprises.

Si la mise en place d’une démarche RSE ne dépend pas d’un cadre légal, il existe malgré tout des contraintes pour les entreprises de plus de 50 salariés.

« Il y a quelques demandes de sociétés formulées, mais c’est minime pour le moment. Les nouvelles formes de consommation viendront des fournisseurs », prédit Sabine Guilleminot co-fondatrice de Succès Voyages.

« La RSE est un sujet au sein de l’entreprise, mais elle ne rentre pas encore dans les critères des PME/PMI. Aujourd’hui, ce n’est pas une priorité », confirme Yves Verdier, président du groupe éponyme.

« A terme, ce sera à nous d’avoir une démarche RSE, d’être performants, car les entreprises intégreront ces critères. Il faudra alors avoir une démarche globale et cohérente, pas seulement un argument marketing. Il y a un paradoxe entre une philosophie, une démarche écologique et une réalité économique », conclut-il.

Il y a encore du chemin à parcourir.

Lire aussi : Voyage d'affaires : comment mettre en place une démarche écoresponsable ?

Caroline Lelievre Publié par Caroline Lelievre Journaliste - TourMaG.com
Voir tous les articles de Caroline Lelievre
  • picto Twitter
  • picto Linkedin
  • picto email


Lu 1892 fois

Notez

Nouveau commentaire :

Tous les commentaires discourtois, injurieux ou diffamatoires seront aussitôt supprimés par le modérateur.
Signaler un abus









































TourMaG.com
  • Instagram
  • Twitter
  • Facebook
  • YouTube
  • LinkedIn
  • GooglePlay
  • appstore
  • Google News
  • Bing Actus
  • Actus sur WhatsApp
 
Site certifié ACPM, le tiers de confiance - la valeur des médias