Voyage d’affaires : ne ratez pas le train !

Les voyageurs d'affaires français plébiscitent le train pour des déplacements plus durables. C’est le résultat d’une récente enquête menée auprès de 500 voyageurs professionnels français par Opinion Way pour Travel Smart et Corporate Mobilities.

Ainsi, près de 80% des participants souhaitent disposer de données précises sur la durée totale des trajets porte-à-porte et sur les alternatives de transport disponibles. Cette appétence est encore plus marquée chez les voyageurs internationaux et les cadres supérieurs.

Selon l’enquête, la question de l'impact environnemental est centrale. Près de 97% des professionnels interrogés se disent prêts à privilégier les modes de transport économes en énergie et en CO2.

82% des professionnels sont favorables à ce que leur entreprise impose l'usage du train pour les trajets de moins de deux heures, et 81% pour ceux de deux à quatre heures. Même pour les trajets de plus longue durée (jusqu'à huit heures), une majorité relative reste favorable.

Les raisons ? Le train est perçu comme un espace propice au travail et au bien-être. 83% estiment que les moyens de communication y sont plus efficaces et 80% se sentent plus productifs.

Les voyageurs professionnels sont également demandeurs d'incitations. 82% souhaitent un budget de déplacement en train plus conséquent. Autre chiffre intéressant : 77% aimeraient pouvoir voyager en première classe. Enfin 73% seraient prêts à choisir le train, même si le trajet est plus long ou plus cher.

Denise Auclair, Responsable de la campagne Travel Smart chez Transport & Environnement (Fédération européenne pour le transport et l'environnement), a présenté une liste de cinq critères encourageant le recours au train.

La définition d'un budget carbone , l'adoption du train par défaut pour les trajets de moins de huit heures, l'augmentation des budgets de déplacement pour accéder à la première classe et permettre de travailler à bord dans de bonne conditions apparaissent comme de bonnes pratiques.

Plus surprenants, permettre le télétravail lors de déplacements personnels ou le don de congés supplémentaires aux employés utilisateurs du train pour des raisons personnelles n’ont pas convaincu Arnaud Vergès, Head of Global Business Travel chez Safran : « Cette incursion du pro vers le perso et inversement est inapproprié. »

Quant au budget climat, « sa mise en place demande beaucoup d'efforts de mise en place pour peu de gains derrière. Comment juger d'établir et de mettre à disposition tel budget à telle direction de l'entreprise par rapport à telle autre ? Et puis, il ne peut pas être statique. Il y a de l'acquisition de nouvelles entités, de nouveaux projets à lancer », explique-t-il.

La question de la durée de trajet en train reste un critère déterminant dans les politiques de déplacement des entreprises.

Chez L’Oréal, la politique favorise le train jusqu'à 3h30. « L'avion reste disponible mais hors politique voyage. Nous avons aussi mis l'avion hors politique voyage pour d'autres lignes au-delà de 4h, à savoir Paris-Nice, Paris-Turin, Paris-Düsseldorf. Paris-Nice, Paris-Turin, Paris-Düsseldorf. Pour le moment, nous n’avons pas une adhésion extraordinaire, mais un petit peu de bascule sur le rail », explique Pascale Bessière, Corporate Indirect Sourcing Travel Manager chez L'Oréal.

De son côté, Arnaud Vergès, Head of Global Business Travel chez Safran, partage une approche différente : « Je n'ai pas paramétré de palier autour de la durée. Je suis plus dans l'incitation, dans la pédagogie autour du déploiement et du service rail. Au sein d’une entreprise, il y a de multiples profils, des besoins, des contraintes, imposer des restrictions risquerait d'amener du leakage et des impacts en termes de traçabilité et de sûreté. Aujourd'hui, je suis plus dans une incitation et ça marche. Nous avons réduit l'empreinte carbone en 2024 à hauteur de 42% par rapport à 2018, et particulièrement sur l'aérien, de 44%. »

Côté fournisseur, les chiffres confirment l’intérêt pour le rail. « On a vu une progression constante des voyageurs d'affaires sur des durées de trajet de plus en plus longues. Le Wi-Fi a permis un saut dans les parts de marché avion-train. Aujourd'hui, le point de bascule est autour de 4 heures. Depuis 5 ans, notre part de marché sur Paris-Toulouse, un trajet de 4h30, a été multipliée par trois », affirme Fabien Soulet, Directeur Commercial, Marketing et Services TGV Atlantique SNCF Voyageurs.

Alors que Transport & Environnement citait une intention des voyageurs d'affaires jusqu'à 8 heures, Fabien Soulet partage ses observations : « Objectivement, aujourd'hui, nous avons relativement peu de voyageurs d'affaires à bord de nos trains sur des durées aussi fortes. 8 heures, c'est la durée du trajet du TGV Paris-Berlin lancé en décembre. Cependant, nous sommes surpris de constater que plus de 85% des passagers font le trajet de bout en bout. »

Des chiffres de bon augure pour le rail européen.

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