Voyage en Français : après Bordeaux, la start-up s'exporte à Barcelone et bientôt Rome !

TourMaG.com - L'année 2020 s'est terminée. En tant que spécialiste des séjours aux Etats-unis, avec Voyage en Français, quel regard portez-vous sur l'exercice écoulé ?

Alexandre Vendé : Jusqu'à la mi-mars 2020, tout allait très bien, puis la destination s'est arrêtée.

Comme mes confrères, nous avons dû gérer les clients, en leur proposant des avoirs pour conserver le maximum de trésorerie. Ce fut une année compliquée.

En tant que spécialiste des USA, nous disions aux voyageurs qu'ils pouvaient y retourner en avril, puis juillet et à chaque échéance nous reculions. Au final, nous avons vécu une année noire. Nous n'avons jamais connu ça, mais comme tout le monde dans le secteur.

A l'image de l'industrie qui cherchait à se réinventer, j'ai participé à des webinaires et écouté beaucoup de podcasts. Dès le le mois de mai, j'ai travaillé sur "Bordeaux en Français". Je vis dans la ville, je la connais bien, en juin nous avons lancé l'agence.

TourMaG.com - Quel bilan faites-vous de "Bordeaux en Français" ?

Alexandre Vendé : Les gens ont délaissé les villes pour privilégier le littoral et la montagne, donc le bilan est plutôt contrasté.

Puis il existe une concurrence féroce sur Bordeaux, avec les visites guidées de l'office du tourisme, les agences locales, ce n'était pas évident. Cela n'a pas été un super été pour Bordeaux en Français dans l'ensemble, maintenant cela nous a permis d'avancer, de faire parler de nous et de créer des choses.

Une fois l'été passé, j'ai décidé d'ouvrir une nouvelle destination avec "Barcelone en Français". Avec les difficultés sanitaires des deux côtés de la frontière, nous avons pris le parti de lancer les opérations en ce début d'année 2021.

Nous voulons permettre aux voyageurs de pouvoir se projeter. Nous travaillons aussi sur une nouvelle ville à savoir "Rome en Français", nous voulons continuer à développer l'entreprise malgré les difficultés du secteur.

Je me dis que lorsque l'activité repartira, alors Voyage en Français repartira plus fort qu'avant.

TourMaG.com - Vous avez agi par opportunité ou c'était une verticale à laquelle vous pensiez avant le virus ?

Alexandre Vendé : C'était dans un coin de ma tête depuis un moment.

Sur les Etats-Unis nous couvrions déjà 6 villes américaines, les plus importantes destinations pour les touristes francophones. Derrière il ne restait plus que la Nouvelle-Orléans à ouvrir, pour boucler la boucle.

La covid a permis de prendre un virage plus rapide sur l'Europe, maintenant l'idée est de s'ancrer sur ce terrain de jeu. Il n'y a pas une concurrence féroce dans toutes les villes européennes, l'idée maintenant reste de se développer en Europe.

Je pense que ces destinations, malgré la crise, resteront accessibles même en avion.

TourMaG.com - Qu'apporte justement Voyage en Français sur des destinations aussi connues des touristes ?

Alexandre Vendé : Quand j'ai lancé le projet à New York à la base c'était de faire visiter les quartiers connus, comme Harlem ou de Brooklyn avec une grille de lecture locale.

Mettez un touriste français dans ces lieux, il ne saura pas quoi faire et partira au bout de 20 min. L'idée étant de faire découvrir ces endroits avec un Français expatrié.

Avec Barcelone, je duplique le format. Nous voulons faire découvrir des incontournables et des lieux plus méconnus. Par exemple, dans le Gotico qui est le cœur historique grandement fréquenté par les touristes, il y a plein de choses à voir et découvrir.

Nous allons faire découvrir l'envers du décor et Barcelone autrement, avec un guide qui doit être comme un ami. Les visites sont très sympas et conviviales, toujours en petit groupe.

Je peux déjà vous dire qu'il y aura une visite "street art" de Barcelone, il y a une richesse incroyable à ce niveau. Nous voulons que les voyageurs aient des petites adresses et aillent dans des lieux où ils n'ont pas l'habitude d'aller.

TourMaG.com - Comment se passe le recrutement des guides ? Car vous parlez de Français expatriés, mais si je comprends bien à la base, ce ne sont pas des professionnels du tourisme.

Alexandre Vendé : Non, sauf à Rome, où j'ai dû recruter une personne avec la licence de guide.

En Italie, le tourisme est très structuré, pour toutes les visites guidées, il est nécessaire d'avoir une licence, ce qui n'est pas le cas en France ou ailleurs. Depuis le début de Voyages en Français, j'ai recruté 50 personnes et sur celles-ci seulement quatre étaient des guides.

La plupart du temps, comme à Barcelone avec Jérémy et Salomé, nous recrutons des gens qui faisaient visiter la ville à la famille et aux amis, mais qui souhaitaient pourquoi pas en vivre.

Après le recrutement, nous les formons, grâce à notre guide professionnelle qui vit sur Bordeaux.

TourMaG.com - Avant la crise économique, vos guides que vous aviez recrutés, ne vivaient que du tourisme ? Car cela pourrait ressembler à une ubérisation de l'activité de guide.

Alexandre Vendé : Non ce n'est absolument pas le cas, ce n'est pas du tout mon esprit.

Pour moi, nous formons une équipe une grande famille. J'ai envie à la fin de la journée de boire un verre avec mon guide et qu'il devienne comme un pote. Il est nécessaire de prendre du plaisir dans le fait de travailler ensemble.

A terme, nos guides vivent bien souvent que du tourisme et de notre activité. Ils sont recrutés et formés en interne, nous formons une communauté à travers le monde.

TourMaG.com - Nous espérons tous un retour à la normale du tourisme. Comment voyez-vous le développement de Voyage en Français une fois la reprise ?

Alexandre Vendé : Nous pensons poursuivre notre développement en Europe.

Voyage en Français est à la fois un blog et une agence. Ainsi nous avons des pages avec du contenu sur New York, la Floride et l'Ouest américain et 8 agences en ligne, pour autant de destination.

Au niveau de l'activité blogging, je me suis rendu compte que des destinations sont déjà un peu bouchées et rendre le blog rémunérateur cela prend minimum deux ans.

Finalement, les agences sont beaucoup plus faciles à créer. Puis nous avons réussi à créer une communauté et elle nous suit sur les destinations. Ainsi, nous avons toujours une base constante de clients aussi bien en BtoC qu'en BtoB.

Avec ces derniers justement, nous allons faire un gros travail pour nous rappeler au bon souvenir des agences de voyages.

Nous travaillons sur les Etats-Unis, par le passé, avec beaucoup d'agences, des tour-opérateurs et réseaux, maintenant nous aimerions qu'ils nous suivent sur l'Europe.

TourMaG.com - Que représente le BtoB pour vous ?

Alexandre Vendé : Pour tout vous dire, avant la covid, nous étions à 2/3 de notre activité en BtoC et le reste en BtoB.

De plus, la part des pros ne cessait d'augmenter, car nous répondions au besoin de sur-mesure des agences de voyages. En 2019, nous avions enregistré 23 500 clients, en hausse de plus de 40%, par rapport à 2018, notamment grâce aux agences de voyages.

Nous leur versons un pourcentage de la vente, si nous perdons en marge nous gagnons en volume. Ce développement, avec les professionnels, permet aussi à nos guides de mieux vivre et de les fidéliser.

TourMaG.com - A quand jugez-vous le redémarrage de votre activité ?

Alexandre Vendé : L'Europe repartira avant les USA.

Pour se rendre aux Etats-Unis, il va falloir attendre sans doute la fin de l'automne 2021. Malheureusement, il ne sera pas possible pour une grande partie de la population française de se faire vacciner avant de nombreux mois.

Ainsi, je vois mal les frontières américaines rouvrir avant l'été. L'Europe ne va pas nous relancer à 100% en 2021, mais ça nous permet de démarrer une belle aventure.

Le 1er semestre 2021 sera compliqué.

TourMaG.com - En tant qu'amoureux des Etats-Unis, vous devez être attristé de la mauvaise image envoyée au monde par l'assaut des pro-Trump contre le Capitole. Êtes-vous soulagé que la page Trump se tourne ?

Alexandre Vendé : Je suis réellement soulagé, nous ne pouvions pas avoir aussi instable.

C'est un soulagement de retrouver un certain équilibre démocratique aux USA. Les images de la semaine sont assez horribles. Vous savez, je pense que lorsqu'il sera possible de partir aux USA, nous gagnerons des clients.

Lors de salons ou événements, nous recevions des témoignages de personnes qui nous disaient que tant que Trump sera au pouvoir, ils ne retourneraient pas aux USA. Même si c'est une minorité, nous allons récupérer ces quelques réfractaires.