Voyage, loisirs : quelle reprise pour les agences de voyages et les TO ?

Selon le baromètre Les Entreprises du Voyage / Orchestra réalisé à partir des réservations désintermédiées (c'est à dire uniquement effectuées en agences de voyages, OTA ou vente directe des TO), le niveau des réservations a globalement retrouvé en mai et juin 2021 le niveau de la même période de 2019.

C'est une belle remontée lorsqu'on regarde la période janvier-avril où le niveau d'activité représentait seulement 15% du niveau de 2019 (soit une chute de 85%).

"Nous faisons partie des secteurs les plus impactés par la crise avec les discothèques" précise Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage qui présentait le baromètre à l'occasion d'une conférence de presse mardi 29 juin 2021. Preuve que la courbe se redresse, après un redémarrage en mai, juin 2021 a présenté pour la première fois depuis février 2019 un volume d'affaires supérieur à juin 2019.

"La progression est très importante par rapport au 4 premiers mois de l'année, mais nous n'avons pas rattrapé le retard" tempère le président des EDV.

Les annonces de Jean Castex en avril ont donné un premier souffle, avant une seconde respiration les 15 premiers jours de mai puis l'ouverture des agences le 19 mai 2021.

"Sur la première partie de mai, ce sont surtout les opérateurs digitaux qui ont profité de la reprise puis cela a été le tour des agences de voyages 'physique' le 19 mai avec le retour du personnel en agences et l'ouverture de celles-ci"

Après une hausse sensible et régulière depuis début mai, un léger "tassement" se fait sentir depuis deux semaines : "Il y a eu une euphorie sur les réservations lorsque tout a été libéré et nous percevons un ralentissement" précise Jean-Pierre Mas (Voir graphique ci-dessus).

Dans ce contexte, la France métropolitaine a tiré clairement son épingle du jeu démontrant que l'hexagone avait une place dans le rayonnage des agences de voyages françaises.

Le baromètre en atteste : l'hexagone arrive en tête des réservations effectuées par les opérateurs de voyages et de séjours (OTA, agences traditionnelles, ou vente direct des TO).

"Les agences de voyages s'intéressaient que très marginalement à la vente de la France, mais en 2021 elles se sont mises à vendre l'hexagone car il n'y avait pas d'autre terrain de jeu et j'espère qu'elles vont garder cette habitude" lance Jean-Pierre Mas, des Entreprises du Voyage.

Une progression qui se traduit dans les chiffres : la France affiche une hausse de +72% en volume d'affaires en juin par rapport à 2019. L’Europe du Sud balnéaire progresse avec des situations inégales : l’Espagne et la Grèce performent les deux destinations représentent 50% du volume d'affaires réalisés. Le Portugal, la Croatie et l’Italie quant à elles ne retrouvent pas les niveaux de 2019.

La durée des séjours s’allonge très sensiblement : +10 à +20%, soit de 5 jours en moyenne en 2019 à plus de 6 jours en 2021.

Pour l’hiver, les Français se projettent et anticipent légèrement leurs vacances comme si la plupart des destinations allait être accessible. "Les hauts revenus planifient leurs voyage comme si les voyages allaient être entièrement libérés dans le monde. Ils ont vraiment envie de partir aux Maldives, à l'Ile Maurice, en République Dominicaine ou encore au USA". comment Jean-Pierre Mas.

Espérons que ce soit bel et bien le cas pour mettre définitivement dernière nous cette crise covid !

"Depuis début mai le GIE ASHA (Selectour Havas) enregistre une belle croissance. Nous retrouvons les niveaux de 2019, avec des hausses qui dépassent de +60% les niveaux par rapport à 2019. Cette reprise est durable. Depuis deux ou trois jours (témoignage réalisé le 24 juin ndlr) nous sentons un ralentissement mais rien de dramatique.

Nous avons une très bonne surprise sur le Business travel qui est passé de 20% au 2 mai à 50% depuis 15 jours des niveaux de 2019.

Pour rattraper janvier, février et mars il faudrait que nous soyons à 100% jusqu'à la fin de l'année. Pour y arriver, nous avons besoin que les long-courriers ouvrent surtout les Etats-Unis. Si l'Amérique du Nord rouvre avec le Canada, ce sont des destinations qui vont faire le plein.

Les réservations réalisées concernent essentiellement juillet, août et septembre.

Du côté des TO du groupe Marietton : les Naya Clubs sont a +300% grâce au flex, et chez Héliades nous sommes débordés, d'ailleurs je voulais m'excuser. Le plateau de réservations compte 12 personnes chez Héliades ils sont débordés. Nous incitons vraiment les agences à passer par le B2B. En septembre nous allons nous réorganiser. Ils font de très beaux scores tous les jours.

Concernant les avoirs, les réservations réalisées concernent à 70% de nouvelles réservations et 30% d'avoirs. Les avoirs sont en train de se consommer, et chez Marietton nous avons déjà pas mal remboursé. Si les clients le demandent nous remboursons sauf les billets d'avion qui s'ils ne sont pas remboursés nous ne les remboursons pas."

"Nous sommes nettement au-dessus des niveaux d'activité de mai et juin 2019, environ plus 50% de croissance par rapport à ces deux mois.

Après si dans l'ensemble nous faison 50% de l'été 2019, nous serons contents.

C'est plutôt bien, nous risquons de perdre un peu d'argent cette année sur la partie agence de voyages, mais beaucoup moins que l'an dernier, grâce aux aides de l'Etat.

Actuellement nous avons encore besoin du fonds de solidarité, l'objectif étant d'atteindre l'équilibre l'année prochaine. Dans le même temps, le voyage d'affaires redémarre très peu.

Nous n'avons pas d'inquiétude particulière à moyen terme. Depuis la crise nous avons enregistré beaucoup de départs sur la partie agence de voyages, avec presque une personne par agence, nous parlons de 30% des effectifs.

Nous ne pouvons pas espérer faire les volumes de 2019, avec le staff actuel, car il nous manque du monde. Nous avons arrêté le chômage partiel le 19 mai, nous avons même commencé à réembaucher pour combler les manques.

Nous sommes à la recherche d'apprentis, pour reconstituer les équipes. Il y a une cinétique de reprise compliquée, nous n'avons pas beaucoup de départs, nous faisons des ventes donc nous rentrons de la trésorerie.

Nous réenclenchons des charges, en ayant un niveau d'activité plus faible et des revenues qui arriveront plus tardivement. Il va falloir être très vigilant sur la trésorerie et être bon gestionnaire !

Les avoirs des clients ont déjà bien baissé, puisque les clients depuis maintenant un an sont déjà pas mal partis en voyage. Dans le même temps, nous faisons des remboursements toutes les semaines, quelques centaines de milliers d'euros chaque semaine.

Malgré tout, les nouvelles ventes compensent largement les remboursements.

Les équipes sont très très occupées, car la vente qui auparavant durait 30min, dure maintenant 1h. Tout prend plus de temps. Globalement les agences qui n'ont pas gardé le lien avec les clients ne rouvriront pas.

J'ai dit aux équipes que j'allais leur donner du temps, pour que les agents puissent donner le meilleur d'eux-mêmes. Ils doivent reprendre confiance et se remettent à vendre.

Nous nous donnons jusque fin 2022 pour faire un point."

R.P.

Les Entreprises du Voyage et Orchestra ont présenté un nouveau baromètre avec les données IATA. "Cet observatoire a pour objet principal de donner les tendances en trafic au départ de la France métropolitaine par aéroport et par route aérienne" explique un communiqué de presse.

De cette première édition, il ressort :

1. Un recul de -84% du trafic aérien au départ de France (versus N-1) avec moins de 4,5 millions de voyageurs.
2. Un recul des classes Business et First au profit de l’économique.
3. Un classement des aéroports stable avec un rééquilibrage CDG/Orly et Nice en 3ème position.
4. Un trafic domestique en recul de -52%.
5. Une redistribution du Top 10 des destinations avec les Etats Unis en fort recul, l’entrée de la Réunion, de la Guadeloupe, des Emirats Unis, de la Martinique et de la Guinée.

Lien vers Observatoire trafic aérien