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Voyages d'affaires : "La visio, les gens en ont ras-le-bol !"

L'interview de Michel Dieleman, Président de l'AFTM


En cette rentrée, le voyage d’affaires commence doucement à reprendre des couleurs. La réouverture prochaine des Etats-Unis, l’appétence au voyage, la mise en place de NDC sont autant de bons signaux à la reprise du secteur. Michel Dieleman, à la tête de l’Association française du travel management (AFTM), fait le point avec TourMaG.


Rédigé par le Jeudi 23 Septembre 2021

Michel Dieleman © AFTM
Michel Dieleman © AFTM
TourMaG.com : Commençons par une banalité : comment se porte le voyage d’affaires en France en cette rentrée ?

Michel Dieleman :
La reprise est là, même si ses proportions font varier les avis. Nous ne sommes pas encore dans les volumes souhaités aussi bien par les fournisseurs que par les entreprises clientes. La reprise est avant tout domestique et il est difficile de se projeter en fonction des secteurs d’activités et des nouvelles habitudes de travail : digitalisation, télétravail, objectifs RSE…

Il reste donc de grandes interrogations sur cette fin d’année. Nous tablons pour 2022 sur une activité à 60 ou 70% des niveaux de 2019.

TourMaG.com : L’annonce de la réouverture en novembre des Etats-Unis aux voyageurs vaccinés constitue-t-elle un signal fort pour le secteur ?

Michel Dieleman :
Oui, c’est une bonne nouvelle, et sans doute un moment clef de la reprise. La levée du travel ban et la réouverture du business avec les américains sera un ouf de soulagement pour beaucoup. Rappelons notamment que le modèle économique des compagnies aériennes est dépendant du long-courrier, et rappelons la profitabilité des vols transatlantiques…

TourMaG.com : Justement, sur le long-courrier, y a t’il des marchés plus longs à redémarrer ?

Michel Dieleman :
Sur les pays du Golfe, la reprise est déjà effective. En revanche, les marchés asiatiques ne s’ouvrent pas encore comme on pourrait le souhaiter. Il devraient être les plus longs à revenir. Ailleurs, les situations sont diverses : l’Amérique du sud commence à souffler ; en Afrique les vagues de l’épidémie se concentrent souvent sur quelques pays, notamment le Niger et le Gabon…

Visio, télétravail et RSE

TourMaG.com : Concernant les secteurs d’activités maintenant, lesquels tirent leur épingle du jeu ?

Michel Dieleman :
Je ne vais étonner personne en disant que l’industrie pharmaceutique n’a pas de problème. La grande distribution, la chimie, l’énergie et l’industrie des services ne s’en sortent pas trop mal.

La situation est en revanche plus compliquée pour le voyage d’affaires dans le secteur pétrolier, l’agro-alimentaire, l’hébergement-restauration et évidemment l’événementiel.

TourMaG.com : Plus globalement, vers où vont les politiques voyages ?

Michel Dieleman :
Ce que l’on constate auprès de nos adhérents : une partie des voyages d’affaires a disparu ou va disparaître, les entreprises ont développé des outils de digitalisation, on a pris conscience que la visio pouvait parfois remplacer certains voyages coûteux et fatiguant. Les Travel manager privilégient donc les voyages nécessaires et profitables pour l’entreprise.

Mais si des voyages sont encore remplacés par la visio dans des proportions de 40 à 50%, le chiffre va baisser. Indéniablement, il y a une appétence forte au voyage, les gens en ont ras-le-bol de la visio !

On s’oriente donc sans doute vers des usages hybrides entre visio et physique. Le leitmotiv sur lequel s’entend toute la profession est bien celui-ci : voyager moins mais voyager mieux.

Et alors que les entreprises s’emparent difficilement du RSE, j’invite vos lecteurs à se tourner vers le dernier livre blanc de l’AFTM, 116 pages sur les mobilités d’affaires, proposant des recommandations sans jamais verser dans le punitif ni pointer du doigt le voyage d’affaires et l’avion.

TourMaG.com : Entre petites agences et grande TMC, qui se sort le mieux de la crise ?

Michel Dieleman :
Disons que les TMC ont subi de plein fouet les effets de la crise encore plus en raison du dimensionnement de leurs équipes, de leur organisation plus lourde, moins flexible. Plus globalement, la différence la plus importante entre les agences depuis mars 2020 se joue dans le service aux clients.

Celles qui les ont accompagnés le mieux ont marqué des points pour la suite. Cela a ouvert à des agences de nouveaux horizons commerciaux, inenvisageables avant la crise.

TourMaG.com : Enfin, nous évoquions la nouvelle donne du voyage d’affaires, et la prise en main du RSE chez les entreprises. Ce dernier point signifie-t-il qu’il faudra maintenant privilégier les fournisseurs les plus verts et exclure les autres ?

Michel Dieleman :
Dans l’absolu, je suis tenté de répondre oui. Mais je rappellerai que, de toutes les façons, lorsqu’un fournisseur est mauvais, cela se sait… Tous les acteurs font des efforts pour verdir leurs offres, parfois d’ailleurs plus dans l’affichage que dans les faits.

Il s’agit pour les acheteurs d’évaluer le plus professionnellement possible les fournisseurs, en se renseignant auprès de l’AFTM. Le partage d’informations et de bonnes pratiques, c’est ce qui fait la force de notre réseau.

Pierre Georges Publié par Pierre Georges Journaliste - TourMaG.com
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