Voyages d’affaires : les émissions des grandes entreprises mondiales ont reculé d’un tiers entre 2019 et 2023

Selon la dernière analyse de la campagne Travel Smart, portée par la Fédération européenne pour le transport et l'environnement, connue sous le nom de Transport et Environnement (T&E), les émissions de gaz à effet de serre liées aux déplacements professionnels ont reculé de 34% entre 2019 et 2023 chez les grandes entreprises internationales.

Un chiffre encourageant, mais qui cache de profondes inégalités d'engagement selon les secteurs, les pays... et les entreprises.

Parmi les 36 entreprises françaises évaluées, certaines se démarquent positivement. C’est le cas du Crédit Agricole, avec une baisse de 44% de ses émissions liées aux voyages professionnels entre 2019 et 2023, la banque dépasse déjà son objectif initial de -30% d’ici 2025.

Une réussite en grande partie due à une politique volontariste de recours au train, au détriment de l’avion.

D'autres entreprises françaises, bien qu’un peu moins exemplaires, affichent également des progrès notables. CapGemini a réussi à réduire ses émissions de 45%, tandis que Dassault Systèmes fait encore mieux avec une chute spectaculaire de 60%.

Publicis, de son côté, enregistre une baisse de 23% depuis 2019, mais se fixe un cap ambitieux de -50% d'ici 2030.

A l’inverse, plusieurs entreprises affichent de mauvaises performances climatiques sur ce sujet, à l’instar du groupe LVMH, dont les émissions liées aux déplacements professionnels ont augmenté de 63% entre 2019 et 2023, ou encore de l’équipementier automobile Valeo (+71%).

Jérôme du Boucher, responsable Aviation à T&E France, explique : « De nombreuses entreprises parviennent à concilier compétitivité et réduction des voyages en avion. Néanmoins, certaines entreprises mettent en péril l'ensemble des progrès réalisés.

Il est temps que les grands pollueurs qui n'ont pas d'objectif précis de baisse de leurs émissions suivent l'exemple des autres. Réduire les émissions des voyages d'affaires est l'une des solutions les plus rapides et les plus simples pour que les grandes entreprises atteignent une partie de leurs objectifs en matière de développement durable ».

Mais la France n’est pas la seule concernée. À l’échelle mondiale, des géants comme Google, Apple ou Bouygues n’ont aucun objectif clair de réduction.

Or, les entreprises identifiées comme les plus gros pollueurs aériens représentent 6,9 millions de tonnes de CO₂ par an, soit l’équivalent de 48 000 vols Paris-New York en aller simple. De plus, près de 19 d’entre elles utilisent des jets privés, un symbole fort de leur retard dans la transition.

L’analyse de Travel Smart est formelle : les entreprises qui fixent des objectifs précis de réduction des vols en avion réduisent en moyenne leurs émissions de 48%, contre 28% seulement pour celles qui n’en ont aucun.

Mieux encore, celles qui se concentrent spécifiquement sur les déplacements aériens (plutôt que sur des objectifs globaux de durabilité) obtiennent les meilleures performances.

Cette corrélation forte entre la clarté des objectifs et l’efficacité des résultats montre que la réduction des voyages professionnels est non seulement faisable, mais aussi rapide à mettre en œuvre.

Comme le souligne Jérôme du Boucher, responsable Aviation chez T&E France : « Réduire les émissions des voyages d'affaires est l'une des solutions les plus simples pour atteindre les objectifs climatiques. Les entreprises exemplaires montrent que ça fonctionne, il est temps que les retardataires suivent leur exemple. »

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