TourMaG - Worldia a levé 25 millions d'euros l'année dernière, pour conquérir le monde. Comment se passe cette conquête pour vous qui vivez à Berlin ?
Erwan Corre : Cela prend du temps, mais nous sommes sur une telle dynamique que d'ici deux ans, nous pourrions vendre autant en Allemagne qu'en France.
De façon globale, notre croissance à l'international est très intéressante. Depuis mai, cela représente un peu plus de 20% de notre activité.
Nous avons fait un démarrage tonitruant aux Etats-Unis, ce qui était programmé dans notre stratégie suite à la levée de fonds.
Nous avions fait de l'internationalisation un pan important de notre développement. Nous avons lancé l'Espagne l'année dernière et ça commence à bien prendre, et nous venons d'obtenir notre licence ATOL pour le Royaume-Uni.
Outre-Manche, les premières réservations sont attendues dès la fin du mois de mai.
Erwan Corre : Cela prend du temps, mais nous sommes sur une telle dynamique que d'ici deux ans, nous pourrions vendre autant en Allemagne qu'en France.
De façon globale, notre croissance à l'international est très intéressante. Depuis mai, cela représente un peu plus de 20% de notre activité.
Nous avons fait un démarrage tonitruant aux Etats-Unis, ce qui était programmé dans notre stratégie suite à la levée de fonds.
Nous avions fait de l'internationalisation un pan important de notre développement. Nous avons lancé l'Espagne l'année dernière et ça commence à bien prendre, et nous venons d'obtenir notre licence ATOL pour le Royaume-Uni.
Outre-Manche, les premières réservations sont attendues dès la fin du mois de mai.
Worldia aux USA : "Contracter avec eux n'est pas forcément simple"
TourMaG - Pour revenir sur votre lancement aux USA, comment le définiriez-vous ?
Erwan Corre : Le marché est différent de celui en France.
Vous avez bien sûr des acteurs en ligne très importants, d'autres hybrides et beaucoup de consortia, composés d'agents indépendants. In fine, l'agence n'a pas pignon sur rue, avec une boutique comme en France, mais la structure a des similitudes avec ce que nous connaissons.
Nous nous rendons compte aussi que les attentes des clients sont différentes, tout comme leur façon de voyager. Nous devons opérer une évolution technique et une autre au niveau des produits pour répondre à ce marché.
A lire : French Tech : découvrez les 6 pépites du tourisme en 2024 !
TourMaG - Ce n'est pas un marché comme un autre, si je comprends bien...
Erwan Corre : Non, nous devons nous adapter aux différents types d'agents, mais aussi ajuster les produits, comme le type de transferts.
Par exemple, contrairement à un Américain, il ne viendra jamais à l'idée d'un Européen de faire Rome-Venise en taxi. Ce sont des voyageurs assez peu autonomes, la clientèle a un grand besoin d'accompagnement, donc nous devons ajouter ce genre de prestations.
TourMaG - Est-il facile de s'implanter aux USA, en étant une boite technologique en provenance du Vieux Continent ?
Erwan Corre : Contracter avec eux n'est pas forcément simple. Nous restons des Européens et qui plus est, des Frenchies.
Ils rentrent un peu dans les clichés. Ils nous reconnaissent pour notre gastronomie, mais ils découvrent que nous faisons aussi de la tech. Nous devons montrer patte blanche et redoubler d'efforts.
Nous avons dû créer une entité aux USA ; il est important de démontrer qu'on ne veut pas juste faire du business depuis l'Europe. J'ai dû me déplacer plusieurs fois et mouiller la chemise. C'est un petit challenge, mais le démarrage va au-delà de nos attentes.
Erwan Corre : Le marché est différent de celui en France.
Vous avez bien sûr des acteurs en ligne très importants, d'autres hybrides et beaucoup de consortia, composés d'agents indépendants. In fine, l'agence n'a pas pignon sur rue, avec une boutique comme en France, mais la structure a des similitudes avec ce que nous connaissons.
Nous nous rendons compte aussi que les attentes des clients sont différentes, tout comme leur façon de voyager. Nous devons opérer une évolution technique et une autre au niveau des produits pour répondre à ce marché.
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TourMaG - Ce n'est pas un marché comme un autre, si je comprends bien...
Erwan Corre : Non, nous devons nous adapter aux différents types d'agents, mais aussi ajuster les produits, comme le type de transferts.
Par exemple, contrairement à un Américain, il ne viendra jamais à l'idée d'un Européen de faire Rome-Venise en taxi. Ce sont des voyageurs assez peu autonomes, la clientèle a un grand besoin d'accompagnement, donc nous devons ajouter ce genre de prestations.
TourMaG - Est-il facile de s'implanter aux USA, en étant une boite technologique en provenance du Vieux Continent ?
Erwan Corre : Contracter avec eux n'est pas forcément simple. Nous restons des Européens et qui plus est, des Frenchies.
Ils rentrent un peu dans les clichés. Ils nous reconnaissent pour notre gastronomie, mais ils découvrent que nous faisons aussi de la tech. Nous devons montrer patte blanche et redoubler d'efforts.
Nous avons dû créer une entité aux USA ; il est important de démontrer qu'on ne veut pas juste faire du business depuis l'Europe. J'ai dû me déplacer plusieurs fois et mouiller la chemise. C'est un petit challenge, mais le démarrage va au-delà de nos attentes.
Worldia : "Nous voulons être l'Apple du connecting trip"
TourMaG - Donc Worldia répond à un besoin outre-Atlantique...
Erwan Corre : Notre positionnement dans le voyage est d'être l'Apple du connecting trip.
Notre produit ce n'est pas que la plateforme : nous avons comme spécificité de posséder notre propre technologie, notre propre curation de produits combinée à notre service maison, d'où la comparaison à Apple qui produit le système, les logiciels et les téléphones.
Nous sommes les seuls à proposer cette intégration.
Cela fait notre différence sur le marché français et une proposition de valeur unique aux USA. Nous avons terminé l'année 2023, avec un Net Promoter Score (la probabilité de recommander l'entreprise) de 79, ce qui est très élevé.
TourMaG - Quelles sont les destinations les plus vendues aux USA ?
Erwan Corre : Bien évidemment l'Europe, car nous sommes associés à l'Europe, mais aussi les Caraïbes et l'Amérique centrale, puis un peu de tourisme local.
Il est assez amusant de se dire que les Américains passent par nous pour vendre... les USA.
Après l'Amérique du Sud est très peu vendue, tout comme l'Asie, l'Afrique et le Maghreb.
Pour l'heure, les bookings enregistrés outre-Atlantique représentent une part significative de notre activité, mais nous avons signé avec seulement 3% des agences du marché. D'ici la fin de l'année, nous espérons que ce sera bien supérieur.
Erwan Corre : Notre positionnement dans le voyage est d'être l'Apple du connecting trip.
Notre produit ce n'est pas que la plateforme : nous avons comme spécificité de posséder notre propre technologie, notre propre curation de produits combinée à notre service maison, d'où la comparaison à Apple qui produit le système, les logiciels et les téléphones.
Nous sommes les seuls à proposer cette intégration.
Cela fait notre différence sur le marché français et une proposition de valeur unique aux USA. Nous avons terminé l'année 2023, avec un Net Promoter Score (la probabilité de recommander l'entreprise) de 79, ce qui est très élevé.
TourMaG - Quelles sont les destinations les plus vendues aux USA ?
Erwan Corre : Bien évidemment l'Europe, car nous sommes associés à l'Europe, mais aussi les Caraïbes et l'Amérique centrale, puis un peu de tourisme local.
Il est assez amusant de se dire que les Américains passent par nous pour vendre... les USA.
Après l'Amérique du Sud est très peu vendue, tout comme l'Asie, l'Afrique et le Maghreb.
Pour l'heure, les bookings enregistrés outre-Atlantique représentent une part significative de notre activité, mais nous avons signé avec seulement 3% des agences du marché. D'ici la fin de l'année, nous espérons que ce sera bien supérieur.
Worldia : "L'année 2024 sera un bon exercice, avec une croissance autour de 30%"
TourMaG - Vous allez aussi vous lancer au Royaume-Uni...
Erwan Corre : Nous avons mis des mois à obtenir notre licence, cela a été un processus très compliqué. A côté, les démarches pour être dans les clous en France sont une promenade de santé.
C'est un marché très important pour le voyage. Nous avons une bonne base de pays à consolider, cela ne sert à rien d'ouvrir un pays juste pour collectionner les drapeaux.
Evidemment, il y a des pays comme l'Afrique du Sud, le Canada et l'Australie qui sont intéressants en termes de volumes et de facilité d'implantation, mais nous verrons plus tard.
A lire : Jérôme Delente rebondit chez Worldia !
TourMaG - Avec ces ouvertures, comment jaugez-vous l'année 2024 ?
Erwan Corre : Vous savez Worldia sera cette année 4 fois plus importante qu'elle ne l'était avant la crise sanitaire.
Bien sûr, les nouveaux marchés ne vont pas rattraper la France en 3 mois, ils seront plutôt des relais de croissance significatifs à horizon de deux ans. L'année 2024 sera un bon exercice, avec une croissance autour de 30%, par rapport à l'année dernière.
La France ne sera pas minoritaire avant deux ans. D'ailleurs le marché français est toujours en croissance.
TourMaG - Quelle est la dynamique justement, alors que les tour-opérateurs et les agents de voyages se plaignent d'une année un peu plus compliquée ?
Erwan Corre : Ce n'est pas la même euphorie que l'année dernière, des partenaires nous font part de leurs difficultés à réaliser un exercice similaire au précédent.
Par chance nous sommes dans une autre dynamique, puisque nous signons de nouveaux partenaires et affichons une bonne croissance, y compris dans l'Hexagone.
Par contre, pour les départs de juillet et août, nous constatons que les ventes ne sont pas encore faites, nous l'observons aussi. Nous espérons et anticipons des ventes de dernière minute.
TourMaG - L'objectif du milliard d'euros de chiffre d'affaires est-il toujours en ligne de mire dans quelques années ?
Erwan Corre : C'est toujours l'objectif affiché, il est rationnel et raisonnable.
Nous faisons 4 fois plus qu'en 2019 ; si dans 5 ans nous faisons aussi 4 fois plus, alors nous dépasserons les 500 millions d'euros. Tout va dépendre de la croissance de certains marchés, mais il faut se lever tôt et bosser.
Erwan Corre : Nous avons mis des mois à obtenir notre licence, cela a été un processus très compliqué. A côté, les démarches pour être dans les clous en France sont une promenade de santé.
C'est un marché très important pour le voyage. Nous avons une bonne base de pays à consolider, cela ne sert à rien d'ouvrir un pays juste pour collectionner les drapeaux.
Evidemment, il y a des pays comme l'Afrique du Sud, le Canada et l'Australie qui sont intéressants en termes de volumes et de facilité d'implantation, mais nous verrons plus tard.
A lire : Jérôme Delente rebondit chez Worldia !
TourMaG - Avec ces ouvertures, comment jaugez-vous l'année 2024 ?
Erwan Corre : Vous savez Worldia sera cette année 4 fois plus importante qu'elle ne l'était avant la crise sanitaire.
Bien sûr, les nouveaux marchés ne vont pas rattraper la France en 3 mois, ils seront plutôt des relais de croissance significatifs à horizon de deux ans. L'année 2024 sera un bon exercice, avec une croissance autour de 30%, par rapport à l'année dernière.
La France ne sera pas minoritaire avant deux ans. D'ailleurs le marché français est toujours en croissance.
TourMaG - Quelle est la dynamique justement, alors que les tour-opérateurs et les agents de voyages se plaignent d'une année un peu plus compliquée ?
Erwan Corre : Ce n'est pas la même euphorie que l'année dernière, des partenaires nous font part de leurs difficultés à réaliser un exercice similaire au précédent.
Par chance nous sommes dans une autre dynamique, puisque nous signons de nouveaux partenaires et affichons une bonne croissance, y compris dans l'Hexagone.
Par contre, pour les départs de juillet et août, nous constatons que les ventes ne sont pas encore faites, nous l'observons aussi. Nous espérons et anticipons des ventes de dernière minute.
TourMaG - L'objectif du milliard d'euros de chiffre d'affaires est-il toujours en ligne de mire dans quelques années ?
Erwan Corre : C'est toujours l'objectif affiché, il est rationnel et raisonnable.
Nous faisons 4 fois plus qu'en 2019 ; si dans 5 ans nous faisons aussi 4 fois plus, alors nous dépasserons les 500 millions d'euros. Tout va dépendre de la croissance de certains marchés, mais il faut se lever tôt et bosser.
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TourMaG - Cette levée de fonds doit-elle aussi permettre de développer de nouveaux produits et technologies ?
Erwan Corre : Nous avons ouvert de nouvelles destinations, nous optimisons la plateforme en continu, pour optimiser le traitement client, la productivité des agents de voyages, l'ergonomie des utilisateurs, l'offre des ferries est en dynamique, etc.
Tous ces petits détails nous permettent de nous maintenir en tant que leader sur notre marché.
Puis, vous avez aussi la très à la mode IA, que nous utilisons de façon invisible, pour traiter des tâches de backoffice ou encore de vérification de contenu. Et en plus visible, nous avons lancé notre bot JAI, utilisé par de plus en plus d'agences.
Nous devons l'améliorer, il est encore un peu trop lent à mon goût, puisque nous pouvons avoir n'importe quelle demande d'itinéraire pricé en 50 secondes. C'est assez magique, mais encore trop long.
L'IA fait partie intégrante de notre stratégie.
TourMaG - Quel regard portez-vous sur l'IA, est-ce une véritable révolution pour le secteur du voyage ?
Erwan Corre : Au début des années 2000, nous parlions de nouvelles économies. Aujourd'hui plus personne ne parle de ça, nous parlons de digitalisation de l'économie et de la société.
Pour moi l'IA est une innovation de rupture. Je crois à l'"IAisation" de l'économie, donc une transformation de notre société par l'intelligence artificielle, mais en tant qu'outil.
Après je ne crois pas que l'IA puisse remplacer l'humain ou l'expérience du voyage.
TourMaG - Votre succès commence à faire des émules. Héliades et Voyamar ont lancé Travel Explorer, un concurrent direct à Worldia. Quel regard portez-vous sur ce nouvel entrant ?
Erwan Corre : J'attendais la question (rire, ndlr).
Tout d'abord, comme sur tout marché, la concurrence est une saine chose, cela prouve son potentiel et son dynamisme. Ce concurrent a fait le choix de prendre des outils tiers, en passant par Travel Compositor de TravelSoft. Orchestra arrive en marque blanche.
Ce ne sont pas leurs outils, et ils ne font pas de curation sur l'offre. Donc je me demande si un spécialiste historique de la Grèce est le mieux placé pour vendre les Etats-Unis ou l'Argentine... Je n'ai pas la réponse. C'est un affrontement Apple vs Android.
Chez Worldia, les partenariats ont un sens, nous sommes toujours dans la logique de construire des partenariats avec des bénéfices réciproques.
Erwan Corre : Nous avons ouvert de nouvelles destinations, nous optimisons la plateforme en continu, pour optimiser le traitement client, la productivité des agents de voyages, l'ergonomie des utilisateurs, l'offre des ferries est en dynamique, etc.
Tous ces petits détails nous permettent de nous maintenir en tant que leader sur notre marché.
Puis, vous avez aussi la très à la mode IA, que nous utilisons de façon invisible, pour traiter des tâches de backoffice ou encore de vérification de contenu. Et en plus visible, nous avons lancé notre bot JAI, utilisé par de plus en plus d'agences.
Nous devons l'améliorer, il est encore un peu trop lent à mon goût, puisque nous pouvons avoir n'importe quelle demande d'itinéraire pricé en 50 secondes. C'est assez magique, mais encore trop long.
L'IA fait partie intégrante de notre stratégie.
TourMaG - Quel regard portez-vous sur l'IA, est-ce une véritable révolution pour le secteur du voyage ?
Erwan Corre : Au début des années 2000, nous parlions de nouvelles économies. Aujourd'hui plus personne ne parle de ça, nous parlons de digitalisation de l'économie et de la société.
Pour moi l'IA est une innovation de rupture. Je crois à l'"IAisation" de l'économie, donc une transformation de notre société par l'intelligence artificielle, mais en tant qu'outil.
Après je ne crois pas que l'IA puisse remplacer l'humain ou l'expérience du voyage.
TourMaG - Votre succès commence à faire des émules. Héliades et Voyamar ont lancé Travel Explorer, un concurrent direct à Worldia. Quel regard portez-vous sur ce nouvel entrant ?
Erwan Corre : J'attendais la question (rire, ndlr).
Tout d'abord, comme sur tout marché, la concurrence est une saine chose, cela prouve son potentiel et son dynamisme. Ce concurrent a fait le choix de prendre des outils tiers, en passant par Travel Compositor de TravelSoft. Orchestra arrive en marque blanche.
Ce ne sont pas leurs outils, et ils ne font pas de curation sur l'offre. Donc je me demande si un spécialiste historique de la Grèce est le mieux placé pour vendre les Etats-Unis ou l'Argentine... Je n'ai pas la réponse. C'est un affrontement Apple vs Android.
Chez Worldia, les partenariats ont un sens, nous sommes toujours dans la logique de construire des partenariats avec des bénéfices réciproques.