Avec la fête de la Bière à Munich, la San Fermín est le plus grand rassemblement d’Europe - DR : J.-F.R.
Neuf jours. Neuf jours de parenthèse enchantée dans le quotidien de la capitale navarraise.
C’est le prix payé chaque année sans rechigner par le million de noceurs pour mettre le feu à la ville de Pampelune.
Avec la fête de la Bière à Munich, la San Fermín est le plus grand rassemblement d’Europe.
Imaginez : le jour d’ouverture, sur la petite plaza Consistorial, face à la mairie, au confluent des trois quartiers historiques de Navarrería, San Cernin et San Nicolás, 13 000 personnes s’époumonent au cri de « Pamploneses ! Pamplonesas ! »
Chaque matin pour l’encierro - lâcher de taureaux dans les rues -, jusqu’à 4 000 coureurs défient, à leurs risques, des bêtes de 600 kg et plus.
Les après-midis, aux arènes, considérées comme les plus grandes du monde après celles de Mexico et de Madrid, 20 000 personnes communient aux corridas.
Et le jour de clôture, encore devant la mairie, les fêtards ne sont toujours pas calmés. A minuit, au moins 10 000 d’entre eux reprennent en chœur, en brandissant leur foulard rouge, le « Pobre de mí » - des frissons me parcourent encore l’échine -, un chant faussement triste qui signe la fin des réjouissances, mais prévient déjà : celles de l’année suivante seront encore plus belles ! Hallucinant.
Entre temps, les marées humaines en rouge et blanc auront afflué, reflué, convergé, divergé dans l’entrelacs de ruelles du casco antiguo (centre ancien) engloutissant force pintxos (tapas), bières, cidres basques et - excellents - vins navarrais. Le tout sans bagarre, ni incident majeur. Remarquable.
C’est le prix payé chaque année sans rechigner par le million de noceurs pour mettre le feu à la ville de Pampelune.
Avec la fête de la Bière à Munich, la San Fermín est le plus grand rassemblement d’Europe.
Imaginez : le jour d’ouverture, sur la petite plaza Consistorial, face à la mairie, au confluent des trois quartiers historiques de Navarrería, San Cernin et San Nicolás, 13 000 personnes s’époumonent au cri de « Pamploneses ! Pamplonesas ! »
Chaque matin pour l’encierro - lâcher de taureaux dans les rues -, jusqu’à 4 000 coureurs défient, à leurs risques, des bêtes de 600 kg et plus.
Les après-midis, aux arènes, considérées comme les plus grandes du monde après celles de Mexico et de Madrid, 20 000 personnes communient aux corridas.
Et le jour de clôture, encore devant la mairie, les fêtards ne sont toujours pas calmés. A minuit, au moins 10 000 d’entre eux reprennent en chœur, en brandissant leur foulard rouge, le « Pobre de mí » - des frissons me parcourent encore l’échine -, un chant faussement triste qui signe la fin des réjouissances, mais prévient déjà : celles de l’année suivante seront encore plus belles ! Hallucinant.
Entre temps, les marées humaines en rouge et blanc auront afflué, reflué, convergé, divergé dans l’entrelacs de ruelles du casco antiguo (centre ancien) engloutissant force pintxos (tapas), bières, cidres basques et - excellents - vins navarrais. Le tout sans bagarre, ni incident majeur. Remarquable.
Taureaux Miura dans l’encierro...
Autres articles
Si l’on veut être un vrai festayre, il faut porter le pañuelico (foulard rouge, en souvenir de la décapitation de San Fermín), la faja (écharpe de ceinture, rouge aussi), le pantalon et la chemise blanche.
Un code vestimentaire obligatoire pour être intégré et se débarrasser de ses oripeaux sociaux : plus de riches, ni de pauvres, chacun profite des festivités sur un pied d’égalité.
Il est 7h45, ce dernier jour de San Fermín 2014. Pour la première fois depuis neuf jours, des taureaux Miura vont combattre dans les arènes.
Comme il est d’usage, les bêtes vont être lâchées en ville pour l’encierro. La tension est montée d’un cran : les Miura sont considérés comme des monstres de bravoure.
Le parcours est immuable : depuis le toril, les bêtes remontent la Cuesta Santo Domingo, passent devant la niche de San Fermín à qui les coureurs ont demandé bénédiction, tournent sur la place de la mairie, cavalent dans Mercaderes avant de virer sèchement à droite dans l’étroite Estafeta et de filer jusqu’aux arènes, flirtant avec la statue impassible d’Hemingway.
Le spectacle dure à peine 5 minutes, sur 850 m de distance. Aux balcons des immeubles, la foule a pris place. Dans la rue, les coureurs, des hommes en majorité, attendent, concentrés.
Les jeunes (il faut avoir au moins 18 ans pour participer mais qui contrôle les cartes d’identité…) s’échauffent, s’encouragent, se tapent dans les mains.
Un tir de fusée éclate, les monstres sont lâchés. Depuis notre balcon sur Mercaderes, nous voyons les taureaux débouler, précédés des coureurs pris de frénésie. Leur but : accompagner les bêtes le plus longtemps possible, sans se faire encorner, ni tomber.
Sauf qu’au virage d’Estafeta, un Miura s’affaisse au sol après avoir heurté la façade - protégée - du magasin Guerendiáin. « Que viene ! », entend-on crier les coureurs.
Pour sûr, il vient, se retourne et encorne violemment, à plusieurs reprises, un touriste australien trop présomptueux. La blessure est sévère mais l’homme est immédiatement pris en charge par les secours.
Les taureaux sont déjà arrivés aux arènes, les télés diffusent en boucle l’accident et un porte-parole de l’hôpital dresse le bilan des blessés. Pas de drame cette année. L’adrénaline, violente, jouissive, peut retomber. Et la fête de continuer…
Un code vestimentaire obligatoire pour être intégré et se débarrasser de ses oripeaux sociaux : plus de riches, ni de pauvres, chacun profite des festivités sur un pied d’égalité.
Il est 7h45, ce dernier jour de San Fermín 2014. Pour la première fois depuis neuf jours, des taureaux Miura vont combattre dans les arènes.
Comme il est d’usage, les bêtes vont être lâchées en ville pour l’encierro. La tension est montée d’un cran : les Miura sont considérés comme des monstres de bravoure.
Le parcours est immuable : depuis le toril, les bêtes remontent la Cuesta Santo Domingo, passent devant la niche de San Fermín à qui les coureurs ont demandé bénédiction, tournent sur la place de la mairie, cavalent dans Mercaderes avant de virer sèchement à droite dans l’étroite Estafeta et de filer jusqu’aux arènes, flirtant avec la statue impassible d’Hemingway.
Le spectacle dure à peine 5 minutes, sur 850 m de distance. Aux balcons des immeubles, la foule a pris place. Dans la rue, les coureurs, des hommes en majorité, attendent, concentrés.
Les jeunes (il faut avoir au moins 18 ans pour participer mais qui contrôle les cartes d’identité…) s’échauffent, s’encouragent, se tapent dans les mains.
Un tir de fusée éclate, les monstres sont lâchés. Depuis notre balcon sur Mercaderes, nous voyons les taureaux débouler, précédés des coureurs pris de frénésie. Leur but : accompagner les bêtes le plus longtemps possible, sans se faire encorner, ni tomber.
Sauf qu’au virage d’Estafeta, un Miura s’affaisse au sol après avoir heurté la façade - protégée - du magasin Guerendiáin. « Que viene ! », entend-on crier les coureurs.
Pour sûr, il vient, se retourne et encorne violemment, à plusieurs reprises, un touriste australien trop présomptueux. La blessure est sévère mais l’homme est immédiatement pris en charge par les secours.
Les taureaux sont déjà arrivés aux arènes, les télés diffusent en boucle l’accident et un porte-parole de l’hôpital dresse le bilan des blessés. Pas de drame cette année. L’adrénaline, violente, jouissive, peut retomber. Et la fête de continuer…
Entrelacs de ruelles du casco antiguo
Elle se poursuit calle Mayor, axe majeur du centre ancien.
Cette rue, habituellement empruntée par les pèlerins de Saint-Jacques (Pampelune est sur le Camino Frances), est bordée d’édifices remarquables, comme les palais Ezpeleta (18e s.) et du Condestable (16e s., avec un beau patio), ainsi que l’église-forteresse San Cernin, à nef unique.
Chaque après-midi, la procession de los Gigantes s’y déroule. Ce défilé de Géants représente les peuples du monde. Il est destiné aux enfants, un peu impressionnés sur les épaules de leurs parents.
A leur suite, se présentent les membres du conseil municipal, maire en tête, coiffés d’un haut de forme noir. Une tradition immuable.
Au bout de la calle Mayor, d’autres se recueillent dans l’église de San Lorenzo. Pensez donc, elle abrite la chapelle de San Fermín, héros de la fête !
A la fin des réjouissances, les Pamplonais accrocheront leur foulard en allumant une bougie aux grilles de l’église. Religieux et païen ne font qu’un.
Cette rue, habituellement empruntée par les pèlerins de Saint-Jacques (Pampelune est sur le Camino Frances), est bordée d’édifices remarquables, comme les palais Ezpeleta (18e s.) et du Condestable (16e s., avec un beau patio), ainsi que l’église-forteresse San Cernin, à nef unique.
Chaque après-midi, la procession de los Gigantes s’y déroule. Ce défilé de Géants représente les peuples du monde. Il est destiné aux enfants, un peu impressionnés sur les épaules de leurs parents.
A leur suite, se présentent les membres du conseil municipal, maire en tête, coiffés d’un haut de forme noir. Une tradition immuable.
Au bout de la calle Mayor, d’autres se recueillent dans l’église de San Lorenzo. Pensez donc, elle abrite la chapelle de San Fermín, héros de la fête !
A la fin des réjouissances, les Pamplonais accrocheront leur foulard en allumant une bougie aux grilles de l’église. Religieux et païen ne font qu’un.
Peñas à bannières
Il est temps d’aller jouer à la loterie. Paseo de Sarasate, large avenue-promenade ombragée du 19e s. , limitée à l’ouest par l’édifice néo-classique du gouvernement de Navarre, les stands d’œuvres caritatives interpellent le chaland.
Non loin de là, le grand magasin El Corte Inglés s’est mis au diapason et arbore en façade une immense bannière aux couleurs de l’évènement.
Entre deux accès de fièvre, les familles récupèrent. On les voit déambuler sur la longue avenue piétonne et commerçante Carlos XIII, où trône le théâtre Gayarre (1932).
Les touristes, eux, se pressent pour une photo souvenir au pied de l’œuvre de Rafael Huerta. En bronze, le « monument de l’encierro » révèle crûment les détails de la course, taureaux fulminant aux trousses de coureurs tragiquement humains. Au moins, ici, ne risque-t-on rien…
Mais quelles sont ces musiques qui montent de la ville ? Aimantée par le bruit, la foule converge à nouveau vers le centre. Elle traverse la plaza del Castillo, 14 000 m² encadrés d’édifices à balcons du 18e s., d’arcades et de cafés.
Calle Nueva, deux chevaux, las mulillas, entraînent les gens vers les arènes. Les peñas à bannières (celles des quartiers, des corporations), fanfares déchaînées, leur emboîtent le pas dans Estafeta.
Une fois tout le monde dans les arènes, la corrida peut démarrer, au rythme trépidant des bandas et sous les effluves de jambon ibérico, déballé dans les travées.
A la fin des faenas, en ce dernier jour de fête, les peñas envahissent la piste et le peuple de Pampelune reprend en chœur les chants locaux. San Fermín au pinacle !
Non loin de là, le grand magasin El Corte Inglés s’est mis au diapason et arbore en façade une immense bannière aux couleurs de l’évènement.
Entre deux accès de fièvre, les familles récupèrent. On les voit déambuler sur la longue avenue piétonne et commerçante Carlos XIII, où trône le théâtre Gayarre (1932).
Les touristes, eux, se pressent pour une photo souvenir au pied de l’œuvre de Rafael Huerta. En bronze, le « monument de l’encierro » révèle crûment les détails de la course, taureaux fulminant aux trousses de coureurs tragiquement humains. Au moins, ici, ne risque-t-on rien…
Mais quelles sont ces musiques qui montent de la ville ? Aimantée par le bruit, la foule converge à nouveau vers le centre. Elle traverse la plaza del Castillo, 14 000 m² encadrés d’édifices à balcons du 18e s., d’arcades et de cafés.
Calle Nueva, deux chevaux, las mulillas, entraînent les gens vers les arènes. Les peñas à bannières (celles des quartiers, des corporations), fanfares déchaînées, leur emboîtent le pas dans Estafeta.
Une fois tout le monde dans les arènes, la corrida peut démarrer, au rythme trépidant des bandas et sous les effluves de jambon ibérico, déballé dans les travées.
A la fin des faenas, en ce dernier jour de fête, les peñas envahissent la piste et le peuple de Pampelune reprend en chœur les chants locaux. San Fermín au pinacle !
Bars à pintxos
Les fêtards ont encore assez d’énergie pour les derniers instants.
Certains s’arrêtent dans la cathédrale Santa Maria la Real. Rien d’anormal : le vaste édifice à façade néo-classique et d’intérieur gothique, jouxté par un cloître, abrite durant les festivités le buste reliquaire de San Fermín, transféré depuis l’église de San Lorenzo.
Dans le quartier de Navarrería, creuset de la « basquitude » pamplonaise, les bars à pintxos mènent toujours la danse mais les tenues immaculées des noceurs ont depuis longtemps viré au gris.
Qu’à cela ne tienne : en septembre, c’est d’ici que sera lancée la « petite » San Fermín, l’occasion d’une réplique de moindre ampleur mais aussi colorée, nous dit-on.
Épuisés mais heureux, après neuf jours de bamboche, les joyeux lurons peuvent enfin se reposer. Certains le font sous les porches d’immeubles, devant la fontaine de la tranquille plazuela de San José, sur les remparts médiévaux dominant la basse ville.
D’autres vont s’allonger dans les parcs publics, ceux de Taconera (1850), de la Citadelle (d’architecture militaire Renaissance) ou de la Media Luna (le plus romantique). Clap de fin et rendez-vous l’année prochaine !
Certains s’arrêtent dans la cathédrale Santa Maria la Real. Rien d’anormal : le vaste édifice à façade néo-classique et d’intérieur gothique, jouxté par un cloître, abrite durant les festivités le buste reliquaire de San Fermín, transféré depuis l’église de San Lorenzo.
Dans le quartier de Navarrería, creuset de la « basquitude » pamplonaise, les bars à pintxos mènent toujours la danse mais les tenues immaculées des noceurs ont depuis longtemps viré au gris.
Qu’à cela ne tienne : en septembre, c’est d’ici que sera lancée la « petite » San Fermín, l’occasion d’une réplique de moindre ampleur mais aussi colorée, nous dit-on.
Épuisés mais heureux, après neuf jours de bamboche, les joyeux lurons peuvent enfin se reposer. Certains le font sous les porches d’immeubles, devant la fontaine de la tranquille plazuela de San José, sur les remparts médiévaux dominant la basse ville.
D’autres vont s’allonger dans les parcs publics, ceux de Taconera (1850), de la Citadelle (d’architecture militaire Renaissance) ou de la Media Luna (le plus romantique). Clap de fin et rendez-vous l’année prochaine !