Il y a la Tatiana que l’on voit, que l’on perçoit quand on ne me connait pas trop et il y a une Tatiana beaucoup plus cachée, qui est relativement privée et est aux antipodes de la Tatiana en général qui se montre et s’ouvre aux gens - DR
TourMaG.com - Qui êtes-vous Tatiana Delhumeau ?
Tatiana Delhumeau : Wow ! Ça commence fort ! Est-ce que je sais moi-même qui je suis ? Je suis une jeune femme, du moins dans l’esprit, dynamique, courageuse, qui défie, brave les éléments. J’adore les challenges et je crois que je ne cesse de me battre dans la vie.
TourMaG.com - : Comme vous dites, ça commence bien ! D’où venez-vous, Tatiana ?
T.D. : Je viens de l’Essonne, je suis née à Paris, je suis originaire du Cap Vert. Ma maman est cap-verdienne, mon papa était français et je possède cette culture franco-africaine qui va bien avec la mixité du personnage que je suis.
TourMaG.com - Qu’est-ce donc que « la mixité du personnage » ?
T.D. : Compliqué. Il y a la Tatiana que l’on voit, que l’on perçoit quand on ne me connait pas trop et il y a une Tatiana beaucoup plus cachée, qui est relativement privée et aux antipodes de la Tatiana en général qui se montre et s’ouvre aux gens. C’est le jour… et la nuit !
TourMaG.com - Commençons par la Tatiana « jour ». Vous êtes responsable commerciale chez APG (Air Promotion Group), le grand public ne vous connait pas et pourtant tous les agents de voyages de France, du monde pour certains, vous connaissent. Pourquoi ?
T.D. : Les agents de voyages du monde, peut-être pas. Mais effectivement, bon nombre d’agences de voyages en France me connaissent depuis environ 2 ou 3 ans.
C’est principalement dû aux réseaux sociaux. Il y a trois ans, APG s’est rendu compte que nous n’étions pas présents sur les réseaux sociaux. Donc on m’a tout simplement demandé d’ouvrir une page Facebook qui n’existait pas auparavant. J’ai commencé à publier des choses extrêmement professionnelles.
Ne connaissant pas l’outil, je me suis vite rendue compte que le but de Facebook n’était absolument pas de la communication professionnelle et, de fil en aiguille, j’ai commencé à publier des choses un petit peu plus personnelles souvent liées à de grosses blagues, grosses boutades, de grands délires que j’adore.
Et au fil du temps, les agences avec qui je me suis liée, aujourd’hui je dois avoir environ 1 500 contacts, se sont prises au jeu du personnage déluré que je suis et ont commencé à me lancer des défis, etc. L’aventure a commencé comme ça et les gens ont commencé à me suivre ainsi, tout simplement.
J’avoue que c’est un jeu qui est fort agréable et dont j’aurais un petit peu de mal à me passer !
TourMaG.com - Est-ce que l’on peut dire que c’est grâce à vous que l’équipe commerciale d’APG est entrée encore plus dans la lumière ?
T.D. : Je ne pense pas que l’on puisse dire que c’est grâce à moi parce que l’équipe commerciale d’APG fait son travail au quotidien en allant visiter les agences dans le cadre de la responsabilité qui leur est propre.
Je pense que la partie « dingue » « délire » et « fun » d’APG est peut-être un petit peu perçue grâce à ce que j’ai montré et aux choses que j’ai transmises à travers ce réseau-là. C’est possible.
TourMaG.com - Cette attitude, c’est votre attitude de tous les jours, professionnelle ? Vous jouez sur quoi ? La convivialité ? Le rire ?
T.D. : La convivialité effectivement, le rire, la sympathie, la bonne humeur, le dynamisme, la motivation. C’est extrêmement positif parce que, lorsque l’on transmet du sourire, de la positivité, du bonheur, généralement on en reçoit en retour.
Néanmoins, c’est quelque chose qui peut porter préjudice ou qui est difficile ensuite sur d’autres aspects. Notamment lorsque l’on rentre dans des négociations un peu plus sérieuses, liées bien sûr au travail, (parce que l’on est là pour ça), j’ai l’impression que le facteur crédibilité est légèrement biaisé par tout ce côté euphorique et dingue que je propose.
Parce qu’il faut à ce moment que je redouble de maîtrise et de professionnalisme pour montrer que Tatiana n’est pas que cette partie-là du personnage, qu’elle sait aussi œuvrer sur un plan très professionnel.
Tatiana Delhumeau : Wow ! Ça commence fort ! Est-ce que je sais moi-même qui je suis ? Je suis une jeune femme, du moins dans l’esprit, dynamique, courageuse, qui défie, brave les éléments. J’adore les challenges et je crois que je ne cesse de me battre dans la vie.
TourMaG.com - : Comme vous dites, ça commence bien ! D’où venez-vous, Tatiana ?
T.D. : Je viens de l’Essonne, je suis née à Paris, je suis originaire du Cap Vert. Ma maman est cap-verdienne, mon papa était français et je possède cette culture franco-africaine qui va bien avec la mixité du personnage que je suis.
TourMaG.com - Qu’est-ce donc que « la mixité du personnage » ?
T.D. : Compliqué. Il y a la Tatiana que l’on voit, que l’on perçoit quand on ne me connait pas trop et il y a une Tatiana beaucoup plus cachée, qui est relativement privée et aux antipodes de la Tatiana en général qui se montre et s’ouvre aux gens. C’est le jour… et la nuit !
TourMaG.com - Commençons par la Tatiana « jour ». Vous êtes responsable commerciale chez APG (Air Promotion Group), le grand public ne vous connait pas et pourtant tous les agents de voyages de France, du monde pour certains, vous connaissent. Pourquoi ?
T.D. : Les agents de voyages du monde, peut-être pas. Mais effectivement, bon nombre d’agences de voyages en France me connaissent depuis environ 2 ou 3 ans.
C’est principalement dû aux réseaux sociaux. Il y a trois ans, APG s’est rendu compte que nous n’étions pas présents sur les réseaux sociaux. Donc on m’a tout simplement demandé d’ouvrir une page Facebook qui n’existait pas auparavant. J’ai commencé à publier des choses extrêmement professionnelles.
Ne connaissant pas l’outil, je me suis vite rendue compte que le but de Facebook n’était absolument pas de la communication professionnelle et, de fil en aiguille, j’ai commencé à publier des choses un petit peu plus personnelles souvent liées à de grosses blagues, grosses boutades, de grands délires que j’adore.
Et au fil du temps, les agences avec qui je me suis liée, aujourd’hui je dois avoir environ 1 500 contacts, se sont prises au jeu du personnage déluré que je suis et ont commencé à me lancer des défis, etc. L’aventure a commencé comme ça et les gens ont commencé à me suivre ainsi, tout simplement.
J’avoue que c’est un jeu qui est fort agréable et dont j’aurais un petit peu de mal à me passer !
TourMaG.com - Est-ce que l’on peut dire que c’est grâce à vous que l’équipe commerciale d’APG est entrée encore plus dans la lumière ?
T.D. : Je ne pense pas que l’on puisse dire que c’est grâce à moi parce que l’équipe commerciale d’APG fait son travail au quotidien en allant visiter les agences dans le cadre de la responsabilité qui leur est propre.
Je pense que la partie « dingue » « délire » et « fun » d’APG est peut-être un petit peu perçue grâce à ce que j’ai montré et aux choses que j’ai transmises à travers ce réseau-là. C’est possible.
TourMaG.com - Cette attitude, c’est votre attitude de tous les jours, professionnelle ? Vous jouez sur quoi ? La convivialité ? Le rire ?
T.D. : La convivialité effectivement, le rire, la sympathie, la bonne humeur, le dynamisme, la motivation. C’est extrêmement positif parce que, lorsque l’on transmet du sourire, de la positivité, du bonheur, généralement on en reçoit en retour.
Néanmoins, c’est quelque chose qui peut porter préjudice ou qui est difficile ensuite sur d’autres aspects. Notamment lorsque l’on rentre dans des négociations un peu plus sérieuses, liées bien sûr au travail, (parce que l’on est là pour ça), j’ai l’impression que le facteur crédibilité est légèrement biaisé par tout ce côté euphorique et dingue que je propose.
Parce qu’il faut à ce moment que je redouble de maîtrise et de professionnalisme pour montrer que Tatiana n’est pas que cette partie-là du personnage, qu’elle sait aussi œuvrer sur un plan très professionnel.
Pour moi, la dinguerie, c'est vivre l'instant "T" à 100%
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TourMaG.com - Justement ce côté dingue, rigolo, c’est compatible avec des relations professionnelles plus terre à terre ?
T.D. : Ça n’est que mon point de vue mais jusqu’à présent ça a bien fonctionné. Je pense que c’est extrêmement compatible : les gens, dans un premier temps se sentent « bien », ce qui permet, dans un second temps de crever cette sorte de confidentialité, de méfiance que peut éprouver la personne avec qui je suis supposée « dealer ».
Mais vous savez, le côté « dingue », je le fais toujours avec le cœur, avec beaucoup d’intention, toujours avec beaucoup de respect. Ce n’est pas parce que l’on est dingue qu’il faut se montrer irrespectueux au demeurant et je pense que mes interlocuteurs perçoivent beaucoup d’authenticité dans ce que je fais. Je suis quelqu’un d’entier et je suis sûre que les gens le ressentent !
Certes, ce n’est pas forcément commun dans la façon d’agir des uns et des autres, mais c’est ma façon à moi, ma façon de faire, j’ai le look qui va avec ! Ce qui fait que l’on se souvient constamment de ma personne, ce qui parfois me pose quelques problèmes.
Parce que, j’ai beaucoup de mal à me souvenir des gens avec qui je n’ai pas inter-réagi au moment. Le visage me parle toujours, mais repositionner la personne et savoir à quelle enseigne elle appartient c’est souvent très compliqué pour moi.
Lorsque j’assiste à des événements, tels le Congrès des EdV ou IFTM par exemple, je vois énormément de personnes me sourire ! Certes, une tête rasée, ça se reconnait bien, avec un franc-parler de surcroît et beaucoup de pêche, on s’en souvient… mais c’est quelque chose qui me pèse beaucoup.
Certes, je souris aux gens pour leur montrer que je me souviens d’eux, mais je suis totalement en panique à l’intérieur de moi-même, parce que dans 99,9% des cas, je ne sais pas à qui je m’adresse. Et je suis obligée de leur demander leur nom, tout en ayant très peur de les froisser !
TourMaG.com - Vous avez employé en parlant de vous, le terme de dinguerie…
T.D. : Pour moi, la dinguerie, c’est vivre l’instant « T » à 100%, se lancer corps et âme parce que je suis une passionnée et que les passionnés sont un peu dingues, sans se préoccuper sur l’instant du « qu’en dira-t-on ».
C’est quelque chose que je donne de ma personne à 3 000%, avec quelques bémols quand même. Mais on aime… ou on n’aime pas !
Mais jusqu’à présent, dans la plupart des cas, j’ai eu la chance que l’on aime ! Cela aurait pu être l’inverse et j’ose espérer que j’aurais eu l’intelligence de changer, mais j’aurais été extrêmement malheureuse car je ne sais pas vivre sans ce côté dinguerie. C’est quelque chose qui, je crois, est fait pour me protéger.
On dit souvent que les chiens mordent pour éviter de se faire attaquer. C’est un peu comme ça que je fonctionne et dans ce côté dingue que je propose, je m’impose tout de suite : on ne va pas rentrer dans mon périmètre qui est un petit peu plus trouble, un petit peu plus caché.
T.D. : Ça n’est que mon point de vue mais jusqu’à présent ça a bien fonctionné. Je pense que c’est extrêmement compatible : les gens, dans un premier temps se sentent « bien », ce qui permet, dans un second temps de crever cette sorte de confidentialité, de méfiance que peut éprouver la personne avec qui je suis supposée « dealer ».
Mais vous savez, le côté « dingue », je le fais toujours avec le cœur, avec beaucoup d’intention, toujours avec beaucoup de respect. Ce n’est pas parce que l’on est dingue qu’il faut se montrer irrespectueux au demeurant et je pense que mes interlocuteurs perçoivent beaucoup d’authenticité dans ce que je fais. Je suis quelqu’un d’entier et je suis sûre que les gens le ressentent !
Certes, ce n’est pas forcément commun dans la façon d’agir des uns et des autres, mais c’est ma façon à moi, ma façon de faire, j’ai le look qui va avec ! Ce qui fait que l’on se souvient constamment de ma personne, ce qui parfois me pose quelques problèmes.
Parce que, j’ai beaucoup de mal à me souvenir des gens avec qui je n’ai pas inter-réagi au moment. Le visage me parle toujours, mais repositionner la personne et savoir à quelle enseigne elle appartient c’est souvent très compliqué pour moi.
Lorsque j’assiste à des événements, tels le Congrès des EdV ou IFTM par exemple, je vois énormément de personnes me sourire ! Certes, une tête rasée, ça se reconnait bien, avec un franc-parler de surcroît et beaucoup de pêche, on s’en souvient… mais c’est quelque chose qui me pèse beaucoup.
Certes, je souris aux gens pour leur montrer que je me souviens d’eux, mais je suis totalement en panique à l’intérieur de moi-même, parce que dans 99,9% des cas, je ne sais pas à qui je m’adresse. Et je suis obligée de leur demander leur nom, tout en ayant très peur de les froisser !
TourMaG.com - Vous avez employé en parlant de vous, le terme de dinguerie…
T.D. : Pour moi, la dinguerie, c’est vivre l’instant « T » à 100%, se lancer corps et âme parce que je suis une passionnée et que les passionnés sont un peu dingues, sans se préoccuper sur l’instant du « qu’en dira-t-on ».
C’est quelque chose que je donne de ma personne à 3 000%, avec quelques bémols quand même. Mais on aime… ou on n’aime pas !
Mais jusqu’à présent, dans la plupart des cas, j’ai eu la chance que l’on aime ! Cela aurait pu être l’inverse et j’ose espérer que j’aurais eu l’intelligence de changer, mais j’aurais été extrêmement malheureuse car je ne sais pas vivre sans ce côté dinguerie. C’est quelque chose qui, je crois, est fait pour me protéger.
On dit souvent que les chiens mordent pour éviter de se faire attaquer. C’est un peu comme ça que je fonctionne et dans ce côté dingue que je propose, je m’impose tout de suite : on ne va pas rentrer dans mon périmètre qui est un petit peu plus trouble, un petit peu plus caché.
J'ai commencé comme "potiche" chez TACV !
Tatiana a commencé chez TAVC - DR
TourMaG.com - Mais Tatiana, c’est une double entité ?
T.D. : Tatiana, ce sont vraiment les opposés. Elle peut être complètement excentrique face à une foule et une multitude de personnes et parallèlement à ça, Tatiana vit une angoisse incroyable d’être face à ces gens !
J’ai très très peur du public, des gens et j’ai peur de me présenter. Donc, si je n’ai pas ce personnage « annexe » qui en « fait des tonnes », je me sens petite et toute paniquée.
TourMaG.com - Le fait pour une jeune femme, jolie, d’avoir la tête rasée, c’est une dinguerie, une attitude ?
T.D. : C’est de la dinguerie, mais c’est aussi un paraître qui va avec ce que je viens de vous dire, en ce sens que j’ai rasé mes cheveux il y plus de 25 ans maintenant.
Depuis lors, ils sont restés tels quels, juste une petite année où j’ai essayé de les faire repousser, mais finalement je ne peux pas. Ça matche avec le personnage de protection que je me fais.
C’est choquant de voir une tête rasée, ça fait peur. Mais, si l’on a peur, on attaque moins.
TourMaG.com - N’y a-t-il pas un peu de provocation aussi ?
T.D. : Peut-être. Je n’y ai jamais réfléchi, mais peut-être. A la base, je ne l’ai pas fait par provoc', je l’ai fait suite à une grosse rupture sentimentale.
J’ai pensé que l’on s’était moqué de moi et du coup, j’ai rasé mes cheveux pour être du côté plus guerrière, pour dire « j’ai souffert mais je ne souffrirai plus ».
J’ai à l’esprit ce film avec Demi Moore dont je ne me souviens plus du titre qui évolue dans un périmètre masculin (oui, je préfère largement la présence des hommes à celle des femmes) et à un moment donné, pardonnez-moi cette phrase, Demi Moore qui est avec tous ses soldats et ne se fait pas respecter en tant que femme, décide de se raser la tête et dit à l’un de ses sergents-majors « suce ma b*** conn*** » !
J’adore cette phrase parce que l’actrice se met quelque part à l’égal des autres, elle montre qu’elle n’a pas peur et qu’elle en imposera au moins par son faciès et ce qu’elle renvoie en termes d’image.
TourMaG.com - Ça, c’est la partie « jour » de Tatiana ou sa partie « nuit » ?
T.D. : Ça, c’est la partie jour !
TourMaG.com - Avant d’aborder la partie nuit, quel est votre parcours ? Vous sortez d’où ?
T.D. : (rire) Je sors d’où… Mon tout premier job était dans l’aérien. J’ai été élue en 1997, Miss Cap Vert en France, par mes origines et de facto, la compagnie nationale TACV à l’époque, qui était partenaire de l’événement, lorsque j’ai gagné face à cette foule de Cap-verdiens, s’est dit que marketingment et stratégiquement parlant, ce serait intéressant d’avoir Miss Cap Vert chez eux !
Donc, j’ai commencé à travailler chez TACV, mais telle une potiche : j’étais en vitrine, ni plus, ni moins. On me donnait deux ou trois choses à faire, mais comme je suis hyper-dynamique, ça ne m’a pas vraiment plu.
J’y suis quand même resté 18 mois, pour le protocole, par rapport à Maman qui n’a rien à voir avec ma personnalité, qui a un rang social bien plus élevé que moi. Par respect, je suis restée 18 mois, mais je me suis fait chier à mourir et là, je me suis dit que l’aérien n’était pas forcément ma vocation !
Du coup, je suis allée dans des endroits qui me correspondaient un peu plus, notamment serveuse, de nuit, dans des restaurants, tels l’Hippopotamus et serveuse en discothèque où j’étais vraiment, vraiment dans mon élément !
J’ai fait beaucoup de restauration et un jour ça s’est arrêté, parce que vivre la nuit, c’est génial, mais avoir aussi une vie le jour, c’est plus complexe à gérer et je me suis retrouvée dans une agence d’intérim.
Je n’ai jamais cessé de travailler : ne pas travailler durant un mois, ce n’est pas possible. Donc je suis entrée dans une société qui me demandait de partir avec quatre téléphones portables, de quatre réseaux différents et j’allais tester la qualité des réseaux téléphoniques partout en France, avec une voiture et plein de GPS au-dessus du toit.
Il fallait que je donne ma position et que je passe des appels de 2 minutes toutes les trente secondes. Donc je n’arrêtais pas de parler au téléphone avec des gens que je ne connaissais pas, il fallait donc trouver des sujets et il fallait que je dise si la communication était bonne, ou en distorsion, ou avec une voix métallique… de façon que les opérateurs puissent installer leurs antennes au mieux !
C’est un peu grâce à ce job que j’ai atterri chez APG.
A l’époque, la directrice générale s’appelait Christine Guichard, elle avait aussi un certain côté « déluré » et elle m’a demandé d’où je venais.
Je lui ai raconté et elle m’a dit : « Si je comprends bien, vous partez 8 heures par jour, toute seule, avec une carte routière sur les genoux (à l’époque il n’y avait pas de GPS) et vous parlez toute la journée au téléphone » ? Je lui ai dit « Oui », ce à quoi elle a répondu « Vous avez un problème, je vous embauche » ! Je ne connaissais rien à l’aérien, puisque chez TACV, je n’avais fait que « potiche » !
Voilà, toute ma vie jusqu’à présent, cela n’a été que ça : je n’ai pas les diplômes requis pour ce genre de poste et c’est comme ça que mon aventure en tant que commerciale a commencé chez APG !
Entre dingues, Madame Guichard et moi, nous nous étions comprises et je lui en serai éternellement reconnaissante.
T.D. : Tatiana, ce sont vraiment les opposés. Elle peut être complètement excentrique face à une foule et une multitude de personnes et parallèlement à ça, Tatiana vit une angoisse incroyable d’être face à ces gens !
J’ai très très peur du public, des gens et j’ai peur de me présenter. Donc, si je n’ai pas ce personnage « annexe » qui en « fait des tonnes », je me sens petite et toute paniquée.
TourMaG.com - Le fait pour une jeune femme, jolie, d’avoir la tête rasée, c’est une dinguerie, une attitude ?
T.D. : C’est de la dinguerie, mais c’est aussi un paraître qui va avec ce que je viens de vous dire, en ce sens que j’ai rasé mes cheveux il y plus de 25 ans maintenant.
Depuis lors, ils sont restés tels quels, juste une petite année où j’ai essayé de les faire repousser, mais finalement je ne peux pas. Ça matche avec le personnage de protection que je me fais.
C’est choquant de voir une tête rasée, ça fait peur. Mais, si l’on a peur, on attaque moins.
TourMaG.com - N’y a-t-il pas un peu de provocation aussi ?
T.D. : Peut-être. Je n’y ai jamais réfléchi, mais peut-être. A la base, je ne l’ai pas fait par provoc', je l’ai fait suite à une grosse rupture sentimentale.
J’ai pensé que l’on s’était moqué de moi et du coup, j’ai rasé mes cheveux pour être du côté plus guerrière, pour dire « j’ai souffert mais je ne souffrirai plus ».
J’ai à l’esprit ce film avec Demi Moore dont je ne me souviens plus du titre qui évolue dans un périmètre masculin (oui, je préfère largement la présence des hommes à celle des femmes) et à un moment donné, pardonnez-moi cette phrase, Demi Moore qui est avec tous ses soldats et ne se fait pas respecter en tant que femme, décide de se raser la tête et dit à l’un de ses sergents-majors « suce ma b*** conn*** » !
J’adore cette phrase parce que l’actrice se met quelque part à l’égal des autres, elle montre qu’elle n’a pas peur et qu’elle en imposera au moins par son faciès et ce qu’elle renvoie en termes d’image.
TourMaG.com - Ça, c’est la partie « jour » de Tatiana ou sa partie « nuit » ?
T.D. : Ça, c’est la partie jour !
TourMaG.com - Avant d’aborder la partie nuit, quel est votre parcours ? Vous sortez d’où ?
T.D. : (rire) Je sors d’où… Mon tout premier job était dans l’aérien. J’ai été élue en 1997, Miss Cap Vert en France, par mes origines et de facto, la compagnie nationale TACV à l’époque, qui était partenaire de l’événement, lorsque j’ai gagné face à cette foule de Cap-verdiens, s’est dit que marketingment et stratégiquement parlant, ce serait intéressant d’avoir Miss Cap Vert chez eux !
Donc, j’ai commencé à travailler chez TACV, mais telle une potiche : j’étais en vitrine, ni plus, ni moins. On me donnait deux ou trois choses à faire, mais comme je suis hyper-dynamique, ça ne m’a pas vraiment plu.
J’y suis quand même resté 18 mois, pour le protocole, par rapport à Maman qui n’a rien à voir avec ma personnalité, qui a un rang social bien plus élevé que moi. Par respect, je suis restée 18 mois, mais je me suis fait chier à mourir et là, je me suis dit que l’aérien n’était pas forcément ma vocation !
Du coup, je suis allée dans des endroits qui me correspondaient un peu plus, notamment serveuse, de nuit, dans des restaurants, tels l’Hippopotamus et serveuse en discothèque où j’étais vraiment, vraiment dans mon élément !
J’ai fait beaucoup de restauration et un jour ça s’est arrêté, parce que vivre la nuit, c’est génial, mais avoir aussi une vie le jour, c’est plus complexe à gérer et je me suis retrouvée dans une agence d’intérim.
Je n’ai jamais cessé de travailler : ne pas travailler durant un mois, ce n’est pas possible. Donc je suis entrée dans une société qui me demandait de partir avec quatre téléphones portables, de quatre réseaux différents et j’allais tester la qualité des réseaux téléphoniques partout en France, avec une voiture et plein de GPS au-dessus du toit.
Il fallait que je donne ma position et que je passe des appels de 2 minutes toutes les trente secondes. Donc je n’arrêtais pas de parler au téléphone avec des gens que je ne connaissais pas, il fallait donc trouver des sujets et il fallait que je dise si la communication était bonne, ou en distorsion, ou avec une voix métallique… de façon que les opérateurs puissent installer leurs antennes au mieux !
C’est un peu grâce à ce job que j’ai atterri chez APG.
A l’époque, la directrice générale s’appelait Christine Guichard, elle avait aussi un certain côté « déluré » et elle m’a demandé d’où je venais.
Je lui ai raconté et elle m’a dit : « Si je comprends bien, vous partez 8 heures par jour, toute seule, avec une carte routière sur les genoux (à l’époque il n’y avait pas de GPS) et vous parlez toute la journée au téléphone » ? Je lui ai dit « Oui », ce à quoi elle a répondu « Vous avez un problème, je vous embauche » ! Je ne connaissais rien à l’aérien, puisque chez TACV, je n’avais fait que « potiche » !
Voilà, toute ma vie jusqu’à présent, cela n’a été que ça : je n’ai pas les diplômes requis pour ce genre de poste et c’est comme ça que mon aventure en tant que commerciale a commencé chez APG !
Entre dingues, Madame Guichard et moi, nous nous étions comprises et je lui en serai éternellement reconnaissante.
Je vis sans arrêt avec de l'adrénaline...
TourMaG.com - Et la partie nuit ?
T.D. : A l’inverse de la partie jour, Tatiana est quelqu’un qui a extrêmement peur, qui n’a pas du tout confiance en elle. Qui a peur de l’agression, qui a peur de ne pas réussir, qui a peur de faire du mal aux autres. Peur aussi de ne pas être aimée, qui est hautement sensible.
En fait Tatiana, c’est quelqu’un de très silencieux qui n’ose pas se positionner, qui ne cesse de se poser des questions et qui a du mal à avancer dans la vie. Sans la partie « jour », Tatiana ne serait pas grand-chose.
ourMaG.com - Comment en arrive-t-on à mélanger ces deux parties, jour et nuit ?
T.D. : C’est le gros problème. Au quotidien, je dirais que je redouble de « partie jour », de façon à camoufler la partie nuit. Objectivement, je suis quand même allée consulter une psy qui essaye de me faire « composer » entre jour et nuit, étant entendu que le plus gros du problème c’est d’une part de croire en soi, d’autre part vouloir aussi afficher la partie « nuit ».
Mais j’ai l’impression que la partie « nuit » n’intéressera personne, que cette partie, de façon plus imagée tient plus du côté Calimero. En fait, je n’ai pas envie que l’on vienne s’apitoyer sur mon sort, qu’on me passe de la crème dans le dos, que l’on me fasse des câlins en me disant « ça va aller ».
Non, le « ça va aller », je le gère toute seule avec ma partie jour. J’arrive à un âge où forcément, je me pose toutes ces questions parce que je sais que ce que je donne aujourd’hui à 42 ans ne pourra pas durer éternellement si je veux un minimum de crédit et un minimum de… respect tout simplement !
Ça « matche » encore aujourd’hui, grâce à mon look, au fait que, d’après ce que l’on me dit, je ne fais pas trop mon âge, mais j’imagine que d’ici cinq à dix ans, ça va devenir très compliqué si je n’arrive pas à composer avec les deux !
Pour essayer juste de parvenir à la sérénité ! J’ai très envie de parvenir à cette sérénité, mais en même temps, j’ai très peur de m’ennuyer dans la sérénité. Je la veux mais j’en ai peur.
Je la veux parce que mon côté nuit me bouffe, le côté tiraillement des deux me bouffe aussi, parce que je peux parfois mentir aux uns et aux autres, mais je ne peux pas me mentir à moi-même.
Vous savez, j’ai passé tout l’hiver, c’est la première fois que je fais ça, dans ma toute nouvelle maison certes, au coin de ma toute nouvelle cheminée certes, à tenter de me recentrer sur moi, toute seule, à réfléchir, en ayant eu fait je ne sais combien d’écrits sur « qui je suis » ! En mettant en parallèle tout le temps ces deux Tatiana.
Je vis sans arrêt avec de l’adrénaline, je sais que cela n’est pas bon, je sais que je dois tempérer tout ça, et accéder à plus de sérénité, et j’ai très peur d’y arriver parce que je me dis qu’il va me manquer un moteur… de l’essence !
Et moi, mon moteur il fonctionne avec du « speed », de l’adrénaline, de l’énergie…
Si je fais de la boxe, c’est justement pour essayer de me vider complètement. Si je ne fais rien pour me vider, je ne me sens pas bien. En fait, il faut que j’arrive à l’épuisement total.
Juste une petite confidence, selon ma psy, je suis très « jour » pour me cacher à moi-même ma « nuit » !
T.D. : A l’inverse de la partie jour, Tatiana est quelqu’un qui a extrêmement peur, qui n’a pas du tout confiance en elle. Qui a peur de l’agression, qui a peur de ne pas réussir, qui a peur de faire du mal aux autres. Peur aussi de ne pas être aimée, qui est hautement sensible.
En fait Tatiana, c’est quelqu’un de très silencieux qui n’ose pas se positionner, qui ne cesse de se poser des questions et qui a du mal à avancer dans la vie. Sans la partie « jour », Tatiana ne serait pas grand-chose.
ourMaG.com - Comment en arrive-t-on à mélanger ces deux parties, jour et nuit ?
T.D. : C’est le gros problème. Au quotidien, je dirais que je redouble de « partie jour », de façon à camoufler la partie nuit. Objectivement, je suis quand même allée consulter une psy qui essaye de me faire « composer » entre jour et nuit, étant entendu que le plus gros du problème c’est d’une part de croire en soi, d’autre part vouloir aussi afficher la partie « nuit ».
Mais j’ai l’impression que la partie « nuit » n’intéressera personne, que cette partie, de façon plus imagée tient plus du côté Calimero. En fait, je n’ai pas envie que l’on vienne s’apitoyer sur mon sort, qu’on me passe de la crème dans le dos, que l’on me fasse des câlins en me disant « ça va aller ».
Non, le « ça va aller », je le gère toute seule avec ma partie jour. J’arrive à un âge où forcément, je me pose toutes ces questions parce que je sais que ce que je donne aujourd’hui à 42 ans ne pourra pas durer éternellement si je veux un minimum de crédit et un minimum de… respect tout simplement !
Ça « matche » encore aujourd’hui, grâce à mon look, au fait que, d’après ce que l’on me dit, je ne fais pas trop mon âge, mais j’imagine que d’ici cinq à dix ans, ça va devenir très compliqué si je n’arrive pas à composer avec les deux !
Pour essayer juste de parvenir à la sérénité ! J’ai très envie de parvenir à cette sérénité, mais en même temps, j’ai très peur de m’ennuyer dans la sérénité. Je la veux mais j’en ai peur.
Je la veux parce que mon côté nuit me bouffe, le côté tiraillement des deux me bouffe aussi, parce que je peux parfois mentir aux uns et aux autres, mais je ne peux pas me mentir à moi-même.
Vous savez, j’ai passé tout l’hiver, c’est la première fois que je fais ça, dans ma toute nouvelle maison certes, au coin de ma toute nouvelle cheminée certes, à tenter de me recentrer sur moi, toute seule, à réfléchir, en ayant eu fait je ne sais combien d’écrits sur « qui je suis » ! En mettant en parallèle tout le temps ces deux Tatiana.
Je vis sans arrêt avec de l’adrénaline, je sais que cela n’est pas bon, je sais que je dois tempérer tout ça, et accéder à plus de sérénité, et j’ai très peur d’y arriver parce que je me dis qu’il va me manquer un moteur… de l’essence !
Et moi, mon moteur il fonctionne avec du « speed », de l’adrénaline, de l’énergie…
Si je fais de la boxe, c’est justement pour essayer de me vider complètement. Si je ne fais rien pour me vider, je ne me sens pas bien. En fait, il faut que j’arrive à l’épuisement total.
Juste une petite confidence, selon ma psy, je suis très « jour » pour me cacher à moi-même ma « nuit » !
Abusée sexuellement toute jeune...
b[TourMaG.com - La boxe, la savate, ce n’est pas très féminin tout ça ?]b
T.D. : La boxe en général, clairement non. La savate, c’est arrivé complètement par hasard et c’est l’une des catégories de boxe les plus féminisées.
J’ai commencé il y a trois ans et puisque l’on parle de la savate qui n’est pas très féminin, je suis allée encore dans le côté le plus masculin, c’est-à-dire extrême.
J’ai commencé la savate en « touche », ce qui n’est pas très risqué, on parle plus de technique, et, à partir de novembre prochain, je me lance dans ces mêmes disciplines, boxe française, full contact, savate, en combat ! Avec KO potentiel, etc. J’en ai vraiment besoin.
En fait, j’ai eu besoin de la boxe quand je me suis séparée du père de mes enfants, puisque je me suis retrouvée maman seule, à la fin 2015, logeant en « pavillon ». Donc j’avais assez peur, même en possédant deux chiens, d’un cambriolage, d’une agression, et je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose.
Je me suis lancée dans la boxe, ça m’a donné beaucoup plus d’assurance et beaucoup plus de confiance : aujourd’hui, quand je suis chez moi, même si un dingue d’un autre genre vient sonner chez moi en pleine nuit, j’avoue que je l’attends comme je n’ai jamais attendu le danger !
Avec la boxe, il faut que j’arrive à me confronter au danger, à ne plus l’esquiver.
TourMaG.com - Mais pourquoi passer au combat ?
T.D. : J’avais l’impression que la boxe ce n’était pas suffisant, mais ce n’était qu’une première thérapie. La vraie thérapie de la boxe c’est que, si je dois subir un KO, j’en serai seule responsable.
Si je dois mettre un genou à terre, si je dois tomber au sol, c’est parce que je n’aurai pas écouté ce que l’on m’a dit. Ce n’est pas la vie qui aura fait que je suis tombée, c’est Tatiana qui n’a pas écouté les consignes, qui n’a pas mis sa garde.
Et je ne le devrai qu’à moi-même. Mes coachs ont parfois un peu de mal à comprendre ça, parce que, bien évidemment, il est hors de question que je prenne un « KO », mais en même temps, je crois que si je prends un « KO », je serai la personne la plus heureuse…
Enfin, j’aurai pu rééquilibrer mon histoire de vie où, cette fois-là, je serai tombée à cause de moi. Et de personne d’autre ! Pas à cause d’un schéma de vie un peu compliqué.
TourMaG.com - Et c’est quoi un schéma de vie un peu compliqué ?
T.D. : Oh, la vie « un peu compliquée » a commencé lorsque j’étais très jeune. Ma maman était attachée de presse, relations publiques chez L’Oréal, mon papa était informaticien. C’était il y a 35 ans. Mes parents étaient très « occupés » et nous avions des filles au pair à la maison afin de s’occuper de nous, les enfants.
La dernière a été exceptionnelle, elle est restée plus de dix ans et malheureusement, j’ai eu une fille au pair, venue du Cap Vert, qui a abusé de mon frère et moi ! Durant deux ou trois ans, et ça, au moment précis, je ne l’ai pas perçu comme quelque chose… C’est horrible lorsqu’il se passe des choses dans l’enfance parce que…
Je ne l’ai pas perçu à l’instant « T » comme quelque chose de malsain. J’ai compris que c’était malsain quand moi, j’ai commencé à avoir ma propre expérience sexuelle en me disant « OK, si c’est autorisé là, maintenant, c’est qu’à l’époque ça ne l’était pas » !
Et c’est l’un de mes combats, c’est quelque chose dont j’essaie de faire abstraction sans arrêt. C’est aussi surement la raison pour laquelle je préfère être entourée d’hommes plutôt que de femmes, puisque je ne fais pas du tout confiance aux femmes. C’est quelque chose que j’ai beaucoup de mal à accepter, c’est quelque chose qui a resurgi.
Je ne pensais pas que le cerveau humain était si puissant et pouvait occulter autant.
TourMaG.com - Mais comment ?
T.D. : Ça a commencé de façon irrégulière lorsque je me suis trouvée enceinte de mon fils, en 2009 et particulièrement de ma fille en 2012. Lorsque l’on a commencé à me parler d’allaitement, j’ai dit « Mon Dieu » !
Nettoyer un enfant, changer une couche… impossible ! Et là, j’ai compris, c’était le premier choc.
Second choc, c’est lorsque je comprends ce qui s’est passé, puisque j’avais entre 5 et 8 ans et les souvenirs remontent.
Là, j’en parle à ma mère. Je crois que le deuxième choc a été là, violent. Je ne sais pas ce que je cherchais, ce que j’attendais (les yeux de Tatiana se brouillent, ndDG) mais la réaction de ma maman… Peut-être un câlin, une vraie présence, une humanité bienveillante. Je ne sais pas.
La réaction a été assez froide : elle m’a juste regardé en me disant « Ah, ma fille, ton père m’avait dit que cette fille (la fille au pair, ndDG) était bizarre et qu’il fallait s’en séparer. J’ai toujours su qu’il avait raison. Elle habite au Portugal, elle a une famille, veux-tu que nous allions la voir » ?
J’ai trouvé que ça manquait, je ne sais pas, d’un peu de responsabilité. Moi qui aujourd’hui ait des enfants, si jamais mon fils ou ma fille en m’expliquant une telle chose, hormis le fait que je vais bouillir, devenir encore plus dingue, je me confondrais d’abord en excuses. Les parents ne sont-ils pas, a minima, responsables, si tant est qu’ils n’aient rien vu ?
Et puis, on n’en a plus jamais parlé… Ça, c’était ma deuxième grosse claque. La troisième a été la mort de mon Papa. J’avais treize ans.
Maman, c’était celle qui donnaient les corrections, à l’africaine et je ne vais pas m’étendre sur le sujet parce que maintenant, en France, on n’a pas le droit de tirer une oreille. Ce n’est pas ce qui m’a le plus traumatisé, mais elle était vraiment plus dans le côté « dragon », tandis que Papa était dans la bonté, la bienveillance incroyable.
J’ai perdu le côté le plus doux de mes deux parents à l’âge de 13 ans, quand on essaye de se construire en tant que potentielle future femme, je dis bien potentielle, il y a eu quelques failles…
T.D. : La boxe en général, clairement non. La savate, c’est arrivé complètement par hasard et c’est l’une des catégories de boxe les plus féminisées.
J’ai commencé il y a trois ans et puisque l’on parle de la savate qui n’est pas très féminin, je suis allée encore dans le côté le plus masculin, c’est-à-dire extrême.
J’ai commencé la savate en « touche », ce qui n’est pas très risqué, on parle plus de technique, et, à partir de novembre prochain, je me lance dans ces mêmes disciplines, boxe française, full contact, savate, en combat ! Avec KO potentiel, etc. J’en ai vraiment besoin.
En fait, j’ai eu besoin de la boxe quand je me suis séparée du père de mes enfants, puisque je me suis retrouvée maman seule, à la fin 2015, logeant en « pavillon ». Donc j’avais assez peur, même en possédant deux chiens, d’un cambriolage, d’une agression, et je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose.
Je me suis lancée dans la boxe, ça m’a donné beaucoup plus d’assurance et beaucoup plus de confiance : aujourd’hui, quand je suis chez moi, même si un dingue d’un autre genre vient sonner chez moi en pleine nuit, j’avoue que je l’attends comme je n’ai jamais attendu le danger !
Avec la boxe, il faut que j’arrive à me confronter au danger, à ne plus l’esquiver.
TourMaG.com - Mais pourquoi passer au combat ?
T.D. : J’avais l’impression que la boxe ce n’était pas suffisant, mais ce n’était qu’une première thérapie. La vraie thérapie de la boxe c’est que, si je dois subir un KO, j’en serai seule responsable.
Si je dois mettre un genou à terre, si je dois tomber au sol, c’est parce que je n’aurai pas écouté ce que l’on m’a dit. Ce n’est pas la vie qui aura fait que je suis tombée, c’est Tatiana qui n’a pas écouté les consignes, qui n’a pas mis sa garde.
Et je ne le devrai qu’à moi-même. Mes coachs ont parfois un peu de mal à comprendre ça, parce que, bien évidemment, il est hors de question que je prenne un « KO », mais en même temps, je crois que si je prends un « KO », je serai la personne la plus heureuse…
Enfin, j’aurai pu rééquilibrer mon histoire de vie où, cette fois-là, je serai tombée à cause de moi. Et de personne d’autre ! Pas à cause d’un schéma de vie un peu compliqué.
TourMaG.com - Et c’est quoi un schéma de vie un peu compliqué ?
T.D. : Oh, la vie « un peu compliquée » a commencé lorsque j’étais très jeune. Ma maman était attachée de presse, relations publiques chez L’Oréal, mon papa était informaticien. C’était il y a 35 ans. Mes parents étaient très « occupés » et nous avions des filles au pair à la maison afin de s’occuper de nous, les enfants.
La dernière a été exceptionnelle, elle est restée plus de dix ans et malheureusement, j’ai eu une fille au pair, venue du Cap Vert, qui a abusé de mon frère et moi ! Durant deux ou trois ans, et ça, au moment précis, je ne l’ai pas perçu comme quelque chose… C’est horrible lorsqu’il se passe des choses dans l’enfance parce que…
Je ne l’ai pas perçu à l’instant « T » comme quelque chose de malsain. J’ai compris que c’était malsain quand moi, j’ai commencé à avoir ma propre expérience sexuelle en me disant « OK, si c’est autorisé là, maintenant, c’est qu’à l’époque ça ne l’était pas » !
Et c’est l’un de mes combats, c’est quelque chose dont j’essaie de faire abstraction sans arrêt. C’est aussi surement la raison pour laquelle je préfère être entourée d’hommes plutôt que de femmes, puisque je ne fais pas du tout confiance aux femmes. C’est quelque chose que j’ai beaucoup de mal à accepter, c’est quelque chose qui a resurgi.
Je ne pensais pas que le cerveau humain était si puissant et pouvait occulter autant.
TourMaG.com - Mais comment ?
T.D. : Ça a commencé de façon irrégulière lorsque je me suis trouvée enceinte de mon fils, en 2009 et particulièrement de ma fille en 2012. Lorsque l’on a commencé à me parler d’allaitement, j’ai dit « Mon Dieu » !
Nettoyer un enfant, changer une couche… impossible ! Et là, j’ai compris, c’était le premier choc.
Second choc, c’est lorsque je comprends ce qui s’est passé, puisque j’avais entre 5 et 8 ans et les souvenirs remontent.
Là, j’en parle à ma mère. Je crois que le deuxième choc a été là, violent. Je ne sais pas ce que je cherchais, ce que j’attendais (les yeux de Tatiana se brouillent, ndDG) mais la réaction de ma maman… Peut-être un câlin, une vraie présence, une humanité bienveillante. Je ne sais pas.
La réaction a été assez froide : elle m’a juste regardé en me disant « Ah, ma fille, ton père m’avait dit que cette fille (la fille au pair, ndDG) était bizarre et qu’il fallait s’en séparer. J’ai toujours su qu’il avait raison. Elle habite au Portugal, elle a une famille, veux-tu que nous allions la voir » ?
J’ai trouvé que ça manquait, je ne sais pas, d’un peu de responsabilité. Moi qui aujourd’hui ait des enfants, si jamais mon fils ou ma fille en m’expliquant une telle chose, hormis le fait que je vais bouillir, devenir encore plus dingue, je me confondrais d’abord en excuses. Les parents ne sont-ils pas, a minima, responsables, si tant est qu’ils n’aient rien vu ?
Et puis, on n’en a plus jamais parlé… Ça, c’était ma deuxième grosse claque. La troisième a été la mort de mon Papa. J’avais treize ans.
Maman, c’était celle qui donnaient les corrections, à l’africaine et je ne vais pas m’étendre sur le sujet parce que maintenant, en France, on n’a pas le droit de tirer une oreille. Ce n’est pas ce qui m’a le plus traumatisé, mais elle était vraiment plus dans le côté « dragon », tandis que Papa était dans la bonté, la bienveillance incroyable.
J’ai perdu le côté le plus doux de mes deux parents à l’âge de 13 ans, quand on essaye de se construire en tant que potentielle future femme, je dis bien potentielle, il y a eu quelques failles…
Toute vérité est bonne à dire !
TourMaG.com - Comment fait-on, lorsque l’on a vécu ce que vous avez vécu, pour avoir une vie de famille, deux enfants très jeunes ?
T.D. : Mes enfants sont jeunes, effectivement : 10 et 7 ans. Ce n’est pas facile. S’occuper d'enfants, c’est tout faire, c’est surtout un contact corporel très proche. Et pour moi, ça a été très compliqué.
Puis, lorsque l’enfant grandit, mon fils voyait son corps évoluer, pour moi c’était délicat. Ma fille, amoureuse d’un petit copain qui me demande pourquoi ce dernier ne peut pas venir passer la nuit à la maison, dans une totale innocence, je ne peux m’empêcher de penser à mal… Ce n’est vraiment pas facile de composer.
Selon ma psy, ce qui est plus difficile, c’est de ne pas, même si je n’en suis pas consciente, laisser transparaître les choses !
Apparemment, il serait possible que mes enfants, même si je ne leur explique pas mon passé, puissent comprendre, par des gestes dans la douche que je n’ose pas faire, ou des attitudes que je ne peux pas prendre ce qui m’est arrivé.
C’est très compliqué.
TourMaG.com - A travers votre recherche de sérénité, allez-vous raconter à vos enfants ?
T.D. : Je pense que je suis obligée de la faire... Peut-être pas toute seule, les mots peuvent être parfois trop crûs, je n’ai pas de diplôme de psychologie. Je pense que je demanderai l’assistance d’un professionnel. Je n’ai pas envie de les choquer, je veux les mettre en garde contre quelque chose.
Si jamais ils ont compris dans mes gestes ou mon comportement, j’aimerais qu’ils puissent tout de suite comprendre le pourquoi du comment et ne pas partir dans des extrapolations délirantes.
Je ne suis pas pour du « toute vérité n’est pas bonne à dire » ! Il y a des vérités qui choquent, qui blessent, mais pour moi, la vérité c’est la vérité. Et c’est très important.
C’est comme ça que je peux me regarder dans une glace le matin en songeant que je ne dois rien à personne.
Et lorsque je suis face à un autre, je sais qu’il a quelqu’un de vrai en face ! Je ne mens pas et je suis authentique !
T.D. : Mes enfants sont jeunes, effectivement : 10 et 7 ans. Ce n’est pas facile. S’occuper d'enfants, c’est tout faire, c’est surtout un contact corporel très proche. Et pour moi, ça a été très compliqué.
Puis, lorsque l’enfant grandit, mon fils voyait son corps évoluer, pour moi c’était délicat. Ma fille, amoureuse d’un petit copain qui me demande pourquoi ce dernier ne peut pas venir passer la nuit à la maison, dans une totale innocence, je ne peux m’empêcher de penser à mal… Ce n’est vraiment pas facile de composer.
Selon ma psy, ce qui est plus difficile, c’est de ne pas, même si je n’en suis pas consciente, laisser transparaître les choses !
Apparemment, il serait possible que mes enfants, même si je ne leur explique pas mon passé, puissent comprendre, par des gestes dans la douche que je n’ose pas faire, ou des attitudes que je ne peux pas prendre ce qui m’est arrivé.
C’est très compliqué.
TourMaG.com - A travers votre recherche de sérénité, allez-vous raconter à vos enfants ?
T.D. : Je pense que je suis obligée de la faire... Peut-être pas toute seule, les mots peuvent être parfois trop crûs, je n’ai pas de diplôme de psychologie. Je pense que je demanderai l’assistance d’un professionnel. Je n’ai pas envie de les choquer, je veux les mettre en garde contre quelque chose.
Si jamais ils ont compris dans mes gestes ou mon comportement, j’aimerais qu’ils puissent tout de suite comprendre le pourquoi du comment et ne pas partir dans des extrapolations délirantes.
Je ne suis pas pour du « toute vérité n’est pas bonne à dire » ! Il y a des vérités qui choquent, qui blessent, mais pour moi, la vérité c’est la vérité. Et c’est très important.
C’est comme ça que je peux me regarder dans une glace le matin en songeant que je ne dois rien à personne.
Et lorsque je suis face à un autre, je sais qu’il a quelqu’un de vrai en face ! Je ne mens pas et je suis authentique !
Un vœu? Faites revenir mon Papa !
TourMaG.com - Vous êtes croyante ?
TD. : Oui. J’ai été baptisée, je suis donc catholique. Toutes les nuits, je dis bien toutes, je fais une prière pour remercier le Seigneur parce que, même si nous avons tous nos casseroles, les miennes ne sont pas aussi lourdes que celles de pauvres enfants en Afrique par exemple ou même en France. Bien plus dramatiques !
Et malgré tout, je remercie le Seigneur tous les jours avant de m’endormir, pour la santé que j’ai, pour la vie que l’on me donne, pour les rires qui me sont mis à disposition !
TourMaG.com - Est-ce qu’il vous arrive de rater un challenge et si oui, comment le prenez-vous ?
T.D. : Si je rate, je vis très, très mal ! Evidemment que cela m’arrive, mais je vais généralement le rater temporairement.
C’est-à-dire que je ne lâcherai jamais la finalité du challenge et que, selon la maxime de Sandrine de Saint Sauveur (Présidente d’APG, ndDG), « par la porte ou par la fenêtre, il va falloir fonctionner » !
Et quoi qu’il arrive, je vais me buter jusqu’à ce que j’y arrive. Ça marche !
TourMaG.com - Vous êtes une optimiste ou une pessimiste ?
T.D. : Je suis les deux. Vraiment. Tout va dépendre du moment présent. Si mes casseroles, mon « démon » mais je n’aime pas ce terme, me laissent en paix, je suis très optimiste. Mais s’il y a enchaînements de problèmes, je deviens pessimiste.
En fait, si quelque chose ne va pas, il va falloir que je touche le fond pour pouvoir remonter… vite ! Parfois je me demande si je ne suis pas bipolaire, mais j’ai toujours besoin d’être dans les extrêmes. Je fais l’ascenseur émotionnel en permanence !
TourMaG.com - Globalement, la vie est belle ?
T.D. : J’adore la vie ! Et tout ce qu’elle me propose. Franchement, j’ai accepté que toutes ces choses qui m’ont fait du mal dans le passé, objectivement, si elles n’étaient pas arrivées, je n’en serais pas là aujourd’hui ! Oui, la vie est très belle.
TourMaG.com - Si j’étais un magicien et que je vous accorde un vœu...
T.D. : Faites revenir mon, papa ! (Un long silence, un regard embué) … Que la magie fonctionne !
TD. : Oui. J’ai été baptisée, je suis donc catholique. Toutes les nuits, je dis bien toutes, je fais une prière pour remercier le Seigneur parce que, même si nous avons tous nos casseroles, les miennes ne sont pas aussi lourdes que celles de pauvres enfants en Afrique par exemple ou même en France. Bien plus dramatiques !
Et malgré tout, je remercie le Seigneur tous les jours avant de m’endormir, pour la santé que j’ai, pour la vie que l’on me donne, pour les rires qui me sont mis à disposition !
TourMaG.com - Est-ce qu’il vous arrive de rater un challenge et si oui, comment le prenez-vous ?
T.D. : Si je rate, je vis très, très mal ! Evidemment que cela m’arrive, mais je vais généralement le rater temporairement.
C’est-à-dire que je ne lâcherai jamais la finalité du challenge et que, selon la maxime de Sandrine de Saint Sauveur (Présidente d’APG, ndDG), « par la porte ou par la fenêtre, il va falloir fonctionner » !
Et quoi qu’il arrive, je vais me buter jusqu’à ce que j’y arrive. Ça marche !
TourMaG.com - Vous êtes une optimiste ou une pessimiste ?
T.D. : Je suis les deux. Vraiment. Tout va dépendre du moment présent. Si mes casseroles, mon « démon » mais je n’aime pas ce terme, me laissent en paix, je suis très optimiste. Mais s’il y a enchaînements de problèmes, je deviens pessimiste.
En fait, si quelque chose ne va pas, il va falloir que je touche le fond pour pouvoir remonter… vite ! Parfois je me demande si je ne suis pas bipolaire, mais j’ai toujours besoin d’être dans les extrêmes. Je fais l’ascenseur émotionnel en permanence !
TourMaG.com - Globalement, la vie est belle ?
T.D. : J’adore la vie ! Et tout ce qu’elle me propose. Franchement, j’ai accepté que toutes ces choses qui m’ont fait du mal dans le passé, objectivement, si elles n’étaient pas arrivées, je n’en serais pas là aujourd’hui ! Oui, la vie est très belle.
TourMaG.com - Si j’étais un magicien et que je vous accorde un vœu...
T.D. : Faites revenir mon, papa ! (Un long silence, un regard embué) … Que la magie fonctionne !
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