World Connect APG : confessions et coulisses du secteur aérien !

Heureux le journaliste du transport aérien, votre serviteur, qui débarque à Malte mercredi dernier. Objectif : assister et couvrir le World Connect APG, un événement réunissant un grand nombre d’acteurs et décideurs du transport aérien.

Une occasion assez unique de pouvoir écouter de nombreuses et diverses interventions et aussi de recueillir des confidences ou des exclusivités des uns et des autres.

Petit florilège de coulisses, verbatims et moments forts de la première journée.

Ne croyez pas qu’il a fallu attendre le début des débats pour recueillir ici ou là les états d’âme ou les confidences des uns et des autres.

Dès la sortie de l’avion d’Air Malta, en provenance de Paris et devant le tapis bagages, premier échange avec Michel Monvoisin, PDG d’Air Tahiti Nui.

Nous l’avions laissé à l’IFTM il y a quelques semaines, ravi de nous annoncer la nouvelle liaison entre Seattle et Papeete et aussi, l’octroi de la concession de l’aéroport de Faa’a à Vinci Aéroport, augurant enfin la rénovation totale des infrastructures tant souhaitée par les opérateurs desservant la Polynésie.

Mais si effectivement le démarrage de la nouvelle liaison entre les Etats-Unis et Papeete s’est bien déroulé, c’est la douche froide pour l’aéroport. Et le PDG de la compagnie polynésienne de nous apprendre que le tribunal administratif de Papeete, une nouvelle fois saisi en référé par la Chambre de Commerce et le groupe Egis, vient d’annuler l’attribution de la gestion de l’aéroport à la société Vinci Airport.

Les juges ont décidé que la procédure d’appel d’offres devra, une nouvelle fois, être relancée.

Autre dirigeant d’une compagnie Outre-Mer (et même deux) Marc Rochet, était également présent avec, une fois n’est pas coutume, un rôle d’animateur.

Le patron d’Air Caraïbes et de French Bee également Président du cabinet de conseils Aerogestion sollicité par le gouvernement ukrainien avant la guerre sur des sujets aériens, avait facilité l’organisation durant cette 13e édition, d’une visioconférence avec le Ministre Ukrainien des infrastructures : Oleksandr Kurbakov, un des hommes forts du pouvoir ukrainien. C'est lui qui à Istanbul avait pu signer un accord pour faire stopper le blocus des bateaux chargés de blé dans le port d’Odessa.

Ce fut assurément un moment très fort du World Connect. Barbe de quelques jours, traits tirés, ainsi nous est apparu sur les écrans cet homme courageux.

Invité à faire un point sur la situation, il confirma la progression quotidienne de l’armée ukrainienne dans sa reconquête du pays « kilomètre par kilomètre » et des Russes ayant choisi de détruire les infrastructures pour fragiliser les populations.

S’ensuivit une échange intéressant toujours mené par Marc Rochet sur les projets d’après-guerre, concernant l’aviation civile ukrainienne.

Si de l’avis même du ministre il est encore trop tôt pour préciser les projets, "notamment parce que notre ciel n'est pas encore sécurisé", l’espoir de reprendre "l’excellente croissance d’avant la guerre en particulier grâce aux compagnies low cost" est bien là.

Qualifiant les projets de plan type « Marshall » suggéré il y a quelques jours par le Chancelier allemand Olaf Scholz de « signaux très positifs » ainsi que les discussions avec Airbus pour redémarrer l’industrie aéronautique dans ce pays d’ingénieurs qualifiés, le jeune ministre affichait une belle détermination à vouloir, dès que possible, faire renaitre le transport aérien et son industrie en Ukraine.

A n’en pas douter et au vue des enjeux, un sujet passionnant pour les mois à venir.

On ne pouvait donc que tirer son chapeau à cet homme et à son pays qui, malgré les heures tragiques, veut croire à la paix et à la renaissance dans ce pays au cœur de l’Europe centrale.

Aussi, à la demande de Marc Rochet c’est comme un seul homme que l’ensemble des participants Européen, Africains, Indiens, Asiatiques ou encore Américains) s’est levé pour saluer Oleksandr Kurbakov. Depuis Malte, le monde entier a applaudi l’Ukraine, son courage, sa résilience, sa volonté de vaincre.

La pause qui suivit ce vrai moment d’émotion fut également propice pour glaner quelques infos autour d’un café.

Ainsi au détour d’un échange avec Stéphane Baudemont, directeur des partenariats et des alliances chez French Bee, on apprenait l’arrivée prochaine d’un nouvel A.350 1000 dans la flotte. Celui-ci nous laissait entendre qu’une nouvelle destination pourrait bien se rajouter au réseau dés 2023.

Nouvelle destination aux Etats-Unis ou ailleurs ? Mon interlocuteur n’en dira pas plus et il nous faudra donc patienter.

Autre invité de marque dans ce World Connect décidément très riche : Bertrand Picard, l’aventurier qui entre autre avec son avion « Solar Impulse » à énergie solaire a pu faire le tour du monde sans une seule goute de carburant.

Un orateur de choix pour évoquer le sujet incontournable de la décarbonation de l’aérien.

Le « show » Picard, bien rodé et parfaitement maitrisé, n’en reste pas moins un message probant sur la capacité du transport aérien à s’affranchir, tôt ou tard, des carburants fossiles.

« Mon avion solaire ne transportait pas de passagers mais un message : ce n’est pas le ciel nos limites… c’est le carburant » affirmait l’explorateur en préambule de son plaidoyer pour changer de paradigme, bannir le mot « impossible » et inventer au-delà même du domaine de l’aviation un monde décarboné.

Déjà, a expliqué Bertrand Picard, la Fondation Solar Impulse et ses 400 experts ont labellisé 1000 innovations qui permettent, chacune dans son domaine, de réduire l’impact humain sur la planète.

Rendre possible désormais aux avions « un roulage » au sol électrique est déjà une de ces solutions et qui commence à se généraliser sur les aéroports.

Balayant les idée simplistes et punitives des écolos de pacotille, Bertrand Picard affirme avec conviction que "la décroissance mènerait au chaos social au même titre que la croissance quantitative, aujourd’hui, amène à un chaos environnemental."

Ce qu’il faut c’est la troisième voie qui est la croissance qualitative, c’est-à-dire quand on gagne de l’argent et qu’on crée des emplois en remplaçant ce qui est inefficient, archaïque, polluant, par des engins et des systèmes qui sont efficients, modernes et qui polluent moins."

Là aussi, les participants, saturés d’aviation bashing depuis des mois étaient conquis.

Ainsi va cette 13em édition du World Connect by APG qui à l’heure ou ces lignes sont écrites n’est pas tout à fait terminée et nous réserve peut être encore quelques échanges intéressants.