Colos, voyages scolaires, séjours linguistiques... les opérateurs se préparent à une 2e année blanche !

A l'arrêt depuis un an, les spécialistes des voyages scolaires et séjours jeunes, ne voient toujours pas le bout du tunnel.

Si les agences de voyages ont pu refaire bouger l'électrocardiogramme, même à minima, à la sortie du premier confinement et pour les fêtes de fin d'année, le secteur des séjours éducatifs est, lui, resté au point au mort.

"Nous nous dirigeons vers une 2e année blanche" constate Antoine Bretin, directeur de Verdié Hello. "C'est dur car nous avions un peu d'espoir sur les séjours linguistiques et les colonies, mais l'histoire des variants nous a tout coupé. Les clients étaient pourtant hyper motivés en fin d'année" ajoute-t-il.

En plus des voyages déconseillés en Europe et de l'interdiction de voyager hors Union Européenne, le Ministère de l'Education Nationale a demandé le report de tous les voyages scolaires avec nuitée jusqu’à nouvel ordre.

Seules les sorties scolaires sans hébergement sur le territoire national sont autorisées "dans le strict respect des conditions sanitaires et de sécurité."

De surcroît les colonies de vacances ont été annulés pour les vacances d'hiver. Résultat : une visibilité nulle pour les opérateurs du secteur.

"Nous n'avons aucune vision sur la reprise" explique Aline Laillé directrice de VEFE Voyages Educatifs "C'est très compliqué de pas avoir de prise de position plus ferme de la part du gouvernement. Nous naviguons à vue".

Cette dernière souhaiterait que le gouvernement puisse lever le brouillard ambiant pour la fin du printemps : "Sur les voyages scolaires deux périodes sont importantes : mai, juin et la rentrée, c'est là où nous engrangeons un nombre important de devis."

"Les projets sont longs, nous commençons à discuter en mai pour des séjours en avril de l'année d'après" poursuit Caroline Texier, CEO d'Horizons du Monde.

Antoine Bretin ne voit pas d'issue avant 2022 pour les voyages à l'étranger. Une perspective partagée par son homologue d'Horizons du Monde .

"Sur les collèges et lycées nous avons fait une croix totale sur l'année. Nous avons à la marge quelques collèges, des enseignants qui veulent absolument partir et se repositionner sur la France.

Et nous aurons aussi peut-être quelques petites sorties en toute fin d'année, pour des professeurs dont c'est l'ADN d'organiser des voyages. Mais pour l'étranger, notre cœur de métier, nous n'aurons rien avant l'année prochaine".

Avec des équipes au chômage partiel, les opérateurs font le dos rond. "Nous ne communiquons pas. Nous attendons d'avoir davantage de visibilité" explique Aline Laillé.

Même posture du côté d'Horizons du Monde : "Sur les scolaires cela ne sert à rien de les solliciter c'est trop tôt. Et sur les voyages linguistiques nous mettrons la machine en route le moment venu.

De toute façon, même pour des clients très motivés, je ne me vois pas prendre d'acompte dans le contexte actuel" précise Caroline Texier.

Seule option se tourner vers la France. Mais plus le printemps approche, plus les espoirs s'amenuisent...

Antoine Bretin ne veut pas baisser les bras. Il espère quand même engranger quelques voyages : "Nous avions imaginé des séjours thématiques : l'Angleterre en France, l'Italie en France ou encore l'Espagne en France. Nous espérions faire un peu de France et après nous tourner vers l'été."

Horizons du Monde, lui aussi, a mis le cap sur la France : "Nous avons travaillé des colonies avec une thématique linguistique, une vie quotidienne en anglais et des animateurs bilingues ou anglophones, en alternant par exemple : cours le matin et surf l'après-midi ou encore tennis. Nous allons essayer de monter en puissance".

Mais la France ne compensera pas tout. Il semble en effet compliqué de transférer des clients des séjours linguistiques à l'étranger sur un séjour linguistique en France.

"Ce n'est vraiment pas le même séjour. Partir 3 semaines en Floride cela ne sera pas la même chose que partir en famille d'accueil en Dordogne. Les clients ne sont pas les mêmes, et puis ce n'est pas le même prix ni le même investissement", détaille Caroline Texier.

Une analyse partagée par Antoine Bretin qui constate, lui aussi, que les séjours linguistiques à l'étranger ne se rapatrient pas sur une offre transposée en France.

Pourtant la France ils aimeraient y croire... au moins pour l'été en tour de chauffe avant une reprise en septembre 2021 pour préparer 2022... voila désormais le scénario espéré. Alors en attendant on croise les doigts !