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Course à vélo : la Poco Loco, le tourisme responsable en mode bikepacking

Un trail à vélo à proximité des gares


Proposer des itinéraires sportifs pour des cyclistes en demande de sensations fortes et d’engagement responsable ? C’est le défi que relève la Poco Loco, une course à vélo qui n’en est pas vraiment une, pour amateurs de tourisme durable.


Rédigé par le Vendredi 28 Avril 2023

Course à vélo : le cyclotourisme sportif donne un coup de pédale avec la Poco Loco - DR : collectif de photographe Floé
Course à vélo : le cyclotourisme sportif donne un coup de pédale avec la Poco Loco - DR : collectif de photographe Floé
Il y a le cyclotourisme, et il y a le tourisme cycliste. Vous ne voyez pas la différence ? Si le premier attire les familles autour d’un canal un dimanche ensoleillé, le second est plutôt tourné vers le dépassement sportif. Et c’est vers celui-ci que se sont tournés Caroline Prigent et Harald Lenud-Pilc, cofondateur-rice-s de la Poco Loco.

La Poco Loco, c’est un parcours de plusieurs centaines de kilomètres, sur deux ou trois jours, dont le but est moins d’arriver le premier que de découvrir un itinéraire et, si l’on en croit Harald Lenud-Pilc, « réenchanter le tourisme local » et « promouvoir la liberté de découvrir en cours de route ».

Professionnel du secteur et de la digitalisation du tourisme, il s’est remis sur selle avec le confinement. C’est lors d’un de ses voyages à vélo qu’il rencontre Caroline Prigent. Ensemble, ils décident de lancer la Poco Loco, une offre de tourisme local à vélo, décarbonée et inclusive.

Décarbonée, car l’une des particularités de la course est de demander à ses participants de venir exclusivement via un transport bas-carbone. Ainsi, les départs sont tous organisés à partir d’une gare.

Inclusive, car « la thématique de la parité nous tient particulièrement à cœur, explique le cofondateur. Il y a une majorité écrasante d’homme dans le vélo sportif. On veut amener plus de femmes ».


La Poco Loco : 2023, l'année test

La première édition a réuni 150 participant.e.sn dont 38 % de femmes (contre moins de 10 % dans la plupart des cas) entre Montpellier et Barcelone. Sur la route, on croise surtout des groupes d’ami-e-s mais aussi des personnes seules venues pour la convivialité et la découverte.

Un succès qui donne des ailes à Harald Lenud-Pilc et Caroline Prigent, qui souhaitent faire de l’année 2023 une année test, avec une offre construite et diversifiée.

La Poco Loco week-end, avec un départ le vendredi pour une arrivée le dimanche, pour une découverte conviviale dans le Lot, en Bretagne et en Normandie. Cette formule compte une cinquantaine de personnes, et 300 km de trajet.

La Poco Cargo effectue une boucle de 200 km autour de Lyon, Aix-les-bains, Chambéry pendant 3 jours. Elle est décrite comme « un beau voyage collectif à vélo-cargo ou spécial de 50 km par jour environ, où on se retrouve tous les soirs durant 3 jours ».

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Course à vélo : 90 km par jour en bikepacking

Enfin, la Poco Loco classic regroupe plus d’une centaine de personnes et qui couvre 700 km en 8 jours, soit près de 90 km par jour.

Elle relie Montpellier à Barcelone, Dijon à Stuttgart, Aix-en-Provence à Milan ou… Deux villes mystères, dont les villes de départ et d’arrivée sont dévoilées 2 mois avant, et la trace définitive envoyée la veille. Sa promesse : « elle traverse parmi des plus beaux villages, cols et parcs naturels de la zone parcourue ».

« Certains le font comme une course et peuvent terminer en deux jours s’ils veulent, mais on ne le vend pas comme ça. Chacun s’organise librement, mais nous proposons plutôt de découvrir le territoire sur 6, 7 ou 8 jours », ajoute Harald Lenud-Pilc.

« Même s’ils ne voyagent pas formellement ensemble comme un groupe, 150 personnes en même temps sur les mêmes routes, on finit forcément par se croiser, comme le font les randonneurs : au restaurant, dans un gîte, au camping, à la boulangerie du village... »

Pour forcer le trait, la Poco Loco propose aussi des lieux de rencontres entre les participants, avec des partenaires locaux : « L’idée, c'est quand même de rester un peu informel : on réserve des tables où on prend un apéritif, on se retrouve et on échange ».

Une liberté encadrée

En tant qu’organisateur, la Poco Loco est couverte par un spécialiste des événements sportifs.

« Mais nous sommes surtout intransigeants sur la sécurité des participants rappelle Harald Lenud-Pilc. Nous proposons une micro-assurance pour le séjour et exigeons un certificat d’assurance rapatriement, multirisque et un certificat médical », insiste-t-il.

Une fois protégé, chacun est libre de faire ce qu’il veut, car la Poco Loco ne s’occupe pas plus de l’hébergement que de la restauration ou des haltes éventuelles.

Les participants sont en autonomie guidée : l’itinéraire indique aux participants les adresses d’hébergeurs, restaurants, boutiques valorisant le patrimoine local à proximité, les lieux touristiques et villages à voir…

« Notre cœur de compétence, c’est la création d’itinéraire », explique Harald Lenud-Pilc, qui essaie, avec sa binôme, d’équilibrer entre le sport, les niveaux de difficulté et l’esthétique des paysages.

Mais le plus complexe, c’est la prise en compte de la dangerosité et l’état des routes : « Ce qui est compliqué, c’est de trouver un équilibre route / chemin en tenant compte de la dangerosité. Parfois, il y a de gros risques, on évite des "deux fois deux voies", les nationales... ça prend beaucoup de temps » admet Harald Lenud-Pilc.

Le vélo, ça n’est pas que des voies cyclables

Les petites routes de campagne, les chemins forestiers, les bords de rivière sont autant de routes où le danger voiture est moindre, mais le risque est tout de même constant. « On aurait besoin de bandes d’arrêts d’urgence plus large, d’ajout de plots…

Et surtout, de vraies campagnes de sécurité routière pour que les voitures gardent leurs distances, comme c’est le cas en Espagne »
ajoute Harald Lenud-Pilc qui regrette une mentalité du tout voiture en France.

Car ce tourisme sportif, bien loin du cyclotourisme familial, nécessite de s’éloigner souvent des voies cyclables.

Et c’est bien là tout le problème.

« L'évolution du tourisme à vélo, c'est qu’on oublie le volet sportif pour valoriser les pistes cyclables proches de canal, sur des voies ferrées, agréables pour quelques heures de promenade.

Mais ces pistes ne sont pas très diversifiées, pas toujours bien entretenues et pas toujours adaptées à notre usage »
regrette Harald Lenud-Pilc, qui préfère offrir aux participants la possibilité de rouler partout, mais en toute sécurité.

Une course bas-carbone

C’est suffisamment rare pour être notable : la Poco Loco publie son bilan carbone.

On y apprend qu’en 2022, le « coût carbone » par participant était évalué à 247 kg eqCO2 (c’est peu) et que la plus grande partie était due au transport. Pourtant, la Poco Loco fait tout pour contraindre ses participants à prendre le train ou utiliser le covoiturage. Solution envisagée : interdire purement et simplement les plus polluants.

« On envisage un groupe whatsapp en amont de la course pour créer du lien, et permettre le contexte pour faciliter le covoiturage, donner des infos sur le transport du vélo en train ou favoriser le prêt de matériel]b par exemple » indique Harald Lenud-Pilc.

L’organisation de la course note aussi l’impact de son propre fonctionnement, en toute transparence, et propose des solutions à mettre en place pour réduire son empreinte. Le transport, qui représente « l’écrasante majorité de l’empreinte » se fait en van (des discussions sont en cours pour un van électrique). Mais il sert aussi de logement pendant toute la durée de l’événement.

Pour soutenir leur démarche, Harald Lenud-Pilc et Caroline Prigent souhaite aussi proposer de la sensibilisation, par exemple autour de l’organisation de Fresque du Climat ou d’ateliers 2 tonnes à l’arrivée de la course.

Une manière d’accueillir les arrivants, et de « délivrer un message de manière festive ».

Juliette Pic Publié par Juliette Pic Responsable rubrique Voyages Responsables - TourMaG.com
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