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F. Lizée (Away We Go) : "Les entreprises sont ouvertes au freelancing"

Série spéciale : Comment a évolué le marché de l’emploi ses 25 dernières années ?


TourMaG.com fête ses 25 ans cette année et revient sur l’évolution du marché du travail depuis sa création. Le freelancing a connu une accélération sans précédent au cours des dix dernières années, +92% entre 2009 et 2020 (Eurostat). Boostée par le covid, la tendance se poursuit, les freelances sont séduits par la flexibilité qu’offre ce statut et une rémunération revalorisée. En parallèle, ils allient leurs forces au sein de collectifs pour aller plus vite et voir plus grand. Le point avec Fred Lizée.


Rédigé par le Lundi 15 Mai 2023

Série spéciale : Comment a évolué le marché de l’emploi ses 25 dernières années ?
Série spéciale : Comment a évolué le marché de l’emploi ses 25 dernières années ?
TourMaG.com – Le freelancing est-il toujours en plein essor ?

Fred Lizée :
Oui, toujours. Le covid a accéléré la tendance. Les salariés sont en quête de renouveau, de liberté et ont envie de travailler autrement. Le développement du télétravail y a beaucoup contribué.

Les collectifs sont nombreux à se monter et la tendance devrait se poursuivre.

TourMaG.com - Comment se porte celui que vous avez cofondé : Away We Go ?

Fred Lizée :
Aujourd’hui, nous sommes une quarantaine de freelances, spécialistes du tourisme, tous expérimentés. Nous avons fait le choix de ne pas accompagner de personnes qui se lancent, mais d’intégrer des profils avec un statut, un réseau, une expérience. La moyenne d’âge est de 35 à 40 ans.

Le freelancing n’est pas un choix par défaut, mais une véritable volonté. D’ailleurs, depuis la création d’Away We Go, en mars 2021, nous avons reçu 150 candidatures. Nous avons fait le choix de les fermer il y a quelques mois, car nous avons atteint la taille que nous souhaitions.

Aujourd’hui, nous couvrons un large panel de compétences. Nous manquons d’agent de voyages pour répondre à certaines demandes.

Il y a un fort potentiel. Nous n’avons jamais décidé de développer le commercial à fond car il faudrait quelqu’un à temps plein, mais récemment j’ai fait un peu de démarchage et ça a bien fonctionné. Cela permet de répondre à des missions plus importantes et de les confier à 6 ou 7 freelances. Par exemple, nous sommes un prestataire de freelances intégrés dans les process de Worldia.

Nous avons mis en place une commission d’apporteur d’affaires, ce qui a permis de structurer le collectif. Celui qui apporte une mission empoche cette commission.


"La rémunération nous a poussés à travailler en tant qu’indépendant"

TourMaG.com – Il existe à ce jour 35 000 collectifs d’indépendants en France (étude Shine-Collective) Quels avantages trouvez-vous à vous réunir en collectif ?

Fred Lizée :
Au départ, l’objectif était de mutualiser nos réseaux et expertises. Dans le formulaire pour postuler, nous demandons d’ailleurs à ce que chacun précise ce qu’il peut apporter au collectif.

Grâce à Away We Go, nous avons réussi à développer une chouette visibilité.

Suite à la crise, nous savions qu’à la reprise les entreprises seraient plus frileuses à recruter. Et puis, il y a une fuite des talents. Beaucoup de personnes, notamment dans le marketing, la com, ou des postes dans la tech ont pu retrouver un emploi dans d’autres secteurs.

En créant le collectif, nous avons choisi d’adopter un statut associatif et non de créer une agence, alors que nous en avons le potentiel. Pour l’instant, nous préférons développer des services en interne pour les membres.

Deux autres collectifs Digital Green Tourisme, orienté com et RSE et Find my rep ! Nous sommes complémentaires et amenés à partager des missions.

TourMaG.com – Quels sont les chantiers en cours au sein du collectif ?

Fred Lizée :
Nous allons devoir créer une grille de rémunération. Dans le tourisme, c’est quelque chose qu’il a fallu construire, car chacun faisait un peu sa tarification de son côté. Les collectifs permettent de donner un cadre.

Nous facturons majoritairement à la journée. Le montant varie. Un développeur peut gagner de 800 à 1 000 euros la journée.

Quand nous avons une proposition de mission, nous présentons plusieurs profils, à qui nous demandons de proposer des tarifs proches. En moyenne, entre 350 et 500€ la journée, tout dépendra du type de mission, de sa durée, sa fréquence et de l’expertise demandée.

Certains, dans le social media ou la com, vont jongler entre 5 clients. La facturation sera différente.

La rémunération est l’un des arguments qui nous a poussés à travailler en tant qu’indépendants. C’est un sujet sensible dans le secteur du tourisme.

Freelancing : "La vision est beaucoup plus souple"

Fred Lizée, cofondateur du collectif Away We Go. -@F.L.
Fred Lizée, cofondateur du collectif Away We Go. -@F.L.
TourMaG.com – Freelance n’est pas synonyme de précarité ?

Fred Lizée :
Selon moi, pour les plus jeunes c’est plutôt synonyme d’indépendance. L’ESCAET m’avait demandé l’an dernier de faire une masterclass sur le freelancing : « Comment se lancer en freelance ? » C’était une question qui revenait en master.

Ça a été un peu dur en 2021, car les salariés bénéficiaient de mesures de chômage partiel. Certains sont repartis en salariat, depuis certains sont revenus, d’autres non.

La période a été plus difficile pour trouver des missions et quand ils ont eu une opportunité de CDI, ils l’ont prise.

Au bout de 6 mois de mission, voire plus, tu commences à avoir un coût, les entreprises vont potentiellement te proposer de rester en CDI. Nous sommes un certain nombre à nous être posés la question en 2021 et 2022. Moins cette année, car l’activité repart. Nous sommes tous bien occupés.

TourMaG.com - Comment la perception des recruteurs a-t-elle évolué vis-à-vis des freelances ?

Fred Lizée :
La vision est beaucoup plus souple. Pour répondre à un besoin assez urgent, les entreprises sont ouvertes au freelancing. Ce contexte est de plus en plus fréquent. Aujourd’hui, elles communiquent des offres en CDD ou CDI et, au final, peuvent faire appel à un freelance.

Nous avons été de plus en plus approchés par des entreprises qui recrutent sur des métiers "pénuriques" comme agent de voyages.

TourMaG.com - Est-ce qu’il y a 25 ans ce statut aurait été possible pour des jeunes ?

Fred Lizée :
C’était moins dans les mentalités. Quand tu es dans les premiers ce n’est jamais facile. Oliver Trips, le premier producteur freelance, on l’a regardé avec un drôle d’air.

Il y a 25 ans, il aurait été difficile de trouver sa place, de trouver des clients. Au niveau administratif, je pense que c’était également moins évident.

Globalement, j’ai tendance à recommander de se faire un peu d’expérience avant de se lancer. Il faut être prêt, et selon moi, les trois critères principaux sont : 1) un niveau d’expertise pointu dans son domaine, 2) des soft skills et 3) le réseau.

Quand tu finis tes études, tu n’as pas de réseau.

"Le collectif rassure tous ceux qui veulent se lancer"

TourMaG.com – Les collectifs de freelances se multiplient. La tendance va-t-elle se poursuivre ?

Fred Lizée :
Oui, c’est évident. Nous sommes un pionnier dans le tourisme. Nous avons réussi à gagner une chouette visibilité. On le voit de par les candidatures reçues, la communauté de personnes qui nous suivent sur LinkedIn, les gens venus nous voir sur Top Resa.

Le collectif rassure tous ceux qui veulent se lancer.

Notre particularité est d’être sur cette niche du tourisme. A la différence des autres plateformes, nous avons décidé d’être sur de la qualité avec un pool de 40 freelances que l’on a recruté après deux entretiens pour échanger, connaître leurs motivations. Nous demandons une cotisation de 50€ à l’année.

TourMaG.com – Quelles sont les évolutions à venir ?

Fred Lizée :
Je pense que la durée va s’allonger. Les entreprises vont faire appel à des freelances sur des missions plus longues. A titre d’exemple, je travaille depuis 6 mois pour Koob et vais signer pour un an supplémentaire à 80%.

Le développement d’un statut de freelance en parallèle d’un salariat devrait également se développer. Les salariés ont besoin de diversifier leurs activités, de tester des choses, les jeunes encore plus.

On parle aussi beaucoup d’intrapreneuriat, quand les entreprises permettent de monter un projet en interne. C’est ce que les jeunes recherchent de plus en plus.

"25 ANS" - LES INITIATIVES QUI ONT COMPTÉ

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Caroline Lelievre Publié par Caroline Lelievre Journaliste - TourMaG.com
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