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Transport aérien : la gabegie des lignes d’aménagement du territoire

des taux de remplissage parfois inférieurs à 20 %


Nous poursuivons le passage en revue du dernier rapport de Charles de Courson sur le transport aérien français. Dans ce document au nom de la Commission des Finances et en prévision du Projet de Loi de finances pour 2008, le député met le doigt là où ça fait mal : « Le coût considérable des lignes d’aménagement du territoire (…) alors même que leur taux de remplissage est parfois inférieur à 20 %...» Des lignes que certaines low cost se disent prêtes à desservier sans subvention. Revue de détail.


Rédigé par Jean DA LUZ le Jeudi 17 Janvier 2008

Le réseau d'Airlinair (cliquer pour agrandir)
Le réseau d'Airlinair (cliquer pour agrandir)
En 2006, les compagnies régionales françaises ont transporté 7,3 millions de passagers, soit une progression de 7,3 % par rapport à 2005.

Or, il faut savoir que l’État subventionne l’exploitation de certaines liaisons aériennes, en métropole ou dans les départements d’outre-mer, considérées comme indispensables à l’aménagement du territoire et susceptibles d’enregistrer un trafic d’au moins 10 000 passagers.

Les pouvoirs publics interviennent dans le cadre de conventions pluriannuelles de délégation de service public qui ont pour objectif de compenser le déficit d’exploitation de ces lignes d’aménagement du territoire.

Pour chaque période annuelle d’exploitation sont donc versés des acomptes et un solde, déterminé ex post en fonction des recettes et dépenses réellement enregistrées. La charge de la compensation financière est ensuite répartie entre l’État et les collectivités territoriales concernées.

Le coût de ces lignes est 'considérable' pour le contribuable

Le taux d’intervention de l’État est fixé dans la limite d’un pourcentage déterminé en fonction de l’enclavement de la collectivité. De plus, la compensation à sa charge ne peut pas dépasser la moitié des recettes commerciales.

Mais là où le bât blesse c’est que le coût de ces lignes devient considérable pour le contribuable par rapport au service rendu et au remplissage enregistré. Rappelons tout d’abord la concentration de ces compagnies régionales, dont beaucoup sont dans le giron d’Air France et d'autres, comme Twin Jet, bénéficient de son programme de fidélité.

La compagnie tricolore possède Brit Air et Régional CAE, 12 % du capital de la CCM Corse Méditerranée (CCM) et 19,5 % d’Airlinair via une participation de Brit Air.

Or, au 1er septembre 2007, cinq transporteurs (Régional CAE, Hex’Air, Brit Air, Airlinair et Twin Jet) exploitent avec la participation financière de l’État dix liaisons métropolitaines et deux transporteurs (Air Guyane SP et Air Saint-Pierre) exploitent six liaisons outre-mer.

Mais qu’en est-il de la situation réelle de ces dessertes ?

– la liaison Agen-Paris a été interrompue en avril 2007 après la résiliation de la convention de délégation par la compagnie Aerocondor. Un appel d’offres a été lancé en décembre 2007 pour une reprise de l’exploitation par un nouveau délégataire ;

– la liaison Saint-Étienne-Paris a été interrompue définitivement
en juin 2007 après la résiliation de la convention de délégation par la compagnie Twin Jet ;

– les collectivités territoriales n’ont pas lancé d’appel d’offres afin de renouveler la délégation de service public relative à la liaison Angoulême-Lyon, arrivée à échéance fin mai 2007, qui ne pouvait plus bénéficier d’une subvention de l’État eu égard à la faiblesse du trafic ;

– la ville de Périgueux a sollicité l’aide de l’État pour l’exploitation de la liaison Périgueux-Paris à compter de décembre 2007 ;

– Il n’est pas prévu que l’État prenne en charge de nouvelles liaisons en 2008, à l’exception de la liaison Cayenne-Saint-Laurent-du-Maroni -Grand-Santi dont l’ouverture est subordonnée à la réalisation de nouvelles infrastructures sur l’aérodrome de Grand-Santi.

Comme on peut le constater, note le rapport, « Le coût des lignes d’aménagement du territoire est donc considérable, alors même que leur taux de remplissage est parfois inférieur à 20 %. »

Et Charles de Courson de conclure, sur ce chapitre que, « Les compagnies low cost se disent prêtes à exploiter certaines de ces lignes sans recevoir de subventions de l’État. Las, « La frilosité des autorités françaises à l’égard de ces compagnies empêche donc sans doute des économies budgétaires… »

Il reste, bien entendu, à savoir précisément sur quelles dessertes intérieures les compagnies à bas tarif seraient partantes. Cela fera l'objet d'un article ultérieur.


Le tableau suivant résume présente les principales lignes d’aménagement du territoire, leur coût budgétaire et le taux de remplissage des avions.

PRINCIPALES LIGNES D’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
AU 1ER JUIN 2007

Liaison

Compagnie

Subvention (en euros)

Taux de remplissage

Aurillac-Paris

Airlinair

5 373 200

44 %

Béziers-Paris

Airlinair

5 225 000

57,8 %

Brive-Paris

Airlinair

3 802 500

51,2 %

Castres-Paris

Airlinair

4 663 360

48,7 %

Cherbourg-Paris

Twin Jet

1 283 338

42,2 %

Le Puy-Paris

Hex’Air

2 290 860

43,8 %

Tarbes-Paris

Brit Air

6 996 347

74,8 %

Castres-Rodez-Lyon

Hex’Air

1 743 000

45,1 %

La Rochelle-Poitiers-Lyon

Airlinair

2 671 200

59,2 %

Lorient-Lyon

Régional

3 150 000

68,9 %

Cayenne-Maripasoula

Air Guyane

1 526 263

61,3 %

Cayenne-Saül

Air Guyane

158 490

18,3 %

Source : DGAC


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Commentaires

1.Posté par lulu le 17/01/2008 09:33 | Alerter
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Beau constat, même si personne n'est dupe.
Du coup j'ai mis un sucre de plus dans mon café , goût amer ce matin, allez savoir pourquoi !!
Ainsi va la France de réunion en délagation, d'audit consensuel en subvention. Mais rassurez vous le montant total des aides attribuées ci dessus est une goutte d'eau dans l'océan gabegie qui borde nos côtes. Certaines de ces régions et donc l'état dilapident nos contributions de contribuable sans aucun état d'âme sur des projets bien plus tordus, mis en oeuvre par des élus qui font de "l'égo-developpement" et/ou de "l'égo-tourisme", avant même de se poser la question de la réalité économique. Demandez donc à un conseil régional, général, cci ( je m'y perds, pas vous ?...un petit truc pour s'y retrouver la réponse est dans le nom : conseil et chambre, regarder dans le dictionnaire ) de vous donner un plan d'action commercial et marketing assorti d'un vrai business plan en cohérence avec un projet ...et vous vous sentirez seul au monde devant le bulldozer de la "volonté politique".
Pouquoi tant de sarcasme ? Effectivement ça sert à rien, je le sais..."On boit le sang du peuple" dit un ami...et moi je vais me refaire un café..
Bonne journée à tous.

2.Posté par Jean-Louis BAROUX le 17/01/2008 09:50 | Alerter
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Pour une fois je ne suis pas d'accord avec Mr de Courson.
Certes les liaisons d'aménagement du territoire sont largement subventionnées, et je n'aime pas le mot de subvention, mais elles constituent le seul lien économiquement défendable entre des collectivités locales isolées et le tissus économique national et international.
Je pense au contraire qu'il faudrait aller beaucoup plus loin et qu'au lieu de laisser des opérateurs privés supporter un risque économique, il serait beaucoup plus judicieux que les Collectivités intéressées puissent acheter directement des heures de vol sur un programme d'exploitation défini dans un cahier des charges. Après tout c'est bien ce qui se passe pour certaines dessertes routières et ferroviaires, pour les ramassages scolaires etc...
Et pourquoi au fond, la SNCF d'affrêterait pas les compagnies régionales ? Le remplissage des trains est parfois dérisoire et la desserte aérienne coûte infiniment moins cher.
Un vrai débat pourrait certainement être lancé sur ce sujet.

3.Posté par loops le 17/01/2008 11:14 | Alerter
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Mr De Courson critique beaucoup mais j'attends toujours des propositions concrètes de sa part. Par ailleurs il me semble que les lignes de services publics sont en grande partie subventionnées par la taxe de l'aviation civile (différente de la taxe d'aéroport) pas payées par tous les contribuables ... mais par l'ensembles des passagers aériens au départ de France. Par ailleurs je ne pense pas que l'appel aux low-cost soit la solution miracle. En effet, les avions qu'elles utilisent ne sont pas adaptés et, de plus, si elles ne feront pas appel aux aides de l'Etat elles feront appel aux aides ... de la région (du département ou de la ville). En effet il faut garder une certaine fréquence de vols pour garder un certain nombre de passagers. Enfin il me semble qu'aucune low cost ne s'est positionnée lors des appels d'offre ... Ce qui me gêne le plus c'est qu'on réserve sur Orly des créneaux pour ce type de trafic, alors que cet aéroport est limité en terme de mouvement et que plusieurs compagnies demandent à venir ou à se développer dessus, alors que CDG n'est pas limité. C'est vrai que depuis Paris, Orly est plus accessible que CDG... et qu'Orly est au sud de Paris comme la majorité des villes desservies. Sinon une solution pourrait de laisser le choix à la compagnie l'avion à utiliser (peut être un peu plus restrictif sur des lignes comme tarbes par ex où une demande plus importante semble exister ... à moins de faire un choix entre Pau et Tarbes). En effet lors de l'appel d'offre l'avion à utiliser est plus ou moins imposé (capacité mini).

4.Posté par Philippe le 17/01/2008 14:13 | Alerter
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Des Lows costs qui exploiteraient sans subventions ???? M. De Courson doit croire au Pere Noel...
Demandez aux CCI combien demande Ryanair aux collectivités pour les desservir ..

De mémoire, Ryanair avait arrété la desserte de Clermont Ferrand quand le conseil général a arrété de payer...

5.Posté par Toulousy le 17/01/2008 16:11 | Alerter
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J'ai pris des vols au départ de Saint Etienne avec Ryanair, nous n'étions jamais très nombreux (50-60 pour 189 sièges). Dans ces cas là, il vaut mieux pour tout le monde d'arrêter les frais, surtout pour la CCI qui paye et surtout pour le transporteur qui perd bcp d'argent. Cela semble logique.

6.Posté par pilote le 18/01/2008 09:37 | Alerter
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Si l'on vous entend, seul les lignes à plus de 100000 passagers/an les seules rentables doivent exister.
Tres bien alors fermons les hôpitaux de province non rentables, les bureaux de postes, les palais de justice, les commissariats de police, les gendarmeries....
Vous avez visiblement choisi de vouloir rendre impossible les liaisons de désenclavement.
Un article sans doute écrit par un parisien!

7.Posté par Toulousy le 20/01/2008 01:02 | Alerter
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Je pense que pour certaiunes villes, une compagnie exploitant des plus petits avions genre Flybe (70 sièges) serait plus appropriée pour ces destinations. Ryanair n'exploite que que B737 à 189 sièges et manifestement il y a sur-offre même avec des billets vendus à 50 Euros tout compris.

8.Posté par pilote francais le 22/01/2008 21:09 | Alerter
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Flybe et les autres.............. ca coute aussi cher au contribuable, pire car ce sont les collectivités locales qui en font les frais.

Enfin on n'a qu'a appliquer les memes charges aux entreprises francaises et elles pourront voler sans subvention et avec les memes tarifs que les low cost etrangeres.

Enfin essayez vous compagnie francaise d'ouvrir une ligne en angleterre ou en irlande............ ce sera tres dur et personne ne vous assistera, ce qui n'est pas le cas de ryannair and co.


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