"Les réceptifs sont dans une situation difficile. De notre côté, nous avons la chance d’accueillir un nouvel investisseur et nous avons donc moins de difficultés" selon Jérémy Grasset, le PDG de Shanti Travel - DR
TourMaG.com - Comment voyez-vous la reprise et quels en sont les principaux enjeux, selon vous ?
Jérémy Grasset : Je ne pense pas qu’il y aura une reprise, mais plutôt des reprises.
On voit bien que dans le secteur certains sont déjà repartis notamment ceux qui sont sur la France, surtout sur la côte ou à la montagne. Les agences qui sont en capacité d’accueillir des Européens en France peuvent aussi reprendre. Certaines destinations tiennent un peu comme la Tanzanie, ou en Amérique du Sud et bien sûr en Europe.
Les enjeux, en Asie, selon moi seront surtout au niveau des hôtels et des prestataires. Par exemple, nous avons perdu beaucoup de chauffeurs en Inde, qui sont partis dans le Golfe. Certains hôtels ont fermé, comment seront-ils à la réouverture, on ne sait pas encore. Les inspections de nos équipes sur place nous conduisent à adapter les listes d’hôtels que nous pouvions avoir.
Les grands pays qui ont une clientèle « domestique » conséquente vont tenir, je pense à l’Inde, au Vietnam ou à Bali. Ils vont tenir leurs hôtels en s’adaptant.
L’enjeu c’est de savoir à quel moment nous allons pouvoir dire : on accepte de vivre avec le virus.
La stratégie asiatique, à part en Inde, qui a été de dire : zéro covid , on isole, ne tient pas avec les nouveaux variants.
En Inde, la vague du variant Delta, qui n’était que leur deuxième vague, a été dure. Dans les groupes Whatsapp ou bien chez nos amis et collègues sur place, tout le monde a été touché, l'oxygène a manqué. Ça a vraiment été dur. Les Européens n’ont pas forcément compris la gravité et la contagiosité de ce variant.
L’enjeu va donc être de se comprendre entre pays, de s’entraider « sanitairement » et diplomatiquement. Cela va prendre du temps.
Jérémy Grasset : Je ne pense pas qu’il y aura une reprise, mais plutôt des reprises.
On voit bien que dans le secteur certains sont déjà repartis notamment ceux qui sont sur la France, surtout sur la côte ou à la montagne. Les agences qui sont en capacité d’accueillir des Européens en France peuvent aussi reprendre. Certaines destinations tiennent un peu comme la Tanzanie, ou en Amérique du Sud et bien sûr en Europe.
Les enjeux, en Asie, selon moi seront surtout au niveau des hôtels et des prestataires. Par exemple, nous avons perdu beaucoup de chauffeurs en Inde, qui sont partis dans le Golfe. Certains hôtels ont fermé, comment seront-ils à la réouverture, on ne sait pas encore. Les inspections de nos équipes sur place nous conduisent à adapter les listes d’hôtels que nous pouvions avoir.
Les grands pays qui ont une clientèle « domestique » conséquente vont tenir, je pense à l’Inde, au Vietnam ou à Bali. Ils vont tenir leurs hôtels en s’adaptant.
L’enjeu c’est de savoir à quel moment nous allons pouvoir dire : on accepte de vivre avec le virus.
La stratégie asiatique, à part en Inde, qui a été de dire : zéro covid , on isole, ne tient pas avec les nouveaux variants.
En Inde, la vague du variant Delta, qui n’était que leur deuxième vague, a été dure. Dans les groupes Whatsapp ou bien chez nos amis et collègues sur place, tout le monde a été touché, l'oxygène a manqué. Ça a vraiment été dur. Les Européens n’ont pas forcément compris la gravité et la contagiosité de ce variant.
L’enjeu va donc être de se comprendre entre pays, de s’entraider « sanitairement » et diplomatiquement. Cela va prendre du temps.
"Nos agences réceptives en Inde, Sri Lanka, Indonésie doivent réussir à s’adresser aux marchés domestiques !"
TourMaG.com - Les RH vont-elles jouer un rôle axial dans la relance de l'industrie du tourisme ?
Jérémy Grasset : Pour la reprise c’est évidemment un enjeu.
Il faut distinguer les équipes en place et les nouveaux à recruter. Les équipes sont fatiguées de 18 mois de crise, de changement d’itinéraires et de reports. Fonctionner à demi régime est difficile que ça soit en termes de travail ou de salaires amputés.
La formation des nouveaux arrivants sera un autre enjeu.
Après, je ne pense pas que retrouver du monde sera difficile, car le secteur fait rêver et attire. Nous ne savons pas dans quelles conditions sanitaires, économiques, sociales, le secteur sera pour la reprise.
Aujourd’hui nous prenons le temps de simplifier nos process pour avoir des formations plus rapides.
TourMaG.com - Au niveau de votre entreprise, qu'allez-vous changer et quels sont les défis à relever dans les prochains mois ?
Jérémy Grasset : Dans les prochains mois, nos agences réceptives en Inde, Sri Lanka, Indonésie doivent réussir à s’adresser aux marchés domestiques. Nous devons faire un effort de formation pour cela, et probablement de recrutement de nouveaux profils.
Pour nos équipes qui opèrent la France, nous devons aller sur du Mice, ou sur des voyages différents que du sur mesure classique.
Les voyages que nous proposons en France se doivent d’apporter d’autres éléments au voyage : des expériences, un apprentissage, une connaissance de soi.
C’est pour cela que nous avons lancé deux nouveaux sites : shanti.om et shanti-trek.com afin de mieux cibler les publics. Shanti Om va chercher à ouvrir le développement personnel et Shanti Trek a promouvoir l’activité outdoor : sportive, trek, vélo électrique.
Le défi principal c’est d’être inventif et de continuer à être différent !
Jérémy Grasset : Pour la reprise c’est évidemment un enjeu.
Il faut distinguer les équipes en place et les nouveaux à recruter. Les équipes sont fatiguées de 18 mois de crise, de changement d’itinéraires et de reports. Fonctionner à demi régime est difficile que ça soit en termes de travail ou de salaires amputés.
La formation des nouveaux arrivants sera un autre enjeu.
Après, je ne pense pas que retrouver du monde sera difficile, car le secteur fait rêver et attire. Nous ne savons pas dans quelles conditions sanitaires, économiques, sociales, le secteur sera pour la reprise.
Aujourd’hui nous prenons le temps de simplifier nos process pour avoir des formations plus rapides.
TourMaG.com - Au niveau de votre entreprise, qu'allez-vous changer et quels sont les défis à relever dans les prochains mois ?
Jérémy Grasset : Dans les prochains mois, nos agences réceptives en Inde, Sri Lanka, Indonésie doivent réussir à s’adresser aux marchés domestiques. Nous devons faire un effort de formation pour cela, et probablement de recrutement de nouveaux profils.
Pour nos équipes qui opèrent la France, nous devons aller sur du Mice, ou sur des voyages différents que du sur mesure classique.
Les voyages que nous proposons en France se doivent d’apporter d’autres éléments au voyage : des expériences, un apprentissage, une connaissance de soi.
C’est pour cela que nous avons lancé deux nouveaux sites : shanti.om et shanti-trek.com afin de mieux cibler les publics. Shanti Om va chercher à ouvrir le développement personnel et Shanti Trek a promouvoir l’activité outdoor : sportive, trek, vélo électrique.
Le défi principal c’est d’être inventif et de continuer à être différent !
Fonds de solidartié : "La baisse des aides est compréhensible d’un point de vue macro"
TourMaG.com - Redoutez-vous cette reprise, entre la baisse des aides, le remboursement des avoirs et l'endettement supplémentaire (PGE) ?
Jérémy Grasset : Des trois, le remboursement des avoirs est le plus embêtant.
Au début les voyageurs Shanti étaient conciliants, mais aujourd’hui certains rencontrent des difficultés personnelles importantes. Nous les comprenons, mais nous souhaiterions qu’ils repartent avec nous en 2022 ( si 2022 tient en date ) !
Le PGE c’est une charge en plus, mais l’état et les banques ont été d’une aide considérable pour le secteur et ils ont fait de leur mieux au fur et à mesure. Il y a donc possibilité de discuter.
La baisse des aides est compréhensible d’un point de vue macro. L’Etat français a été généreux avec le secteur. Aucun gouvernement n’a mis en place ce que la France a mis en place.
Ce que je redoute le plus c’est les variants successifs qui changent les règles du jeu, reportent la reprise ou plutôt les reprises comme je le disais plus haut. La souplesse et l’agilité vont rester les maîtres mots encore un moment.
TourMaG.com - Qu'avez-vous fait de vos vacances ?
Jérémy Grasset :Je fais un tour de France en famille, #cetetecommeletedernierjevoyageenfrance, entre amis, petits hôtels de charmes, test de prestataire et repos.
J’adore voyager en France, c’est un vrai plaisir. Nous avons des régions incroyables et je les redécouvre avec plaisir !
Quand on sort de grands pays comme l’Inde ou l’Indonésie, la France a un côté « petit pays » qui permet de passer d’une région à une autre en 2 heures et c’est du luxe !
Ce matin j’ai pu faire du canoë dans la Vienne et c’était génial ! Semaine prochaine vélo sur la Loire ! L’outdoor est tendance pour ma famille et moi aussi !
Jérémy Grasset : Des trois, le remboursement des avoirs est le plus embêtant.
Au début les voyageurs Shanti étaient conciliants, mais aujourd’hui certains rencontrent des difficultés personnelles importantes. Nous les comprenons, mais nous souhaiterions qu’ils repartent avec nous en 2022 ( si 2022 tient en date ) !
Le PGE c’est une charge en plus, mais l’état et les banques ont été d’une aide considérable pour le secteur et ils ont fait de leur mieux au fur et à mesure. Il y a donc possibilité de discuter.
La baisse des aides est compréhensible d’un point de vue macro. L’Etat français a été généreux avec le secteur. Aucun gouvernement n’a mis en place ce que la France a mis en place.
Ce que je redoute le plus c’est les variants successifs qui changent les règles du jeu, reportent la reprise ou plutôt les reprises comme je le disais plus haut. La souplesse et l’agilité vont rester les maîtres mots encore un moment.
TourMaG.com - Qu'avez-vous fait de vos vacances ?
Jérémy Grasset :Je fais un tour de France en famille, #cetetecommeletedernierjevoyageenfrance, entre amis, petits hôtels de charmes, test de prestataire et repos.
J’adore voyager en France, c’est un vrai plaisir. Nous avons des régions incroyables et je les redécouvre avec plaisir !
Quand on sort de grands pays comme l’Inde ou l’Indonésie, la France a un côté « petit pays » qui permet de passer d’une région à une autre en 2 heures et c’est du luxe !
Ce matin j’ai pu faire du canoë dans la Vienne et c’était génial ! Semaine prochaine vélo sur la Loire ! L’outdoor est tendance pour ma famille et moi aussi !
"Les réceptifs sont dans une situation difficile"
TourMaG.com - Face à cette pandémie, à quoi ressemblera, selon vous, le tourisme de demain ?
Jérémy Grasset : Dans un monde idéal, je dirai que chacun fasse attention à la manière dont il voyage, qu’il se porte vers un tourisme durable, avec moins d’impact carbone et plus de rencontres.
Dans la réalité, chacun va essayer de s’en sortir comme il peut.
J’espère que la compréhension entre les différents niveaux d’acteurs sera importante : agences en France, hôteliers, transporteurs, prestataires d’activités, réceptifs et les opérateurs de l’aérien. Il faut essayer de s’en sortir comme en début de crise : au moment où tout le monde a rapatrié ses passagers, nous avons tous été d’une grande solidarité.
Les réceptifs sont dans une situation difficile. De notre côté, nous avons la chance d’accueillir un nouvel investisseur et nous avons donc moins de difficultés. J’ai plusieurs amis sur tous les continents, notamment grâce à Togezer.
La plupart sont des entrepreneurs individuels qui ont mis 5, 10, 15 ou 20 ans à monter leur structure. Ils n’ont pas d’aide en local, ils ont engagé bien souvent leur bien personnel dans la continuité de leurs activités.
Pour beaucoup, ils ont lancé des activités à côté pour vivre : restaurateur, enseignant, peintres, coach, carreleurs certains sont repartis de zéro dans de nouveaux secteurs. J’admire leur esprit d’adaptation et d’entrepreneuriat.
Alex et moi avons aussi lancé de nouvelles activités à côte pour avoir des projets actifs qui tournent en attendant la reprise. Je me suis ainsi lancé dans la promotion des expériences de voyage immobile, de téléportation dans les Ehpad : teleportin.com ! C’est sans doute nos ainés qui peuvent le moins voyager toute l’année, alors c’est à eux qu’on a eu envie d’offrir nos images locales.
La reprise nécessite la même coordination et compréhension. Il faut éviter la défiance pour retrouver la confiance.
D’un point de vue de l’offre, j’espère que les experts auront la parole et pourront reprendre la main sur l’offre pour n’offrir que des voyages qui font du sens. Des voyages où les voyageurs peuvent se découvrir, peuvent rencontrer des locaux pour mieux comprendre la terre et l’humanité.
Plus les humains se connaissent et moins nous risquons de frictions. Le tourisme a un grand rôle à jouer dans la paix et dans la compréhension des différences. Je suis conscient que cela est utopique, mais il nous faut rêver pour que les rêves se transforment en réalité.
La réalité : même si l’avenir nous le dira, nous la construisons et nous en sommes acteurs donc nous pouvons nous engager !
Jérémy Grasset : Dans un monde idéal, je dirai que chacun fasse attention à la manière dont il voyage, qu’il se porte vers un tourisme durable, avec moins d’impact carbone et plus de rencontres.
Dans la réalité, chacun va essayer de s’en sortir comme il peut.
J’espère que la compréhension entre les différents niveaux d’acteurs sera importante : agences en France, hôteliers, transporteurs, prestataires d’activités, réceptifs et les opérateurs de l’aérien. Il faut essayer de s’en sortir comme en début de crise : au moment où tout le monde a rapatrié ses passagers, nous avons tous été d’une grande solidarité.
Les réceptifs sont dans une situation difficile. De notre côté, nous avons la chance d’accueillir un nouvel investisseur et nous avons donc moins de difficultés. J’ai plusieurs amis sur tous les continents, notamment grâce à Togezer.
La plupart sont des entrepreneurs individuels qui ont mis 5, 10, 15 ou 20 ans à monter leur structure. Ils n’ont pas d’aide en local, ils ont engagé bien souvent leur bien personnel dans la continuité de leurs activités.
Pour beaucoup, ils ont lancé des activités à côté pour vivre : restaurateur, enseignant, peintres, coach, carreleurs certains sont repartis de zéro dans de nouveaux secteurs. J’admire leur esprit d’adaptation et d’entrepreneuriat.
Alex et moi avons aussi lancé de nouvelles activités à côte pour avoir des projets actifs qui tournent en attendant la reprise. Je me suis ainsi lancé dans la promotion des expériences de voyage immobile, de téléportation dans les Ehpad : teleportin.com ! C’est sans doute nos ainés qui peuvent le moins voyager toute l’année, alors c’est à eux qu’on a eu envie d’offrir nos images locales.
La reprise nécessite la même coordination et compréhension. Il faut éviter la défiance pour retrouver la confiance.
D’un point de vue de l’offre, j’espère que les experts auront la parole et pourront reprendre la main sur l’offre pour n’offrir que des voyages qui font du sens. Des voyages où les voyageurs peuvent se découvrir, peuvent rencontrer des locaux pour mieux comprendre la terre et l’humanité.
Plus les humains se connaissent et moins nous risquons de frictions. Le tourisme a un grand rôle à jouer dans la paix et dans la compréhension des différences. Je suis conscient que cela est utopique, mais il nous faut rêver pour que les rêves se transforment en réalité.
La réalité : même si l’avenir nous le dira, nous la construisons et nous en sommes acteurs donc nous pouvons nous engager !
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