Resa estivale : la perte de pouvoir d'achat commence à se faire sentir...

Sans les élections législatives et présidentielles qui avaient arrêté la prise de réservation dès la mi-avril et pendant plus d'un mois l'année dernière, le rythme des inscriptions se fait de façon plus fluide cette année.

Même si, chez Fram, on constate encore que la prise de réservation de l'été s'est vraiment déclenchée après les élections municipales, notamment sur le Maroc.

Globalement, les réservations sont donc en avance par rapport à l'année dernière. Chez Fram, le volume de résas fermes affiche une progression de 12%. Et les produits labellisés tirent même cette performance avec + 25 % sur Frameco, +15% sur Framissima et + 15% sur Club Olé.

Le généraliste nuance néanmoins ses propos en fonction des destinations. Ibiza est à +20%, les Canaries à +15%, Madère à + 45%. Quant à la Turquie dont la production a été redynamisée, elle cartonne à + 90%.
Le Maroc qui avait souffert des troubles de Casablanca à pareille époque l'année dernière est à + 63% !

A l'inverse, la Tunisie est juste étale par rapport à l'année dernière, et la Sardaigne vraiment à la peine. Une constatation qui ne se vérifie pas sur la Sicile. Chez le spécialiste Sicilissimo, le programme de bookings Sicile est même "significativement en avance" par rapport à l'année dernière.

Même enthousiasme sur la Grèce chez Vacances Héliades qui enregistre des bookings en progression de 20 % par rapport à l'année dernière. Une programmation de vols supplémentaires sur Heraklion, Santorin, Mikonos et Rhodes a été mise en place.

Mais Jean Brajon reste prudent. La saison n'est pas terminée et surtout, les ventes du bassin Méditerranéen fonctionnent selon un système de vase communicants : "Si la Grèce marche, c'est que d'autres destinations souffrent...".

D'ailleurs, le succès de la Grèce ne se vérifie pas partout. Chez STI par exemple c'est Chypre et Crète qui sont en retard. A l'inverse, l'Égypte continue de cartonner et "c'est de la folie douce" selon Agathe Roussel, sur la Jordanie, Syrie et Dubaï.

Sur l'Afrique, à l'inverse, c'est calme, même très calme. "Les demandes de cotations qui arrivent sur le Kenya, c'est pour octobre." Autant dire que la haute saison qui recommence traditionnellement en juin souffrira encore des événements politiques de l'hiver dernier...

Si tous les producteurs s'entendent à reconnaître que les États-Unis seront la destination vedette long courrier cet été, avec une tendance à prolonger le séjour moyen de 15 jours à trois semaines, le Canada est moins demandé.

Chez Jetset, les destinations d'Amérique centrale sont au même niveau que l'année dernière. A l'inverse, celles de l'Amérique du Sud sont à la traine par rapport à l'année dernière.

Et puis, il y a les producteurs qui constatent des variations étonnantes dans le rythme de réservations. Ainsi, chez le producteur régional Kit Voyages, mono-destination sur les Baléares, les vols au départ de Deauville sont quasiment complets jusqu'à la fin août, tandis que ceux de Lille restent à commercialiser, hors départs de début août.
Pour François Fihey, c'est à l'évidence une question de pouvoir d'achat des Ch'tis.

C'est aussi l'explication avancée par Colette Vierra da Silva, Croisitour, pour comprendre pourquoi les ventes de l'été dans les grandes villes se font normalement alors que dans les villes petites ou moyennes, "l'été n'est pas encore commencé".
Autre élément qui vient nourrir cette constatation, le très haut de gamme part bien mais pas les produits plus populaires...

Autre production destinée à la clientèle aisée, l'Écosse et l'Irlande chez Gaeland Ashling sont "dans les clous", selon Nicolas Julien. Tout confondu, le spécialiste des pays anglophones est à + 14% cette année.

Mais la prudence est de mise. Si les bookings ont pris de l'avance, la saison est loin d'être terminée. Et comme dit Colette Vierra da Silva, cela fait longtemps que certains rament pour tout juste équilibrer les comptes...

Même sensation vis à vis de la Tunisie chez Croisitour. "C'est tout le bassin méditerranéen qui marque le pas" pour Colette Viera da Silva. Une constatation directement reliée au pouvoir d'achat. "Le très haut de gamme marche bien mais en dessous, on sent des tensions".