Le redressement d'Air Austral est loin d'être un long fleuve tranquille.
La compagnie réunionnaise engluée dans une crise sans fin depuis la pandémie peine à sortir la tête de l'eau. Plus de quatre ans après le 1er confinement, l'entreprise est toujours dans le rouge, elle continue d'inquiéter, même si la situation parait se rétablir très doucement, selon les bruits qui nous parviennent.
De l'aveu même de suiveurs bien renseignés, elle a échappé de peu au drame, en début d'année.
La reprise en main, par l'équipe d'Aérogestion aurait permis de sauver les meubles à court terme. Le nouveau président de la compagnie devra lui poursuivre ce travail, pour la remettre durablement sur le chemin de la pérennité.
Et ça tombe bien, car une semaine après la validation d'un bilan comptable (2024)"exécrable," selon le propre qualificatif de Vivien Rousseau ayant assisté à la dernière assemblée générale, sa nomination est attendue pour ce vendredi 18 octobre 2024 et le comité d'accueil s'annonce peu amical.
Pour souhaiter la bienvenue à Hugues Marchessaux, le futur président de la compagnie comme nous vous l'avons révélé (en exclusivité), le SNPL a décidé de publier un communiqué de presse avant même sa prise de fonction.
Intitulé "les pilotes d'Air Austral très inquiets pour leur avenir et celui de leur compagnie," le document rédigé par le SNPL met une grosse pression sur les épaules de l'ancien directeur général d'Air Caraïbes Atlantique.
La compagnie réunionnaise engluée dans une crise sans fin depuis la pandémie peine à sortir la tête de l'eau. Plus de quatre ans après le 1er confinement, l'entreprise est toujours dans le rouge, elle continue d'inquiéter, même si la situation parait se rétablir très doucement, selon les bruits qui nous parviennent.
De l'aveu même de suiveurs bien renseignés, elle a échappé de peu au drame, en début d'année.
La reprise en main, par l'équipe d'Aérogestion aurait permis de sauver les meubles à court terme. Le nouveau président de la compagnie devra lui poursuivre ce travail, pour la remettre durablement sur le chemin de la pérennité.
Et ça tombe bien, car une semaine après la validation d'un bilan comptable (2024)"exécrable," selon le propre qualificatif de Vivien Rousseau ayant assisté à la dernière assemblée générale, sa nomination est attendue pour ce vendredi 18 octobre 2024 et le comité d'accueil s'annonce peu amical.
Pour souhaiter la bienvenue à Hugues Marchessaux, le futur président de la compagnie comme nous vous l'avons révélé (en exclusivité), le SNPL a décidé de publier un communiqué de presse avant même sa prise de fonction.
Intitulé "les pilotes d'Air Austral très inquiets pour leur avenir et celui de leur compagnie," le document rédigé par le SNPL met une grosse pression sur les épaules de l'ancien directeur général d'Air Caraïbes Atlantique.
Air Austral : "jusqu'à maintenant, nous avons choisi de ne pas faire trop de bruit"
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"Nous sommes inquiets et ça ne date pas d'aujourd'hui.
Après pour faire preuve de notre bonne foi, en mars dernier nous avons signé l'APC (accord de performance collective) offrant par la même occasion une bouffée de 5 millions d'euros aux caisses de la compagnie.
C'est le 3e APC, nous n'avons pas été revalorisés depuis 2017 et nous avons lâché pas loin de 20% de salaire. Sauf que depuis mars, nous n'avons plus de son ni d'image de la part des actionnaires privés et de la Région," nous explique Vivien Rousseau, le président de la section Air Austral du SNPL.
De source interne, nous apprenons que les pilotes de la compagnie n'ont pas à rougir au moment de comparer leurs bulletins de salaire ceux de leurs confrères d'Air France.
Les rémunérations seraient très confortables, même si cela n'exclut en rien l'absence de dialogue social et économique au sein de l'entreprise.
En décembre dernier, alors que la compagnie entrait en pleine tempête financière et que le cash se tarissait pour atteindre des niveaux plus qu'inquiétants, la précédente direction validait une hausse des salaires à deux chiffres... des PNT.
Une mesure, en plus d'autres, sur laquelle a dû vite revenir le management, sous peine de mettre la clé sous l'appareil.
"Jusqu'à maintenant, nous avons choisi de ne pas faire trop de bruit, pour ne pas abimer l'entreprise.
La semaine dernière, nous avons appris que notre président était débarqué et des rumeurs circulent pour le nom de son remplaçant. Nous apprenons les choses dans la presse, comme la vôtre.
Le CSE a lieu demain et le conseil de surveillance vendredi, sauf qu'à ce jour, le CSE n'est toujours pas informé de l'arrivé d'un nouveau responsable à la tête de la compagnie," déplore le syndicaliste pour illustrer l'absence de dialogue social au sein d'Air Austral.
Après pour faire preuve de notre bonne foi, en mars dernier nous avons signé l'APC (accord de performance collective) offrant par la même occasion une bouffée de 5 millions d'euros aux caisses de la compagnie.
C'est le 3e APC, nous n'avons pas été revalorisés depuis 2017 et nous avons lâché pas loin de 20% de salaire. Sauf que depuis mars, nous n'avons plus de son ni d'image de la part des actionnaires privés et de la Région," nous explique Vivien Rousseau, le président de la section Air Austral du SNPL.
De source interne, nous apprenons que les pilotes de la compagnie n'ont pas à rougir au moment de comparer leurs bulletins de salaire ceux de leurs confrères d'Air France.
Les rémunérations seraient très confortables, même si cela n'exclut en rien l'absence de dialogue social et économique au sein de l'entreprise.
En décembre dernier, alors que la compagnie entrait en pleine tempête financière et que le cash se tarissait pour atteindre des niveaux plus qu'inquiétants, la précédente direction validait une hausse des salaires à deux chiffres... des PNT.
Une mesure, en plus d'autres, sur laquelle a dû vite revenir le management, sous peine de mettre la clé sous l'appareil.
"Jusqu'à maintenant, nous avons choisi de ne pas faire trop de bruit, pour ne pas abimer l'entreprise.
La semaine dernière, nous avons appris que notre président était débarqué et des rumeurs circulent pour le nom de son remplaçant. Nous apprenons les choses dans la presse, comme la vôtre.
Le CSE a lieu demain et le conseil de surveillance vendredi, sauf qu'à ce jour, le CSE n'est toujours pas informé de l'arrivé d'un nouveau responsable à la tête de la compagnie," déplore le syndicaliste pour illustrer l'absence de dialogue social au sein d'Air Austral.
Air Austral : Une grogne, mais pas de grève en perspective...
Et c'est surtout, le sujet pour lequel les pilotes ont décidé de sortir du mutisme dans lequel, ils s'étaient enfermés ces dernières années.
Alors qu'ils ont conscience de l'extrême fragilité de l'entreprise et "n'exigent pas la cogestion" de leur employeur, ils aimeraient en savoir plus sur la destinée de la dérive réunionnaise, d'autant plus quand elle affronte de très fortes turbulences.
"Nous n'avons pas eu de consultation, alors que c'est obligatoire sur les orientations stratégiques.
Les comptes clôturés au 31 mars 2024 n'ont toujours pas été présentés non plus. Le dialogue social est complètement à l'arrêt. Nous les avions prévenus, il faut nous parler, ils ne nous ont pas écoutés, voilà où nous en sommes.
Nous mettons un coup de pression aux actionnaires en les appelant à se montrer plus ouverts vis-à-vis de nous," prévient Vivien Rousseau.
Le document a été envoyé à la presse, alors que Hugues Marchessaux se trouvait ce mercredi matin dans un avion en direction de l'île intense (socialement parlant, ça marque aussi).
Le futur président est donc prévenu, il sait où il met les pieds : sur les braises réunionnaises. Le volcan ne devrait malgré tout rentrer en éruption.
"L'entreprise n'est pas en état de supporter un mouvement de grève.
En revanche, nous allons maintenant faire parler de nous et nous agiter un peu. Le futur PDG doit rendre des comptes, il a un minimum de responsabilités," martèle le pilote.
Alors qu'ils ont conscience de l'extrême fragilité de l'entreprise et "n'exigent pas la cogestion" de leur employeur, ils aimeraient en savoir plus sur la destinée de la dérive réunionnaise, d'autant plus quand elle affronte de très fortes turbulences.
"Nous n'avons pas eu de consultation, alors que c'est obligatoire sur les orientations stratégiques.
Les comptes clôturés au 31 mars 2024 n'ont toujours pas été présentés non plus. Le dialogue social est complètement à l'arrêt. Nous les avions prévenus, il faut nous parler, ils ne nous ont pas écoutés, voilà où nous en sommes.
Nous mettons un coup de pression aux actionnaires en les appelant à se montrer plus ouverts vis-à-vis de nous," prévient Vivien Rousseau.
Le document a été envoyé à la presse, alors que Hugues Marchessaux se trouvait ce mercredi matin dans un avion en direction de l'île intense (socialement parlant, ça marque aussi).
Le futur président est donc prévenu, il sait où il met les pieds : sur les braises réunionnaises. Le volcan ne devrait malgré tout rentrer en éruption.
"L'entreprise n'est pas en état de supporter un mouvement de grève.
En revanche, nous allons maintenant faire parler de nous et nous agiter un peu. Le futur PDG doit rendre des comptes, il a un minimum de responsabilités," martèle le pilote.
Le projet de Marc Rochet "est-il de nous faire boire le bouillon ?"
Il appelle l'ex-direction des opérations de la CMA-CGM Air Cargo à passer au pupitre pour présenter à toutes les équipes le nouveau projet, aussi bien sur la dimension financière que stratégique.
Le syndicat souhaite intégrer la boucle pour être mis au courant des choix des machines et des routes.
Il donne aussi l'impression de craindre l'ancien manitou du groupe Dubreuil Aéro.
"Nous appelons aussi nos actionnaires à marquer à la culotte Marc Rochet. Il a dans son escarcelle des plans qui ne correspondent pas vraiment au rôle de désenclavement social et des territoires.
Au nom de la rentabilité, il semble plutôt casser le produit, en fermant des lignes.
Nous nous posons des questions, car nous voulions ouvrir la 3e rotation sur Bangkok. La proposition a été refusée, alors qu'elle affiche une belle santé financière, au détriment de Paris, où nous buvons le bouillon.
Nous nous demandons quel est son projet à moyen terme ? N'est-il pas de nous faire boire le bouillon ? " questionne le représentant du SNPL.
Depuis quelques mois, la ligne entre la métropole et Saint-Denis est en difficulté, alors que le réseau régional se redresse.
En interne, le travail de Marc Rochet est loué. Certes la manoeuvre est périlleuse et le redressement ne pourra pas se faire en quelques semaines, mais les premiers signes sont d'ores et déjà visibles.
En suivant cette dynamique, Air Austral pourrait bien repasser dans le vert, du moins au niveau opérationnel, dès le prochain exercice.
Il reste encore 5 mois pour rentrer dans les clous, d'ici là, les actionnaires devront repasser par la case carnet de chèques pour assurer un minimum de visibilité au nouveau dirigeant.
Le syndicat souhaite intégrer la boucle pour être mis au courant des choix des machines et des routes.
Il donne aussi l'impression de craindre l'ancien manitou du groupe Dubreuil Aéro.
"Nous appelons aussi nos actionnaires à marquer à la culotte Marc Rochet. Il a dans son escarcelle des plans qui ne correspondent pas vraiment au rôle de désenclavement social et des territoires.
Au nom de la rentabilité, il semble plutôt casser le produit, en fermant des lignes.
Nous nous posons des questions, car nous voulions ouvrir la 3e rotation sur Bangkok. La proposition a été refusée, alors qu'elle affiche une belle santé financière, au détriment de Paris, où nous buvons le bouillon.
Nous nous demandons quel est son projet à moyen terme ? N'est-il pas de nous faire boire le bouillon ? " questionne le représentant du SNPL.
Depuis quelques mois, la ligne entre la métropole et Saint-Denis est en difficulté, alors que le réseau régional se redresse.
En interne, le travail de Marc Rochet est loué. Certes la manoeuvre est périlleuse et le redressement ne pourra pas se faire en quelques semaines, mais les premiers signes sont d'ores et déjà visibles.
En suivant cette dynamique, Air Austral pourrait bien repasser dans le vert, du moins au niveau opérationnel, dès le prochain exercice.
Il reste encore 5 mois pour rentrer dans les clous, d'ici là, les actionnaires devront repasser par la case carnet de chèques pour assurer un minimum de visibilité au nouveau dirigeant.
Hugues Marchessaux : "nous nous interrogeons sur la solidité de ce plan de retournement"
En attendant, il aura bien des défis à relever.
Les conditions d'exploitation de la flotte ne sont toujours pas optimales, à cause des problèmes de moteurs sur les A220. Un avion est encore cloué au sol, ainsi qu'un autre Boeing.
Et malheureusement, ces choix réalisés par la direction avant covid risquent de peser durablement sur les épaules des finances de la compagnie. Les avionneurs n'arrivent pas à produire suffisamment pour satisfaire leurs clients, le temps d'attente dépasse maintenant 3 ou 4 ans.
Alors quand on est une compagnie sans-le-sou ou presque, il pourrait s'étirer jusqu'à la prochaine décennie.
La direction demande "toujours plus à toujours moins de personnes. Ces mêmes salariés qui ne sont pas reconnus ou valorisés.
Dans le même temps, nous n'avons pas de perspectives d'avenir aussi bien sur le plan professionnel que financier et même de développement d'entreprise.
Il apparait même de l'inquiétude sur la sécurité de l'emploi. Nous tirons la sonnette d'alarme.
La nomination à venir de notre nouveau patron qui n'a dirigé que 2 fois des compagnies aériennes et que très brièvement. Ce n'est pas un technicien de l'aérien.
Cette arrivée nous interroge sur la solidité de ce plan de retournement," affirme Vivien Rousseau.
Hugues Marchessaux arrivera dans un directoire recomposé et réduit, en compagnie de Harold Cazal. Sa première prise de parole sera scrutée avec insistance par les salariés qui n'attendent qu'une chose : une main tendue.
Reste à savoir, maintenant si les problématiques de flotte d'Air Austral et la concurrence sur le Paris-Saint Denis ne vont pas complexifier durablement la tache de celui qui va découvrir la fournaise réunionnaise.
Les conditions d'exploitation de la flotte ne sont toujours pas optimales, à cause des problèmes de moteurs sur les A220. Un avion est encore cloué au sol, ainsi qu'un autre Boeing.
Et malheureusement, ces choix réalisés par la direction avant covid risquent de peser durablement sur les épaules des finances de la compagnie. Les avionneurs n'arrivent pas à produire suffisamment pour satisfaire leurs clients, le temps d'attente dépasse maintenant 3 ou 4 ans.
Alors quand on est une compagnie sans-le-sou ou presque, il pourrait s'étirer jusqu'à la prochaine décennie.
La direction demande "toujours plus à toujours moins de personnes. Ces mêmes salariés qui ne sont pas reconnus ou valorisés.
Dans le même temps, nous n'avons pas de perspectives d'avenir aussi bien sur le plan professionnel que financier et même de développement d'entreprise.
Il apparait même de l'inquiétude sur la sécurité de l'emploi. Nous tirons la sonnette d'alarme.
La nomination à venir de notre nouveau patron qui n'a dirigé que 2 fois des compagnies aériennes et que très brièvement. Ce n'est pas un technicien de l'aérien.
Cette arrivée nous interroge sur la solidité de ce plan de retournement," affirme Vivien Rousseau.
Hugues Marchessaux arrivera dans un directoire recomposé et réduit, en compagnie de Harold Cazal. Sa première prise de parole sera scrutée avec insistance par les salariés qui n'attendent qu'une chose : une main tendue.
Reste à savoir, maintenant si les problématiques de flotte d'Air Austral et la concurrence sur le Paris-Saint Denis ne vont pas complexifier durablement la tache de celui qui va découvrir la fournaise réunionnaise.