"Le symbole de Jet tours était le coeur, mais là je me demande où il est passé ?" S'interroge un responsable de secteur désabusé - Crédit photo : Compte Facebook Jet tours
"Quand en France whirlpool laisse 350 salariés sur le carreau, tous les politiques ont fait leur sortie dans la presse pour en parler. Pendant ce temps Thomas Cook France met la clé sous la porte avec non pas 300 mais près de 700 personnes licenciées.
Et personne n'a bougé" se désole Pierre (prénom modifié pour respecter son anonymat), un ancien responsable animation d'un secteur chez Thomas Cook.
En novembre 2019, une salariée d'une agence de voyages se plaignait, à juste titre dans TourMaG.com, "les journalistes se faisaient passer pour des clients ou des commerciaux, mais personne ne s'est soucié de nous, nous sommes des victimes aussi."
Si tous les projecteurs médiatiques étaient braqués sur les points de vente, car faciles d'accès et dont les salariés n'attendaient qu'une chose, à savoir parler, certains se sont retrouvés seuls face au néant.
Thomas Cook n'est pas une fin d'aventure comme les autres, non seulement le numéro deux mondial est tombé avec pertes et fracas, mais il n'a pas soigné sa triste fin.
"A la base je ne voulais pas m'épancher dans la presse pour ne pas casser du sucre sur le dos de la direction, mais à force de voir passer des articles, je veux apporter un éclairage sur ce qu'il s'est passé à destination.
Je voudrais rétablir une certaine vérité," explique, cette personne ayant préféré garder l'anonymat.
Et personne n'a bougé" se désole Pierre (prénom modifié pour respecter son anonymat), un ancien responsable animation d'un secteur chez Thomas Cook.
En novembre 2019, une salariée d'une agence de voyages se plaignait, à juste titre dans TourMaG.com, "les journalistes se faisaient passer pour des clients ou des commerciaux, mais personne ne s'est soucié de nous, nous sommes des victimes aussi."
Si tous les projecteurs médiatiques étaient braqués sur les points de vente, car faciles d'accès et dont les salariés n'attendaient qu'une chose, à savoir parler, certains se sont retrouvés seuls face au néant.
Thomas Cook n'est pas une fin d'aventure comme les autres, non seulement le numéro deux mondial est tombé avec pertes et fracas, mais il n'a pas soigné sa triste fin.
"A la base je ne voulais pas m'épancher dans la presse pour ne pas casser du sucre sur le dos de la direction, mais à force de voir passer des articles, je veux apporter un éclairage sur ce qu'il s'est passé à destination.
Je voudrais rétablir une certaine vérité," explique, cette personne ayant préféré garder l'anonymat.
Des milliers d'euros avancés par des responsables de secteurs sans nouvelle de la direction
Face à une situation dantesque, nul ne sait comment il aurait réagi tant l'ampleur de la tâche était énorme.
Une chose est sûre, les animateurs se sont retrouvés avec des clients excédés, menacés par les hôteliers de devoir payer le manque à gagner. Il faut se rendre compte que pour une partie des employés, sous contrat suisse, ce n'étaient que des gamins faisant face à des adultes apeurés nous explique-t-il.
"Il y a eu des menaces de responsables d'établissements sommant leurs hôtes de payer. Sans les équipes la situation aurait pu dégénérer. Les équipes en ont pris plein la figure pendant une bonne semaine."
Le travail des petites mains, devenues depuis anonymes, a permis à toute une direction, mais aussi une industrie de se gargariser sur le fait qu'aucun client ne fut abandonné dans la nature.
"Sauf que l'opération a réussi grâce aux animateurs, le tout sans aucune communication de Thomas Cook France. La suite de l'histoire me laisse amer," explique Pierre.
A devoir gérer la casse en direct, mais surtout suivre les directives du département animation, les responsables de secteur ont dû avancer plusieurs milliers d'euros de leur poche, pour acheminer les clients à l'aéroport ou régler des notes pour le matériel.
Plusieurs dizaines de milliers d'euros ont été dépensés par ces responsables, qui n'ont fait que suivre les procédures qui étaient dictées depuis la Suisse, lieu d'implantation de la direction animation.
"Certains agissaient en tant que prestataires pour la direction en fournissant le service animation, donc pour certains la perte est nettement plus importante que la mienne."
En tout, l'ex-responsable de secteur a déboursé environ 3 500 euros de sa poche pour payer les autocaristes, aider des animateurs et d'autres frais nécessaires pour assurer le bon retour de chacun.
"Sur le coup je me suis dit que ces dépenses étaient normales. Sauf que ce n'est pas le 13e mois ou des primes, mais c'est notre argent que nous avons dépensé pour assurer le bon fonctionnement de l'entreprise.
Depuis septembre, je n'ai plus aucune nouvelle de la direction française."
Tout en sachant que les notes de frais sont gérées par les salariés de Clichy. Un silence radio qui a poussé l'ancien responsable à témoigner, pour lui mais aussi pour que l'ensemble de ses collègues puisse toucher leur dû.
Une chose est sûre, les animateurs se sont retrouvés avec des clients excédés, menacés par les hôteliers de devoir payer le manque à gagner. Il faut se rendre compte que pour une partie des employés, sous contrat suisse, ce n'étaient que des gamins faisant face à des adultes apeurés nous explique-t-il.
"Il y a eu des menaces de responsables d'établissements sommant leurs hôtes de payer. Sans les équipes la situation aurait pu dégénérer. Les équipes en ont pris plein la figure pendant une bonne semaine."
Le travail des petites mains, devenues depuis anonymes, a permis à toute une direction, mais aussi une industrie de se gargariser sur le fait qu'aucun client ne fut abandonné dans la nature.
"Sauf que l'opération a réussi grâce aux animateurs, le tout sans aucune communication de Thomas Cook France. La suite de l'histoire me laisse amer," explique Pierre.
A devoir gérer la casse en direct, mais surtout suivre les directives du département animation, les responsables de secteur ont dû avancer plusieurs milliers d'euros de leur poche, pour acheminer les clients à l'aéroport ou régler des notes pour le matériel.
Plusieurs dizaines de milliers d'euros ont été dépensés par ces responsables, qui n'ont fait que suivre les procédures qui étaient dictées depuis la Suisse, lieu d'implantation de la direction animation.
"Certains agissaient en tant que prestataires pour la direction en fournissant le service animation, donc pour certains la perte est nettement plus importante que la mienne."
En tout, l'ex-responsable de secteur a déboursé environ 3 500 euros de sa poche pour payer les autocaristes, aider des animateurs et d'autres frais nécessaires pour assurer le bon retour de chacun.
"Sur le coup je me suis dit que ces dépenses étaient normales. Sauf que ce n'est pas le 13e mois ou des primes, mais c'est notre argent que nous avons dépensé pour assurer le bon fonctionnement de l'entreprise.
Depuis septembre, je n'ai plus aucune nouvelle de la direction française."
Tout en sachant que les notes de frais sont gérées par les salariés de Clichy. Un silence radio qui a poussé l'ancien responsable à témoigner, pour lui mais aussi pour que l'ensemble de ses collègues puisse toucher leur dû.
Des animateurs sans salaire depuis septembre 2019...
"Par chance, nous sommes suivis par un administrateur judiciaire suisse, et je pense que nous sommes plus chanceux que les salariés français étant donné ce que je peux lire."
Et le calvaire de ceux qui s'occupent des vacanciers à destination n'a fait que débuter une fois sans emploi.
Comme le dit ci bien Hubert Koundé dans le film "La Haine", le plus important c'est pas la chute, mais l'atterrissage. Si l'ensemble des 300 animateurs ont bien attéri en France, la galère continue pour eux.
"Ils n'ont pas compris l'ampleur de la situation et ce qui allait leur arriver par la suite."
Sous contrat suisse, et sans nouvelle du service des ressources humaines, ils n'ont pas touché le moindre euro depuis fin septembre et n'ont pas pu s'inscrire à Pôle Emploi.
Cela fera bientôt cinq mois sans revenu, d'autant plus que pour bon nombre, il fut impossible de se retourner, car la saison hivernale était déjà bien avancée, notamment au niveau du recrutement.
"La communication du siège est pour moi inadmissible, que ce soit pendant ou après la chute. D'ailleurs je suis persuadé que personne ne sait où je me trouve. Personne ne s'en soucie. Je n'ai jamais reçu un mail pour savoir où je me trouve."
Et le calvaire de ceux qui s'occupent des vacanciers à destination n'a fait que débuter une fois sans emploi.
Comme le dit ci bien Hubert Koundé dans le film "La Haine", le plus important c'est pas la chute, mais l'atterrissage. Si l'ensemble des 300 animateurs ont bien attéri en France, la galère continue pour eux.
"Ils n'ont pas compris l'ampleur de la situation et ce qui allait leur arriver par la suite."
Sous contrat suisse, et sans nouvelle du service des ressources humaines, ils n'ont pas touché le moindre euro depuis fin septembre et n'ont pas pu s'inscrire à Pôle Emploi.
Cela fera bientôt cinq mois sans revenu, d'autant plus que pour bon nombre, il fut impossible de se retourner, car la saison hivernale était déjà bien avancée, notamment au niveau du recrutement.
"La communication du siège est pour moi inadmissible, que ce soit pendant ou après la chute. D'ailleurs je suis persuadé que personne ne sait où je me trouve. Personne ne s'en soucie. Je n'ai jamais reçu un mail pour savoir où je me trouve."
"J'ai le sentiment que la France nous a abandonnés"
Actuellement engagé, comme d'autres, dans une procédure avec l'administrateur judiciaire suisse pour récupérer les sommes déboursées, l'ancien responsable de secteur envisage de plus en plus une poursuite judiciaire pour récupérer les sommes déboursées.
"Nous avons simplement une adresse électronique, pour contacter le service des ressources humaines. Mes mails n'ont eu aucune réponse, je reste dans l'attente.
Il y a un manque totalement d'information et de procédure dans toute cette histoire."
Par chance, Pierre a pu retrouver un emploi dernièrement, mais il faut dire que la situation aurait pu être bien pire. Sans salaire, depuis septembre 2019, sans aucune nouvelle, imaginez un peu ce qu'il peut advenir si une telle situation était tombée sur une personne sans économie.
"Je comprends mieux comment certains se retrouvent à la rue, cela peut aller très vite."
Une prophétie que l'on espère peu réaliste, même s'il est compliqué de prendre des nouvelles des anciens animateurs passés par Jet tours. Et pour s'en sortir, il faut dire que les équipes font face à un véritable mur, à l'image de salariés qui n'arrivent pas à avoir la moindre réponse du directeur RH.
"i[On nous a dit : vous êtes sous contrat suisse, vous n'avez rien à faire avec Thomas Cook France.i]" Circuler,il n'y a rien à voir.
Une absence de réponse ou un dédouanement qui passe mal, quand des patrons s'épanchent dans la presse.
"Il n'y a aucune considération, j'ai le sentiment que la France nous a abandonnés."
"Nous avons simplement une adresse électronique, pour contacter le service des ressources humaines. Mes mails n'ont eu aucune réponse, je reste dans l'attente.
Il y a un manque totalement d'information et de procédure dans toute cette histoire."
Par chance, Pierre a pu retrouver un emploi dernièrement, mais il faut dire que la situation aurait pu être bien pire. Sans salaire, depuis septembre 2019, sans aucune nouvelle, imaginez un peu ce qu'il peut advenir si une telle situation était tombée sur une personne sans économie.
"Je comprends mieux comment certains se retrouvent à la rue, cela peut aller très vite."
Une prophétie que l'on espère peu réaliste, même s'il est compliqué de prendre des nouvelles des anciens animateurs passés par Jet tours. Et pour s'en sortir, il faut dire que les équipes font face à un véritable mur, à l'image de salariés qui n'arrivent pas à avoir la moindre réponse du directeur RH.
"i[On nous a dit : vous êtes sous contrat suisse, vous n'avez rien à faire avec Thomas Cook France.i]" Circuler,il n'y a rien à voir.
Une absence de réponse ou un dédouanement qui passe mal, quand des patrons s'épanchent dans la presse.
"Il n'y a aucune considération, j'ai le sentiment que la France nous a abandonnés."
A destination la désolation...
Et si la direction hexagonale n'a semble-t-il pas été à la hauteur de toutes les attentes, même s'il est compliqué d'appréhender une situation aussi exceptionnelle, Thomas Cook laisse aussi derrière lui des destinations meurtries.
Outre les 300 animateurs Jet tours, les réceptifs qui s'occupaient des excursions des vacanciers se retrouvent sans client, les boutiques dans les hôtels, les restaurants et les prestataires de services locaux sont touchés par un manque généralisé d'activité.
Certaines destinations ont vu toute leur économie s'effondrer.
"J'ai l'exemple d'un établissement qui venait de faire une rénovation complète pour plusieurs de millions d'euros, il était exclusivement réservé à la clientèle de Thomas Cook.
La faillite du voyagiste a poussé la direction de l'hôtel à mettre la clé sous la porte," témoigne Pierre.
Quand les autres ont changé de pavillons et ont dû licencier massivement, en attendant le retour de la clientèle. Cette dernière pourrait d'ailleurs se faire attendre et observer un come-back plus que timide.
"J'ai peur que le grand public fasse l'amalgame."
L'image des tour-opérateurs pourrait être écornée surtout que Thomas Cook paraissait aux yeux de tous comme insubmersible. L'été 2020 sera un premier test d'ampleur pour l'industrie, et les premiers indicateurs montrent une belle reprise de l'activité.
Une chose est sûre, Thomas Cook France laissera une plaie qui sera longue à cicatriser, non pas pour avoir planté des salariés, mais les avoir abandonnés sans considération et en pleine tempête.
"Vous savez le symbole Jet tours était le coeur, la direction nous a bassinés avec lui, mais là, je le demande où il est passé ce coeur ? La gestion est vraiment dommageable."
Outre les 300 animateurs Jet tours, les réceptifs qui s'occupaient des excursions des vacanciers se retrouvent sans client, les boutiques dans les hôtels, les restaurants et les prestataires de services locaux sont touchés par un manque généralisé d'activité.
Certaines destinations ont vu toute leur économie s'effondrer.
"J'ai l'exemple d'un établissement qui venait de faire une rénovation complète pour plusieurs de millions d'euros, il était exclusivement réservé à la clientèle de Thomas Cook.
La faillite du voyagiste a poussé la direction de l'hôtel à mettre la clé sous la porte," témoigne Pierre.
Quand les autres ont changé de pavillons et ont dû licencier massivement, en attendant le retour de la clientèle. Cette dernière pourrait d'ailleurs se faire attendre et observer un come-back plus que timide.
"J'ai peur que le grand public fasse l'amalgame."
L'image des tour-opérateurs pourrait être écornée surtout que Thomas Cook paraissait aux yeux de tous comme insubmersible. L'été 2020 sera un premier test d'ampleur pour l'industrie, et les premiers indicateurs montrent une belle reprise de l'activité.
Une chose est sûre, Thomas Cook France laissera une plaie qui sera longue à cicatriser, non pas pour avoir planté des salariés, mais les avoir abandonnés sans considération et en pleine tempête.
"Vous savez le symbole Jet tours était le coeur, la direction nous a bassinés avec lui, mais là, je le demande où il est passé ce coeur ? La gestion est vraiment dommageable."