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Ariane 6 : l’Europe retrouve enfin un accès autonome à l’espace

La chronique de Michel Messager


Enfin, l’Europe retrouve un accès autonome à l’espace dont elle est privée depuis un peu plus d’un an avec le tir de la dernière Ariane 5 le 5 juillet 2023. Ariane 6 avec ce vol du 9 juillet, entre en service après quatre ans de retard sur son calendrier initial.


Rédigé par le Mercredi 10 Juillet 2024

Avec ce lancement réussi d’Ariane 6 le 09 juillet à 20 heures (heure de Paris) l’angoisse a disparue pour faire place à un sentiment de soulagement et de satisfaction. Photo Ariane Groupe Martin Piron
Avec ce lancement réussi d’Ariane 6 le 09 juillet à 20 heures (heure de Paris) l’angoisse a disparue pour faire place à un sentiment de soulagement et de satisfaction. Photo Ariane Groupe Martin Piron
Depuis le début de l’année l’Europe du Spatial était dans l’attente du décollage d’Ariane 6. Espérance et Inquiétude, tel était l’état d’esprit de tous ceux qui s’intéressent au spatial européen.

Inquiétude, illustrée par les propos de Franck Huiban, Directeur des Programmes à Arianegroup : « Nous prenons toutes les précautions et nous n’hésitons pas à refaire certaines opérations si nous avons un doute. »

Espérance, illustrée par les propos de Guy Pilchen, responsable du programme Ariane 6 à l’Agence Spatiale Européenne ESA : « C’est le lanceur qui va nous redonner pour les capacités de lanceur lourd l’accès à l’espace… »

Avec ce lancement réussi d’Ariane 6 le 09 juillet à 20 heures (heure de Paris) l’angoisse a disparue pour faire place à un sentiment de soulagement et de satisfaction.

Lire aussi : La Guyane à l'honneur avec Ariane 6 et la flamme Olympique !

Il est vrai qu’après quatre ans de retard et un coût de 4 milliards pour le programme d’Ariane 6, ce lancement était des plus importants, d’autant plus que le coût d'un lancement d'Ariane 6 oscille entre 85 et 130 millions d'euros, en fonction de la configuration choisie (Ariane 62 ou Ariane 64).

Ariane 6 : le but de la mission

A l’occasion de ce tout premier vol, lors de la dernière conférence de presse du 25 juin, Michel Bonnet, responsable du vol inaugural à l’ESA, avait bien précisé que le but de la mission était de « démontrer le bon comportement de la fusée et d’en tester les capacités, notamment en embarquant plusieurs charges utiles : une masse inerte de 2 tonnes, censée simuler des satellites Galileo, huit cubesats, des petits satellites de la dimension de boîtes à chaussures , deux capsules de rentrée atmosphérique .Au cours de la mission cinq expériences devraient être réalisées dont un certain nombre de mesures. »

A ce sujet, il faut rappeler qu’à moins de deux semaines du premier vol d’Ariane 6, l’opérateur des satellites météo européens Eumetsat avait choisi de lâcher Ariane 6 pour SpaceX concernant le lancement de son satellite MTG-S1.

Un choix qui bien entendu a offusqué Philippe Baptiste le président du Cnes : « le choix d’un lanceur, n’est pas seulement une équation économique, c’est aussi une question de politique européenne, industrielle et de souveraineté. Ce sont les mêmes Etats qui financent le développement d’Ariane 6, qui disent publiquement ‘’préférence européenne’’ pour les lanceurs, et qui votent pour avoir un lancement sur SpaceX ! »

Caractéristiques techniques

Le lanceur Ariane 6 est un lanceur de moyenne à forte puissance (5 à 11,5 tonnes en orbite de transfert géostationnaire), est haut d'environ 62 mètres pour un diamètre (corps central avec la coiffe) de 5,45 mètres.

Il comprend deux étages propulsés par des moteurs-fusées à ergols liquides brûlant tous deux de l'hydrogène et de l'oxygène liquides. Le premier étage LLPM est propulsé par un moteur Vulcain 2.1 tandis que le deuxième étage ULPM est propulsé par un moteur Vinci.

Le premier étage est flanqué de deux à quatre propulseurs d'appoint à propergol solide LLPM qui fournissent l'essentiel de la poussée durant les deux premières minutes du vol. Enfin le lanceur dispose d'une coiffe disponible en deux tailles (14 et 20 mètres de haut). Les charges utiles sont fixées au lanceur par un adaptateur LVA auquel s'ajoutent des accessoires permettant des lancements multiples.

Les différentes phases du vol

Après la mise à feu, les deux boosters de 22 m de haut, qui aident la fusée à prendre son envol, ont brûlé pendant un peu plus de deux minutes et se sont détachés de l'étage principal. Puis, à une altitude de 110 km, la coiffe de la fusée, destinée à assurer la protection des charges utiles, a été éjectée.

La partie haute de la fusée s’est ensuite séparée de l'étage principal et a allumé son moteur puis a procédé au largage des onze charges utiles qui se trouvent à bord (neuf petits satellites et deux capsules faisant office de démonstrateur).

A lire aussi : Un 1er semestre 2024 gagnant pour le tourisme spatial

Le match Falcon 9 (Space X) et Ariane 6

Il est clair que le lanceur Ariane 6 arrive trop tard sur le marché par rapport à Falcon 9 qui en est, en sept ans sans échec, à plus de 200 vols dont 93 réussi en 2023.
Alors que le rythme de croisière d’Ariane 6 est de 9-10 tirs par an, celui de Falcon est 10-12 tirs par mois !

Ariane 6 est à usage unique, ce qui oblige ArianeGroup à prévoir longtemps à l’avance ses décollages tandis que les Falcon 9 de SpaceX sont réutilisables. Cela va se ressentir au niveau des prix où Ariane 6 est plus cher par kilo lancé que son principal concurrent (sauf pour les lancements à très haute altitude, les satellites géostationnaires par exemple).

Ariane 6, présente cependant des qualités certaines. Pour continuer dans la comparaison avec Falcon 9, la fusée européenne peut envoyer 11 tonnes de charge utile en orbite géostationnaire. C’est trois de plus qu’une fusée de SpaceX.

En termes de conception, les deux versions d'Ariane Group sont équipées au niveau de leur étage supérieur d'un nouveau moteur Vinci capable de redémarrer à quatre reprises, offrant ainsi une grande liberté pour placer des charges sur des orbites différentes au cours d’une même mission, et donc d’avoir, sur un même lancement, des charges multiples de plusieurs clients.

Comme le rappelle Xavier Pasco Directeur de la Fondation pour la recherche stratégique et spécialiste de l’espace : « Tous les lanceurs ne savent pas le faire, c'est sûr et la précision est un facteur important de durabilité, car un satellite qui est mis précisément sur orbite aura une durée de vie plus longue qu'un satellite qui est mis de manière plus approximative. »

Le futur proche

En novembre prochain, les 22 États membres de l’Agence spatiale européenne devront se mettre d’accord sur le budget de l’ESA pour les trois ans à venir.

La France est très attendue, car elle pèse 50 % du spatial européen (3 milliards d’euros par an, contre plus de 2 milliards pour l’Allemagne et plus de 1 milliard pour l’Italie) en termes de capacité industrielle, de budget et de programmes.

La France devrait poursuivre le financement de la modernisation du Centre spatial guyanais (CSG) de Kourou via l’ESA, et la finalisation d’Ariane 6 et de Vega C. Ces nouvelles fusées assurent et confortent donc un accès autonome à l’espace aux Européens. De même, la France poursuivra la préparation de l’avenir, en finançant l’industrialisation du moteur réutilisable Prometheus et de l’étage réutilisable Themis.

Également et c’est important, le démonstrateur de lanceur réutilisable Callisto continuera à être développé par le Cnes en coopération avec la Jaxa et le DLR, ses homologues japonais et allemand.

La réunion ministérielle examinera également la question des vols habités, car depuis l’arrêt de Soyouz, l’Europe dépend des États-Unis (avec le vaisseau Crew Dragon de SpaceX) pour envoyer ses astronautes en orbite basse vers la Station spatiale internationale et, demain sur la Lune.

Comme d’habitude, et malgré les demandes pressantes des industriels et de Josef Aschbacher, le directeur de l’ESA, pour lancer rapidement un programme de vaisseau habité…il faudra sans doute un miracle pour que ce dossier avance !

Si l’on se projette à plus long terme, il faut savoir qu’ArianeGroup travaille déjà sur la succession d’Ariane 6, avec le développement d’un moteur réutilisable et à très bas coût, Prometheus, imprimé à 70 % en 3D. « Il pourra à la fois propulser des min lanceurs et un éventuel lanceur lourd réutilisable », indique Antonin Ferri, le directeur des programmes futurs pour ArianeGroup.

L’entrée en service de cette "Ariane Next"paraît cependant difficilement envisageable avant les années 2030.

Michel MESSAGER
Michel MESSAGER
Michel MESSAGER est directeur associé de Consul Tours, société de conseil travaillant pour une clientèle privée et institutionnelle dans les secteurs du tourisme.

Il est Membre Fondateur de l’Institut Européen du Tourisme Spatial et de l’AFST (Association Française des Seniors du Tourisme). Il est l’auteur de nombreux articles sur le sujet ainsi que de plusieurs livres : le "Tourisme Spatial" publié en 2009 à la documentation française, "Histoire du Tourisme Spatial de 1950 à 2020" sorti en 2021, "Tourisme Spatial et Ecologie" en 2022 et "Tourisme Spatial de 1950 à 2022" chez Amazon. Il est considéré actuellement comme l’un des spécialistes en la matière.

Il intervient fréquemment sur ce sujet à la radio et à la télévision, ainsi qu’au travers de conférences dans de nombreux pays, notamment au Canada où il réside quelques mois par an. Il conseille notamment des entreprises du "new space" et des fonds d’investissements sur les projets financiers en matière de Tourisme Spatial.

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