Blue Monday ? ... Même les JO - dont on ne cessera jamais de vanter la réussite – ont paradoxalement envoyé des signaux contradictoires , incitant indirectement les visiteurs à s’agglutiner toujours davantage le long de la Seine ou sur le Pont des Arts, à explorer les Tuileries à la recherche d’une vasque olympique envolée. @T.beaurepère
« Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle » écrivait Baudelaire, dans Spleen. Ce lundi matin, il n’aurait su mieux dire. C’est le fameux « Blue Monday » !
Le troisième lundi de janvier serait le jour le plus déprimant de l’année selon les calculs réalisés en 2005 par un certain Cliff Arnall, officiellement docteur en psychologie à l’université de Cardiff.
On l’a tous crû, avant de découvrir qu’il s’agissait en réalité d’une supercherie… inventée par une agence de voyages britannique pour inciter ses clients à partir en vacances !
Cette année, c’est même la double peine puisque le Blue Monday coïncide avec l’investiture de Donald Trump, nouveau grand vizir de la planète. Et si je restais sous ma couette ?
A défaut de m’envoler au bout du monde pour oublier la grisaille qui déprime les nordistes depuis deux mois, les chiffres de l’ONU Tourisme auraient pu éclairer mon lundi. D’autant qu’avec son nouveau nom, l’ex Organisation Mondiale de Tourisme porte un message optimiste à rendre jalouse Miss France : « faire avancer un tourisme au service du développement, porteur de changement économique et social et mettant toujours au centre l’humanité et la planète ».
Le troisième lundi de janvier serait le jour le plus déprimant de l’année selon les calculs réalisés en 2005 par un certain Cliff Arnall, officiellement docteur en psychologie à l’université de Cardiff.
On l’a tous crû, avant de découvrir qu’il s’agissait en réalité d’une supercherie… inventée par une agence de voyages britannique pour inciter ses clients à partir en vacances !
Cette année, c’est même la double peine puisque le Blue Monday coïncide avec l’investiture de Donald Trump, nouveau grand vizir de la planète. Et si je restais sous ma couette ?
A défaut de m’envoler au bout du monde pour oublier la grisaille qui déprime les nordistes depuis deux mois, les chiffres de l’ONU Tourisme auraient pu éclairer mon lundi. D’autant qu’avec son nouveau nom, l’ex Organisation Mondiale de Tourisme porte un message optimiste à rendre jalouse Miss France : « faire avancer un tourisme au service du développement, porteur de changement économique et social et mettant toujours au centre l’humanité et la planète ».
Le tourisme mondial renoue avec ses records
Une belle feuille de route, sur le papier ! En 2024, les chiffres du tourisme mondial devraient flirter avec ceux de 2019 (de janvier à septembre, nous étions à 98% des niveaux pré-pandémiques). De quoi faire le bonheur des amateurs de courbes qui grimpent jusqu’au ciel.
Mais ces chiffres témoignent aussi de la schizophrénie du secteur, qui prétend se réinventer mais continue à viser la lune alors qu’il y a embouteillage sur les canaux de Venise et dans les ruelles de Santorin, au pied de la tour Eiffel et sur les pentes du Machu Picchu…
Regardez du côté de l’Espagne qui, dans une course incessante à la médaille d’or, se félicite d’avoir accueilli 94 millions de visiteurs en 2024, 10% de plus que l’an dernier. Alors même qu’à Barcelone ou Séville, les trottoirs sont saturés de valises à roulettes ; alors que les plages de la Costa Brava bavent de crème solaire.
Lire aussi : Le modèle touristique espagnol atteint-il ses limites ?
A côté, la France - dont on attend le bilan - devrait faire pâle figure, avec au mieux une faible progression. Au point que dès 2025, nos chers voisins espagnols pourraient nous chiper la première place mondiale.
Je vois déjà les gros titres dans la presse, qui n’est pas la dernière à participer à cette schizophrénie ambiante : « La France déclassée », « Rien ne va plus dans l’Hexagone ! » ou encore « Tout fout le camp, même le tourisme » …
En même temps, les journalistes (et je m’inclus dans le lot !) aiment écrire à longueur de pages que l’important, ce n’est pas le nombre mais la qualité : qu’il vaut mieux attirer des « touristes intelligents » qui explorent nos terroirs et consomment nos fromages que des « bronzés idiots » qui s’entassent sur les plages de Benidorm en se goinfrant de pizzas.
Paris, le temps du surtourisme ?
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Paris – qui vient de fermer son point d’accueil des visiteurs - n’est pas la dernière à naviguer entre deux eaux. La capitale veut envoyer les touristes dans ses arrondissements périphériques moins fréquentés, pour un tourisme plus responsable et avec le souci d’une « meilleure répartition des flux » (le mot d’ordre du moment, partout en France !).
Mais elle met en scène sa cathédrale toute neuve dans un show retransmis en Mondovision et la file d’attente pour pousser les portes est plus longue qu’à Disneyland Paris.
Même les JO - dont on ne cessera jamais de vanter la réussite – ont paradoxalement envoyé des signaux contradictoires , incitant indirectement les visiteurs à s’agglutiner toujours davantage le long de la Seine ou sur le Pont des Arts, à explorer les Tuileries à la recherche d’une vasque olympique envolée. Et tant pis pour la répartition des flux et le tourisme respectueux, porteur de valeurs…
Ainsi, l’allée empruntée l’été dernier par Marie-Josée Perec et Teddy Riner a désormais des allures de bazar digne de Vintimille, où les vendeurs à la sauvette déballent de faux bérets façon Emily in Paris et des CD piratés de Céline Dion !
Et les bouquinistes des quais - pourtant jamais avares en coups de gueule lorsqu’il s’agit de défendre le patrimoine parisien – vendent des cadenas à accrocher sur les ponts… Pour quelques visiteurs de plus, les bonnes intentions sont vite oubliées !
Lire aussi: Office de tourisme Paris : l’accueil physique des touristes, un modèle à réinventer
Mais elle met en scène sa cathédrale toute neuve dans un show retransmis en Mondovision et la file d’attente pour pousser les portes est plus longue qu’à Disneyland Paris.
Même les JO - dont on ne cessera jamais de vanter la réussite – ont paradoxalement envoyé des signaux contradictoires , incitant indirectement les visiteurs à s’agglutiner toujours davantage le long de la Seine ou sur le Pont des Arts, à explorer les Tuileries à la recherche d’une vasque olympique envolée. Et tant pis pour la répartition des flux et le tourisme respectueux, porteur de valeurs…
Ainsi, l’allée empruntée l’été dernier par Marie-Josée Perec et Teddy Riner a désormais des allures de bazar digne de Vintimille, où les vendeurs à la sauvette déballent de faux bérets façon Emily in Paris et des CD piratés de Céline Dion !
Et les bouquinistes des quais - pourtant jamais avares en coups de gueule lorsqu’il s’agit de défendre le patrimoine parisien – vendent des cadenas à accrocher sur les ponts… Pour quelques visiteurs de plus, les bonnes intentions sont vite oubliées !
Lire aussi: Office de tourisme Paris : l’accueil physique des touristes, un modèle à réinventer
La Tour Eiffel délaissée par les Parisiens
Schizophrénie encore avec le Pont d’Iéna qui file à la Tour Eiffel, devenu piéton depuis les JO pour que l’on puisse se prendre en photo devant le monument. Mais l’aménagement prend au final des airs d’aspirateur à visiteurs et fait le bonheur des marchands du temple !
Il fut un temps - pas si lointain - où les Parisiens faisaient du quartier leur lieu de balade dominical, ravis de lever la tête lorsqu’ils passaient sous le monument. Aujourd’hui, la Tour est enfermée dans un cercueil de verre et les habitants fuient l’endroit comme la mort.
Pourtant, dans toutes les bonnes écoles, on enseigne qu’un tourisme responsable est un tourisme qui se fait avec et pour les habitants, et non pas contre… En ce mois de janvier 2025 où il est encore temps de faire un vœu, j’aimerais que cette schizophrénie touristique se soigne. Mais j’ai peur que le vœu reste pieu !
Il fut un temps - pas si lointain - où les Parisiens faisaient du quartier leur lieu de balade dominical, ravis de lever la tête lorsqu’ils passaient sous le monument. Aujourd’hui, la Tour est enfermée dans un cercueil de verre et les habitants fuient l’endroit comme la mort.
Pourtant, dans toutes les bonnes écoles, on enseigne qu’un tourisme responsable est un tourisme qui se fait avec et pour les habitants, et non pas contre… En ce mois de janvier 2025 où il est encore temps de faire un vœu, j’aimerais que cette schizophrénie touristique se soigne. Mais j’ai peur que le vœu reste pieu !