Ryanair a quitté l'aéroport de Bordeaux fin octobre, laissant 14 salariés sans travail - Depositphotos @Ale_Mi
Le monde change d'ère.
Malgré des décennies - voire des siècles - de lutte pour plus de droits sociaux, les protections sociales sont toujours perçues comme des freins au développement et sacrifiées sur l'autel du libéralisme.
Dans notre industrie il est une entreprise qui symbolise très bien ce courant de pensée, que nous retrouvons aussi chez Donald Trump ou... Ryanair.
Connue pour ses petits prix et son interprétation toute personnelle du Code du travail, la low cost n'hésite pas à mettre la pression sur le gouvernement français, afin de supprimer la forte hausse de la taxe de solidarité sur les billets d'avion.
Ceci nonobstant son piteux départ de l'aéroport de Bordeaux où le transporteur irlandais bafoue la loi du travail française et les salariés...
"La base a fermé le 27 octobre 2024. La grande majorité des équipes ont quitté la France, pour l'Espagne ou l'Italie. Même si elles restent chez Ryanair, elles ont été licenciées pour être réembauchées dans ces pays.
Durant l'été, l'inspection du travail avait bien expliqué à notre direction qu'elle devait ouvrir un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), en vain. Il n'a toujours pas eu lieu," nous confie Damien Mourgues, délégué syndical du SNPNC-FO au sein de Ryanair.
Les élus locaux se sont mobilisés au début, puis une actualité en chassant une autre, ils se sont attaqués à un autre sujet plus porteur. Fort heureusement pour les équipes, le tribunal a tranché en leur faveur.
Malgré des décennies - voire des siècles - de lutte pour plus de droits sociaux, les protections sociales sont toujours perçues comme des freins au développement et sacrifiées sur l'autel du libéralisme.
Dans notre industrie il est une entreprise qui symbolise très bien ce courant de pensée, que nous retrouvons aussi chez Donald Trump ou... Ryanair.
Connue pour ses petits prix et son interprétation toute personnelle du Code du travail, la low cost n'hésite pas à mettre la pression sur le gouvernement français, afin de supprimer la forte hausse de la taxe de solidarité sur les billets d'avion.
Ceci nonobstant son piteux départ de l'aéroport de Bordeaux où le transporteur irlandais bafoue la loi du travail française et les salariés...
"La base a fermé le 27 octobre 2024. La grande majorité des équipes ont quitté la France, pour l'Espagne ou l'Italie. Même si elles restent chez Ryanair, elles ont été licenciées pour être réembauchées dans ces pays.
Durant l'été, l'inspection du travail avait bien expliqué à notre direction qu'elle devait ouvrir un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), en vain. Il n'a toujours pas eu lieu," nous confie Damien Mourgues, délégué syndical du SNPNC-FO au sein de Ryanair.
Les élus locaux se sont mobilisés au début, puis une actualité en chassant une autre, ils se sont attaqués à un autre sujet plus porteur. Fort heureusement pour les équipes, le tribunal a tranché en leur faveur.
Ryanair à Bordeaux : "Une fermeture faite à la sauvage et sans plan social"
Le rendu du Tribunal judiciaire de Bordeaux du 4 novembre 2024 ne laisse que peu de place à l'interprétation.
En effet, Ryanair a été condamnée à convoquer le Comité social et économique (CSE) pour engager une procédure d’information et de consultation sur le licenciement collectif, puis à lui présenter un PSE détaillant les mesures d’accompagnement pour les salariés concernés.
L'entreprise a été condamnée aussi à 2 000 euros au CSE en vertu de l'article 700 du code de procédure civile.
"Cette fermeture a été faite à la sauvage, sans plan social. Le délibéré explique que les personnes parties à l'étranger pourront se retourner contre la compagnie, pour faire reconnaitre leur licenciement comme étant nul. Nous sommes en train d'étudier le sujet avec ces anciens salariés.
Par contre, pour les personnes en France, nous sommes dans l'inconnue totale," poursuit le syndicaliste.
Au total, ce sont quatorze salariés qui ne peuvent être licenciés, puisque la compagnie n'a pas présenté de plan social.
Elle a bien tenté discrètement d'ouvrir le dossier, mais c'était après la fermeture de ses bureaux bordelais. Dans le même temps, la base ayant fermé, le personnel n'a plus aucune activité.
Malgré tout, les salaires sont bien été versés. Jusqu'à quand ? Nul ne le sait vraiment.
En effet, Ryanair a été condamnée à convoquer le Comité social et économique (CSE) pour engager une procédure d’information et de consultation sur le licenciement collectif, puis à lui présenter un PSE détaillant les mesures d’accompagnement pour les salariés concernés.
L'entreprise a été condamnée aussi à 2 000 euros au CSE en vertu de l'article 700 du code de procédure civile.
"Cette fermeture a été faite à la sauvage, sans plan social. Le délibéré explique que les personnes parties à l'étranger pourront se retourner contre la compagnie, pour faire reconnaitre leur licenciement comme étant nul. Nous sommes en train d'étudier le sujet avec ces anciens salariés.
Par contre, pour les personnes en France, nous sommes dans l'inconnue totale," poursuit le syndicaliste.
Au total, ce sont quatorze salariés qui ne peuvent être licenciés, puisque la compagnie n'a pas présenté de plan social.
Elle a bien tenté discrètement d'ouvrir le dossier, mais c'était après la fermeture de ses bureaux bordelais. Dans le même temps, la base ayant fermé, le personnel n'a plus aucune activité.
Malgré tout, les salaires sont bien été versés. Jusqu'à quand ? Nul ne le sait vraiment.
Ryanair à Bordeaux : 14 salariés payés... à ne rien faire
Une situation ubuesque pour cette entreprise reconnue pour son talent à chasser les coûts, et qui préfère payer des salariés à rien faire plutôt que de se conformer à la loi en ouvrant un PSE. (Cqfd)
Nous avons écrit à la compagnie qui n'a pas jugé utile de nous répondre.
"Nous avons demandé à la direction sur quelle base serions-nous payés ?, poursuit Damien Mourgues. Allez-vous appliquer le salaire mensuel minimum garanti ? Ou alors, en se basant sur le fixe, normalement, nous avons une variable comprenant les primes de vols.
Nous n'avons pas eu de réponse.
Et comme elle n'a jamais fourni aucun document, ni convoqué de CSE ou fait de plan social, nous sommes dans l'opacité. Pour nous, la fermeture ne se justifie pas pour des raisons économiques - la survie de la compagnie n'était pas en jeu - , mais bien pour un différend commercial," livre le syndicaliste.
A lire en complément : Ryanair bénéficie "d'une complaisance de l'Etat" sur le non-respect des lois
Pour l'heure, le flou règne pour ces 14 smicards du ciel français.
En attendant que les RH se penchent sur leur sort, ils sont bien décidés à faire durer le plus longtemps possible, ces congés payés.
En effet, Ryanair a décidé de quitter les rives de la Gironde, non pas parce que l'avenir de la société était hypothéqué - nous parlons d'une entreprise qui a enregistré un bénéfice de 1,92 milliard d'euros lors de son précédent exercice.
La véritable raison est à chercher du côté de la baisse des subventions accordées à la compagnie, ainsi que la revalorisation des coûts aéroportuaires.
Nous avons écrit à la compagnie qui n'a pas jugé utile de nous répondre.
"Nous avons demandé à la direction sur quelle base serions-nous payés ?, poursuit Damien Mourgues. Allez-vous appliquer le salaire mensuel minimum garanti ? Ou alors, en se basant sur le fixe, normalement, nous avons une variable comprenant les primes de vols.
Nous n'avons pas eu de réponse.
Et comme elle n'a jamais fourni aucun document, ni convoqué de CSE ou fait de plan social, nous sommes dans l'opacité. Pour nous, la fermeture ne se justifie pas pour des raisons économiques - la survie de la compagnie n'était pas en jeu - , mais bien pour un différend commercial," livre le syndicaliste.
A lire en complément : Ryanair bénéficie "d'une complaisance de l'Etat" sur le non-respect des lois
Pour l'heure, le flou règne pour ces 14 smicards du ciel français.
En attendant que les RH se penchent sur leur sort, ils sont bien décidés à faire durer le plus longtemps possible, ces congés payés.
En effet, Ryanair a décidé de quitter les rives de la Gironde, non pas parce que l'avenir de la société était hypothéqué - nous parlons d'une entreprise qui a enregistré un bénéfice de 1,92 milliard d'euros lors de son précédent exercice.
La véritable raison est à chercher du côté de la baisse des subventions accordées à la compagnie, ainsi que la revalorisation des coûts aéroportuaires.
Ryanair : aucune info sur le chiffre d'affaires et le bénéfice en France
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Si toute la presse européenne connaît les chiffres de la low cost au niveau global, personne n'est en mesure de fournir ceux réalisés en France. Et cette gestion toujours plus que limite se retrouve à tous les niveaux.
Bien qu'une autre filiale opère depuis l'Hexagone, (Malta Air) depuis juillet 2019, aucun document officiel n'y est adossé.
La transparence n'est pas vraiment une vertu cardinale chez Ryanair. "Nous sommes dans l'opacité la plus totale sur les chiffresen France. Nous avons voté pour avoir des expertises, mais les dirigeants s'y sont toujours opposés.
Après validation en appel, ils n'ont jamais fourni le moindre document pour qu'ils fassent leurs rapports.
Depuis des mois, je demande à avoir accès au registre du personnel, en tant qu'élu du CSE, et je n'ai pas de réponse, même l'inspection du travail l'a relevé.
Nous sommes dans une politique d'opacité et de pourrissement," poursuit le syndicaliste.
L'entreprise semble jouir en France d'une totale impunité. Il suffit de regarder ses condamnations par le passé pour comprendre qu'elle n'est pas une compagnie comme les autres. L'unique loi qu'elle respecte est... la sienne !
"Tant que les pouvoirs publics ne mettront pas en place des mesures coercitives, elle continuera. Rendez-vous compte que nous avons signé, en 2022, un accord collectif - une grande victoire - qui vise tout simplement à faire respecter le Code du travail par la compagnie.
Face à ce genre de pratiques, le pays devrait renforcer les moyens de l'Inspection du travail. Cette dernière ne fait vraiment pas peur à ce genre de poids lourds et à son armée d'avocats," déplore le syndicaliste.
La prochaine extravagance managériale pourrait être la suppression de millions de sièges en France, dès le 1er janvier 2025.
Info ou intox ? Nous optons pour la deuxième option, car la compagnie à bas-coût vient d'obtenir du COHOR qui redistribue les créneaux de vol deux nouveaux slots qui lui permettront de desservir Bratislava et Bergame depuis Orly.
Bien qu'une autre filiale opère depuis l'Hexagone, (Malta Air) depuis juillet 2019, aucun document officiel n'y est adossé.
La transparence n'est pas vraiment une vertu cardinale chez Ryanair. "Nous sommes dans l'opacité la plus totale sur les chiffresen France. Nous avons voté pour avoir des expertises, mais les dirigeants s'y sont toujours opposés.
Après validation en appel, ils n'ont jamais fourni le moindre document pour qu'ils fassent leurs rapports.
Depuis des mois, je demande à avoir accès au registre du personnel, en tant qu'élu du CSE, et je n'ai pas de réponse, même l'inspection du travail l'a relevé.
Nous sommes dans une politique d'opacité et de pourrissement," poursuit le syndicaliste.
L'entreprise semble jouir en France d'une totale impunité. Il suffit de regarder ses condamnations par le passé pour comprendre qu'elle n'est pas une compagnie comme les autres. L'unique loi qu'elle respecte est... la sienne !
"Tant que les pouvoirs publics ne mettront pas en place des mesures coercitives, elle continuera. Rendez-vous compte que nous avons signé, en 2022, un accord collectif - une grande victoire - qui vise tout simplement à faire respecter le Code du travail par la compagnie.
Face à ce genre de pratiques, le pays devrait renforcer les moyens de l'Inspection du travail. Cette dernière ne fait vraiment pas peur à ce genre de poids lourds et à son armée d'avocats," déplore le syndicaliste.
La prochaine extravagance managériale pourrait être la suppression de millions de sièges en France, dès le 1er janvier 2025.
Info ou intox ? Nous optons pour la deuxième option, car la compagnie à bas-coût vient d'obtenir du COHOR qui redistribue les créneaux de vol deux nouveaux slots qui lui permettront de desservir Bratislava et Bergame depuis Orly.