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CDS Groupe : la reprise du voyage d'affaires est "plus forte que prévue", mais pas pour tout le monde...

Interview de Ziad Minkara, directeur général de CDS Groupe


A l'arrêt comme l'ensemble du secteur, le voyage d'affaires a repris quelques couleurs depuis le 2 juin et la fin du périmètre de circulation limité à 100 km. Toutefois, si les PME et TPE ont envoyé à nouveau leurs commerciaux et salariés sillonner la France, la reprise du secteur ne se fera pas avant de nombreux mois selon Ziad Minkara, directeur général de CDS Groupe. Rencontre avec le patron du spécialiste français et "bientôt européen" des solutions de réservations et des services liés à l’hôtellerie d’affaires.


Rédigé par le Jeudi 11 Juin 2020

Pour  Ziad Minkara (à droite en regardant la photo), le DG de CDS Groupe, la reprise devrait s'étaler sur 18 à 24 mois et elle passera par une nécessaire étape de réassurance des clients - DR
Pour Ziad Minkara (à droite en regardant la photo), le DG de CDS Groupe, la reprise devrait s'étaler sur 18 à 24 mois et elle passera par une nécessaire étape de réassurance des clients - DR
Il n'existe pas de secteur plus avantagé ou sauvegardé que les autres dans l'industrie touristique.

La pandémie a mis à l'arrêt l'ensemble de la profession, des autocaristes, aux colonies en passant par le business travel. Toutefois quelques domaines ont une reprise plus franche et moins délicate, c'est en partie le cas pour CDS Groupe.

"Il y a un frémissement depuis le début du mois de juin, avec même un redémarrage plus fort que prévu," s'enthousiasme, Ziad Minkara, directeur général de CDS Groupe.

En travaillant avec toutes les strates de l'économie française, le spécialiste français des solutions de réservation et des services liés à l’hôtellerie d’affaires, a un regard assez large sur le paysage hexagonal.

Si la fin du périmètre des 100 km a profité à la reprise de l'activité des PME et des Entreprises de taille intermédiaire (ETI), pour les grands groupes la reprise s'inscrit sur un temps plus long.

"Alors que les petites structures ont dû redémarrer l'activité rapidement pour assurer la pérennité de l'entreprise, ce n'est pas le cas pour les autres.

Les directions, face à l'incertitude de la pandémie, ont pris des mesures restrictives claires en limitant les déplacements au strict nécessaire,
" déplore le patron du spécialiste hôtelier.

Avec 60% de son business réalisé en direct avec des grands groupes, contre 40% via les agences de voyages dont les clients sont des PME-PMI, la reprise se fait ressentir mais elle est et sera lente.

Une reprise oui, mais un retour à la normale pour quand ?

Dans le même temps, les multinationales ne pouvant organiser de visites ou de réunions, se retrouvent bloquées aux outils digitaux et ont fait du télétravail la norme, malgré le retour à la liberté comme règle.

A noter que les petites entreprises ont entraîné dans leur sillage une hausse plus rapide des réservations dans les hôtels deux ou trois étoiles, laissant les quatre étoiles et plus à la traîne.

"Le voyage d'affaires est extrêmement dépendant de l'aérien et du train, tant que ces moyens ne retrouveront pas des cadences et les conditions de voyages égales à celles pratiquées avant le covid-19, la situation sera toujours complexe."

La reprise est palpable, mais elle ne permet pas de combler le retard, le volume d'activité est équivalent à 20% de celui réalisé en 2019, pas vraiment de quoi sauter au plafond.

Toutefois, si la reprise du transport semble se dessiner, il est aussi un autre point positif à noter, celui d'une reprise rapide des entreprises étatiques ou d'importances stratégiques.

"Elles ont des métiers essentiels, que ce soit La Poste, la production énergétique, etc... et le gouvernement leur a sommé de reprendre rapidement. Ce qui permet aussi de soutenir l'activité," se félicite Ziad Minkara, directeur général de CDS Groupe.

En somme l'Etat ne se contente pas seulement de distribuer des milliards pour soutenir le tourisme, il est aussi conscient de sa capacité à stimuler la demande et se charge aussi de ce rôle.

Dans ces conditions, et alors que les marchés américain et sud-américain sont totalement à l'arrêt, la reprise s'étalera non pas sur 12, mais 24 mois, à condition que le monde soit épargné par une 2nde vague.

"Cette reprise n'est pas seulement conditionnée à l'aérien, mais aussi à toutes les foires et les salons internationaux. Nous espérons que cela se reproduira en nombre mais pas avant la fin de l'année 2021,"se désole le patron de l'entreprise technologique.

Tout comme le tourisme de loisir, le voyage d'affaires sera en 2020 domestique dans un premier temps.

"Nous sommes tributaires des décisions au niveau des frontières. Par exemple concernant le Royaume-Uni nous ne connaissons pas les directives à ce sujet, tout comme celles en dehors de l'espace Schengen."

Alors que CDS Groupe vient de se doter d'ambition européenne, avec l'entée au capital de son nouvel actionnaire, le covid-19 représente un coup d'arrêt, mais c'est reculer pour mieux sauter.

A lire : CDS Groupe veut viser l'Europe grâce à IDI prend une participation de 15 millions d'euros

Toute crise révèle aussi des opportunités.

Permettant de mieux cadrer les dépenses des entreprises sur les voyages de leurs collaborateurs, CDS Groupe enregistre des intérêts de grands comptes notamment en Italie, échaudés par une crise sanitaire qui se double d'une crise économique.

Ce n'est pas tout.

La marche vers l'Europe pour 2021 ?

Pour réassurer les entreprises et les voyageurs affaires, CDS Groupe a créé un Indice Covid-19, avec une notation des hôtels en foncton de l'applicaiton des protocoles sanitaires - Crédit photo : CDS Groupe
Pour réassurer les entreprises et les voyageurs affaires, CDS Groupe a créé un Indice Covid-19, avec une notation des hôtels en foncton de l'applicaiton des protocoles sanitaires - Crédit photo : CDS Groupe
"En tant que prestataire des plateformes de réservation d'hôtels, nous ne sommes pas sur un achat dit mature.

Dans le sens, où nous ne captions pas 100% de la dépense, sauf que maintenant le salarié est de plus en plus contraint d'utiliser les outils de l'entreprise,
" analyse Ziad Minkara.

Afin de pouvoir réaliser des économies, mais aussi pour permettre de mieux localiser les collaborateurs, pour éviter tout problème sanitaire, comme la présence de cluster dans certaines parties du territoire.

Cette nouvelle manne sera à pondérer, par la perte sur le long terme d'une clientèle ayant adopté de nouveaux réflexes, avec les désormais traditionnelles réunions "Zoom".

"Je ne sais pas réellement ce qu'il en ressortira, mais mon intuition me dit que cela devrait toucher entre 10 et 15% du voyage d'affaires."

Une prémonition qu'il reste à confirmer, tant les experts tablent sur un ajustement à la marge.

Les dernières grandes grèves de la SNCF ou Air France n'ont pas entraîné une réduction drastique des visites commerciales ou des événements, puis l'humain ne peut se passer de contact... humain.

Cette tendance ne sera observable que sur un cycle complet et une fois que le virus ne circulera plus, que ce soit en Europe ou dans le monde. D'ailleurs l'international était le grand défi de l'année pour CDS Groupe, mais ce n'est que partie remise.

"En l'espace de 5 ans, nous sommes passés d'une activité internationale inférieure à 5% de notre chiffre d'affaires, à 25% en 2019 et l'année prochaine nous viserons les 33%."

Cela passera non seulement par l'ouverture récente du bureau londonien, mais aussi par la création de représentation dans d'autres pays européens lors du prochain exercice.

Alors que l'Angleterre et l'Italie sont des marchés prioritaires au développement de CDS Groupe, l'Allemagne, l'Espagne et le Benelux sont les prochains à figurer sur la liste.

"Nous allons nous implanter dans ces pays en 2021, l'objectif étant de devenir un acteur non pas mondial, mais européen de la distribution hôtelière dans le voyage d'affaires."

Comment CDS Groupe se positionne en tiers de confiance ? Pour mener l'opération de réassurance des clients

Si outre-Rhin, le marché se trouve en situation de monopole, il sera possible de se répartir le gâteau, dans les autres pays, les besoins sont autres.

Au Luxembourg et en Belgique, la présence de nombreuses organisations internationales laisse penser que les besoins sont importants, alors qu'en Espagne, les entreprises ont besoin de centraliser les facturations.

Cette ambition devrait faire croître le chiffre d'affaires de près de 50% en 2021, par rapport à 2019, un chiffre qui s'étalera non pas sur un mais deux exercices en raison de la crise.

"Notre effectif devrait passer de 30 à 45, sans compter les plateaux de réservations qui sont externalisés auprès de Keep Call," explique le patron de la plateforme.

Dans un monde toujours plus digitalisé, CDS Groupe va mettre aussi l'accent sur le développement technologique à destination de l'utilisateur final, bien souvent délaissé.

Malgré son statut de trublion du secteur de l'hôtellerie d'affaires, l'entreprise geek souhaite accélérer fortement à ce niveau, pour faciliter le voyage des salariés.

En attendant de mener à bien toutes ces missions et cet imposant plan de développement, le quotidien de CDS Groupe est tout autre : en menant l'opération de réassurance entre les hôteliers et voyageurs d'affaires.

"Le redémarrage se fera aussi avec un important travail de réassurance auprès des clients. Il y a autant de protocoles sanitaires que de chaînes hôtelières et d'applications que d'établissements."

L'entreprise se positionne comme un tiers de confiance, avec la création de l'indice de réassurance, en recensant les stratégies sanitaires mises en place par les établissements afin de recevoir le voyageur en toute sécurité. A la suite de cela, une note est attribuée sur 10.

Les hôtels avec une note supérieure à 7 sont mis en avant, les autres reçoivent les mesures pour améliorer leur notation.

"A l'heure, où nous nous parlons, nous avons déjà noté près de 1 500 adresses, sur les 17 000 référencées, pour une note moyenne de 8,1 sur 10.

Nous ne sommes pas étonnés, par cette notation car les hôteliers n'ont cessé de démontrer leurs engagements tout au long de la crise,
" appuie Ziad Minkara, directeur général de CDS Groupe.

Après avoir proposé des chambres pour les soignants, les responsables ont pris à leur charge les investissements pour installer des plexiglas ou des distributeurs de gel hydroalcoolique.

Que restera-t-il de toutes ces installations et protocoles sanitaires une fois la crise maîtrisée ?

"Je ne doute pas qu'il restera des réflexes, les plexiglas disparaîtront, pour rendre la chaleur aux lieux, mais par exemple les protocoles de nettoyage plus poussés ou les gels hydroalcooliques resteront."

Si nul ne sait comment sera le monde d'après, le secteur de l'hôtellerie d'affaires sera sans doute plus attentif à la sécurité pour rassurer les entreprises et peut être plus concentré autour de quelques chaînes nationales ou internationales.

Tout comme pour CDS Groupe, la patience est le meilleur allié du tourisme...

Pour en savoir plus sur le passeport sanitaire de CDS Groupe, télécharger le PDF ci-dessous


Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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