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Comment générer de bonnes retombées touristiques lors des JO 2024 ? 🔑

JO 2024 : le Mondial de Rugby en sera-t-il une répétition préalable ?


Le Comptoir TourMag se poursuit par des échanges entre la directrice générale de l’OTC de Paris, un organisateur d’événements et des transporteurs autocaristes pour explorer les pistes d’une meilleure exploitation possible des JO 2024, dans un contexte qui se durcit notamment pour les transporteurs.


Rédigé par le Mardi 25 Octobre 2022

Bruno Courtin face à Christine Français et Corinne Menegaux (©DR)(©DR)
Bruno Courtin face à Christine Français et Corinne Menegaux (©DR)(©DR)
Autour de la table : Corinne Menegaux, directrice générale de l’Office du Tourisme et des Congrès de Paris; Karine Coulanges, directrice de Rose Events et présidente du Skal Club Paris ; Christine Français, directrice générale de Grisel Cars et présidente de la Commission Tourisme de la FNTV ; et Alissia Begag, directrice commerciale et marketing de SayBus by Réunir.

TourMag : Où en est-on, à Paris, de la préparation des JO 2024 et de son exploitation touristique ?

Corinne Menegaux : Maintenant que la trêve estivale est passée, le calendrier va vraiment s’accélérer, même s’il reste un certain nombre de questions en suspens qui vont nécessiter des arbitrages, comme le plan de transport que nous pourrons évoquer. Il y a différents acteurs concernés, l’État, le CIO, la Région et la Ville de Paris. Il faut distinguer la partie sportive, prise en charge par le COJO, et l’intervention de la Ville sur la circulation, l’accueil et la gestion des flux touristiques et la manière de célébrer l’événement dans les quartiers. C’est naturellement une préoccupation majeure pour réussir l’événement en termes d’image et de retombées.

TourMag : Est-ce qu’on a déjà une idée de ces retombées, au moins celles escomptées ?

Corinne Menegaux : On attend environ 15 millions de visiteurs sur la période des Jeux Olympiques, sachant qu’il n’y en a que 3 millions qui auront des billets pour des épreuves sportives. Les 12 autres millions viennent pour vivre l’expérience et une ambiance olympique festive. C’est en cela que c’est intéressant d’un point de vue de l’activité touristique.

TourMag : Est-ce que ce sont des chiffres auxquels vous êtes habitués, sachant qu’une Olympiade a plutôt tendance à faire fuir les touristes habituels ?

Globalement nous sommes sur un même ordre de grandeur qu’en année « normale » à cette différence importante que l’on considère que sur les 15 millions attendus, 80 % ou plus seront des nationaux, des Franciliens pour la plupart excursionnistes de la journée.


Y aura-t-il des agences officielles pour centraliser les réservations hôtelières ?

Karine Coulanges et Alissia Begag face à Bruno Courtin, TourMag (©DR)
Karine Coulanges et Alissia Begag face à Bruno Courtin, TourMag (©DR)
Karine Coulanges : Pour nos clients qui voudraient séjourner en ville pendant cette période, y aura-t-il la possibilité de trouver des chambres, sans passer par une réservation centralisée qui en aurait le monopole, comme cela s’est passé pour le Mondial de 98 ?

Corinne Menegaux : Le COJO a effectivement choisi des agences officielles mais qui ne vont s’occuper que des détenteurs de billets d’entrée aux épreuves, les 3 millions que je mentionnais. Pour les autres visiteurs « olympiques », il y a la liberté totale de réserver les chambres auprès des professionnels.

La Ville va proposer des animations de quartiers autour de places festives

Corinne Menegaux (OTCP)
Corinne Menegaux (OTCP)
TourMag : Qu’ont prévu la Ville et l’OTCP en matière d’accueil et d’animations pour tous ceux qui n’iront pas dans les stades et ceux aussi qui en sortiront après les épreuves ?

Corinne Menegaux : La définition de ces animations est en cours avec la volonté que ce soit effectivement une fête autant pour les visiteurs que pour les Parisiens eux-mêmes qui vont rester pendant la période des Jeux. L’idée est d’avoir des « Quartiers » de célébration à différents endroits de la ville, dans un esprit place de village qui permette des animations locales autour des commerçants, des restaurants et aussi les artisans. Nous allons avancer une opération habituelle, Paris Local, qui se déroule normalement en novembre et qui prendra une dimension un peu spéciale à cette occasion.

TourMag : Que peut-on en dire ?

Corinne Menegaux : Paris vivrait cette période au rythme de ses artisans dans tous les secteurs que ce soit les producteurs alimentaires, mais aussi des maroquiniers, des photographes, tous les petits métiers au bon sens du terme. Nous sommes désireux de travailler avec les opérateurs touristiques pour animer ces « places » en écoutant leurs propositions dans le cadre de la feuille de route globale qui s’écrit en ce moment.

L'Office du tourisme de Paris a mis en place une équipe et développe des outils

La plateforme Bienvenue 2024 liste les lieux originaux accessibles à la réservation (©OTCP)
La plateforme Bienvenue 2024 liste les lieux originaux accessibles à la réservation (©OTCP)
TourMag : Quel serait le souhait d’un professionnel, agence ou transporteur, pour qu’il puisse trouver le bon interlocuteur ?

Karine Coulanges : Je souhaiterais pouvoir disposer au même moment de l’accès à des salles de réunions et aux chambres, par exemple.

Corinne Menegaux : Nous avons déjà mis en place un certain nombre d’outils pour vous faciliter cette recherche. L’Office a créé une plateforme : Bienvenue 2024 qui recense tous les sites qui seront accessibles pour des événements privés, en plus du site habituel convention.paris.com, qui donnera aussi des informations pratiques pour les organisateurs de MICE sur les conditions d’exercice. Je reconnais que cette information n’est pas encore disponible mais que nous y travaillons avec la Ville.

Nous avons mis déjà en place, au sein de l’OTCP, une équipe olympique qui travaille sur ces sujets, sous la responsabilité de Sophie Lacressonnière, et Elodie Berta, responsable du développement MICE, va la rejoindre très prochainement.

Les demandes commencent à arriver, comment y répondre avec des certitudes ?

Karine Coulanges et Alissia Begag face à Corinne Menegaux (©DR)
Karine Coulanges et Alissia Begag face à Corinne Menegaux (©DR)
TourMag : Les agences de voyages et autocaristes reçoivent-elles déjà des demandes de séjours et que peuvent-ils répondre ?

Christine Français : Nous sommes déjà sollicités par des groupes qui veulent venir sur la période et qui veulent réserver des véhicules pour leurs transferts, soit depuis la Normandie où je suis basée, soit des aéroports. Les demandes sont encore assez floues et il reste une grande incertitude sur la possibilité d’entrer dans Paris en 2024.

Alissia Begag : A ce jour, nous sommes surtout sollicités sur le Mondial de Rugby où l’information est plus claire et avec des demandes nationales plus faciles à gérer. La grande question qui nous taraude, c’est l’accessibilité.

Les membres du réseau Réunir ont une grande expérience de ces questions et se positionnent déjà en espérant se débrouiller sur le moment avec des solutions de repli en fonction des interdictions.

Il serait préférable d’avoir des certitudes. Il nous manque cruellement un plan de circulation pour anticiper nos programmes et la réponse aux agences événementielles internationales qui nous demandent déjà de sécuriser les transferts aéroports-hôtels de centre-ville.

Le plan de circulation dans et autour de Paris attendu pour début 2023

©Fabrice Marinho
©Fabrice Marinho
TourMag : L’interdiction de circulation en ville de tout véhicule diesel en 2024 est-elle tenable ?

Corinne Menegaux : Cela fait partie des décisions qui sont en cours d’arbitrage. L’ambition de la ville est de limiter la circulation dans Paris, mais il faudra bien trouver des adaptations dans le cadre de la ZFE (Zone à faibles émissions) pour répondre aux besoins de stationnement, de chargement des personnes, d’acheminement des groupes. La Ville est sur le dossier et nous y insistons. Je peux juste vous assurer qu’en tant qu’Office du tourisme nous faisons remonter aux politiques ce besoin d’anticipation des professionnels.

Il y a un deuxième sujet parallèle, le plan de circulation autour et dans Paris, qui est aussi en arbitrage et nous devrions pouvoir le présenter tout début 2023. L’information sera précise sur les points d’accès et les zones de stationnement avec dépose et reprise.

Il ne faut se cacher que cela va être assez compliqué de faire coexister les priorités touristiques avec celle de circulation de la famille olympique qui va utiliser les transports en cars.

TourMag : Faut-il se focaliser sur la période olympique ou plutôt sur les périodes pré et post olympiades qui sont plus porteuses de retombées ?

Corinne Menegaux : C’est vrai d’une manière générale avec ce bémol que Paris a un effet d’attraction énorme auprès d’une population qui a vraiment les moyens et qui veut vivre la fête olympique.

L’hôtellerie et les prestations de luxe vont très largement en profiter. Vous avez raison de considérer que l’après JO, dans l’hypothèse où ils se seront bien déroulés, sera plus intéressante en termes de retombées médiatiques et économiques.

Entre 60 et 70 projets hôteliers identifiés pour rattraper le retard en équipements d'hébergement

Le SO/ by Accor, nouvellement ouvert à Sully-Morland (©Sortir)
Le SO/ by Accor, nouvellement ouvert à Sully-Morland (©Sortir)
TourMag : Que peut-on dire des équipements, notamment hôteliers, que génère l’approche des JO et du Mondial de Rugby ?

Corinne Menegaux : Il y a beaucoup de projets hôteliers qui se concrétisent, dont pas mal dans le haut de gamme. Beaucoup de rénovations également entreprises par les propriétaires. De mémoire, l’OTCP en a enregistré 60 à 70 projets en cours, soit un peu moins de 4 000 chambres, sur à peu près tous les segments de marché.

Nous constatons un fait intéressant pour Paris, pas mal de projets en résidences hôtelières qui manquaient dans de la capitale et en proche couronne pour des familles et des petits groupes. Pour autant, on ne peut pas considérer que ce soit une débauche de projets qui provoqueraient de la surcapacité. Nous sommes plus dans un processus de rattrapage de capacités manquantes.

Des contrats pour le Mondial de Rugby sont liés aux engagements possibles pour les JO 2024

Alissia Begag : Je reviens sur la question du plan de circulation qui est déterminant pour finaliser des contrats en cours de négociation. Je prends l’exemple de trois gros opérateurs américains et australiens qui conditionnent la signature des prestations 2023 pour le Mondial de Rugby aux engagements que je peux prendre pour les transferts 2024.

Corinne Menegaux : Croyez-bien que je souhaiterais pouvoir vous apporter la réponse et que je me fais votre interprète. Il est évident que nous allons trouver des solutions, le plus vite sera le mieux.

Alissia Begag : Quel est le rôle du Comité Paris 2024 ?

Corinne Menegaux : Ce Comité n’intervient que pour les questions d’organisation et d’appels d’offre qui concernent la famille olympique. En dehors, c’est la Ville de Paris et son Office vos interlocuteurs.

Nous sommes évidemment en contact permanent avec le Comité et notre rôle est de trier et de diffuser les informations pertinentes.

Et de faire remonter les sujets, comme on l’a fait avec vous. Je rappelle que pour les adhérents à l’Office, il y a un point mensuel d’information, qui peut toucher l’organisation des JO, et chaque trimestre un point uniquement consacré à la préparation des Jeux. Nous mettons aussi en place un nouvel outil de réservation pour faciliter l’accès aux activités touristiques.

Lire aussi : L’hébergement insolite va-t-il bouleverser le secteur de l’hôtellerie classique ?

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