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Compagnies aériennes, groupistes... je t’aime moi non plus ! 🔑

Les groupistes déplorent un manque de stock et des relations tendues avec les compagnies


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Qui aurait pu prédire que la reprise du voyage poserait des problèmes ? Les agences de voyages se plaignaient l'année dernière d'une surcharge de travail, alors que les effectifs avaient été drastiquement réduits. Les groupistes prennent le relais : débordés par les demandes des clients, les agents de voyages se retrouvent en concurrence avec le yield management. Les compagnies préfèrent les voyages loisirs, plus rémunérateurs, aux groupistes. Voyage au pays de l'anticipation et de la débrouille...


Rédigé par le Jeudi 9 Mars 2023

Les groupistes déplorent un manque de stock et des relations tendues avec les compagnies - Depositphotos @Khakimullin
Les groupistes déplorent un manque de stock et des relations tendues avec les compagnies - Depositphotos @Khakimullin
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Les patrons des entreprises du tourisme ont le sourire. Tous... ou presque.

Après deux ans de crise et une activité au rabais, les groupistes voient les carnets de commandes se remplir.

Les équipes sont tellement débordées qu'elles en sont même à "ne pas traiter certains dossiers, par manque de temps," souffle Marc Parlouer, le gérant de Latitudes Extremes.

Si le travail est devenu plus chronophage et les ressources humaines tendues, il est un problème qui perdure : l'aérien.

Depuis la Covid, la relation se serait tendue entre les groupistes et les compagnies.

"Il est devenu bien plus compliqué de travailler avec les transporteurs que par le passé. Nous prenons un temps infini pour réserver les vols.

Figurez-vous que même dans un an, alors que les vols viennent d'être programmés, il n'y a plus de disponibilités,
" s'indigne le patron d'une agence habituée à faire voyager jusqu'à 15 000 personnes chaque année.

Et cette complainte, à quelques nuances près, est la même partout chez ses confrères.


Aérien : des options réduites, les dossiers s'envolent...

Le métier n'a pas changé, mais la relation entre les différents acteurs s'est tendue.

Comme nous le constatons avec NDC ou dans le business travel, les compagnies aériennes ont durci le ton avec la distribution, dans l'optique d'améliorer leur rentabilité et de récupérer en direct quelques clients.

Une tendance que l'on retrouverait aussi du côté des groupistes. "Nous avons moins de flexibilité, le temps de réflexion a été drastiquement réduit.

Les options ont été réduites à simplement quelques jours, alors que des CE mettent plusieurs mois pour se décider. Cela nous fait perdre des dossiers,
" estime David Dahdi, le directeur de Steam Evasion.

Entre la demande de prix et la confirmation de la part du comité d'entreprise, les prix des vols se sont envolés. L'activité est devenue terriblement complexe et instable.

David Dahdi n'est pas le seul dans cette situation, d'autres connaissent pareille mésaventure. "Il est impossible de repousser les options pour certaines compagnies, et avoir juste 2 semaines pour confirmer un groupe de 50 personnes, c’est impossible.

Je confirme que c’est très compliqué pour les groupistes en ce moment au niveau de l’aérien,
" confirme Melody Thiebaut Heimburger, cofondatrice de LVE TRAVEL.

Groupistes : les prix de l'aérien s'emballent avec une absence de visibilité

Un son de cloche que nous retrouvons aussi du côté de Mondélios. Pour Geoffroy Laillié, les repères ont été bouleversés depuis la crise sanitaire et le retour à la normale n'est pas attendu avant 2024.

"Et je ne vous parle pas des délais de réponse pour obtenir des prix et disponibilités avec certaines compagnies," peste le responsable.

Des compagnies obligent même les agents à payer pour des options. C'est le cas de Transavia. "Pour bloquer un tarif pendant 15 jours, cela coûte 100 euros. Si vous ne confirmez pas le groupe, votre argent est perdu. C'est une pratique assez peu amicale.

En dehors de quelques gros groupistes et tour-opérateurs, rares sont ceux à bloquer des sièges Aujourd'hui tout le monde se plaint des compagnies
", nous précise un professionnel préférant garde l'anonymat.

Une généralisation qui ne serait pas totalement exacte, d'après Sylvain Lament, le patron du Cercle Economique des Agences Groupistes (CEAG). Il faut prendre en compte les axes, les spécificités de chacun des acteurs et aussi les transporteurs incriminés.

De plus, pour un responsable d'une compagnie aérienne, les groupistes auraient aussi leur tort dans cette tension latente. Alors que les stocks ne sont pas revenus à la normale, les agents de voyages programment des départs, comme s'ils lançaient un hameçon.

Voyant que l'appât ne prend pas, ils annulent leurs voyageurs à 91 jours du départ, "ça ne plait pas vraiment aux équipes et certains acteurs ne sont pas en odeur de sainteté," poursuit ce responsable.

L'activité se serait donc complexifiée avec la Covid, de la faute des uns et des autres.

"Le marché est tendu. Les prix sont élevés, nous subissons les augmentations tarifaires à répétition. Finalement, nous avons du mal à savoir ce que nous allons payer à l'arrivée. Nous manquons de visibilité," résume Sylvain Lament.

Et quand il y en a un minimum sur le programme, les compagnies suppriment des vols sur l'autel de la rentabilité, comme Punta Cana pour Air France, laissant les groupistes désemparés.

Finalement l'aérien, victime de son succès, s'en détournerait quelque peu pour axer son remplissage vers la clientèle la plus rémunératrice : les voyageurs loisirs.

Aérien : les individuels avant les groupes !

Les difficultés rencontrées par les groupistes ne se résument pas au retour en grâce du Yield Management, mais presque...

Alors que les transporteurs n'ont pas encore remis en place leurs pleines capacités, les prix flambent. Et malgré cette inflation record, devenue incontrôlable, les réservations ne faiblissent pas.

"Des responsables d'une low cost étaient stupéfaits de constater qu'une ligne vers la Grèce affichait des tarifs de 900 euros en avril, contre 400 euros habituellement. Et les billets partent.

Air France a refusé de prendre un dossier pour un groupe de 550 personnes, préférant garder les sièges, pour vendre plus cher sur de l'individuel
", rapporte Marc Parlouer.

Une stratégie qui oblige les acteurs à se repenser. Chez Latitudes Extrêmes, après les affrètements pour combler les trous dans la raquette du ciel français, il est question de bloquer des sièges sur certaines liaisons devenues trop épineuses au niveau des capacités.

"Le vrai problème de notre côté se trouve au niveau des tarifs et disponibilités aériennes. Il y a moins de capacités, du coup les vols se remplissent très bien en individuels, donc les groupistes sont défavorisés," résume Valentine Jean-Richard, la directrice adjointe de Parfums du Monde.

C'est là le fond du problème. Largement affectés par l'arrêt du tourisme, les transporteurs ont un grand besoin de se refaire la cerise.

"Il y a une tension sur l'offre aérienne... et des prix incroyables", selon Samia Benslimane

Surtout que dans le même temps, les capacités sont encore éloignées de celles programmées en 2019.

En ce début de mars 2023 les sièges au niveau mondial sont de 7,2% inférieurs à ceux en vente en 2019, lors de la même semaine. Si la dynamique et la programmation se maintiennent, les courbes devraient se rapprocher à seulement -1,80% de l'année de référence, d'ici la fin mai.

"Il y a une tension sur l'offre aérienne. Les prix pratiqués sont incroyables. Il va y avoir un gros problème d'offre dans les semaines à venir. Il y aura des surprises.

Ceux qui s'attendent à des capacités de dernière minute, ne travailleront pas,
" prévient Samia Benslimane, la directrice générale du groupe Groupe Ôvoyages - Thalasso N°1.

Face à une telle situation, le tour-opérateur n'a pas hésité à augmenter son offre aérienne, en positionnant 3 avions à Paris et travaillant beaucoup sur des départs de province.

Si le charter est une solution idoine, dans une période nébuleuse et complexe, il n'est pas nécessairement moins chère.

"Les prix ont aussi augmenté, des transporteurs ont moins d'avions en raison des délestages de capacité durant la crise et des problèmes de livraison. C'est fini le temps de l'opportunisme, aujourd'hui il n'est plus possible de faire les choses par hasard" conclut la responsable du groupe Ôvoyages.

Le temps de l'insouciance et de l'opportunisme est terminé. Les groupistes sont face à de sacrées challenges pour trouver des solutions sans y laisser trop de plumes.

Et ce n'est pas l'été qui approche à grand pas qui devrait arranger les choses...

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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