Suite à l'injonction du tribunal mixte de Commerce de Pointe-à-Pitre, Corsair a publié ses comptes de l'exercice 2021/2022.
Et comme ce fut le cas pour le géant allemand aux pieds d'argile, les observations des commissaires aux comptes ont de quoi inquiéter.
"Le principe de continuité d’exploitation retenu pour l’établissement des comptes de l’exercice clos le 30 septembre 2022 est subordonné à l’obtention de ces financements, étant précisé qu’à date aucune piste de financement n’a été concrétisée.
Dans l’hypothèse où aucune solution de financement n’était obtenue, la société pourrait alors ne pas être en mesure de réaliser ses actifs et ses passifs et de régler ses dettes (...)
En conséquence, cette situation génère une incertitude significative sur la continuité d’exploitation," est-il écrit dans le document comptable officiel de la compagnie.
Pour ceux qui ne comprennent pas le charabia financier, on va simplifier : Corsair a affiché une perte de 114 millions d'euros pour l'exercice 2021 - 2022, alors que ses capitaux propres sont de - 219 millions d'euros.
Des comptes qu'il faut remettre en perspective d'une épidémie qui sévissait encore à l'poque. Pascal de Izaguirre a tenu à rassurer les agences de voyages et les clients, alors que "la compagnie est structurellement saine".
Et comme ce fut le cas pour le géant allemand aux pieds d'argile, les observations des commissaires aux comptes ont de quoi inquiéter.
"Le principe de continuité d’exploitation retenu pour l’établissement des comptes de l’exercice clos le 30 septembre 2022 est subordonné à l’obtention de ces financements, étant précisé qu’à date aucune piste de financement n’a été concrétisée.
Dans l’hypothèse où aucune solution de financement n’était obtenue, la société pourrait alors ne pas être en mesure de réaliser ses actifs et ses passifs et de régler ses dettes (...)
En conséquence, cette situation génère une incertitude significative sur la continuité d’exploitation," est-il écrit dans le document comptable officiel de la compagnie.
Pour ceux qui ne comprennent pas le charabia financier, on va simplifier : Corsair a affiché une perte de 114 millions d'euros pour l'exercice 2021 - 2022, alors que ses capitaux propres sont de - 219 millions d'euros.
Des comptes qu'il faut remettre en perspective d'une épidémie qui sévissait encore à l'poque. Pascal de Izaguirre a tenu à rassurer les agences de voyages et les clients, alors que "la compagnie est structurellement saine".
Corsair : "les mauvais résultats de 2022 ne sont pas une surprise"
TourMaG - Vous avez publié vos comptes 2022. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les chiffres ne sont pas très bons...
Pascal de Izaguirre : Non, ils sont même mauvais. Ce n'est pas surprenant, nous étions encore en plein Covid.
Il est donc normal qu'ils soient très mauvais.
Par ailleurs, il y a un certain nombre d'éléments liés à la sortie des 747 ou encore le prix du kérosène. C'est aussi cette situation qui a entrainé notre demande d'aménagement du plan de 2020.
Souvenez-vous à cette époque, les comptes n'étaient bons pour personne. Ce n'est pas une surprise.
TourMaG - Donc cette perte importante était anticipable ?
Pascal de Izaguirre : Notre plan a été élaboré durant le cœur de l'été 2020.
À l'époque, souvenez-vous, tout le monde pensait que nous n'en avions que pour quelques mois. La situation devait s'améliorer à partir de 2021, ça n'a pas été le cas.
Ce n'était pas anticipable, personne n'imaginait la catastrophe sanitaire et la crise a duré plus longtemps que prévu.
Pascal de Izaguirre : Non, ils sont même mauvais. Ce n'est pas surprenant, nous étions encore en plein Covid.
Il est donc normal qu'ils soient très mauvais.
Par ailleurs, il y a un certain nombre d'éléments liés à la sortie des 747 ou encore le prix du kérosène. C'est aussi cette situation qui a entrainé notre demande d'aménagement du plan de 2020.
Souvenez-vous à cette époque, les comptes n'étaient bons pour personne. Ce n'est pas une surprise.
TourMaG - Donc cette perte importante était anticipable ?
Pascal de Izaguirre : Notre plan a été élaboré durant le cœur de l'été 2020.
À l'époque, souvenez-vous, tout le monde pensait que nous n'en avions que pour quelques mois. La situation devait s'améliorer à partir de 2021, ça n'a pas été le cas.
Ce n'était pas anticipable, personne n'imaginait la catastrophe sanitaire et la crise a duré plus longtemps que prévu.
Corsair : "Bruxelles et l'Etat français ont tous ces chiffres"
TourMaG - Vous affichez des pertes de 114 millions d'euros en septembre 2022, ce sont des chiffres très conséquents.
Pascal de Izaguirre : Nous n'avons jamais dit le contraire.
Attention, nous parlons là de l'exercice 2021-2022. Notre exercice comptable court du 1er octobre au 30 septembre.
TourMaG - Dans ces pertes globales, une part significative sera bien abandonnée par l'Etat ?
Pascal de Izaguirre :Ce n'est pas le même sujet, ça n'a rien à voir.
Les pertes sont des résultats financiers, la dette, c'est autre chose.
Je tiens à rappeler que nous sommes entrés dans le Covid avec zéro dette. La seule dette dont nous parlons aujourd'hui est celle de l'État et qui a été contractée durant le Covid.
Pour le reste, Corsair a toujours payé et paie rubis sur l'ongle tous ses créanciers, ses dettes fiscales et sociales.
Nous ne sommes pas les seuls à avoir hérité d'une lourde dette, c'est aussi le cas pour d'autres compagnies.
TourMaG - Vous avez publié vos comptes 2022. Est-ce que Bruxelles et l'Etat avaient accès à ces informations ?
Pascal de Izaguirre : Vous vous doutez bien que Bruxelles et l'Etat français ont tous ces chiffres.
Il faut que vous sachiez que quand vous êtes dans un plan de restructuration comme nous l'étions en 2020, vous êtes suivi de très près par la direction générale de l'aviation civile (DGAC) et par Bercy, donc Bruxelles a bien sûr les mêmes informations.
Pascal de Izaguirre : Nous n'avons jamais dit le contraire.
Attention, nous parlons là de l'exercice 2021-2022. Notre exercice comptable court du 1er octobre au 30 septembre.
TourMaG - Dans ces pertes globales, une part significative sera bien abandonnée par l'Etat ?
Pascal de Izaguirre :Ce n'est pas le même sujet, ça n'a rien à voir.
Les pertes sont des résultats financiers, la dette, c'est autre chose.
Je tiens à rappeler que nous sommes entrés dans le Covid avec zéro dette. La seule dette dont nous parlons aujourd'hui est celle de l'État et qui a été contractée durant le Covid.
Pour le reste, Corsair a toujours payé et paie rubis sur l'ongle tous ses créanciers, ses dettes fiscales et sociales.
Nous ne sommes pas les seuls à avoir hérité d'une lourde dette, c'est aussi le cas pour d'autres compagnies.
TourMaG - Vous avez publié vos comptes 2022. Est-ce que Bruxelles et l'Etat avaient accès à ces informations ?
Pascal de Izaguirre : Vous vous doutez bien que Bruxelles et l'Etat français ont tous ces chiffres.
Il faut que vous sachiez que quand vous êtes dans un plan de restructuration comme nous l'étions en 2020, vous êtes suivi de très près par la direction générale de l'aviation civile (DGAC) et par Bercy, donc Bruxelles a bien sûr les mêmes informations.
Corsair : "Nous sommes toujours là et demain nous serons toujours là"
TourMaG - Vous avez quand même un commentaire du commissaire aux comptes plutôt inquiétant : il souligne une "incertitude significative sur la continuité d’exploitation." Cette observation est peu rassurante...
Pascal de Izaguirre : Je vais vous le dire : il n'y a actuellement aucune crainte !
C'est la formule traditionnelle des commissaires aux comptes lorsqu'une entreprise déclenche des pertes importantes. Je dois rappeler que ce constat a été fait le 21 septembre 2022.
Nous sommes en juin 2024, nous sommes toujours là et demain nous serons toujours là.
Après, dans les analyses du rapport, vous pouvez lire les commissaires vous précisent s'il y a eu des engagements des actionnaires, de la Direction et si des décisions ont été prises pour redresser la situation.
Il faut aussi remettre en perspective ce contexte avec la suite des évènements, puisque l'exercice suivant a affiché une très forte progression de notre chiffre d'affaires. Il est passé de 450 millions à plus de 600 millions, un niveau historique qui traduit assez bien la confiance très forte du marché.
La croissance a été telle que nous devons maintenant être la 2e compagnie aérienne française, en termes de chiffre d'affaires. Et sur l'exercice en cours, nos revenus progressent de 15%. Nous sommes partis pour atteindre les 700 millions d'euros.
Tout ça pour vous dire : il n'y a pas de sujet de trésorerie.
TourMaG - Toute compagnie aérienne est tenue d'avoir des capitaux propres positifs pour pouvoir voler et vendre des billets. Le plan de restructuration prévoit-il le retour à l'équilibre sur ce point ?
Pascal de Izaguirre : Aujourd'hui, notre cash-flow (la différence entre les encaissements et les décaissements, ndlr) est positif.
L'Etat l'a d'ailleurs constaté.
Pour les capitaux propres positifs, le retour se fera progressivement. Nous l'avons anticipé dans notre business plan. Dans le même temps, nous avons des actionnaires solides et de confiance.
Vous connaissez et vos lecteurs connaissent bien Laurent Abitbol qui, je pense, n'a pas la réputation de faire d'être un mauvais investisseur. Je me réjouis de son arrivée, tout comme celle d'un acteur comme Eric Kuo (Sainte-Claire).
Une compagnie meurt à cause de sa trésorerie, elle ne meurt pas à cause des capitaux propres.
Pascal de Izaguirre : Je vais vous le dire : il n'y a actuellement aucune crainte !
C'est la formule traditionnelle des commissaires aux comptes lorsqu'une entreprise déclenche des pertes importantes. Je dois rappeler que ce constat a été fait le 21 septembre 2022.
Nous sommes en juin 2024, nous sommes toujours là et demain nous serons toujours là.
Après, dans les analyses du rapport, vous pouvez lire les commissaires vous précisent s'il y a eu des engagements des actionnaires, de la Direction et si des décisions ont été prises pour redresser la situation.
Il faut aussi remettre en perspective ce contexte avec la suite des évènements, puisque l'exercice suivant a affiché une très forte progression de notre chiffre d'affaires. Il est passé de 450 millions à plus de 600 millions, un niveau historique qui traduit assez bien la confiance très forte du marché.
La croissance a été telle que nous devons maintenant être la 2e compagnie aérienne française, en termes de chiffre d'affaires. Et sur l'exercice en cours, nos revenus progressent de 15%. Nous sommes partis pour atteindre les 700 millions d'euros.
Tout ça pour vous dire : il n'y a pas de sujet de trésorerie.
TourMaG - Toute compagnie aérienne est tenue d'avoir des capitaux propres positifs pour pouvoir voler et vendre des billets. Le plan de restructuration prévoit-il le retour à l'équilibre sur ce point ?
Pascal de Izaguirre : Aujourd'hui, notre cash-flow (la différence entre les encaissements et les décaissements, ndlr) est positif.
L'Etat l'a d'ailleurs constaté.
Pour les capitaux propres positifs, le retour se fera progressivement. Nous l'avons anticipé dans notre business plan. Dans le même temps, nous avons des actionnaires solides et de confiance.
Vous connaissez et vos lecteurs connaissent bien Laurent Abitbol qui, je pense, n'a pas la réputation de faire d'être un mauvais investisseur. Je me réjouis de son arrivée, tout comme celle d'un acteur comme Eric Kuo (Sainte-Claire).
Une compagnie meurt à cause de sa trésorerie, elle ne meurt pas à cause des capitaux propres.
Corsair : "La compagnie est structurellement saine"
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TourMaG - L'année 2024 est annoncée comme celle du retour à la rentabilité, est-ce toujours le cas ?
Pascal de Izaguirre : Nous sommes en ligne avec cet objectif.
Pour y arriver, nous avons besoin de bien remplir nos avions et que le pétrole ne monte pas trop haut.
TourMaG - Comment pensez-vous faire pour que cette rentabilité soit durable ?
Pascal de Izaguirre : Grâce à notre flotte.
Elle est homogène, moderne et consomme moins de carburant, nous avons aussi moins d'irrégularités d'exploitation.
Cela rejoint le modèle des low cost qui ont bien souvent un seul modèle d'avion, permettant des synergies, des économies d'échelle pour la maintenance, la formation des équipages, etc.
Vous ajoutez aussi la qualité de notre programme et nos excellentes relations avec le monde de la distribution touristique, vous avez le cocktail parfait pour performer.
TourMaG - Que diriez-vous à ceux qui regardent le document brut des commissaires aux comptes ?
Pascal de Izaguirre : Beaucoup de compagnies ont durant cette période du covid eu des comptes extrêmement dégradés et sont toujours là. Nous avons continué à nous redresser.
Nous commençons à récolter les fruits du travail de restructuration effectué durant ce laps de temps.
Evidemment nous subissons le problème lié à la dette financière contractée durant le Covid, mais qui ne change rien au fait que la compagnie est structurellement saine.
Pascal de Izaguirre : Nous sommes en ligne avec cet objectif.
Pour y arriver, nous avons besoin de bien remplir nos avions et que le pétrole ne monte pas trop haut.
TourMaG - Comment pensez-vous faire pour que cette rentabilité soit durable ?
Pascal de Izaguirre : Grâce à notre flotte.
Elle est homogène, moderne et consomme moins de carburant, nous avons aussi moins d'irrégularités d'exploitation.
Cela rejoint le modèle des low cost qui ont bien souvent un seul modèle d'avion, permettant des synergies, des économies d'échelle pour la maintenance, la formation des équipages, etc.
Vous ajoutez aussi la qualité de notre programme et nos excellentes relations avec le monde de la distribution touristique, vous avez le cocktail parfait pour performer.
TourMaG - Que diriez-vous à ceux qui regardent le document brut des commissaires aux comptes ?
Pascal de Izaguirre : Beaucoup de compagnies ont durant cette période du covid eu des comptes extrêmement dégradés et sont toujours là. Nous avons continué à nous redresser.
Nous commençons à récolter les fruits du travail de restructuration effectué durant ce laps de temps.
Evidemment nous subissons le problème lié à la dette financière contractée durant le Covid, mais qui ne change rien au fait que la compagnie est structurellement saine.