Le dossier APST est aujourd’hui géré au plus haut niveau par la Mutuelle.
Ce serait, selon nos informations, le directeur général de la MAIF (Pascal Mauger), qui négocie directement avec Emmanuel Toromanof, secrétaire général de l’APST.
Lui-même délégué par la présidente, Alix Philipon, à qui ont été votés les "pleins pouvoirs" par le Bureau pour rechercher toutes les solutions de nature à préserver l’avenir de l’association.
En effet, la situation est grave. Désespérée même, selon certains observateurs qui qualifient la gestion actuelle de "catastrophique".
Les perspectives ne sont guère réjouissantes : une fois épongés les 42 millions qu’aura coûté la crise Thomas Cook, l’APST sera "à poil".
Certes, elle aurait pu faire illusion quelques mois supplémentaires si la crise de la Covid-19 n’était pas survenue.
Las, la pandémie a encore augmenté son exposition financière et son risque avec les centaines de millions des à-valoir qui vont fragiliser la distribution dans les semaines et les mois à venir.
De toute façon, l’APST n’aurait jamais franchi la barrière infranchissable qui l’attendait en 2024, avec la norme financière exigée par l’Union européenne aux organismes de banque et d’assurance.
Alors, une mort programmée et inévitable en quelque sorte ?
Ce serait, selon nos informations, le directeur général de la MAIF (Pascal Mauger), qui négocie directement avec Emmanuel Toromanof, secrétaire général de l’APST.
Lui-même délégué par la présidente, Alix Philipon, à qui ont été votés les "pleins pouvoirs" par le Bureau pour rechercher toutes les solutions de nature à préserver l’avenir de l’association.
En effet, la situation est grave. Désespérée même, selon certains observateurs qui qualifient la gestion actuelle de "catastrophique".
Les perspectives ne sont guère réjouissantes : une fois épongés les 42 millions qu’aura coûté la crise Thomas Cook, l’APST sera "à poil".
Certes, elle aurait pu faire illusion quelques mois supplémentaires si la crise de la Covid-19 n’était pas survenue.
Las, la pandémie a encore augmenté son exposition financière et son risque avec les centaines de millions des à-valoir qui vont fragiliser la distribution dans les semaines et les mois à venir.
De toute façon, l’APST n’aurait jamais franchi la barrière infranchissable qui l’attendait en 2024, avec la norme financière exigée par l’Union européenne aux organismes de banque et d’assurance.
Alors, une mort programmée et inévitable en quelque sorte ?
Des lacunes sur des contre-garanties rigoureuses et efficaces
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Pas si sûr, si l’Association de garantie, née au début des années 70, avait su "gérer en bon père de famille" et appliqué une politique de contre-garanties rigoureuse et efficace.
Cette émanation de l’ex-SNAV (Syndicat national des agents de voyages), entité patronale devenue depuis EDV (Entreprises du Voyage), avait pour mission de mieux répondre à la garantie des professionnels vis-à-vis des consommateurs en cas de défaillance des premiers.
Au fil des années, l’organisme a pris du poids auprès de ses adhérents.
Mais la garantie professionnelle, obligatoire, l’APST n’en avait pas le monopole sur le plan commercial.
Les professionnels du tourisme pouvaient également solliciter des banques et des assurances pour ce faire. Parfois avec des résultats mitigés comme nous le verrons plus loin.
Mais ces derniers ne sont pas friands d’une clientèle aux marges réduites et aux risques importants d’un secteur qu’ils méconnaissent, voire ignorent totalement.
Certes, quelques-uns s’y risqueront mais sans trop de succès.
Bref, l’APST avait un avantage concurrentiel indéniable : elle connaissait (parfois un peu trop bien) ceux qui la sollicitaient et les risques inhérents à leur activité.
Mais ce qui faisait la force de cet organisme était aussi sa principale faiblesse : le contrôle insuffisant des adhérents, de leurs bilans et des cautions qui auraient dû aller de pair.
Quelques défaillances retentissantes (Partir pas cher, Concept Voyage, Vision du Globe, Marsans…) avaient déjà coûté très cher et le constat était toujours le même : contrôles de gestion trop tardifs, insuffisance des garanties, cautions personnelles qui jouaient les filles de l’air…
Cette émanation de l’ex-SNAV (Syndicat national des agents de voyages), entité patronale devenue depuis EDV (Entreprises du Voyage), avait pour mission de mieux répondre à la garantie des professionnels vis-à-vis des consommateurs en cas de défaillance des premiers.
Au fil des années, l’organisme a pris du poids auprès de ses adhérents.
Mais la garantie professionnelle, obligatoire, l’APST n’en avait pas le monopole sur le plan commercial.
Les professionnels du tourisme pouvaient également solliciter des banques et des assurances pour ce faire. Parfois avec des résultats mitigés comme nous le verrons plus loin.
Mais ces derniers ne sont pas friands d’une clientèle aux marges réduites et aux risques importants d’un secteur qu’ils méconnaissent, voire ignorent totalement.
Certes, quelques-uns s’y risqueront mais sans trop de succès.
Bref, l’APST avait un avantage concurrentiel indéniable : elle connaissait (parfois un peu trop bien) ceux qui la sollicitaient et les risques inhérents à leur activité.
Mais ce qui faisait la force de cet organisme était aussi sa principale faiblesse : le contrôle insuffisant des adhérents, de leurs bilans et des cautions qui auraient dû aller de pair.
Quelques défaillances retentissantes (Partir pas cher, Concept Voyage, Vision du Globe, Marsans…) avaient déjà coûté très cher et le constat était toujours le même : contrôles de gestion trop tardifs, insuffisance des garanties, cautions personnelles qui jouaient les filles de l’air…
L’affaire Thomas Cook aura coûté 42 millions d’euros au total
Alix Philippon, présidente de l'APST /crédit DR
La situation financière de l’APST se dégrade significativement à partir de 2010 et la mutualisation joue.
En 2014, les cotisations augmentent brutalement (50%) et une fronde provoque le départ de plusieurs voyagistes (Kuoni/Travel Lab, Richou Voyages, Voyageurs du Monde, Transat France, Salaün Holidays...).
Voyageurs du Monde (Voyageurs du Monde, Terres d'Aventure, Comptoir des Voyages, Nomade Aventure, Chamina et Mers et Voyages) claque la porte avec éclat en novembre, pour adhérer à Atradius.
"Le montant des cotisations de l'APST va devenir incompatible avec le modèle économique des agents de voyages", indique alors Alain Capestan, directeur général du Groupe dans un communiqué.
Mais le patron met également l’accent sur le "talon d’Achille" de l’association : le "défaut de suivi des contre-garanties tout d’abord et l'absence de vérification de la matérialité des cautions pendant des années".
En juillet 2015, Thomas Cook annonce son adhésion à l’Association Professionnelle de Solidarité du Tourisme (APST).
Le tour-opérateur justifie sa décision par le fait que l’APST est aujourd’hui "le seul organisme sur le marché qui déplafonne le montant de la garantie financière obligatoire, garantissant ainsi 100% des fonds déposés. C’est donc pour les clients de Thomas Cook France une sécurité totale." (sic)
On sait ce qu’il en est advenu. A l’époque, le TO britannique est l’un des plus importants au niveau mondial. Prévoir sa chute paraît juste impensable et pourtant…
Le raisonnement est identique pour TUI France, qui, en 2015 et après réflexion, décide de rester adhérent. Certes, la filiale du n°1 mondial, malgré les PSE successifs, est toujours là.
Mais nous savons de source sûre, une nouvelle fois, que les contre-garanties données en caution n’ont pas de commune mesure avec les sommes des dossiers à régler (82 millions d’euros) en cas de défaillance !
Fin 2019, échaudée par l’épisode Thomas Cook, l’APST demande au voyagiste allemand une contre-garantie bancaire à hauteur de 100 M€.
Royalement, l’association obtient une garantie maison-mère d’un montant de... 12 M€. L’APST insiste et le Groupe TUI accepte alors de passer de 12 à... 20 M€ !
Il faudra néanmoins repasser pour les 40 M€ car, entre temps, le confinement est décrété et Hans Van de Velde (Président de TUI France), met l’association au pied du mur : ce sera 20 millions d’euros ou rien. A prendre ou à laisser !
Aujourd'hui, la situation est plus tendue que jamais. Il reste environ pour 15 à 20 millions d’euros à solder dans l’affaire Thomas Cook qui aura coûté 42 millions d’euros au total.
En 2014, les cotisations augmentent brutalement (50%) et une fronde provoque le départ de plusieurs voyagistes (Kuoni/Travel Lab, Richou Voyages, Voyageurs du Monde, Transat France, Salaün Holidays...).
Voyageurs du Monde (Voyageurs du Monde, Terres d'Aventure, Comptoir des Voyages, Nomade Aventure, Chamina et Mers et Voyages) claque la porte avec éclat en novembre, pour adhérer à Atradius.
"Le montant des cotisations de l'APST va devenir incompatible avec le modèle économique des agents de voyages", indique alors Alain Capestan, directeur général du Groupe dans un communiqué.
Mais le patron met également l’accent sur le "talon d’Achille" de l’association : le "défaut de suivi des contre-garanties tout d’abord et l'absence de vérification de la matérialité des cautions pendant des années".
En juillet 2015, Thomas Cook annonce son adhésion à l’Association Professionnelle de Solidarité du Tourisme (APST).
Le tour-opérateur justifie sa décision par le fait que l’APST est aujourd’hui "le seul organisme sur le marché qui déplafonne le montant de la garantie financière obligatoire, garantissant ainsi 100% des fonds déposés. C’est donc pour les clients de Thomas Cook France une sécurité totale." (sic)
On sait ce qu’il en est advenu. A l’époque, le TO britannique est l’un des plus importants au niveau mondial. Prévoir sa chute paraît juste impensable et pourtant…
Le raisonnement est identique pour TUI France, qui, en 2015 et après réflexion, décide de rester adhérent. Certes, la filiale du n°1 mondial, malgré les PSE successifs, est toujours là.
Mais nous savons de source sûre, une nouvelle fois, que les contre-garanties données en caution n’ont pas de commune mesure avec les sommes des dossiers à régler (82 millions d’euros) en cas de défaillance !
Fin 2019, échaudée par l’épisode Thomas Cook, l’APST demande au voyagiste allemand une contre-garantie bancaire à hauteur de 100 M€.
Royalement, l’association obtient une garantie maison-mère d’un montant de... 12 M€. L’APST insiste et le Groupe TUI accepte alors de passer de 12 à... 20 M€ !
Il faudra néanmoins repasser pour les 40 M€ car, entre temps, le confinement est décrété et Hans Van de Velde (Président de TUI France), met l’association au pied du mur : ce sera 20 millions d’euros ou rien. A prendre ou à laisser !
Aujourd'hui, la situation est plus tendue que jamais. Il reste environ pour 15 à 20 millions d’euros à solder dans l’affaire Thomas Cook qui aura coûté 42 millions d’euros au total.
L’idée de faire gérer le risque par des vrais assureurs n’est pas incongrue
Par ailleurs, les à-valoir cumulés, dus aux avances des consommateurs, se chiffrent à plusieurs centaines de millions d’euros.
Les voyages sont à l’arrêt avec des frontières à ouverture aléatoire qui empêchent les agences de voyages de faire partir leurs clients pour dégonfler le bas de laine et augmentent ainsi le risque potentiel de l’association.
Certes, l’Etat a promis de voler au secours de l’APST et de s’y substituer en cas de défaillance. Jean-Baptiste-Lemoyne, secrétaire d’Etat au tourisme, promettait même pendant le confinement de "réfléchir au business model de l'APST...".
En quelque sorte, cela a été fait puisque la Direction générale des entreprises (DGE) en a hérité. Mais il faut croire que la solution proposée ne satisfait pas vraiment.
L’idée de faire gérer le risque professionnel par des vrais assureurs n’est pas incongrue. Mener des tractations dans le dos des administrateurs et les mettre devant le fait accompli, cela passe moins bien… c’est du moins comme ça qu’ils le ressentent.
Aussi, les négociations en cours, relativement avancées selon nos informations, pourraient déboucher sur la création d’une société commune entre la MAIF et l’APST qui permettrait à la Mutuelle de créer une branche voyage et à l’association de solidarité de sauver les meubles…
Pour la MAIF qui "sera à terme une plate-forme de services (banque, finance, bien-être, sport …)" comme le déclarait en 2015 son DG, l’affaire peut s’avérer juteuse. En effet, le marché de l’assurance est arrivé à maturité et la Mutuelle qui assurait essentiellement des particuliers, voit là l’opportunité d’une diversification.
Et ce d’autant plus qu’en bon assureur, elle aura pris la précaution de faire garantir par Bercy, une bonne part sinon la totalité du passif et des sinistres à venir. On ne refuse pas environ 4 000 nouveaux adhérents entreprises qui vous tombent tout rôtis dans le bec. Surtout avec une prise de risque raisonnable…
Pour les professionnels, et notamment les administrateurs qui s’estiment bafoués et ne décolèrent pas, la pilule est amère. La professionnalisation de la garantie va très probablement durcir les conditions d’admission des candidats.
"L’APST a aussi un rôle d’aide et de soutien aux jeunes entrepreneurs qui est incompatible avec celui d’un assureur traditionnel…"
Gageons que lors de l’Assemblée générale de l’APST qui aura lieu début septembre à Paris, les "questions diverses" devraient être bien fournies...
Les voyages sont à l’arrêt avec des frontières à ouverture aléatoire qui empêchent les agences de voyages de faire partir leurs clients pour dégonfler le bas de laine et augmentent ainsi le risque potentiel de l’association.
Certes, l’Etat a promis de voler au secours de l’APST et de s’y substituer en cas de défaillance. Jean-Baptiste-Lemoyne, secrétaire d’Etat au tourisme, promettait même pendant le confinement de "réfléchir au business model de l'APST...".
En quelque sorte, cela a été fait puisque la Direction générale des entreprises (DGE) en a hérité. Mais il faut croire que la solution proposée ne satisfait pas vraiment.
L’idée de faire gérer le risque professionnel par des vrais assureurs n’est pas incongrue. Mener des tractations dans le dos des administrateurs et les mettre devant le fait accompli, cela passe moins bien… c’est du moins comme ça qu’ils le ressentent.
Aussi, les négociations en cours, relativement avancées selon nos informations, pourraient déboucher sur la création d’une société commune entre la MAIF et l’APST qui permettrait à la Mutuelle de créer une branche voyage et à l’association de solidarité de sauver les meubles…
Pour la MAIF qui "sera à terme une plate-forme de services (banque, finance, bien-être, sport …)" comme le déclarait en 2015 son DG, l’affaire peut s’avérer juteuse. En effet, le marché de l’assurance est arrivé à maturité et la Mutuelle qui assurait essentiellement des particuliers, voit là l’opportunité d’une diversification.
Et ce d’autant plus qu’en bon assureur, elle aura pris la précaution de faire garantir par Bercy, une bonne part sinon la totalité du passif et des sinistres à venir. On ne refuse pas environ 4 000 nouveaux adhérents entreprises qui vous tombent tout rôtis dans le bec. Surtout avec une prise de risque raisonnable…
Pour les professionnels, et notamment les administrateurs qui s’estiment bafoués et ne décolèrent pas, la pilule est amère. La professionnalisation de la garantie va très probablement durcir les conditions d’admission des candidats.
"L’APST a aussi un rôle d’aide et de soutien aux jeunes entrepreneurs qui est incompatible avec celui d’un assureur traditionnel…"
Gageons que lors de l’Assemblée générale de l’APST qui aura lieu début septembre à Paris, les "questions diverses" devraient être bien fournies...
Publié par Jean Da Luz
Directeur de la rédaction - TourMaG.com
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