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Emissions CO2 : un challenge majeur pour les professionnels du tourisme

La chronique de Christian Orofino, co-président de l'OBGET


Christian Orofino, co-président de l'OBGET, met en garde contre l'augmentation des gaz à effet de serre liée aux activités humaines. Le tourisme sera l’une des principales activités impactées, avec des régions inaccessibles, soit à cause des chaleurs excessives, soit à cause de la disparition de littoral, ou du développement de certaines maladies ou d’autres modifications inéluctables.


Rédigé par Christian OROFINO le Jeudi 9 Février 2017

La réduction des émissions de gaz à effet de serre est possible et elle a déjà été engagée dans les secteurs des énergies, de l’industrie, de l’agriculture… Pourquoi pas pour le tourisme ? - DR : Fotolia, Ricochet64
La réduction des émissions de gaz à effet de serre est possible et elle a déjà été engagée dans les secteurs des énergies, de l’industrie, de l’agriculture… Pourquoi pas pour le tourisme ? - DR : Fotolia, Ricochet64
Le réchauffement climatique est maintenant une réalité difficilement contestable et constitue un défi important pour l’avenir de la planète et celui de nos enfants.

Depuis 200 ans, le début de l’ère industrielle, les pays et leurs habitants ne se contentent plus de puiser dans les milieux naturels pour assouvir leurs besoins mais inventent toujours plus de procédés, hier industriels, aujourd’hui technologiques, afin de satisfaire des besoins nouveaux et toujours plus sophistiqués.

Ces nouvelles productions ont permis aux femmes et aux hommes de profiter d’un progrès permettant une amélioration de leurs conditions de vie ; conditions améliorées certes pour tous, mais d’une manière inégale selon que l’on vive au Nord ou au Sud de la planète.

La contre partie négative de cette évolution positive se situe dans l’utilisation abondante des ressources fossiles et de la déforestation, qui entraînent une progressive saturation de l’atmosphère en carbone et ainsi provoque un réchauffement climatique inéluctable.

Un véritable changement d’ère climatique ?

Auparavant, les gaz à effet de serre étaient dégagés dans l’atmosphère naturellement par le sol, les plantes, les océans : la biosphère.

Ces gaz à effet de serre originels, en s’évaporant, formaient une protection au-dessus de la terre, sorte de tamis, afin de garder une partie des infrarouges pour une température du globe acceptable, mais laissant aussi échapper d’autres surplus de rayons qui auraient participé à un réchauffement excessif de la terre.

Cette chape naturelle a permis ainsi une évolution très lente des températures : depuis la dernière ère glaciaire, soit 20 000 ans, la température de la terre n’a augmenté que de 5°C.

Au 20e siècle, la température du globe a augmenté de 0 ,6°C et, en France, de 1°C, en seulement un siècle.

5°C en 200 siècles, 1°C en un siècle…

Plus les émissions de gaz à effet de serre issus de l’activité humaine seront importantes, plus les trous de ce tamis se boucheront, et plus le réchauffement s’accélérera.

Quelques milliards de tonnes de CO2 supplémentaires et ce sont quelques degrés en à peine quelques décennies. Au final ce sera peut-être un véritable changement radical d’ère climatique.

Restreindre nos modes de vie

Les scientifiques du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) ont établi plusieurs simulations : l’une « conservatrice » tablant sur une maîtrise des émissions humaines, qui permettrait, entre 2000 et 2100, une augmentation des températures de 2°C en moyenne ; et à l’inverse, une poursuite des émissions de type « business as usual » qui pourrait engendrer une augmentation dépassant les 5°C.

Les émissions mondiales de gaz à effet de serre, dits anthropiques, en 2010, ont été de 49 Giga tonnes, soit une moyenne de 10 tonnes par habitant.

La France, elle, se classe en milieu de tableau avec un peu plus de 10 de tonnes, alors que l’Australie est en tête des nations avec plus de 25 tonnes par habitant.

Pour ne plus enrichir l’atmosphère de CO2 et parvenir à un objectif d’une augmentation des températures moyennes à 2°C, il faut diviser d’ici 30 ans nos émissions par deux, soit à 25 Giga Tonnes, ce qui, pour une population actuelle de 7 milliards d’habitants, donne un droit maximal de 1,8 tonne par an et par personne, et avec une population de 9 milliards demain, ce droit passera à 1,4 tonne par habitant.

1,4 tonne de CO2 équivaut à la consommation annuelle de gaz pour un appartement de 100 m2 ou à la fabrication de 2 PC portables ou à la consommation moyenne d’une voiture de 6CV pour 6 000 km ou… à un parcours avion CDG - JFK - CDG.

Il est évident que pour parvenir à cet objectif de 1,4 tonne par habitant sans restriction de nos modes de vie, cela peut paraître inatteignable et utopique.

Y'aura-t-il besoin d’un « code de la vie » ?

Cependant avons-nous le choix, ne serait-ce de la prise de conscience et de la réflexion ?

A titre de comparaison, jusqu’en 1921, il n’était point besoin de code de la route et de permis de conduire pour conduire une diligence, un carrosse ou une charrette, le trafic était faible et la puissance des véhicules sans danger.

Avec l’apparition de la motorisation et de la multiplicité des véhicules, des règles ont été érigées afin que tous respectent son prochain et la collectivité.

Pour la survie de la planète, y'aura-t-il besoin d’un « code de la vie » ?

Nous avons 3 choix qui se présentent à notre génération :

- Parier sur un faux diagnostique scientifique et ne rien faire.

- Attendre que les autorités prennent des mesures qui seront obligatoirement restrictives et qui constitueront un « code de la vie » impactant nos modes de vie.

- Prendre nos destins en main et créer nous-mêmes notre propre « code de vie ».

Se repositionner moralement avec le bilan carbone

Comme il serait aussi dangereux de jouer à la roulette russe que de parier sur un statu quo, et comme la démocratie reposant essentiellement sur l’électoralisme, aucun dirigeant politique s'il veut être élu n’aura l’audace de préconiser dans son programme une régression de mode de vie, le troisième choix est le seul qu’il nous reste, c’est l’initiative individuelle et collective.

La première de ces initiatives serait de nous situer et surtout de situer nos entreprises dans ce flux d’émissions carbone. Pour cela, notre branche d’activité serait exemplaire en investissant dans des bilans carbone.

Ces audits permettent, comme après un bilan comptable, de repérer les faiblesses de nos organisations et de définir de nouvelles stratégies.

Cette démarche responsable va correspondre de plus en plus à l’attente des clients qui demandent aux préconisateurs de leur quotidien d’être au niveau des enjeux de l’avenir en matière de protection de la planète.

D’une manière encore plus concrète, de plus en plus de collectivités exigent dans leur appel d’offre le bilan carbone des soumissionnaires.

Ce diagnostique est aussi une façon de se repositionner moralement pour une entreprise, car ce bilan carbone représente un exemple pour les autres entreprises et, surtout, un sens nouveau pour les voyages des futurs clients.

Pourquoi pas le tourisme ?

Même si un scénario catastrophique comme le prédisent quelques uns ne se produirait pas, il est inévitable que des transformations sociales et économiques s’opéreront obligatoirement. Et on peut déjà le constater.

Le tourisme, par exemple, sera l’une des principales activités impactées, avec des régions inaccessibles, soit à cause des chaleurs excessives, soit à cause de la disparition de littoral, ou du développement de certaines maladies ou d’autres modifications inéluctables.

La réduction des émissions de gaz à effet de serre est possible et elle a déjà été engagée, la mobilisation et les différentes mesures ont déjà permis de les réduire jusqu’à 30% ces dernières années, notamment dans les secteurs des énergies, de l’industrie, de l’agriculture…

Dans le tourisme aussi, les différents plans nationaux et internationaux ont permis des réductions d’émissions de millions de tonnes de CO2, notamment dans le transport routier des voyageurs grâce à l’action de l’Association pour la Formation du Transport (AFT) ou dans le domaine aérien, grâce aux accords entre la Commission européenne et l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI).

Pourquoi pas un plan d’action des TO et des agences de voyages qui permettrait, dans un premier temps, un calcul de nos émissions de CO2 et, par la suite, leur stabilisation, voire leur réduction ?

Christian OROFINO
Président de TOURCONSEIL
Co-Président de l'OBGET
Ex PDG et DG du TO VISIT FRANCE
Ex-Président de la commission Tourisme responsable du SNAV
Co-Président de l'Observatoire Géo Politique et Environnemental du Tourisme (OBGET)

Page Facebook de l'OBGET

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Tags : orofino
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