Maurice Freund, dernièrement en Algérie avec un collaborateur, à l'occasion du SITEV / V.N.
TourMaG.com - Le message d’Al Qaïda va-t-il changer votre programmation ?
Maurice Freund : « En fait, nous avons reçu une lettre assez « persuasive » du ministère des Affaires étrangères, nous demandant de supprimer Attar, Gao et Agadez.
Sur Gao, nous ne les avons pas attendus. On sait que les populations locales sont complices des enlèvements, on n’a plus confiance.
Parce que ce n’est pas Al Qaïda qui enlève les touristes. Al Qaïda négocie pour les kidnappeurs et les commissionne. Donc on garde Mopti, mais on évite Gao et Tombouctou. »
T.M.com - Qu’en est-il de la Mauritanie ?
M.F. : « Le 15 octobre, je me suis rendu sur place, j’ai rencontré le ministre du Commerce, le conseiller spécial du Président, l’ambassadeur, et je leur ai dit :
« Êtes-vous d’accord pour que nous engagions ensemble un programme de formation et d’échanges avec les autorités, de manière à ce que les guides que nous employons deviennent des auxiliaires de la sécurité ? ».
Le 18 octobre, j’ai envoyé mon fils qui connaît bien la région, en tant qu’ancien directeur de la Somasert, et nous avons pris des mesures immédiates. Chaque groupe sera désormais accompagné par deux militaires armés, et doté de balises Argos et de radio-téléphones.
Maurice Freund : « En fait, nous avons reçu une lettre assez « persuasive » du ministère des Affaires étrangères, nous demandant de supprimer Attar, Gao et Agadez.
Sur Gao, nous ne les avons pas attendus. On sait que les populations locales sont complices des enlèvements, on n’a plus confiance.
Parce que ce n’est pas Al Qaïda qui enlève les touristes. Al Qaïda négocie pour les kidnappeurs et les commissionne. Donc on garde Mopti, mais on évite Gao et Tombouctou. »
T.M.com - Qu’en est-il de la Mauritanie ?
M.F. : « Le 15 octobre, je me suis rendu sur place, j’ai rencontré le ministre du Commerce, le conseiller spécial du Président, l’ambassadeur, et je leur ai dit :
« Êtes-vous d’accord pour que nous engagions ensemble un programme de formation et d’échanges avec les autorités, de manière à ce que les guides que nous employons deviennent des auxiliaires de la sécurité ? ».
Le 18 octobre, j’ai envoyé mon fils qui connaît bien la région, en tant qu’ancien directeur de la Somasert, et nous avons pris des mesures immédiates. Chaque groupe sera désormais accompagné par deux militaires armés, et doté de balises Argos et de radio-téléphones.
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Point-Afrique : Maurice Freund, courageux promoteur d’un tourisme solidaire en Mauritanie
Les programmes ont été modifiés pour rester dans des zones avec patrouilles à proximité, nous n’irons pas au-delà de Ouadane, ni sur la route de l’Espoir par exemple.
Le gouvernement mauritanien a vraiment fait des efforts conséquents dans ce sens, et du coup je me voyais mal annuler le vol.
Le site des AE a d’ailleurs légèrement modifié sa position récemment. Il déconseille toujours fortement les voyages en individuel, mais il est moins catégorique sur les voyages organisés. Tout a été mis au point avec les TO engagés avec nous comme Allibert.
Nous ne faisons pas n’importe quoi. Nous connaissons bien le pays et nous savons que nous pouvons compter ici sur les populations locales. Elles sont partenaires d’un retour du tourisme. »
T.M.com - C’est un gros pari !
M.F. : « On prend un risque, oui, mais nous estimons que nous sommes responsables des gens qui partent avec nous avec des prestations annexes, même si le risque zéro n’existe pas.
La Mauritanie offre suffisamment de garanties, et la volonté existe. Donc nous maintenons envers et contre tout.
Économiquement, on va souffrir, mais nous sommes une association qui n’a pas de dividendes à verser à des actionnaires. Nous avons gagné de l’argent par le passé avec la Mauritanie, il nous paraît normal d’agir en retour. »
T.M.com - Qu’en est-il du Niger ?
M.F. : « C’est plus compliqué. Nous n’avons pas fait là-bas le travail que nous avons accompli en Mauritanie. Nous connaissons les protagonistes de la rébellion, et pour cause, certains travaillent avec nous.
Ils ont posé les armes le 20 octobre et nous leur avons dit : « Si vous faites la paix, Point Afrique revient ». Mais c’est encore trop frais. Nous avons donc décidé ce matin de suspendre les vols et d’envoyer une équipe sur place. En fonction de leurs contacts, nous reprendrons, peut-être fin janvier ou plus tard. »
T.M.com - Comment voyez-vous l’avenir de ce continent que vous défendez depuis des années ?
M.F. : « J’ai vraiment peur de l’avenir. Jacques Toubon vient d’être nommé commissaire de l’année du cinquantenaire de la libération des pays africains - 1960-2010, et nous avons eu quelques mots dernièrement.
Je ne partage pas l’optimisme du gouvernement. Le bilan des indépendances doit aussi parler des échecs.
L’enlèvement de Menaka (Mali) pour moi est aussi le résultat de la malfaisance de la politique que nous pratiquons depuis 50 ans en Afrique. Plus on envoie de militaires et de chars, plus on monte les populations contre nous et on va finir par avoir ici un petit Afghanistan. »
T.M. com - Sombres perspectives…
M.F. : « Je ne veux pas être accusé de faire n’importe quoi. Je vais probablement me rendre sur place au Niger début février et reprendre des contacts avec les forces en place.
Je ne vous cache pas que je vais stresser. Mais nous avons pris toutes les décisions pour éviter les problèmes. Et je pourrais toujours m’échanger en cas de nouveaux enlèvements… »
Le gouvernement mauritanien a vraiment fait des efforts conséquents dans ce sens, et du coup je me voyais mal annuler le vol.
Le site des AE a d’ailleurs légèrement modifié sa position récemment. Il déconseille toujours fortement les voyages en individuel, mais il est moins catégorique sur les voyages organisés. Tout a été mis au point avec les TO engagés avec nous comme Allibert.
Nous ne faisons pas n’importe quoi. Nous connaissons bien le pays et nous savons que nous pouvons compter ici sur les populations locales. Elles sont partenaires d’un retour du tourisme. »
T.M.com - C’est un gros pari !
M.F. : « On prend un risque, oui, mais nous estimons que nous sommes responsables des gens qui partent avec nous avec des prestations annexes, même si le risque zéro n’existe pas.
La Mauritanie offre suffisamment de garanties, et la volonté existe. Donc nous maintenons envers et contre tout.
Économiquement, on va souffrir, mais nous sommes une association qui n’a pas de dividendes à verser à des actionnaires. Nous avons gagné de l’argent par le passé avec la Mauritanie, il nous paraît normal d’agir en retour. »
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Ils ont posé les armes le 20 octobre et nous leur avons dit : « Si vous faites la paix, Point Afrique revient ». Mais c’est encore trop frais. Nous avons donc décidé ce matin de suspendre les vols et d’envoyer une équipe sur place. En fonction de leurs contacts, nous reprendrons, peut-être fin janvier ou plus tard. »
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