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Faut-il s'inquiéter du développement de l’anti-tourisme ?

La chronique de Josette Sicsic (Touriscopie)


L’explosion du tourisme espagnol durant l’été 2016 fera date. A raison, cette progression constitue une performance remarquable qu’il convient de saluer. Mais les signes positifs ne devraient pas cacher des signes sociétaux inquiétants pour l’avenir du tourisme. En particulier, le ras le bol des populations résidentes. Analyse d’un mal à ne pas prendre à la légère.


Rédigé par Josette SICSIC le Mercredi 19 Octobre 2016

Le tourisme de masse n’est pas du meilleur effet sur les territoires, sur certains monuments, sur la qualité du commerce et surtout sur les populations locales ! Et, qui s’en soucie ! - DR : Fotolia - Ints Vikmanis
Le tourisme de masse n’est pas du meilleur effet sur les territoires, sur certains monuments, sur la qualité du commerce et surtout sur les populations locales ! Et, qui s’en soucie ! - DR : Fotolia - Ints Vikmanis
De colloques en colloques, de réunions en réunions, d’année en année, l’industrie touristique fait son mea culpa.

Oui, le tourisme constitue un atout majeur pour les économies nationales que plus personne n’oserait contester.

Mais, revers de la médaille, le tourisme de masse n’est pas du meilleur effet sur les territoires, sur certains monuments, sur la qualité du commerce et surtout sur les populations locales ! Et, qui s’en soucie !

Inutile de revenir sur les conséquences négatives sur un territoire d’une fréquentation massive. Elles sont connues.

Non seulement, on enregistre nuisances sonores et environnementales mais en plus, il est courant de voir la qualité des commerces chuter et les tarifs s’embraser.

Une situation fortement pénalisante pour la population touristique, mais aussi pour la population locale, forcée de changer de quartier pour faire ses emplettes ou boire son café.

Sans compter les difficultés de circulation engendrées par un afflux d’estivants sur des plages, ou la circulation excessive d’autocars et autres pollutions aériennes…

Une agressivité affichée

C’est ainsi que des villes comme Venise perdent régulièrement quelques milliers d’habitants, et se transforment dans le meilleur des cas en musée à ciel ouvert ou en « patrimoine en péril ».

C’est ainsi que les centres-villes de Florence, Séville, Barcelone, Bruxelles et même Paris, deviennent infréquentables et voient les riverains s’en éloigner.

C’est ainsi que des villes comme San Francisco perdent leur âme au profit d’une clientèle touristique hébergée massivement grâce aux bons soins de Airbnb.

Mais c’est aussi comme cela que des pêcheurs ont perdu leur travail, que des artisans se sont laissés corrompre, que des enfants ont préféré mendier au lieu d’aller à l’école…

Le tourisme n’a pas que du bon, quand il est excessif ! Et aujourd’hui, la nouveauté consiste à le dire !

Les dangers annoncés du « Tourist go home ! »

L’un des signes inquiétants à imputer à l’été 2016 réside, en effet, dans ces affichages et autres tags qui ont fleuri sur les façades de Barcelone, Coimbra ou Venise et Lisbonne… exprimant à la fois la colère et le désarroi de certains habitants devant l’invasion touristique continue qu’ils subissent.

Dénoncer le fléau n’a rien de nouveau. On se plaignait déjà dans l’Europe du XIXe siècle des mauvaises manières des touristes anglais visitant le continent sous la bannière de Thomas Cook !

Mais en faire état ouvertement sur les murs d’une ville, voilà qui est nouveau et de très mauvais augure ! (voir encadré).

La contagion n’est pas exclue

Notons que le phénomène n’est pas propre à notre continent. En Thaïlande, l’on cohabite aussi plutôt mal et on le dit, avec de trop nombreux touristes chinois (5 millions environ).

Tout comme à Hong Kong. Pour d’autres raisons.

Dans les Baléares, notamment à Ibiza, la population locale préfère prendre ses quartiers d’été dés le mois de juillet, pour avoir le plaisir de dormir tranquille.

Même observation dans certaines îles grecques et tout simplement sur la Côte d’Azur.

Quant à l’ambiance dans les destinations du Maghreb, elle ne fait pas l’unanimité. La bienveillance n’est parfois plus de mise. Les touristes européens sont stigmatisés et mal reçus. Tensions religieuses obligent !

Seule la lutte contre la saturation sera payante

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Mais, jusqu’à présent, les touristes avaient beau faire l’objet de récriminations, ils n’en étaient pas moins acceptés comme un mauvais orage destiné à passer. Ce qui est de moins en moins le cas.

Comment en est-on arrivés là ? Quelles stratégies mettre en place pour prévenir le mal ?

Dans une ambiance ternie par le terrorisme, minée par la xénophobie, l’intolérance et le refus des autres, il est certain que le tourisme ne doit pas attiser les haines mais servir de modérateur et prévenir les risques de tension entre population endogène et exogène.

L’économie ne fait pas tout. La course au touriste de plus n’est sans doute plus de mise sur certains territoires. Mieux vaut limiter leur nombre et éduquer la population à recevoir et accueillir ceux dont elle a tant de bénéfices secondaires à retirer en termes d’ouverture sur le monde, d'échanges culturels et linguistiques, d'animation du territoire…

Certaines destinations tentent de le faire par la mise en place « d’ambassadeurs », la mobilisation de bénévoles lors d’événements spéciaux.

Mais il est clair que cela ne suffira pas. Si saturation se conjugue avec détérioration des conditions de vie des résidents, seule la lutte contre la saturation sera payante.

Autre menace : le rejet des grands événements. Compte tenu de leurs coûts, des nuisances occasionnées sur la population locale, avant et pendant, et des problèmes de sécurité qu’elle pose, cette catégorie de manifestations connaîtra forcément des déboires.

Manifestations à Venise contre les croisiéristes

Dernièrement, à Venise, une manifestation prenait les touristes de croisières à partie et les autorités locales avec eux.

Depuis des barques ou des hors-bords, ils haranguaient les touristes accoudés aux balustrades, afin de leur faire prendre conscience des drames en cours.

En tout, plus d’un millier de personnes contre l’inconséquence des autorités vis-à-vis des paquebots de croisières.

Plusieurs études ont en effet montré que leur présence avait pour conséquence de fragiliser les pilotis sur lesquels reposent palais et maisons, en déplaçant du sable et en créant des vagues.

L’Unesco avait déjà mis en garde la ville et le pays sur ces dommages. En 2012, un décret prévoyait leur interdiction, mais seulement à partir du moment où une solution alternative serait trouvée, ce qui n’est pas encore le cas…

Pourquoi donc tant de lenteur ? Comme le relèvent la presse locale et les manifestants, 500 paquebots par an ne font pas que détruire la cité des Doges, ils déversent un million de passagers dans les commerces locaux, dont nul n’a envie de se passer !

Pour en savoir plus, abonnez-vous à Touriscopie www.touriscopie.fr

Contact : touriscopie@gmail.com

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Tags : sicsic
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Commentaires

1.Posté par landru le 20/10/2016 09:59 | Alerter
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"Il vaut mieux éduquer la population à acceuilir et recevoir...." Bien dit mais quid de l'éducation des touristes?
Respect des populations (condescendance envers les locaux qui décidément sont des gens sous-développés)
Respect des lieux (torse nu -ou short raz du bonbon selon le sexe de la personne- mangeant des glaces dans un sanctuaire.

Tant que l'on fera telle ou telle destination plutôt que de la visiter, il est normal que les populations locales en aient raz la casquette
Tant que l'on voudra la même nourriture, les mêmes habitudes de vie que chez soi à l'étranger....

Par contre d'accord avec vous sur les ravages évident de la massification du tourisme .

2.Posté par JEAN PIERRE le 20/10/2016 10:31 | Alerter
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oui le touriste c'est bien mais certains se comportent comme des gens non civilisé!!! 2 exemples :
notre dame : où des gens rentrent en short avec le chapeau!!!!incroyable
le père lachaise,j'ai vu des gens pic-niquer sur des tombes avec coca cola et hamburger,j'ai été obligé de leur dire que c'était un cimetière et pas un musée!!!
oui il faut éduquer les touristes!!!

3.Posté par Christian Jean le 20/10/2016 10:43 | Alerter
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Bonjour,
Excellent article.
Sans oublier dans les régions au tourisme saisonnier, la gestion des flux, d'énergie, d'eau et de déchets trop souvent problématiques et handicapante pour la population locale.
De même, ce tourisme de masse est aussi à l’origine de migrations temporaires ou définitives.

Un des avantages est que le « touriste de masse » est par définition assez docile et ne s'écarte pas des sentiers battus. Il est facilement contrôlable. Connaissant bien son comportement et son profil, on peut donc agir plus efficacement pour lutter contre ses effets néfastes.

Et comme vous le mentionné fort justement « L’économie ne fait pas tout », malheureusement pour ceux qui tirent les ficelles de cette économie c’est le profit maximum immédiat qui compte, demain n’est pas
au programme.

Cordialement.

4.Posté par Claire leonard le 20/10/2016 11:44 | Alerter
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Merci Josette pour cet article qui est le b.a. ba du bon sens. Depuis plus de deux decenies nous en prenons conscience en le constatant même s'il y a bien plus de temps que cela était prévisible. Freiner les appétits du tourisme de masse, informer les accueillants mais surtout les "partants" ceux qui "font" tel ou tel pays, et promouvoir un tourisme de proximité .

5.Posté par Brunet le 23/07/2017 08:59 | Alerter
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Article intéressant sur l analyse mais qui n apporte aucune piste pour remédier au fléau du tourisme de masse.
Ma position est qu il faut s orienter sur la quantification d un nombre maximal de touriste par ville ou endroit touristique qui ne boulverse pas la vie locale.
Le boulversement de la vie locale s apprecie par de nombreux facteurs quantifiable tel que
-baisse du nombre d habitant
-hausse des loyers
-hausse des prix immobiliers
-hausse d ouverture du nombre de bars et restaurant, snacks,salon de thé
-changement de destination des commerces vers des commerces type marchands de souvenirs ou agence immobilière
-evolution du nombre de chambres d hôtel

En ce qui concerne les solutions il y a entre autre
. limitation à 60 jours par an la possibilité de louer son logement sur plateforme type Airbnb
.taxe de séjour élevée pour faire participer le touriste à l entretien de la ville et aux actions pour garder l âme du lieu-par exemple 5 euros par nuit et par personne adulte
.fixation d un nombre maximal de touristes par an
. limitation du nombre de chambres d hôtel
. Fixation du nombre de bars et restaurants avec fixation d un pourcentage d emprise maximale pour les terrasses ne pouvant être supérieur à u e emprise respectant l âme du lieu.
Limitation du nombre de place de parkings de centre ville
Interdiction d ouverture dans les lieux touristique si pas déjà présentes de certaines activités dans les lieux touristiques tel que bars, ,boutique de souvenirs ,restaurant , snacks

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