E. Llop : "Les agences de voyages ne vont pas attendre 18 mois pour réagir, mais qu'elles vont profiter de cette période pour se battre, en fonction des décisions des pays, pour faire partir leurs clients" - DR
TourMaG.com - L'Ordonnance 2020-315 prend fin ce 15 septembre 2020, après six mois d'application. Six mois, cela vous parait-il suffisant ? Ne pensez-vous pas que les mesures décidées en mars, au début de la crise du Covid-19, auraient dû être revues pour coller davantage à la réalité de septembre ?
Me E. Llop : Dans le contexte actuel, nous sommes presque dans de la politique fiction. On ne peut pas dire aujourd'hui "il aurait fallu revoir l'ordonnance".
L'ordonnance a été prise, elle a des effets qui se prolongent dans le temps, au-delà du 15 septembre, date à laquelle on ne peut plus l'invoquer pour procéder à des annulations et émettre des avoirs.
Il est sûr que par rapport à l'ampleur de la crise, totalement inédite, 18 mois peuvent paraître un délai trop court. Quand on entend des spécialistes de l'aérien, des économistes qui parlent de cinq, dix ans pour se relever, 18 mois paraissent dérisoires.
Et il est certain que cela ne va pas solutionner la question de comment faire rentrer de l'argent dans les caisses si les fermetures des frontières se prolongent, mais cela, on ne peut pas le savoir.
Pourtant, politiquement, juridiquement et économiquement, il était compliqué de sortir une ordonnance en disant "tous les voyages annulés jusqu'à la fin de l'épidémie". On ne peut pas conditionner un acte à une incertitude pareille, elle ne serait pas passée. Il a fallu trancher et finalement, cette période s'étale presque sur deux ans, si l'on compte les trois mois de délai pour faire une offre. On est déjà à 21 mois.
Me E. Llop : Dans le contexte actuel, nous sommes presque dans de la politique fiction. On ne peut pas dire aujourd'hui "il aurait fallu revoir l'ordonnance".
L'ordonnance a été prise, elle a des effets qui se prolongent dans le temps, au-delà du 15 septembre, date à laquelle on ne peut plus l'invoquer pour procéder à des annulations et émettre des avoirs.
Il est sûr que par rapport à l'ampleur de la crise, totalement inédite, 18 mois peuvent paraître un délai trop court. Quand on entend des spécialistes de l'aérien, des économistes qui parlent de cinq, dix ans pour se relever, 18 mois paraissent dérisoires.
Et il est certain que cela ne va pas solutionner la question de comment faire rentrer de l'argent dans les caisses si les fermetures des frontières se prolongent, mais cela, on ne peut pas le savoir.
Pourtant, politiquement, juridiquement et économiquement, il était compliqué de sortir une ordonnance en disant "tous les voyages annulés jusqu'à la fin de l'épidémie". On ne peut pas conditionner un acte à une incertitude pareille, elle ne serait pas passée. Il a fallu trancher et finalement, cette période s'étale presque sur deux ans, si l'on compte les trois mois de délai pour faire une offre. On est déjà à 21 mois.
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TourMaG.com - N'y a-t-il pas un risque pour la trésorerie des agences de voyages ? Comment une agence pourra-t-elle rembourser ses clients dans 18 mois si aucun argent ne rentre, entre temps, dans les caisses ? Peut-elle invoquer la "force majeure" ?
Me E. Llop : Non, elle ne peut pas. Mais honnêtement, je n'arrive pas à imaginer que dans les 18 mois qui viennent, l'activité ne redémarre pas.
Surtout qu'une grande partie des forfaits sont composés avec de l'aérien et donc les agences de voyages sont également soumises à ce qu'il se passe dans l'aérien. Une partie de l'argent qu'elles devront rembourser n'est pas chez elles.
Et puis, pour l'instant, une majorité de personnes a choisi de reporter. Le problème actuel est que l'on est sur des reports de reports pour la période septembre-octobre-novembre, surtout pour les groupes, les séminaires à l'étranger.
Je pense aussi que les agences de voyages ne vont pas attendre 18 mois pour réagir, mais qu'elles vont profiter de cette période pour se battre, en fonction des décisions des pays, pour faire partir leurs clients.
Elles seront comme un petit bateau de papier, qui va être mené par la vague, en bas, en haut, en bas, en haut... Mais elles ne vont pas rester 18 mois sans encaissement, sans travail, sans rien, d'autant que le chômage ne sera surement pas prolongé et qu'il n'est déjà pris en charge qu'à 85%.
TourMaG.com - Finalement, les préoccupations des agences qui vous contactent actuellement ne portent pas sur la situation dans 18 mois, mais plutôt sur celle du lendemain...
Me E. Llop : Les préoccupations actuelles sont de faire repartir les clients mais surtout de savoir comment survivre.
Aujourd'hui, des professionnels du tourisme me contactent pour savoir s'ils peuvent se mettre à vendre autre chose, lié au voyage, ils se renseignent par rapport à leur bail. Il y en a aussi qui se sont reconvertis dans le coaching, dans l'enseignement... Mais il est évident que nous sommes dans une période de flou.
Quant aux actions contre l'Ordonnance, je pense notamment à celle de l'UFC-Que Choisir, vu les délais des affaires devant le Conseil d'Etat, je ne pense pas que l'on reviendra en arrière et que l'on demandera aux agences de rembourser tous les avoirs.
A LIRE AUSSI : Ordonnance sur les avoirs : que va-t-il se passer après le 15 septembre 2020 ?
Me E. Llop : Non, elle ne peut pas. Mais honnêtement, je n'arrive pas à imaginer que dans les 18 mois qui viennent, l'activité ne redémarre pas.
Surtout qu'une grande partie des forfaits sont composés avec de l'aérien et donc les agences de voyages sont également soumises à ce qu'il se passe dans l'aérien. Une partie de l'argent qu'elles devront rembourser n'est pas chez elles.
Et puis, pour l'instant, une majorité de personnes a choisi de reporter. Le problème actuel est que l'on est sur des reports de reports pour la période septembre-octobre-novembre, surtout pour les groupes, les séminaires à l'étranger.
Je pense aussi que les agences de voyages ne vont pas attendre 18 mois pour réagir, mais qu'elles vont profiter de cette période pour se battre, en fonction des décisions des pays, pour faire partir leurs clients.
Elles seront comme un petit bateau de papier, qui va être mené par la vague, en bas, en haut, en bas, en haut... Mais elles ne vont pas rester 18 mois sans encaissement, sans travail, sans rien, d'autant que le chômage ne sera surement pas prolongé et qu'il n'est déjà pris en charge qu'à 85%.
TourMaG.com - Finalement, les préoccupations des agences qui vous contactent actuellement ne portent pas sur la situation dans 18 mois, mais plutôt sur celle du lendemain...
Me E. Llop : Les préoccupations actuelles sont de faire repartir les clients mais surtout de savoir comment survivre.
Aujourd'hui, des professionnels du tourisme me contactent pour savoir s'ils peuvent se mettre à vendre autre chose, lié au voyage, ils se renseignent par rapport à leur bail. Il y en a aussi qui se sont reconvertis dans le coaching, dans l'enseignement... Mais il est évident que nous sommes dans une période de flou.
Quant aux actions contre l'Ordonnance, je pense notamment à celle de l'UFC-Que Choisir, vu les délais des affaires devant le Conseil d'Etat, je ne pense pas que l'on reviendra en arrière et que l'on demandera aux agences de rembourser tous les avoirs.
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