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Fonds de solidarité, chômage partiel... "prolongés en avril et mai 2021", mais quid de l'avenir ?

Les Entreprises du Voyage ont organisé une visioconférence sur le fonds de solidarité, chômage partiel et le PGE


Alors que la France se prépare à un déconfinement à haut risque, au regard de la situation sanitaire, le voyage pourra reprendre à partir du 3 mai 2021. Et cette reprise risque de s'accompagner d'un soutien étatique moins important à mesure que les restrictions seront levées. Demain quelle sera la prise en charge du chômage partiel ? Le fonds de solidarité sera-t-il reconduit ? Le PGE va-t-il enfin être disponible pour tous les acteurs du tourisme ? Les Entreprises du Voyage ont organisé, ce mardi 27 avril 2021, une visioconférence "de rentrée" afin d'élaguer les sujets, même le plus épineux : l'été 2021.


Rédigé par le Mardi 27 Avril 2021

Le fonds de solidarité n'est pas automatique... mais devrait être prolongé en mai et juin selon Jean-Pierre Mas ( EDV) - Depositphotos @chekman1
Le fonds de solidarité n'est pas automatique... mais devrait être prolongé en mai et juin selon Jean-Pierre Mas ( EDV) - Depositphotos @chekman1
Le quoiqu'il en coûte aura une fin. Et plus le retour à la vie normale se précise, plus cette fin se rapproche.

Il suffit de relire la dernière sortie d'Elisabeth Borne d'une rencontre avec les partenaires sociaux, dans laquelle la ministre a annoncé que la prise en charge du chômage partiel pour les secteurs non prioritaires, allait diminuer à partir du mois de juin.

Alors que la reprise peine à poindre le bout de son nez, les entreprises du voyage n'auront d'autres choix que de faire appel à l'APLD.

En attendant d'y voir plus clair, le Syndicat a réuni ce mardi toute la profession pour faire un point sur les mesures de soutien du gouvernement (fonds de solidarité, chômage partiel, PGE) et les prochaines échéances.

Avant de regarder le présent et le futur, la réunion a débuté par un petit coup d'oeil dans le rétroviseur, afin de faire un point dans les comptes de l'association.

"Les comptes de l'année 2020 sont relativement bon mais je n'en dirais pas autant du budget 2021, avec un résultat confortable de 374 000 euros.

Pour le budget nous sommes restés très prudents,
" explique Michèle Laget-Herbaut, la trésorière des EDV. Si les cotisations devraient représenter 1,201 million d'euros en 2021, le chiffre est amené à évoluer en raison des difficultés du secteur.

Une situation "considérablement déprimée" avec des litiges qui ont explosé

Ce n'est pas parce que l'industrie est en crise, qu'elle doit rester muette, bien au contraire.

"Nous avons présenté un budget de crise équilibré, sans aucun poste de communication. Nous savons que nous devrons communiquer, parler de ce que nous avons fait durant la crise, la qualité de l'intermédiation, etc.

Nous avons 2 millions de capitaux propres et nous prendrons dans cette réserve,
" explique Jean-Pierre Mas.

Le syndicat va donc lancer prochainement, à la faveur de la reprise, une grande campagne de communication sur les réseaux sociaux et ailleurs, pour faire revenir les clients dans les agences.

Et pour quantifier cette reprise, un baromètre a été commandé en collaboration avec Orchestra et Amadeus.

Les tendances des réservations à destination de la France, moyen ou long courrier sont, depuis mars 2020, toutes dans le rouge, excepté 2 mois en juillet et août, et dans des proportions inquiétantes.

En février, mars avril, les réservations long-courriers baissent de 90% et même de 50% pour la France en juillet 2021.

"Quoiqu'il advienne notre secteur sera longuement déprimé, même durant la période de l'été. Même un redémarrage ne nous permettra pas de rattraper ce que nous avons perdu," se désole Jean-Pierre Mas.

Et les sources d'inquiétudes sont nombreuses, pour une industrie au chiffre d'affaires famélique.

A commencer par la question des travailleurs non-salariés (TNS) ou des entreprises dont les dirigeants n'ont pas de salaires ou de chiffre d'affaires, Valérie Boned n'a malheureusement pas pu apporter de bonnes nouvelles.

Prolongation du chômage partiel en mai, sans doute en juin et plus faiblement à partir de juillet

"J'ai fait un point avec le cabinet d'Alain Griset, qui planche actuellement sur le plan d'aide aux indépendants, il y a une réflexion sur ce point précis, mais il n'y a pas encore d'aides spécifiques," se désole la secrétaire générale des EDV

Il existe toutefois des outils peu utilisés par les acteurs concernés. Dans les recherches sur le PGE ou Fonds de solidarité, dans les sites publics, dans l'onglet "autres dispositifs" permet d'accéder à tout un tas de mesures pour soutenir, ces cas qui ne sont pas pris en compte.

Ce n'est pas l'unique sujet sur le feu, actuellement.

"L'exonération des charges patronales est quelque chose qui ne se voit jamais.

Nous aurons en janvier et février des nouvelles exonérations totales. Nous demandons que le dispositif se poursuive, sans avoir eu de réponse ferme, nous savons qu'il y a une volonté d'accompagnement,
" rassure-t-elle.

Aucune confirmation, mais une confiance affirmée, de la part du syndicat. Pour les congés payés, il n'y aura pas de renouvellement des dispositifs, avec aucune prise en charge de l'Etat pour les repos qu'ils restent.

Toutefois, il sera possible de faire prendre des vacances aux collaborateurs, lors d'une période creuse, en imposant la prise des congés payés pour 10 jours.

"Activité partielle, avril sera pris en charge de 100%, il y aura une prolongation en mai, nous avons eu l'information par le cabinet d'Elisabeth Borne, sans avoir le texte exact. Le tout sans aucune condition.

Pour les mois suivants, nous avons l'impression que ce sera renouvelé en juin. Pour juillet et août, il pourrait y avoir une prise en charge de 80%, soit quasiment au même niveau de prise ne charge que l'accord d'APLD
" précise Valérie Boned.

Tout dépendra du niveau de la reprise, si celle-ci est vraiment minime alors le dispositif de chômage partiel à 100% pourrait être renouvelé, pour l'été 2021.

Il devient important de travailler maintenant sur la mise en place de ce dernier dispositif, en se projetant sur un plan d'activité partielle de longue durée. D'autant plus que le taux de prise en charge est de 85%.

Le fonds de solidarité n'est pas automatique... mais devrait être prolongé en mai et juin

L'autre inquiétude réside dans le prolongement d'une autre mesure qui soulage grandement les comptes des entreprises du secteur.

"Il n'y aura pas d'engagement à long terme de l'Etat sur le fonds de solidarité.

La seule certitude, c'est que nous avons un engagement sur mars, mais nous aurons le même accord et niveau de fonds de solidarité en avril, fort probable pour mai, ensuite cela dépendra du niveau de l'activité
", annonce Jean-Pierre Mas.

Par ailleurs, le fonds de solidarité est plafonné à 1,6 million d'euros par entreprise, incluant la prise en charge des charges patronales, les soutiens aux paiements de l'URSSAF.

Si un décret devrait être publié dans les prochaines heures concernant la prise en charge des coûts fixes, il n'y aura pour la distribution aucune bonne nouvelle.

"Il y a des motifs d'insatisfaction, avec un plafond global de 10 millions d'euros par groupe et année, puis un plancher d'un million d'euros de recettes mensuelles en 2019 dont nous avons demandé la suppression. Il ne sera pas supprimé.

Cela crée pour notre secteur un vrai problème,
" prédit le président des EDV.

Le décret va créer une disparité entre la distribution et la production, puisque les tour-opérateurs peuvent déclarer un chiffre d'affaires assez conséquent grâce aux revenus du voyage, alors que les agences déclarent seulement les commissions.

Une nouvelle aide : FNE, aide à la formation durant l'activité partielle.

"Nous avons obtenu de l'Etat le fait que le dispositif est important, mais le reste à charge est trop important. Les salariés en activité partielle seront aujourd'hui 100% pris en charge, pour les entreprises de moins de 300 salariés," se félicite la secrétaire générale.

Et pour ceux pour qui l'Etat n'a pas suffisamment fait, l'ensemble de ses dispositifs a entrainé un soutien direct pour l'industrie de 1,458 milliard d'euros.

Une somme conséquente, alors que même d'autres aides ne sont que très peu sollicitées par les acteurs, comme le prêt rebond ou le flash rebond, avec moins de 3 millions d'accordés.

Les avoirs : Bercy ouvert à des discussions pour trouver une solution

L'effondrement complet du secteur n'a pas eu lieu, avec 24 défaillances en 2021, contre 34 l'année dernière.

"Est-ce qu'il aura lieu ? C'est une autre question. Par rapport au mur des remboursements, les PGE peuvent être décalés d'une année de plus, mais cela réduira d'autant la durée du remboursement," déplore Jean-Pierre Mas.

Dans le contexte actuel, il fait de moins en moins de doute, qu'il sera difficile de rembourser les PGE, pour de nombreuses entreprises. Même s'il n'y a pas eu de mise en hypothèque, ou en garantie sur les biens personnels, il y aura un harcèlement des banques.

"Nous avons deux pistes : prolonger la durée des PGE de 6 à 8 ans, pour alléger la douleur mensuelle, la seconde étant de transformer les PGE en quasi fonds propres.

Nous ne pouvons pas imaginer que l'Etat rentre au capital de chacune de nos entreprises, c'est impossible,
" affirme Jean-Pierre Mas.

La solution poussée, par le président des Entreprises du voyage étant de transformer les PGE en prêts participatifs. Autre problème, autre immense inquiétude : les avoirs.

Alors qu'à partir de septembre ou octobre 2021, les acteurs devront amorcer la phase de remboursement des avoirs émis. Celle-ci prendra fin en août 2022.

"Notre secteur a émis pour plus de 2 milliards d'avoirs, dont 1,500 milliards d'avoirs, et 500 millions utilisés pour payer des prestations (compagnies, hôtels, réceptifs, etc...) donc autant d'argent que nous ne pourrons que difficilement rembourser."

Et comme, nous vous l'annoncions, il y a 15 jours dans note article sur le voyage sur-mesure, le président des Entreprises du Voyage souhaite trouver une solution à cet épineux problème.

"Nous avons eu une écoute extrêmement favorable des cabinets de Lemoyne et Griset pour élaborer des solutions permettant d'amortir le choc des avoirs, pour que l'incapacité des opérateurs ne rejaillisse sur l'APST.

Nous allons rencontrer maintenant les pouvoirs publics pour résoudre ce problème,
" se veut combatif Jean-Pierre Mas.

Congrès des EDV, vente de l'immeuble de l'APST...

Pour comprendre l'ampleur de la tâche et du redressement à venir, il suffit de regarder les chiffres de la médiation qui a vu ses saisines exploser depuis mars 2020.

Malheureusement, le changement d'année n'y a rien changé.

Depuis le début de l'année, les litiges sont en hausse de 26% par rapport à 2020 et cela devrait s'accélérer, d'autant plus que la question des avoirs se rapproche.

Plus de 100 millions d'euros sont bloqués au niveau de la distribution par les compagnies aériennes et 30 millions pour les producteurs, "à la fin se posera la question de la façon de travailler avec ces opérateurs," relève René-Marc Chikli.

Toujours dans le cadre de l'Asssemblée Générale, le prochain congrès des EDV pourrait avoir lieu en novembre, mais rien n'est arrêté. Le sujet est au placard jusqu'à septembre 2021.

"Vu l'évolution, et le pays (Albanie), je pense qu'en novembre 2021 nous pourrons avoir un congrès. De toute manière, il y aura d'une façon ou d'une autre une réunion," annonce Mumtaz Teker, le vice-président du Seto.

De plus, pas de déménagement prévu pour les EDV, du fait de la vente de l'immeuble de l'APST et "les négociations font que nous resterons jusqu'en 2023 ici."

L'un des enjeux majeurs, alors que la reprise se fait en ordre dispersé en Europe et dans le monde, sera de sécuriser les stocks.

Le Seto travaille actuellement là-dessus, pour éviter que les autres nations prennent la place des Français, dans les hôtels ou les villages-vacances à travers le monde.

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