Le tourisme social, pour continuer d’exister et de rester un modèle pour tous les acteurs privés et publics, doit se doter d’outils performants. Notamment d’un observatoire - DR : ISTO
Il faisait donc beau aux Açores : doux et ensoleillé sur des paysages de toute beauté, tapissés de cratères, de lacs, de jardins, méticuleusement tenus, parcourus par quelques visiteurs européens profitant des « ailes de saison » pour bénéficier d’une météo, d’un calme et d’un service exceptionnels.
Soutenu par Visit Portugal, le gouvernement des Açores et la toute puissante Fondation Inatel qui, depuis plus de 50 ans, développe des activités culturelles, sportives, touristiques en faveur de tous les publics, y compris les seniors, enfants, familles, le congrès de l'ISTO avait surtout une première qualité : il réunissait un public et des intervenants internationaux en provenance de 27 pays, notamment Espagne, Italie, Belgique, Costa Rica, Mexique, Portugal...
De quoi offrir une fenêtre sur l’extérieur, sortir des échanges de bonnes pratiques franco-françaises, proposer une vitrine sur l’engagement de dizaines de professionnels présents désireux, comme le précisa d’emblée la présidente, l’Espagnole Isabelle Novoa, de ne pas déroger aux fondamentaux du tourisme social : faire partir en vacances le plus grand nombre, surtout dans les milieux économiquement et culturellement défavorisés pour lesquels le tourisme constitue un moyen exceptionnel de sortir de leur isolement.
Une fois cela dit, il va de soi que la durabilité a dû d’abord endosser le costume de la durabilité environnementale et affronter ses contradictions.
Lesquelles ont été dénoncées par le géographe Rémy Knafou, convaincu de l’importance du tourisme dans notre monde, mais critique par rapport aux stratégies non centralisées mises en œuvre et partisan d’un tourisme « réflexif ».
LIRE AUSSI : Rémy Knafou : "Il faut réformer le système touristique mondialisé" 🔑
Puis ce fut au tour du pilier social d’être évoqué autour de quelques aspects majeurs, certes développés aussi en France, notamment lors des Universités du tourisme durable à Montpellier.
Soutenu par Visit Portugal, le gouvernement des Açores et la toute puissante Fondation Inatel qui, depuis plus de 50 ans, développe des activités culturelles, sportives, touristiques en faveur de tous les publics, y compris les seniors, enfants, familles, le congrès de l'ISTO avait surtout une première qualité : il réunissait un public et des intervenants internationaux en provenance de 27 pays, notamment Espagne, Italie, Belgique, Costa Rica, Mexique, Portugal...
De quoi offrir une fenêtre sur l’extérieur, sortir des échanges de bonnes pratiques franco-françaises, proposer une vitrine sur l’engagement de dizaines de professionnels présents désireux, comme le précisa d’emblée la présidente, l’Espagnole Isabelle Novoa, de ne pas déroger aux fondamentaux du tourisme social : faire partir en vacances le plus grand nombre, surtout dans les milieux économiquement et culturellement défavorisés pour lesquels le tourisme constitue un moyen exceptionnel de sortir de leur isolement.
Une fois cela dit, il va de soi que la durabilité a dû d’abord endosser le costume de la durabilité environnementale et affronter ses contradictions.
Lesquelles ont été dénoncées par le géographe Rémy Knafou, convaincu de l’importance du tourisme dans notre monde, mais critique par rapport aux stratégies non centralisées mises en œuvre et partisan d’un tourisme « réflexif ».
LIRE AUSSI : Rémy Knafou : "Il faut réformer le système touristique mondialisé" 🔑
Puis ce fut au tour du pilier social d’être évoqué autour de quelques aspects majeurs, certes développés aussi en France, notamment lors des Universités du tourisme durable à Montpellier.
Le bien-être du personnel avant tout, donc la formation avant tout
Le très dynamique président de « Tourismo Portugal » (l’équivalent d’Atout France), Luís Araújo a plaidé en faveur de la formation et la qualification des personnels de l’industrie touristique.
Considérant que ceux-ci jouent un rôle majeur dans la qualité du tourisme offert par une destination, il a rappelé que son gouvernement gérait 12 écoles de tourisme et qu’il développait désormais une stratégie de recrutement massive pour pallier le manque de personnel, parmi les jeunes déscolarisés trop tôt et parmi des populations de migrants dont les Portugais considèrent qu’ils peuvent jouer un rôle majeur s’ils sont convenablement formés et stimulés par des rémunérations dignes de leur travail.
Prospectant le Brésil, le Maroc, l’Inde, le Portugal entend ainsi remplir la grille de critères du volet social du développement durable et garder la tête des classements touristiques mondiaux où la destination fait la course en tête depuis quelques années.
Un bémol cependant, émis par les Espagnols, qui ont mentionné que la tendance dans leur pays et tant d’autres était plutôt à la sur exploitation des employés et à l’économie informelle !
Est-ce tout ? Les problèmes d’accessibilité ont bien entendu aussi été largement évoqués, notamment par la France et Annette Masson.
Toujours particulièrement dynamique dans son rôle de pionnière et de présidente de Tourisme et Handicap, celle-ci a permis de faire progresser la prise en compte des publics fragiles à travers des initiatives de toute sortes (circuits, cartes sensorielles…) parfois inspirées par d’autres pays. Et elle a confirmé qu’au cœur du congrès, c’est bien le partage d’expériences qui remporte les taux de satisfaction les plus élevés de la part des participants.
Unanimement en effet, ceux-ci, dont certains se montrent particulièrement assidus à travers une présence régulière aux congrès de l’ISTO, reconnaissent l’intérêt de l’échange et surtout de l’échange au niveau international.
« Tous les ans, nous avons la possibilité d’être confrontés à des bonnes pratiques mises en place par des destinations étrangères, ce qui est particulièrement inspirant », déclare un participant.
Sans compter le formidable réseau que propose l’ISTO qui, aujourd’hui, est implanté sur tous les continents : Afrique, Amérique, Europe… à l’exception de l’Asie, et permet à certains, notamment les hébergeurs (auberges de jeunesse) de développer leurs clientèles internationales.
Considérant que ceux-ci jouent un rôle majeur dans la qualité du tourisme offert par une destination, il a rappelé que son gouvernement gérait 12 écoles de tourisme et qu’il développait désormais une stratégie de recrutement massive pour pallier le manque de personnel, parmi les jeunes déscolarisés trop tôt et parmi des populations de migrants dont les Portugais considèrent qu’ils peuvent jouer un rôle majeur s’ils sont convenablement formés et stimulés par des rémunérations dignes de leur travail.
Prospectant le Brésil, le Maroc, l’Inde, le Portugal entend ainsi remplir la grille de critères du volet social du développement durable et garder la tête des classements touristiques mondiaux où la destination fait la course en tête depuis quelques années.
Un bémol cependant, émis par les Espagnols, qui ont mentionné que la tendance dans leur pays et tant d’autres était plutôt à la sur exploitation des employés et à l’économie informelle !
Est-ce tout ? Les problèmes d’accessibilité ont bien entendu aussi été largement évoqués, notamment par la France et Annette Masson.
Toujours particulièrement dynamique dans son rôle de pionnière et de présidente de Tourisme et Handicap, celle-ci a permis de faire progresser la prise en compte des publics fragiles à travers des initiatives de toute sortes (circuits, cartes sensorielles…) parfois inspirées par d’autres pays. Et elle a confirmé qu’au cœur du congrès, c’est bien le partage d’expériences qui remporte les taux de satisfaction les plus élevés de la part des participants.
Unanimement en effet, ceux-ci, dont certains se montrent particulièrement assidus à travers une présence régulière aux congrès de l’ISTO, reconnaissent l’intérêt de l’échange et surtout de l’échange au niveau international.
« Tous les ans, nous avons la possibilité d’être confrontés à des bonnes pratiques mises en place par des destinations étrangères, ce qui est particulièrement inspirant », déclare un participant.
Sans compter le formidable réseau que propose l’ISTO qui, aujourd’hui, est implanté sur tous les continents : Afrique, Amérique, Europe… à l’exception de l’Asie, et permet à certains, notamment les hébergeurs (auberges de jeunesse) de développer leurs clientèles internationales.
Visiteur et visité : l’exemple de « la pura vida » du Costa Rica
Le volet humain ne pouvant pas faire abstraction de la nécessité aujourd’hui enfin plébiscitée, de faire cohabiter des clientèles exogènes avec des populations endogènes sans en pénaliser l’une par rapport à l’autre, a été le plus longuement traité.
Notamment par le Costa Rica venu délivrer son message. Avec un objectif maximum de 4,5 millions de touristes internationaux, ce petit pays démilitarisé qui a préféré l’environnement à la défense militaire, a eu à cœur de souligner sa volonté de faire partir en vacances un maximum de Costaricains afin de découvrir leur pays, dans des conditions équivalentes à celles des touristes étrangers.
Certes, les touristes costaricains ne sont encore qu’un million et demi à se déplacer et les bonnes pratiques environnementales de l’État n’ont pas éradiqué la misère d’une partie de la population. Mais, les orientations stratégiques gouvernementales sont clairement énoncées.
Côté français, le modèle développé par l’ANCV évoqué de nouveau, a continué de susciter l’intérêt des différents pays présents, dans les rangs desquels s’était faufilée (oh surprise !), la Principauté de Monaco dont la représentante ne cachait pas son intérêt pour toutes les sessions, notamment sur l’accessibilité.
Notamment par le Costa Rica venu délivrer son message. Avec un objectif maximum de 4,5 millions de touristes internationaux, ce petit pays démilitarisé qui a préféré l’environnement à la défense militaire, a eu à cœur de souligner sa volonté de faire partir en vacances un maximum de Costaricains afin de découvrir leur pays, dans des conditions équivalentes à celles des touristes étrangers.
Certes, les touristes costaricains ne sont encore qu’un million et demi à se déplacer et les bonnes pratiques environnementales de l’État n’ont pas éradiqué la misère d’une partie de la population. Mais, les orientations stratégiques gouvernementales sont clairement énoncées.
Côté français, le modèle développé par l’ANCV évoqué de nouveau, a continué de susciter l’intérêt des différents pays présents, dans les rangs desquels s’était faufilée (oh surprise !), la Principauté de Monaco dont la représentante ne cachait pas son intérêt pour toutes les sessions, notamment sur l’accessibilité.
Ouverture, modernisation, féminisation, rajeunissement
Et puis, et surtout, les orientations de l’organisation internationale ont fait l’objet de déclarations que l’on peut considérer comme historiques.
Pour Yves Godin, le secrétaire général, issu de l’un des poids lourds du tourisme social belge - l’association Floreal - l’ISTO a plusieurs fers au feu.
D’une part, il s’agit de continuer de la féminiser et cela a bien commencé avec l’élection d’une présidente. D’autre part, il s’agit de rajeunir le public afin de se mettre au diapason des nouvelles préoccupations des professionnels et de leurs clientèles. Une autre mission en grande partie accomplie.
De plus, selon Yves Godin, l’ISTO doit aujourd’hui ouvrir largement ses portes à d’autres opérateurs : pays, régions, hébergeurs… soucieux de faire progresser ensemble la cause du tourisme durable. « Laquelle, précise-t-il, n’est pas gagnée et a besoin de coopération à tous les échelons, pour atteindre ses objectifs ».
Un son de cloche repris à l’unanimité, notamment par le directeur de l’Organisation, Charles Belanger, un Québécois établi à Bruxelles où est installé depuis sa création en 1963, le siège de l’ISTO.
Encouragé par l’entrée de nouveaux membres, celui-ci se montre optimiste. Tout comme le président d’honneur Jean-Marc Mignon, toujours sur le pont après des années au service du tourisme social.
Et comme la directrice Europe, Murielle Antoniotti du CRT Auvergne Rhône-Alpes, qui ne ménage pas sa peine pour faire du lobbying auprès de Bruxelles, maintenir la pression sur la thématique du développement durable et tenter de concevoir un programme sur le tourisme des jeunes, notamment par la création d’une sorte d’Erasmus permettant aux adolescents d’apprendre à voyager et à se construire dans un esprit de tolérance.
« Les crises que nous vivons ont ravivé l’intérêt pour le tourisme social, insiste-t-elle. La montée des nationalismes dans certains pays surtout, nous semble un signal d’alarme qu’il ne faut pas négliger ».
Pour Yves Godin, le secrétaire général, issu de l’un des poids lourds du tourisme social belge - l’association Floreal - l’ISTO a plusieurs fers au feu.
D’une part, il s’agit de continuer de la féminiser et cela a bien commencé avec l’élection d’une présidente. D’autre part, il s’agit de rajeunir le public afin de se mettre au diapason des nouvelles préoccupations des professionnels et de leurs clientèles. Une autre mission en grande partie accomplie.
De plus, selon Yves Godin, l’ISTO doit aujourd’hui ouvrir largement ses portes à d’autres opérateurs : pays, régions, hébergeurs… soucieux de faire progresser ensemble la cause du tourisme durable. « Laquelle, précise-t-il, n’est pas gagnée et a besoin de coopération à tous les échelons, pour atteindre ses objectifs ».
Un son de cloche repris à l’unanimité, notamment par le directeur de l’Organisation, Charles Belanger, un Québécois établi à Bruxelles où est installé depuis sa création en 1963, le siège de l’ISTO.
Encouragé par l’entrée de nouveaux membres, celui-ci se montre optimiste. Tout comme le président d’honneur Jean-Marc Mignon, toujours sur le pont après des années au service du tourisme social.
Et comme la directrice Europe, Murielle Antoniotti du CRT Auvergne Rhône-Alpes, qui ne ménage pas sa peine pour faire du lobbying auprès de Bruxelles, maintenir la pression sur la thématique du développement durable et tenter de concevoir un programme sur le tourisme des jeunes, notamment par la création d’une sorte d’Erasmus permettant aux adolescents d’apprendre à voyager et à se construire dans un esprit de tolérance.
« Les crises que nous vivons ont ravivé l’intérêt pour le tourisme social, insiste-t-elle. La montée des nationalismes dans certains pays surtout, nous semble un signal d’alarme qu’il ne faut pas négliger ».
Du maintien des valeurs à la construction d’un observatoire
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Dernier point : si les valeurs constituent bel et bien le socle sur lequel doit rester ancré le tourisme social, dans toutes ses dimensions, il n’en reste pas moins que celui-ci, pour continuer d’exister et de rester un modèle pour tous les acteurs privés et publics, doit se doter d’outils performants.
Notamment d’un observatoire. Un énorme chantier d’autant plus complexe qu’il devra petit à petit, exister à l’échelon mondial.
Pour les responsables de l’ISTO, il est indispensable de rassembler les datas existantes, les analyser, les enrichir avec des observations spécifiques sur le personnel, les résidents et les touristes.
Selon eux, et ils ont raison : pour mieux piloter une économie touristique essentielle à la bonne santé de la planète, les outils de l’OMT sont loin de suffire car trop axés sur le tourisme international.
Mais, en parlant de « pilote » donc d’avion, y a-t-il un pilote dans l’avion de cette énorme machine mondiale qu’est le tourisme ?
La suite nous le dira car nous reviendrons sur le sujet…
Lire : « Réinventer le tourisme ». 2021. Remy Knafou. Editions du Faubourg.
Notamment d’un observatoire. Un énorme chantier d’autant plus complexe qu’il devra petit à petit, exister à l’échelon mondial.
Pour les responsables de l’ISTO, il est indispensable de rassembler les datas existantes, les analyser, les enrichir avec des observations spécifiques sur le personnel, les résidents et les touristes.
Selon eux, et ils ont raison : pour mieux piloter une économie touristique essentielle à la bonne santé de la planète, les outils de l’OMT sont loin de suffire car trop axés sur le tourisme international.
Mais, en parlant de « pilote » donc d’avion, y a-t-il un pilote dans l’avion de cette énorme machine mondiale qu’est le tourisme ?
La suite nous le dira car nous reviendrons sur le sujet…
Lire : « Réinventer le tourisme ». 2021. Remy Knafou. Editions du Faubourg.
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
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